F Le knock-blot de Mr Ripley - page 12 (Jean-Pierre Voyer)

Le knock-blot de M. Ripley

Page 12

Chat stylite

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Qu’en peu de mots ces choses-là sont dites

Pourquoi l’islam et pas les autres ?

Murawiec, penseur de réservoir

Dieu est le seul nom de l’humanité

Ce n’est pas du racisme, c’est de l’arithmétique

The Chickens Come Home to Roost

Radio Londres

Pourquoi j’aime les Arabes

Les temps heureux du référendum-dum

Sur les pas de Maupassant 

Notes de lecture →  

 


Résumé de ma position

L’Occident est un monde déserté par l’esprit. L’Occident est le devenir monde de l’idéologie anglaise* que l’on peut résumer ainsi : le bien et le bonheur sont mesurables. De ce fait, l’Islam, ce qu’il en reste, se trouve être la seule demeure de l’esprit dans le monde. Il se trouve donc sans concurrent. Pour qu’il y ait guerre des civilisations, encore faudrait-il qu’il y eût au moins deux civilisations, ce qui n’est pas le cas.

 

*. C’est une apparence, évidemment, une plaisanterie. Ce n’est pas le baron Sallières, ni la pensée des idéologues anglais qui ont fait tout ça.

 


Pantalonnade
 

A Bruxelles, le président Chirac quitte la salle où le baron Sallières s’exprime non pas dans la langue de Shakespeare mais dans « la langue de l’entreprise »*. Aujourd’hui, dans les entreprises, on encule en anglais et ce n’est pas demain le jour où, en France, on enculera en arabe. Dans les entreprises, la soumission a lieu en anglais, aujourd’hui, pas demain, en arabe. Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Tous les hoplites français savent gré au colonel Chirac, chef des vaillantes armées françaises, pour cet acte de patriotisme linguistique. Il faut retrouver le cadavre de Locke afin de l’empaler. Cette ordure de Locke prétendait que les idées pénètrent dans notre esprit par les sens, ce à quoi je répliquais : pourquoi pas par le trou du cul ? C’est fait. Ça pénètre.

Le baron a commis rien moins qu’un crime de haute trahison (c’est ce qu’on aurait pensé à Athènes) assorti d’insulte au chef de l’État et, évidemment, au peuple français (j’apprends à l’instant que de Maistre aurait dit « Une nation n’est qu’une langue ») ; mais le baron a pour habitude de chier dessus et d’ailleurs c’est bien fait pour ce peuple (le baron chie ♫, le baron là ♫ ; le baron chie ♫, le baron là ♫, le baron est un homme de qualita) Le baron est l’agent du parti étranger : non loin de Bruxelles, Cambronne lança le mot, le baron retourne la chose (c’est ça, l’or anglais ?) Pour lui, la grammaire française est une chaise percée. Ce crime est passible du seul châtiment qui convienne : le pal (il faut punir par où l’on a péché). Il serait d’ailleurs avantageux, selon les principes du baron lui-même, de confier la sous-traitance du supplice aux spécialistes turcs étant donné leur indiscutable avantage comparatif.

 

La devise du baron n’est pas celle de l’enculiste. Elle n’est pas : « Si je t’attrape, je t’encule », mais un tranquille « Je t’encule ». Le baron ne connaît pas l’angoisse de l’enculiste, l’angoisse du YOUPI. C’est bon d’être baron. Comme dit Juvénal, célèbre pour ses formules : « Il l’encula si fort qu’il rencontra le dîner de la veille » (Je saurais gré au lecteur qui pourrait me commu-niquer la chose en latin. Dis-moi également, lecteur érudit, s’il est bien vrai que les Romains mesuraient en pieds car le désagréable anachronisme du traducteur « les couilles pèsent une livre chacune, les bites font trois mètres de long » me choque. Il me semble que « longues de six coudées » serait une traduction préférable car elle évoquerait le noble art du fist fucking. Mais, que je sache, « la coudée » n’était pas en usage chez les Romains. Merci d’avance**). Pompidou des sous. L’imagination au pouvoir. Nous vivons dans un monde formidable : pantalon et terreur. Le mot pantalonnade aurait été supprimé de la dernière édition du Petit Robert. Or donc, aurait lieu une guerre de civilisations ? (J’entends dans le poste de TSF, à l’instant blême, un : « Sarkozy, mode d’emploi ». Encore un plagiaire. J’ai publié en 1971 le titre le plus plagié de toute l’histoire du monde — la seule qui soit —, en toute modestie. J’ai choisi la face nord, la plus difficile et, ce qui n’arrange rien, je me suis trop empiffré, à Zermatt, de raclette et de fendant. Suit, dans le poste sarkozien, le prélude de l’Or du Rhin,  brise printanière.)

 

On n’est jamais trop goujat avec les goujats.

* « 23 mars 2006, REUTER France

BRUXELLES (Reuters) - Jacques Chirac a quitté la salle du Conseil européen de Bruxelles pour ne pas écouter l’intervention devant le Conseil européen d’Ernest-Antoine Seillière, qui avait tenu à s’exprimer en anglais, “la langue de l’entreprise”, apprend-on auprès de la délégation française.

Au début du discours de l’ancien président du Medef français, le chef de l’Etat s’est levé avec les ministres de l’Economie et des Affaires étrangères, Thierry Breton et Philippe Douste-Blazy, a-t-on précisé de même source »

Reuter, l’agence du Pentagone. L’élégant président Ar’mani Nedjed, plus arabe que les Arabes — il ne peut faire moins, en tant que chef d’État, après ce qu’ont accompli quelques particuliers du Hedjaz (alias Nedjad, c’est pourquoi j’ai renoncé à faire l’anagramme Ar’mani Dedjad, l’élégant et jeune président – moins jeune, cependant, que Julien l’apostat quand il perdit la vie en Iran – n’étant ni arabe ni sunnite) et du Yémen —, continue, pour sa part, à s’exprimer en farsi, ce qui permet à l’agence Reuters de lui attribuer les propos qui plaisent au Pentagone. Idiome impraticable, le farsi permet à Reuter de pratiquer le farci.

**. Prière exaucée : « “An facile et pronum est agere intra uiscera penem legitimum atque illic hesternae occurrere cenae ?” Olivier Sers traduit ainsi (Les belles lettres, 2002) : “Tu crois que ça glisse tout seul quand je pousse une pine loyale à l’intérieur de tes boyaux pour y tomber sur le repas la veille ?” »

Gaffiot : « penis, is, m., queue des quadrupèdes : CIC. Fam. 9, 22, 2 ; FEST. 230  brosse à peindre : NÆV. Com. 102 membre viril : SALL. C. 14, 2 ; HOR. Epo. 12, 8 ; JUV. 9, 43. » Chez nous, pénis est un mot savant, latin, médical. Mais puisque pénis était aussi, du temps de Juvénal, la queue des quadrupèdes sans être un mot savant, latin (à moins qu’il ne vînt du grec), peut-être aurait-il fallu traduire par queue plutôt que par pine qui est un peu fort et même ennobli par Genêt (la pine d’un matelot qui bande), pénis étant trop faible ? D’autre part, l’éventuel jeu de mot sur queue et queue en latin serait conservé en français. Peu importe, le résultat dépasse mes espérances. Boyaux est bien, avec ce qu’il faut de vulgarité, de charcuterie, entrailles est noble, intestin est grêle. Ah ! j’aime les discussions savantes.

 

« C’est un manitou »

 

Le socialisme, c’est : demain on rasera gratis. Le néo-conservatisme c’est : demain on rasera à petit prix, dans la liberté et l’allégresse générale. C’est beau la démocratie. C’est beau la liberté. Craignez la colère de l’Arabe. Craignez la colère du barbu.

« Les richesses » est à « la richesse » ce que « les biens » sont au « bien ». Goods, commodities, comfort.  Les idéologues anglais prétendent que le bonheur et le bien sont calculables.

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Si Claire dit « Clinton habite à Washington » il semble naturel de supposer que la situation qu’elle décrit contient Bill Clinton, Washington, D.C., la relation …habiter à…, et a lieu maintenant, comme l’indique le présent de l’indicatif du verbe. Au contraire il nous semble contre-intuitif de supposer que le contenu de ses propos consiste en trois mots (« Clinton », « Washington » et « habiter à ») ou trois idées (ses idées de Clinton et Washington et ce que signifie pour elle habiter à). 

 

L’erreur de Marx

 


Encore un crime antisémite et raciste à
Audincourt ?

 

C’est de l’antisémite celui là ou c’est du belge ? Peut-être du xénophobe : le plombier était polonais ! Proférateurs de la LQR, vous prenez vraiment les Français pour des cons. L’antisémitisme a bon dos. Tout cela est l’œuvre de l’enculisme. L’enculisme règne sans partage, la police doit rétablir l’ordre dans les écoles. Comme disait Michel « prends l’oseille et tire toi », le problème ce n’est pas le racisme, c’est l’enculisme, c’est l’extension du domaine de la lutte. La société du  Sâr Khosy von Kärcher n’est pas respectée parce qu’elle n’est pas respectable.

Je lis sur le blog d’un plaisantin (plaisantins de tous les pays, unissez-vous) un raisonnement inspiré par celui du ministre de la police : les kidnappeurs « associant spontanément le caractère “fortuné” de la victime à son appartenance supposée à la communauté Juive… Benoît Savéan est mort, parce que supposé Juif. »

Le plus significatif en fait, dans ce gai assassinat, est que le procureur de la République François Pucheus s’est cru tenu de déclarer que ce meurtre ne pouvait être comparé, en dépit des similitudes, avec celui d’Halimi. Or, en quoi cet assassinat est-il semblable à celui d’Halimi ? Par l’enculisme qui l’habite, par la sauvagerie, la cruauté et surtout la désinvolture : on tue comme on rote ou comme on pète. Les pourris rient. All this world est comme cette prison nommée Abou-Grahib. L’arbre de l’anti-antisémitisme cache la forêt de l’enculisme. Donc, ces deux assassinats, contrairement à ce que prétend le procureur de la république, ont tout lieu d’être comparés : Halimi  et Savéan ont été tués pour leur argent (hélas pour eux, totalement imaginaire), valeur suprême de ce monde, avec cruauté et désinvolture, monde où, cependant, on « euthanasie » les faisans (entendu sur France-Inter. Barbarie implique barbarisme). Qui a fait un tel monde ? Les coupables sont connus (des faisans justement). Non, ce n’est pas M. Le Pen. Il n’a rien fait, le pauvre homme ; devrais-je dire hélas ?

 

Une erreur de Ricardo

 

Encore un peu de dictionnaire

 


Lingua Quintae Respublicae

Langue de Bois de la Cinquième
Les mots travaillent

« Par millions sans doute, cadres des entreprises de sécurité, professeurs de philosophie politique, juges antiterroristes, agents immobiliers, maîtres des requêtes, chroniqueurs de France Culture et présidents de régions parlent, écrivent et répandent la LQR… Quant aux immenses silences français, ils sont comme l’ombre portée de la LQR...

 

« Au contraire, le cynisme affiché est plutôt rare dans la langue publique française… Le cynisme public est le domaine réservé de quelques représentants de l’élite,  nouveaux seigneurs qui estiment n’avoir aucun compte à rendre à qui que ce soit, “militants”, actionnaires, électeurs ou autres. »    (Éric Hazan, LQR [ LCR en français ! ], Raisons d’agir, 2006.)

 

Ainsi de Hilare-Messsier, du baron Sallières, de Perdriel et de Patrick Le Lay de Téhaifun-Périgord qui reconnut : « Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est à dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » Faute avouée, à moitié pardonnée. La différence est que Talleyrand aurait dit ça en se boyautant (en douce et, d’autre part, Talleyrand ne parlait pas le jargon naturaliste. Le Lay n’égale Talleyrand que dans le cynisme. Le Lay, c’est le cynisme mais sans le bas de soie), tandis que ce sinistre crétin, pas hilare du tout, le dit avec le plus grand sérieux, cela parce qu’il ne se sent plus pisser. C’est le talon d’Achille et le dos de Siegfried de tous ces salauds : à force d’enculer, ils ne se sentent plus pisser à la fin.

 

Les Américains (je parle des maîtres, évidemment) et leurs admirateurs devraient être contents : chez les Afghans, la guerre est « privatisée » (terme LQR) de toute éternité. Chez les Arabes aussi. De quoi se plaignent-t-ils donc ? J’ai l’impression que les Américains (les mêmes) ont quand même réussi à libérer l’Irak puisque chiites et sunnites peuvent de nouveau se livrer à leur vendetta plus que millénaire, comme au bon vieux temps, suspendu durant quatre siècles par les Turcs.

 

 Un peu d’Adam Smith maintenant

 


Les bougnoules, insultés, protestent avec véhémence
Les si vils innocents en appellent à la sainte liberté d’expression
Faux-culs

 

Aujourd’hui, en Occident, on peut insulter le Prophète (c’est même un sport laïcar, un siècle après 1905 ! Quelle audace !) — c’est bien d’insultes qu’il s’agit et ce n’est pas le prophète que l’on veut insulter mais bien le bougnoule, en toute connaissance de cause. Je m’y connais en insultes, c’est le moins qu’on puisse dire. J’en ai beaucoup lancées, j’en ai beaucoup reçues. J’admire ce raisonnement tenu par de libres si vils innocents mais néanmoins prostitués : dans notre libre Occident, il est interdit de dire (en principe) : « Sale bougnoule » mais il est permis, du moins toléré, d’insulter le Prophète tant est grande la liberté d’expression et grand le nombre des laïcars. Donc d’aucuns se dirent : profitons de cette aubaine pour insulter les bougnoules (ce qui est interdit) en insultant le Prophète (ce qui est toléré). La logique est parfaitement claire et, de ce fait, le message l’est aussi ; il est donc parfaitement compris par les destinataires. Ces derniers protestent avec véhémence car non seulement on les insulte, mais de plus on les prend pour des cons puisque en protestant contre cette anodine « plaisanterie “démocratique” », ils seront censés faire la preuve de leur archaïsme, de leur arriération, de leur obscurantisme, pour tout dire de leur mauvais goût et de leur manque de fair play. En fait, puisque c’est la guerre, Allah est le drapeau des musulmans qui ne sont pas comme les si vils innocents qui se torchent dans le leur (exception faite pour les Américains). C’est leur drapeau qui est insulté. En effet, ça ne rate pas : les si vils innocents se récrient et en appellent à la sainte liberté d’expression contre la barbarie et l’obscurantisme des musulmans. Pauvres chous (avec un « s »). Faux-culs. Bande de Tartarins, allez-donc l’insulter à Médine, le Prophète et non pas retranchés dans votre puante porcherie où la police doit rétablir l’ordre dans les écoles (et ça prétend donner des leçons de civilisation !) C’est à Médine qu’il faut défendre la liberté d’expression. Les Américains ont au moins ce mérite : eux, ils vont l’insulter sur place le bougnoule, en Irak (dans les prisons de préférence) et même en Arabie ; quant aux bédouins, ils ont pris la peine de se déplacer à New York pour insulter les Américains —, mais, fumiers de si vils innocents, c’est désormais à vos risques et périls. L’avenir du colonialisme est derrière lui. D’ailleurs, insulter le Prophète en Occident est contraire à la liberté de culte, proclamée partout en Occident, car c’est une atteinte à la jouissance paisible de cette liberté.

 

Remarque : avant les couinements (qui a tiré la queue du cochon ?) qui ont retenti après les protestations des musulmans, j’ignorais totalement qu’existât en Europe une liberté d’expression. Instruit par ma longue expérience, j’étais persuadé que la liberté d’expression appartenait à M. Bernard Lévy et à ses amis Pinault-Culture et Lagardère voire même à feu, feu, feu, feu Lebovici. Il n’y a d’ailleurs pas même de liberté d’information puisqu’il y a en fait information obligatoire. Comment voulez-vous vous exprimer sous le règne de l’information obligatoire ? Il faut, au minimum, bombarder New York, ce qui n’est pas à la portée du premier venu. Je m’exprime ici grâce à une heureuse initiative (Arpanet) du Département de l’Attaque (nouvelle doctrine) des Etats-Unis d’Amérique financée par des fonds publics. Cette initiative heureuse déplaît évidemment dans un pays comme le France qui a rétabli le délit d’opinion avec la loi Fabius-Gayssot, entre autres. Il n’y a pire cagot que le laïcar. Roquentin avait raison : il n’est pire salaud que le civil innocent.

 

 L’économie n’existe pas 
 
Ça commence à se savoir   

 

L’Achat d’obéissance

 

≈ 16 février 2006

La prétendue invention de l’économie

 

Critère de réalité d’un fait social total selon Lévi-Strauss

 


Banlieues

Si la société de M. Sarkozy, propriétaire, n’est plus respectée, c’est parce qu’elle n’est plus respectable. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Durkheim.

 


Ils ne sont pas pauvres, ils sont musulmans

Effectivement, ils ne sont pas pauvres, ils ne sont pas des porcs non plus, parce qu’il sont musulmans, parce qu’ils ont la foi. Il ne sont pas comme ces salauds de pauvres qui ont perdu tout respect d’eux-mêmes, c’est à dire tout respect de l’homme en eux, c’est à dire tout respect de Dieu. Même si Dieu n’existe pas, la religion est divine et sainte ; le bourgeois est porc. Gloire aux riches musulmans, riches d’esprit.

 

Une erreur fondamentale de Marx dénoncée par Papaioannou 

 


Ethnographie appliquée

« Personne, en vérité, n’a encore abordé cette tâche immense dont Mauss soulignait l’urgente nécessité, à savoir l’inventaire et la description de tous les usages que les hommes, au cours de l’histoire et surtout à travers le monde, ont fait et continuent de le faire de leur corps. » (La technique n’est pas seulement l’usage d’instruments mais l’usage du corps, le premier instrument.) Lévi-Strauss Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss.

Il faudra désormais ajouter un nouvel usage : le faire sauter dans le métro de Londres, ville pleine de si vils innocents.

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La misère noire voile ses enfants, la misère blanche les viole.
Elle est bien bonne, n’est-ce pas ?

Théorie des ensembles non fondés
Fin du réductionnisme de Marx    

≈ 6 octobre 2005


 « Ce que nous devons à M. Houellebecq »
 

Intéressant fil sur l’Agora du GRECE. Je ne peux résister au plaisir de vous donner un aperçu, une déclaration de Michel « prend l’oseille et tire toi » (senõr Miguel « Vete corriendo de aqui con el dinero, que viennen los carabineros ») à la fin du mois d’avril 2002 : « Un des témoignages les plus significatifs recueillis par France-Inter à la sortie de l’élection m’a paru celui d’un homme, se présentant comme un électeur de gauche, qui a ainsi résumé les raisons de son vote : "Je vote Le Pen parce que c’est le seul mot qu’ils comprennent"*. Cet homme, je m’en suis convaincu dès le lendemain en lisant l’éditorial de Jean-Marie Colombani dans le Monde, était encore trop optimiste. Non, ils ne comprennent pas. Même ça, ils ne comprennent pas. » J’espère bien qu’il ne comprennent pas… car leur fatuité les perdra. Ce qui serait terrible, c’est qu’ils fassent seulement semblant de ne pas comprendre, ce qui serait le fait d’hommes supérieurs.

*. C’est la même raison qui me fit répondre, dans une lettre du 7 mars 1986, aux éditeurs falsificateurs de Champ Libre : « je suppose que vous ne savez pas ce qu’est un falsificateur, mais un juif, vous savez ». Manifestement, ils ne comprenaient pas le sens du mot falsificateur, donc j’ai employé un mot qu’ils comprenaient, le falsificateur étant juif ; je me suis mis à leur portée. Un ami, descendant de la prestigieuse famille rabbinique Pinto du Maroc me demanda alors pourquoi j’avais dit « falsificateur juif », mis à part que le falsificateur était juif, ce qui n’engage nullement l’ensemble des Juifs ; il y a des falsificateurs (et des Juda) parmi les Juifs, comme partout ailleurs, hélas. Je refusais de répondre, évidemment. Depuis quand les ironistes doivent-ils expliquer l’ironie. Lors de mon interrogatoire par la police judiciaire du Quai des orfèvres résultant de l’assassinat du falsificateur juif Lebovici dans un parking, l’inspecteur de service du groupe Jaouen me posa comme première question : « Quel effet cela vous a fait ? » Ouch ! Je lui répondis : « J’étais fou de joie. » Il me demanda pourquoi. Je lui répondis que c’était parce qu’il (l’assassiné) était un falsificateur. Ce brave homme (l’inspecteur du 36 quai des Orfèvres) ignorait ce qu’était un falsificateur. Il me demanda : « Qu’est-ce qu’un falsificateur ? » Je lui expliquai donc pendant un long quart d’heure ce qu’était un falsificateur, qui plus est un éditeur falsificateur. Faut-il rappeler, suite à un jugement qui fera jurisprudence et qui donna raison à Champ-Libre contre l’éditeur abusif Buchet-Chastel, ce con, qui de son propre chef avait rajouté un sous-titre au livre de Debord, que l’éditeur et son auteur son liés par l’intuitu personæ, la trahison de cette intuitu personæ rompant de plein droit le contrat liant l’éditeur et son auteur ? Autrement dit, le fait d’être un falsificateur alors qu’on est un éditeur est une circonstance aggravante. Il y a donc dans Paris au moins un homme qui sait ce qu’est un falsificateur, c’est  l’inspecteur X – il ne m’a pas dit son nom, je ne le lui ai pas demandé –. J’eus tout loisir, pendant une heure et demie, de contempler le Velux – attention, marque déposée – par lequel Richard Durn s’évada définitivement de ce monde.

 


Nouvelles du front

« Al-Qaida n’attaquera pas Moqtada Al-Sadr


Après avoir déclaré la guerre à la communauté chiite la semaine dernière, la branche irakienne d’Al-Qaida, commandée par Abou Moussab Al-Zarkaoui, a indiqué, lundi 19 septembre, qu’elle fera une exception pour les mouvements qui s’opposent à l’occupation américaine, telle l’organisation de l’imam radical chiite Moqtada Al-Sadr. "Notre organisation a appris que certaines sectes, telles que le groupe de Sadr, n’avaient pas pris part aux massacres ni aidé l’occupant", lit-on dans un communiqué diffusé sur Internet. Six groupes chiites et kurdes impliqués dans le gouvernement sont en revanche mentionnés en tant que cibles. »

Le Monde, 21 septembre 2005, page 6.

 

C’est tous les jours 21 avril. Voilà les Allemands sans majorité. Les gens votent de plus en plus mal.

 

Le Figaro, 26 septembre, première page : M. Antoine Nez reconnaît qu’il a sous estimé « la férocité » de l’insurrection sunnite.

 

Les bonnes nouvelles se succèdent : Bernard gagne son procès contre le Crédit Lyonnais et Libération-Rothschild perd plus de trois millions de francs par mois.

 

L’émir Ben Laden a démontré qu’avec quelques centaines de milliers de dollars, beaucoup de courage et beaucoup de détermination, il était encore possible de dire Non dans ce monde, le Non de Dieu. Maintenant, le pli est pris. Ce n’était pas seulement une lueur d’espoir mais une grande lueur. Il y a trop de si vils innocents dans le monde, autrement dit, ce monde se porterait mieux s’il y avait plus de civils coupables. Un civil innocent est un civil qui collabore. C’est pourquoi Ben Laden a choisi d’assassiner trois mille si vils innocents puisque, sans leur complicité, ses ennemis ne seraient rien. Ce n’est pas le baron Salière qui a fait tout ça, à lui tout seul. Quant au Zarkaoui, il a déclaré qu’il n’attaquerait pas les civils chiites coupables mais seulement les civils chiites innocents. Pendant ce temps, Gilles Kepel continue de dépenser l’argent de mes impôts en menant la belle vie à Flouzeland.

 


Qu’en peu de mots, ces choses là sont dites
Comme au bon vieux temps

« Nous avons dessiné à grands traits la guerre industrielle que se livrent les capitalistes. Cette guerre a ceci de particulier qu’elle ne se gagne pas en recrutant, mais en congédiant les armées de travailleurs. Entre les généraux de l’industrie, les capitalistes, c’est à qui pourra congédier le plus de soldats.

 

« Les économistes nous racontent, il est vrai, que les travailleurs rendus superflus par les machines trouvent à s’employer dans de nouveaux secteurs.

 

« Ils n’osent pas dire ouvertement que les travailleurs qui trouvent à s’engager dans de nouveaux secteurs sont les mêmes qui ont été congédiés. Ce serait mensonge et les faits hurlent. Les économistes se contentent d’affirmer que de nouvelles possibilités de travail s’offrent à d’autres parties de la classe laborieuse, par exemple, à la génération des jeunes travailleurs qui étaient sur le point d’entrer dans la branche d’industrie qui a périclité. C’est naturellement une grande satisfaction pour les ouvriers qui se retrouveront à la rue : Messieurs les capitalistes ne manqueront pas de chair fraîche à exploiter, et on laissera les morts enterrer les morts. Cette consolation, le bourgeois la garde pour lui-même ; il préfère ne point l’adresser aux ouvriers. »  Marx, 1849

 

Vous en trouverez d’autres avec leur commentaire en consultant Café du commerce. Cela fut écrit il y a cent cinquante ans. La télévision a remplacé le débit de boisson pour la bête humaine. A part cela, rien n’a changé. Le capital financier est ce qui est libre. Encyclopédie § 109 ou § 160 selon la version.

 


Encore une définition de l’enculisme

Ça vient des USA. Si vous ne cochez pas la case « NON », vous l’avez dans le cul. Tout ce qui n’est pas expressément refusé est obligatoire. Cela dit après l’absorption d’un riesling Altenberg et d’un Gewurtztraminer Kaefferkopf. En France, les ministres des finances sautent comme des bouchons de champagne.

 

Durkheim n’est pas naturaliste

 

Avis aux laïcars et aux services de renseignement

 

De la division anomique du travail
Un lecteur de Marx et de Frege lit Durkheim    

 

A « reverse Sokal Affair »

 


Il y a trop de si vils innocents

Le sympathique commandant Cousteau
 envisageait d’en supprimer 120  millions par an *

Sale temps pour le vil troupeau touristique. L’aviation civile a fait plus de victimes, en quinze jours, que tous les commandos djihadistes et l’USAF en un an (tiens ! l’USAF et l’US Army sont dotées de pistolets Beretta… et de rangers Gucci ? D’ailleurs, même avec un parachute, les parachutistes américains ne veulent plus sauter sur l’Irak). *Au cours de l’émission du dimanche de Philippe Meyer, j’entends un démographe qualifier les régimes arabes de kleptocraties au motif que ces craties confisquent la rente pétrolière. Et ici, les craties ne sont pas klepto ? Ce n’est pas la rente qui est confisquée, c’est l’humanité. Même en guenilles, les bédouins demeurent des hommes, et ils le prouvent, ce qui n’est pas le cas pour la vile multitude.

Encore des si vils innocents ! Si je puis me permettre, je dirais que trop d’innocence tue l’innocence et que… c’est bien fait. « Le bureau est la main invisible devenue visible. » Que font les si vils innocents pendant la journée ? Dans les gratte-ciel, « ces monuments élevés à la gloire de la culture bureaucratique … ils accomplissent leur petite part du système commercial, du système gouvernemental, du système de la guerre, du système de l’argent ; ils coordonnent les mécanismes, donnent des ordres, persuadent les hommes qui vivent dans d’autres univers [ les bédouins, par exemple ], enregistrent pour l’avenir les activités qui forment le travail quotidien de la nation. Ils transmettent la culture imprimée à la génération du lendemain. Et la nuit, quand les hommes ont quitté les gratte-ciel, les rues sont vides et mortes, et la main redevient invisible [ il reste le gant, cependant ]. » (Wright Mills, les Cols blancs ; 2.6, le Classeur géant) En un mot, comme en cent, les si vils innocents collaborent.

Encore un peu de Wright Mills : « On connaît depuis longtemps cette séparation du propriétaire et du directeur et le pouvoir indirect de ce dernier. Mais en général, depuis le début du siècle [ ceci est écrit en 1951 ! ], on y voit, à tort, une révolution de directeurs [ allusion au célèbre livre de Burnham The Managerial Revolution ] et l’on s’imagine que les cadres supérieurs vont prendre la place des grands propriétaires et former la classe dirigeante de demain. » Il n’en est rien évidemment comme on peut le constater aujourd’hui et Wright Mills s’emploie à le montrer dès 1951. « Les cadres qui ont soi-disant usurpé les fonctions des propriétaires, les remplissent en fait avec autant de dévouement ou davantage que leurs maîtres. » (2.2.5 le Pouvoir des cadres) Il ne s’agit, pour Wright Mills, que « d’une conséquence de la bureaucratisation des rapports de propriété en général ». « La propriété est passée d’une large classe d’entrepreneurs à une petite classe de possédants » même si les Américains, pour la moitié d’entre eux, sont actionnaires. Les rapports de ces derniers à la propriété s’est aussi bureaucratisée avec, pour eux, la conséquence inverse. Les sociétés qui gèrent les économies de ces misérables innocents sont aussi aux mains de grands propriétaires.

Merveilleux Wright Mills : « Il semble que de plus en plus les cadres soient tous des cadres "moyens", qui ne sont pas organisés en vue d’assumer des responsabilités collectives. Ils forment, comme Edmund Wilson l’a remarqué à propos de la société capitaliste américaine, "un vaste système de rejet des responsabilités sur autrui" ». Mais c’est l’exacte définition de l’innocent civil !

 

Étonnant article de Vincent Descombes

 


La minute pédagogique du professeur Buff
Plus tu pédales moins vite, moins t’avances davantage
Davantage d’avantages

Le Traité établissant une Constitution pour l’Europe cause d’hilarité ! Il était temps que ce texte burlesque soit traité comme il le mérite. Une grande leçon d’analyse sémantique du novlangue giscardo-delorsien. Soyez rassuré, professeur Buff, je ne vous avais pas attendu pour en rire, mais grâce à vous, j’en ris encore plus : seulement six pages d’exercices pour ridiculiser le TCE, mais surtout ceux qui l’ont écrit, sans même avoir besoin de citer une seule fois le nom d’Olivier Duhamel. Bravo ! Ça, c’est de la pédagogie, la meilleure qui soit, la pédagogie par le rire.

 


Günther Anders

Pourquoi l’islam doit-il faire son examen de conscience
Pourquoi l’islam et pas les autres ?

Fiche Wikipédia par Thierry Simonelli, Docteur en philosophie (Université de Paris 4 - Sorbonne) et Master en psychologie clinique (Université de Paris 7 - Denis Diderot). Un auteur (obscur, n’est-ce pas ? au moins écrit-il lisiblement celui-là) dissimulé pendant cinquante ans au lecteur français par Debord et les éditions Champ libre, pour des raisons aujourd’hui bien connues. Vous trouverez une édition française de la Désuétude sur alapage.com et sur Amazon.com et vous pourrez trouver une critique de cette édition par M. Simonelli.

 Avec Frege, l’interprétation d’Anders devient facile et surpasse l’interprétation affaiblie qu’en donne M. Simonelli dans sa notice Wikipédia (je parle de la section le Monde télévisé, la seule partie qui attire, pour l’instant, mon attention dans l’œuvre d’Anders. Certes, je n’ai pas eu accès au texte authentique — quoique j’aie contrôlé des passages sensibles sur l’édition allemande —, mais j’ai vu beaucoup mieux, dans l’ersatz. J’y reviendrai bientôt). Selon Frege, les pensées sont saisies dans le monde et se distinguent de l’acte de penser (ce qui ne signifie pas que les pensées sont dans le monde. Où sont-elles alors ? Pas dans la tête non plus nous dit Wittgenstein. Elles sont dans la formulation. Où est la formulation ? Je l’ignore. Penser, c’est formuler. Si vous  ne formulez pas, vous ne pensez pas. Seul ce qui est formulé est su. Si vous ne formulez pas, vous ne savez pas). Contrairement aux actes de penser qui sont divers et multiples, les pensées sont communes et uniques. Le théorème de Pythagore est le même pour tous (vous utilisez le même théorème de Pythagore que Hitler ou Le Pen). Les esclaves prostitués, sont réduits à saisir les pensées sur les affiches de pub et sur l’écran de télévision et à la radio (Anders emploie fantôme plutôt qu’image pour pouvoir également traiter de la radio qui ne comporte pas d’images). Ils ne saisissent pas les pensées dans le monde, mais sur des images [2011 : voilà ce que peut vouloir dire « spectacle » ; mais encore fallait-il le dire]. Et les images sont déjà des jugements. — Les seules pensées qu’ils saisissent dans le monde sont les prix des marchandises. Il suffit de lire l’étiquette. Ces libres individus autonomes, qui n’obéissent qu’a leur propre loi, à leur règle privée, passent leur temps à comparer les prix afin d’économiser trois sous. Voilà donc cette consommation effrénée ! De la radinerie considérée comme un des Beaux-Arts (comparez avec les assassinats des Arabes) —. Voilà donc enfin le mystérieux concept de spectacle élucidé : les idées ne sont plus saisies dans le monde mais sur des images. Point final. Plus simple, tu meurs. Contrairement à ce que dit M. Simonelli, il ne s’agit pas d’une ouverture intégrale au monde mais d’une ouverture obligatoire à un monde d’images, un monde de jugement, ce qui n’est pas du tout la même chose. On ne peut affirmer, à quelques lignes de distance, que le spectateur n’a accès qu’à des images (la seule expérience sensible qui reste est celle du mur d’images – bien vu), puis qu’il bénéficie d’une ouverture intégrale au monde. Aujourd’hui, seuls les musulmans bénéficient d’une  ouverture intégrale au monde, la Oumma, eux, grands utilisateurs d’antennes paraboliques. La différence entre l’expérience de l’image de la maison de M. Biswas et l’expérience de la maison de M. Biswas est que l’on peut faire le tour de la maison tandis qu’on ne le peut de son image . Plus simple, tu meurs. Vous me direz que la maison de M. Biswas n’existe pas. Mais l’art de Naipaul — que j’ai découvert grâce à Ben Laden — consiste à ne rien nous laisser ignorer de l’essence de cette maison, art qui est basé sur l’expérience réelle de Naipaul. Idem pour Madame Bovary. Ni Naipaul, ni Flaubert n’ont saisi leurs idées sur des images ou des fantômes et cela parce qu’ils ne travaillaient pas chez Renault à Sandouville. Comme vous pouvez le constater sur l’image qui figure ci-dessus, la seule raison d’être de la maison de M. Roy est de ne pouvoir être consommée, absorbée, supprimée en tant qu’objet, puisque, du haut de ces arbres, trois siècles d’histoire contemplent M. Roy et qu’ils en contempleront d’autres après lui. Dans la maison de M. Roy, c’est tous les jours Winter Reise, c’est tous les jours expérience. To you, to you, my noble linden trees. Il n’y a pas de télévision dans la maison de M. Roy, il y a seulement une antenne sur le toit pour éloigner les mauvais esprits.

Expérience de pensée ; en supposant une excellente qualité de transmission et de reproduction, et en supposant que la maison de M. Biswas existe et qu’elle soit jaune, cette qualité de la chose est transmise en personne et est présente dans la cage du spectateur. Si nous analysons le spectre de ce jaune avec un spectromètre devant la maison même et un autre spectromètre dans la cage du spectateur, nous trouverons le même spectre. La qualité est transmise et présente mais pas la chose car on ne peut pas en faire le tour. Le rayonnement analysé est-il jaune ? Non le rayonnement n’est pas jaune et le jaune n’est pas un rayonnement, quoique un rayonnement analysable puisse toujours lui être associé. Ce spectre est  la signature de ce jaune comme le Z est la signature de Zorro. C’est la maison qui est jaune. On peut donc faire l’expérience de la couleur mais pas de la maison. [3 avril 2011 : Bolzano dit : la couleur est un en-soi. Je ne dis rien d’autre ici : la couleur se présente en personne. Elle n’est que dans la mesure où elle apparaît. Les grands esprits se rencontrent !]

Le grand philosophe Ben Laden sait parfaitement que les pensées sont saisies dans le monde et c’est pour cela qu’il envoie des jeunes gens intrépides signifier des discours sans paroles. Le reste coule de source, comme au paradis d’Allah. Pour reprendre les termes même d’Anders, le grand philosophe Ben Laden procède par exagération afin de rendre leur format approprié aux phénomènes réprimés. Étonnant, non ? M. Ben Laden lutte, lui aussi, contre la minimisation des faits. Il voit grand. C’est une grande chance pour l’Occident de bénéficier des leçons d’un tel maître de philosophie qui voit l’Occident comme il est : un monde sans religion. Ce n’est pas Dieu qui est important, c’est la religion. Si Durkheim a raison, si « Dieu » est l’un des 99 noms de la société, qu’il y ait religion ou non, Dieu n’en existe pas moins mais… comme cadavre. Selon Durkheim, la religion est la conscience de soi de la société (texto, ce qui n’est pas sans poser problème). Un monde sans religion n’est qu’un cadavre. De quoi vous plaignez-vous ? Vu la médiocrité des pensées saisies (par les causeurs dans le poste autorisés, les seules pensées saisies connues, c’est vrai) sur les messages signifiés, je me demande si Ben Laden a vu suffisamment grand. Le jugement de l’Occident n’est plus seulement une lueur d’espoir, comme le nota Nabe immédiatement après le 11 septembre 2001, c’est un immense espoir, une immense avancée théorique. Auriez-vous songé à cela, il y seulement cinq ans : l’Occident mis en accusation sous le chef d’impiété, de viduité spirituelle. Quel somptueux cadeau que ce jugement. Quelle chance pour l’Occident lui-même embourbé dans ses turpitudes bourgeoises radicales. Cicéron nommait les pirates hostis humani generis. Les choses ont changé. Le corsaire Ben Laden nomme ennemis du genre humain les ennemis de Dieu. Ses Lettres de Marque sont signées Allah. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que des pirates n’agissent pas pour des raisons d’intérêt personnel, ni sur l’ordre d’un souverain terrestre, mais pour la plus grande gloire de Dieu, c’est à dire du genre humain, si j’en crois Durkheim. Quelle est la réalité qui fonde l’expérience religieuse, quel est le véritable objet de la religion, selon Durkheim ? Les groupes humains. « Le fidèle qui a communié avec son dieu n’est pas seulement un homme qui voit des vérités nouvelles que l’incroyant ignore ; c’est une homme qui peut davantage. Il sent en lui plus de force soit pour supporter les difficultés de l’existence soit pour les vaincre » C’est ce que s’appliquent à démontrer Ben Laden and his followers (manifestement, ils peuvent davantage et le prouvent), dans leur magnifique leçon de savoir vivre, qui, dans le monde tel qu’il est, monde des grandes proclamations commerciales tonitruantes, se ramène à une leçon de savoir mourir. Que peut en effet l’esclave prostitué quand il a fini sa passe quotidienne, sinon fourrer son groin dans les gondoles de supermarché puis rentrer dans sa cage avec son auto neuve et appuyer sur le bouton de son poste de télévision, à moins qu’il ne chausse ses patins à roulettes ou qu’il ne se rende à son club de pédérastie (en troupeau, ils se sentent plus forts ; ces activités burlesques ont donc remplacé la religion si j’en crois Durkheim), ce qui n’est pas grand chose. Selon Durkheim, « la religion n’a pas pour but d’enrichir notre connaissance mais de nous faire agir, de nous aider à vivre » (idem pour la magie qui atteint toujours son but, ce qu’est incapable de comprendre le crétin occidental, prostitué abruti : la magie n’a pas pour but de faire tomber la pluie), l’exact contraire de ce qui a lieu en Occident où il devient chaque jour plus difficile de vivre, où la vie se réduit à un concours de longévité. Du temps de Voltaire, il s’agissait, à juste titre, d’écraser l’infâme (l’église, notez bien, pas la religion). Ce fut fait mais mal fait. L’infâme (l’église) fut écrasée, mais seulement afin que l’infamie bourgeoise puisse se donner libre cours. Voilà pourquoi, au fond de leur cœur, tous les musulmans, même les plus pacifiques, soutiennent Ben Laden and his followers. Merde aux bourgeois.

J’entendais hier, à la radio, un bon Arabe (Meddeb) reconnaître ce fait (seuls les bons Arabes peuvent causer dans le poste français – Radio Paris ment ; les autres Arabes ont leurs propres postes où ils causent en arabe). Mais c’était pour ajouter aussitôt : voilà pourquoi l’islam doit faire son examen de conscience. Pourquoi l’islam ? Non de Dieu ! Pourquoi les Belges ?

 


Devoir de mémoire

Bientôt le 6 août. L’Iran s’apprête à célébrer comme il se doit le soixantième anniversaire de l’attaque d’Hiroshima et de Nagasaki (voilà deux villes bourrées, mais alors bourrées, d’innocents. Ach ! que voulez-vous, c’était la guerre. Mais les musulmans de choc ne disent rien d’autre. Les musulmans de choc sont des parachutistes sans parachute, ils n’ont pas besoin de parachute pour sauter, un sac à dos leur suffit. Ils sont « organisés » en sections indépendantes : la 3ème choc islamique, la 57ème choc islamique, la 357ème choc islamique, la 1 356ème choc islamique… etc. A cœur vaillant, rien d’impossible. Honneur aux braves. C’est ça le choc des civilisations). L’Iran lutte, lui aussi, contre la minimisation des faits. Les poulets d’Hiroshima et de Nagasaki menacent de revenir se percher. La dispersion des installations iraniennes rend difficile leur neutralisation par des moyens conventionnels tandis que le nettoyage d’un territoire d’une trentaine de kilomètres de côté, n’est l’affaire que d’une seule ogive US thermonucléaire mirvée. Ils ne manquent pas de bravoure, je dirais même de culot, ces Iraniens. Ça sent la poudre. Tout le monde il veut faire son devoir de mémoire. Joyeux Noël.

 


Invention du club Méditerranée

J’en ai appris une bien bonne à la radio ce midi (31 juillet 2005, il y a du bétail sur les routes). Après la guerre (inutile de préciser laquelle) un certain M. Witz (plaisanterie), diamantaire à Anvers, fut chargé par le gouvernement belge (il n’y a que les Belges pour avoir des idées pareilles) d’établir un plan de réinsertion dans la vie quotidienne des survivants des concentration camps (To be or not to be). Il loua un hôtel dans le Dauphiné (je cite de mémoire, si ce n’est là, c’est ailleurs dans les Alpes, qui existent, Hegel fut obligé de l’admettre) et il fit du mieux qu’il put.  Il avait cependant une sœur qui tenait à Calvi, en Corse, un village de toile, comme on disait alors. Il s’y rendit une fois sa mission accomplie puis s’exclama : « Voilà ce dont les gens ont besoin ». Le club Méditerranée était inventé : village de toile + méthode Witz = camp de rééducation. Ce n’était pas seulement les survivants des camps qui avaient besoin de camps de rééducation mais le commun des mortels. Dans une société ou la séparation fait rage, les gens doivent réapprendre à vivre ensemble. Trigano, par la suite exploita cette idée. Ni les situationnistes, ni moi-même n’avions perçu la raison d’être (Heil Hegel ! la raison d’être est un résultat) de ces camps de rééducation : une thérapie. En appliquant la méthode des variations de Bolzano on obtient immédiatement : Occident = camp de concentration. Club méditerranée = camp de rééducation. CQFD*. AAARGH, tu peux fermer boutique. Tout le mystère est éclairci. Le plus surprenant, c’est que les braves gens qui discutaient paisiblement de cette question (le tourisme) n’en ont tiré aucune conclusion**. Mais selon la nouvelle doctrine de M. Nez, qui a la queue en tire-bouchon, rien n’implique rien.

*. Pardon, c’est un sophisme ou plutôt un paralogisme, car j’ai donné le faux sans intention de le donner. J’ai posé, à l’origine du raisonnement, deux identités au lieu de deux implications. Le fait que a implique c et b implique c ne permet pas de conclure que a et b sont identiques mais que a et b ont au moins une propriété commune. Dans le cas présent, Durkheim, rompu aux variations concomitantes, n’aurait pas mis longtemps à trouver. Un séjour en camp de concentration et un séjour dans la merveilleuse civilisation occidentale ont au moins une propriété commune : la déshumanisation (il aurait certainement parlé de démoralisation), c’est elle qui nécessite un séjour dans un camp de rééducation, géniale trouvaille de M. Witz, le bien nommé.

**. Il n’y a pas de touriste innocent, tous sont des nuisibles de première classe. Tous contribuent gaiement à la déshumanisation du monde, à sa connification. Si seulement ils se contentaient de leurs camps de rééducation, mais leur déferlante submerge le monde jusqu’aux lointaines îles d’Indonésie qui souffrent déjà suffisamment des tsunamis ; vil troupeau, vile multitude. Et les musulmans combattants le voient (là-bas aussi, il y en a, c’est terrible). Les prenez-vous pour des cons ? Cachez ces touristes qu’ils ne sauraient voir sans refus. Refus, un mot que vous allez devoir apprendre. Avez-vous jamais rien refusé dans votre vie, Ô grands individualistes autonomes télécommandés. Les touristes seront bientôt comme les Américains dans leurs camps retranchés en Irak. Surprenante prescience de Michel « prends l’oseille et tire toi » Houellebecq dans Plateforme : l’attaque d’un camp de rééducation par un commando islamique.

 


Soyons simples

Les prétendus islamofascistes d’aujourd’hui sont aussi peu fascistes que les islamoprogressistes de Palestine il y a trente ans, dont les journalistes nous rebattaient les oreilles, n’étaient progressistes (cette sottise des journalistes mettait Ionesco en fureur. Cette expression est d’autant plus ridicule que l’État d’Israël est un État politique moderne et Israël, une démocratie commerciale, avec tout ce que cela comporte évidemment). Quand on est islamo, on ne peut être progressiste, quand on est islamo, on ne peut-être fasciste. Olivier Roy a parfaitement raison (je n’ai pas lu son livre Sortie d’une révolution religieuse, mais là j’ai l’impression qu’il s’est mis le doigt dans l’œil). L’islamisme d’il y a trente ans et même soixante-dix ans était celui, politique, des Frères musulmans qui voulaient moderniser l’islam en islamisant l’État, tentative qui équivalait à la restauration de l’État chrétien du roi de Prusse, mutatis mutandis, ce qui n’a rien de progressiste ; quant aux prétendus islamoprogressistes en Jordanie et au Liban, c’était, du moins pour certains d’entre eux, de parfaits staliniens, ce qui n’a rien de progressiste. Mais leur pays étant occupé, ils pouvaient parfaitement être nommés islamorésistants (ami si tu tombes, un autre homme sort de l’ombre à ta place. Ohé ! compagnons… Quand j’avais sept ans, cette chanson me faisait pleurer à chaudes larmes et… « je ne sais pas pourquoi » – la Dame de pique. Ces paroles, de cet opéra russe, toujours chantées en français, me font le même effet, et… je ne sais pas pourquoi. 28-02-2006 : Bon Dieu ! la musique était russe. Voilà pourquoi) ou islamonationalistes. L’islamisme des Frères, défait, a disparu au profit de celui que nous voyons aujourd’hui, international, mondial, la chariat sinon rien, islamisme du refus ; quant à celui des résistants, il combat toujours. Soyons simples. Les seuls mots d’ordre que j’ai pu lire, émanant de l’ancien combattant de la liberté Ben Laden, étaient : Russes dehors, US go home. On sait également que Ben Laden ne se souciait nullement des islamorésistants de Palestine. Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. La modernisation de l’Islam est le cadet des soucis de ces islamorefuzniks. L’islamisation de l’État est pour eux une horreur tout juste bonne pour des chiites. En Afghanistan, ils ont donné la preuve, avec les Talibans, que l’État leur était parfaitement indifférent. Pour des salafistes, qu’importe le prince et ce qu’il fait, il suffit qu’il soit musulman, serait-il un débauché et un usurpateur. Al Zawahiri était un Frère. Oui et alors ? Les Frères seraient toujours actifs, et bien tant mieux.

Des prodiges, des prouesses stupéfiantes, au sens fort, ont lieu sous les petits yeux des pourceaux occidentaux. Mais cela ne fait rien, cela ne suscite pas la moindre interrogation, le moindre doute, pas la moindre hésitation. Le pourceau ne connaît qu’un mot d’ordre : on est les meilleurs, on a toujours raison. Selon lui, il n’y aurait aucune interaction entre l’Occident et le monde musulman. Ce dernier vient juste d’arriver sur terre depuis la planète Mars, et c’est le monde du Mal. C’est un virus qui vient de l’espace. Surtout, ne vous fatiguez pas, vous risqueriez d’avoir une idée.

 


Murawiec, penseur de réservoir

L’islamologue Bernard Lewis, qui prend tous les jours son bain dans la liberté, l’heureux homme, cité par le penseur de réservoir Murawiec, a raison : l’objet de la haine inextinguible des djihadistes n’est pas ce que nous faisons, mais ce que nous sommes : des porcs, des Pompidou des passes (cela dit, le cochon est un animal très intelligent qui peut inventer l’avion et le téléphone, mais la question n’est pas là, la question est qu’il n’est qu’un animal). Donc : ce n’est pas parce que Londres est démocratique qu’il est bombardé mais parce qu’il ne l’est pas. Londres est une porcherie, un parc à ressource humaine. Quand j’entends « ennemi de dieu », je comprends ennemi du genre humain. C’est être ennemi du genre humain que de le réduire à de la ressource humaine. C’est être ennemi du genre humain que d’accepter d’être réduit à de la ressource humaine et d’appeler ça citoyenneté. Il y a cent ans, on ne disait pas ressource humaine, mais chair à canon. L’Occident est une porcherie, depuis deux siècles. Les porchers sont seulement des porcs plus égaux que les autres. Leur crime n’est pas d’être porchers, mais porcs eux-mêmes. M. Nez, le Delanoë anglais, est un cochon rose. Hegel nommait ça le système des besoins, mais d’autres appellent cela la liberté et la démocratie tandis qu’ils nomment société civile les groupes de pression, de harcèlement et de délation : dénoncez-vous les uns les autres, c’est la dernière mode sur Internet, au pays merveilleux de la libre expression. Ça fait longtemps que ça dure. Je ne hais pas l’Occident, je le méprise seulement. Pauvre innocent Occident, si gentil, si bon, si doux, si parfait, si pieux, si laïque, si tolérant, si cultivé, si savant, si civilisé, si libre, si démocratique, si universel, si ceci, si cela, mais surtout tellement content de lui (les cochons se réjouissent parce qu’ils ignorent le sort qui les attend, il  ne veulent rien savoir du charcutier). Des hommes inconnus de lui le haïssent, comment est-ce possible ? Une civilisation étrangère qu’il n’a pas encore réussi à anéantir se dresse devant lui. Comment est-ce possible ? Olivier Roy et l’Ayatollah Kashani répondent : c’est votre création, plutôt votre re-création. L’ennemi se nourrit de votre bassesse. Ce ne serait rien encore si à chaque instant, jours et nuits, ce qui a lieu en Occident ne s’accompagnait de son intarissable commentaire élogieux, s’il n’était redoublé par le perpétuel éloge de lui-même, à pied, à cheval, en voiture et tous les jours, entre sept heures et neuf heures du matin, sur France culcul. Quelle fontaine de boue. (Du temps de la guerre froide, il y avait la Voix de l’Amérique. Maintenant que la guerre chaude — très chaude, guerre civile mondiale, des civils attaquent des civils — est revenue, il y a la Voix de l’Occident et le moulin à parole Gras double dit Triple crème qui ferait bien de s’offrir une petite cure d’amaigrissement de trois mois chez Guérard). C’est fini, d’autres hommes s’expriment, sans recourir à la parole qui, dans ce monde, est couverte par le bruit de fond. Il faut vraiment parler très fort pour être entendu. L’éloge de soi, de son bain de liberté et de ses pantoufles, n’est plus la propriété exclusive de l’Occident. Pauvre petit. Je n’ai jamais marché dans ta combine, de toute ma vie, aussi loin que je remonte dans mon passé. Ce monde fut pour moi aussi un londonistan, j’y ai vécu comme un étranger. Je remercie les djihadistes de me permettre de dire enfin tout le bien que je pense de la Porcherie. Je prophétise alors que la prophétie est déjà réalisée. C’est le grand confort, pullman, première classe, wagon restaurant, champagne. C’est la prophétie remboursée par la sécurité sociale ! Cochonville ! Orginet, porginet, Brave New World. Seul compte que l’auge soit pleine et, pour certains, les poches. Sans les djihadistes, mes paroles resteraient lettres mortes. Voilà pourquoi j’ai perçu le bombardement de New York comme une bénédiction : God bless America, car moi, français, j’entendais : Dieu blesse l’arrogance des porchers (je crus qu’il disait coupe lui le cou, coupe lui le cou… et moi de m’encourir, et moi de m’encourir). Je suis donc d’accord aussi avec le penseur de réservoir Laurent Murawiec (le Figaro du 18 juillet 2005) : il ne peut, heureusement, y avoir de compromis avec les djihadistes, ils ne laisseront aucun répit à la Porcherie qui se pare des oripeaux de la démocratie (en Europe, elle a tenté d’en effacer les ultimes traces, c’est raté), c’est la guerre à outrance, et que le meilleur gagne. Rira bien qui pourrira le dernier. Comme Kant déclarant depuis Königsberg la révolution française, en plein guillotinage, sublime, je déclare depuis Zaroff Hall cette guerre civile mondiale sublime. Comme en 1793, il s’agit à nouveau d’une discussion philosophique sur le sens de la vie, sur le sort du monde. C’est le caquet de l’Occident enfin rabattu ; c’est la grenouille qui a voulu se faire aussi grosse que le bœuf et qui en étouffe (malgré les apparences, l’Irak était un très gros morceau. Saddam Hussein ne bluffait pas) en attendant d’éclater. Ah ! elle serait si belle cette mondialisation (mondialisation de quoi, d’ailleurs ?) sans ce satané Ben Laden. Cochons ! si vous voulez vivre, si vous voulez cesser d’être des cochons, il vous faudra combattre… votre servitude, pas les Arabes. Ne croyez pas pour autant que les Arabes sont vos amis, ni vos alliés. Les jeunes Arabes instruits (plus ils sont éduqués à l’occidentale, plus ils haïssent la Porcherie) et donc déculturés (puisque l’Occident est une société sans culture, sans esprit) sont vierges de toute culture, nouveaux nés, c’est à dire écorchés vifs (naïfs occidentaux, les vierges ne sont pas où vous le croyez, pas au paradis mais dans Londres). Ces écorchés vifs ne sont pas revêtus de l’épais cuir du cochon de longue date ou du jeune cochon fils de cochons, petit fils de cochons. Deux siècles de porcherie bourgeoise, ça vous tanne le cuir. Ils ne peuvent donc supporter ce que vous supportez, cochons jeunes ou vieux qui pataugez dans votre auge depuis si longtemps. Mais surtout, ils voient ce que vous ne pouvez voir et qui est pour eux évident. Il s’agit bien d’une renaissance et dans toute renaissance on se tourne vers les Anciens, vers l’Antiquité, vers Jérusalem délivrée et reprise. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’en Occident, il ne reste pas un milligramme d’esprit disponible sur le marché (il n’y a jamais eu d’esprit sur le marché puisque l’esprit est dans le marché) ? L’avantage, face aux Arabes et musulmans combattants, c’est qu’il n’est plus question de porcherie, de mangeaille, de chômage, de retraite, d’avantages acquis, de compétitivité, de tourisme, mais de vie ou de mort aux deux sens, vie ou mort physiologique et vie ou mort de l’esprit. En Occident, l’esprit est dans les banques et seulement là. Celui qui vit hors de l’esprit n’est que du bétail et le sort du bétail est d’être abattu. Pour un musulman born again (pour tout musulman d’ailleurs), il est inconcevable de vivre hors de l’esprit. Que voulez-vous faire contre des jeunes gens qui ne portent plus leur suicide à la boutonnière mais autour de la taille ou dans un sac à dos ? Ces choses ne sont pas difficiles à comprendre sauf si on ne veut pas les comprendre.

Je résume : c’est l’odieuse anomie de la solidarité de type occidental qui produit qui suscite (et non qui produit. L’anomie est pour le musulman de choc ce que la muleta est pour le taureau) les suicides de type altruistes des jeunes musulmans revivalist. La solidarité occidentale (la division du travail social occidentale) est basée sur la séparation et l’isolement : totalement solidaires parce que totalement séparés. Comme l’avaient bien vu Hobbes et Marx, la solidarité occidentale est basée sur le struggle for life, chose totalement étrangère à l’Islam avec un grand i et à l’islam avec un petit i. L’islam n’a que l’altruisme, mais il l’a. Vivre dans l’esprit, c’est vivre dans une société altruiste. Plus simple, tu meurs.

— Comme disait Durkheim, l’esprit n’a rien de surnaturel. L’explication de cette société altruiste ne demande aucun recours au surnaturel et la société trouve son explication dans la société. En ce sens et en ce sens seulement, Durkheim est naturaliste. Même s’il écrit que l’on doit traiter les faits sociaux comme les faits naturels (des choses), il ne prétend pas pour autant que les sociétés sont des phénomènes naturels mais seulement que leur explication ne demande aucun recours au surnaturel, au mysticisme (le mysticisme est un fait social comme un autre et son explication ne demande aucun recours au… mysticisme, de même que chez Frege, la définition du nombre de demande aucun recours au nombre). J’exprimais cela, dans ma Diatribe, en disant que Dieu n’avait pas besoin d’exister pour être néanmoins très puissant. Les sociétés ne sont pas des phénomènes naturels parce qu’elles sont des totalités concrètes et qu’elles contiennent le négatif comme apparence. Il n’existe pas de totalités concrètes dans les faits de classe naturelle. Même une fourmilière est déterministe, non seulement calculable mais calculatrice : elle « sait » résoudre un problème à temps de calcul d’ordre non polynomial complet, le problème du représentant de commerce. Le cheminement de la fourmi individuelle est erratique, mais la fourmilière est déterministe. On voit dans la fourmilière le hasard produire l’ordre et le chemin le plus court (du moins le bon chemin). Le représentant de commerce suit l’asphalte comme la fourmi suit les phéromones. Les abeilles sont beaucoup plus civilisées : elles communiquent explicitement. —

Aussi un jeune musulman plongé dans l’anomie occidentale 1) ne la supporte pas, 2) sait où s’adresser pour retrouver l’altruisme (il n’est pas si acculturé que ça, il sait qu’ailleurs existe ou qu’il a existé et qu’il peut donc exister encore, tandis que le jeune occidental ne sait rien. Richard Durn ne savait rien et le dit lui-même. C’est ce qui le désespérait. C’est l’anomie qui l’a tué, mais il n’est pas mort seul, il connaissait des coupables. Ainsi, il a quand même transformé, comme au rugby, son suicide de type égoïste en suicide de type altruiste).

De même que chez Durkheim, solidarité ne veut pas dire nécessairement coopération, secours mutuel  (ce qu’elle est chez les hoplites), altruisme ne veut pas dire bonté, aimer son prochain comme soi-même, se dévouer pour une cause etc. mais simplement se soucier d’autrui — même pour l’assassiner. C’est Durkheim d’ailleurs qui démontre l’utilité sociale du crime. Quel homme charmant qui nous change des tartuffes qui officient dans le poste et les journaux. Selon Durkheim le crime est un phénomène normal, au sens de Gauss-Poisson (il est présent dans toutes les sociétés, « il apparaît comme étroitement lié aux conditions de toute vie collective ») et non au sens où le crime serait lui-même une norme, un règle et son application. Au contraire, il est transgression de la norme. Mais il est aussi utile, « un facteur de la santé publique », d’une part pour confirmer la règle (le châtiment du criminel est une sorte de messe où les fidèles communient et se confortent), d’autre part dans la mesure où, comme le négatif hégélien, il permet aux sociétés de changer : certains crimes d’hier, sévèrement réprimés, sont devenus les normes d’aujourd’hui, exemple : l’impiété et l’apostasie — et bénéficier du souci d’autrui, autrement dit pression de la collectivité sur les individus. Exemple pratique : le suicide de Richard Durn est de type anomique (et non égoïste. Le peu que je sais de sa biographie le montre au contraire à la recherche de l’altruisme, c’est à dire d’une règle qui ne dépende pas de lui, contrairement à un patineur à roulette — hélas, ces fumiers ne se suicident pas beaucoup, que je sache —. Son drame, il ne trouve rien, il ne trouve qu’hypocrisie pour parler comme Ben Laden. C’est l’anomie de la société qui le conduit au suicide, qui le désespère, qui le démoralise), les suicides des musulmans combattants sont de type altruistes quoique leur origine, et ce qu’ils combattent, soit l’odieux anomisme de l’Occident qui les jette dans le sein (je devrais dire dans le saint) d’une société très altruiste (encore une fois, altruiste ne signifie pas bonté et peut faire bon ménage avec le meurtre, la guerre, le pillage et la coercition) idéale du neuvième siècle de notre ère. Leur suicide n’est pas de type altruiste parce qu’ils se sacrifieraient à une cause, mais parce qu’ils rejoignent le giron d’une société altruiste imaginaire et qu’ils agissent sous son emprise et non de leur propre chef. De son propre chef, l’Occidental ne sait faire que du patin à roulette. En fait, ce n’est même pas de son propre chef, mais par pur conformisme, par télécommande. Le Roller, c’est le conformisme. L’individualisme du rolleriste est un conformisme. C’est un original de troupeau, un original de masse. Le rolleriste ne saisit de pensées que sur la affiches de pub. Pour lui, le monde c’est la pub. Point barre, comme ils disent. L’individualisme, dans son acception actuelle, dominante, est un conformisme. Précisément, les musulmans ne sont pas des conformistes parce qu’ils observent des règles (Wittgenstein : on  ne peut appliquer une règle que si on la comprend, ce qu’est incapable de faire une machine, et comprendre implique la possibilité de commettre une erreur ce que ne fait jamais une machine) tandis que le prétendu individu occidental privé de règles en est réduit à l’imitation : monkey see, monkey do. Contrairement à ce que pensait Durkheim, c’est le type de division du travail qui sévit sous le règne de l’argent qui conduit à la similitude, au conformisme. Pas de règle, pas de liberté. Plus simple tu meurs. Quant au reste, le prétendu libre et autonome individu occidental subit des contraintes hyperbares dénuées de toutes règles : il doit subir, il n’a même pas la liberté d’appliquer une règle. Il a la main invisible au cul. Comment pouvez-vous prétendre être libres alors que vous prétendez n’appliquer aucune règle, alors que vous est donc déniée la possibilité de ne pas l’appliquer, c’est à dire la possibilité de désobéir. Comment être libre là où la possibilité de désobéir n’existe pas ? Les robots ne désobéissent jamais puisqu’ils n’obéissent jamais. Regardez Alcibiade, le désobéissant, que n’a-t-il violé, que n’a-t-il trahi, que n’a-t-il profané ? Pourtant, ses compatriotes le rappelaient toujours. Voilà un libre individu. Et Courier, ce chef d’escadron d’artillerie montée qui rejoignait son corps avec six mois de retard, qui montait sans étriers un cheval non ferré ce qui lui permettait de galoper sur les pavés de Naples. Son ancien condisciple Bonaparte disait : « Foutez-lui la paix ». La paix dans un monde de guerres, impérial cadeau ! Le génie des Grecs fut d’inventer la libre obéissance qui ne peut exister que là où est possible la non moins libre désobéissance. A cette époque, le mot « choix » avait encore un sens. Aujourd’hui, il n’en a plus alors qu’il est proféré à chaque minute dans le poste pendant que le cochon fouille les rayons des gondoles avec son groin. Il ne choisit pas, il ne fait que suivre la piste la plus chargée de phéromones sans jamais trouver de truffe. La prétendue civilisation occidentale est un multiconformisme, un conformisme proliférant doublé d’une coercition hyperbare.

Autre manière d’exprimer cela : c’est le fameux État de droit qui permet d’enculer à l’aise. Il a été inventé pour ça, pour permettre le fameux « Enrichissez-vous » de Guizot. La prétendue autonomie du prétendu individu occidental n’est qu’anomie et séparation, ce que je nomme enculisme. Cette prétendue autonomie est pure hétéronomie. Le prétendu individu occidental est seulement un robot pavlovien commandé à distance (cette télécommande se nomme couramment le marketing) tandis que l’altruiste a intériorisé la norme, il vit dans la norme. La démocratie occidentale représentative n’est pas représentative : les députés ne représentent que leur parti. Leur parti ne représente rien sinon lui-même (environ 250.000 militants en France tous partis confondus ! Je mettrais ma main au feu — ordalie — que ce sont les pires). Le public a donc à choisir entre quelques marchandises (deux seulement aux USA) avariées qui ont depuis longtemps dépassé leur date de péremption. Elles doivent donc être détruites comme le veut l’hygiène. Ces partis sont en surfusion. Ça va cristalliser un jour ou l’autre. Dans la Russie stalinienne, on emprisonnait, on déportait, on terrorisait, on assassinait, mais on n’enculait pas (au sens figuré, parce que stricto sensu ! cf. le film Kroustaliov ma voiture d’Alexeï Guerman). C’est ce qui explique la nostalgie du petit peuple de ce pays devant la férocité de l’anomie occidentale qui déferle sur son pays. Le président Poutine peut compter sur lui. Même remarque pour la Chine. Dans Marianne de cette semaine (reportage de Philippe Cohen et Luc Richard) je lis la déclaration d’un mineur chinois : « L’argent a remplacé l’honneur dans le cœur des Chinois ». Je ne saurais mieux dire.

Conclusion. La lutte de l’Occident et de l’Islam est la lutte de l’altruisme contre l’anomie. L’ennemi de Ben Laden est l’anomie (mais aussi l’ennemi de tout musulman, Bon Dieu ! et même de tout homme sur terre et ailleurs. Les musulmans ne sont pas et ne veulent pas devenir des porcs. Les saboteurs qui combattent en Irak ne veulent pas l’établissement d’une porcherie en Irak. Ils ne veulent pas payer le prix qu’a payé l’Occident pour avoir de la pacotille : la perte de tout altruisme, et je les approuve. Notons au passage que l’altruisme durkheimien n’a rien à voir avec la hideuse charité, ni avec la philanthropie. D’ailleurs, Richard Durn s’y était essayé, ce qui avait achevé de le désespérer. C’est pourquoi, après la maire qu’il rata, il dirigea d’abord son feu meurtrier sur les conseillers verts ce qui est la preuve que cet homme avait toute sa raison). Je l’ai déjà dit, c’est un malheur que la bannière de l’altruisme soit portée par des hommes aussi féroces, mais l’anomie est un malheur plus grand encore. Comment lutter sans être féroce contre Dallas et son univers impitoyable ou contre des chrétiens enragés comme Bush & Cie et, enfin, contre des soldats qui ne veulent pas se battre et se terrent dans leurs camps retranchés ? Oui, Durkheim a raison, le crime a son utilité sociale. Crève Occident.

Conclusion de la conclusion : l’Occident est bien mal placé pour trouver désuet, archaïque, barbare, obscurantiste, totalitaire, fasciste, j’en passe et de meilleures, l’altruisme musulman puisque c’est le seul qui demeure au monde. Qu’attend l’Occident — si je t’attrape je t’encule — pour donner l’exemple. Je l’ai déjà dit dans ma Diatribe, c’est la seule solution pacifique possible. Sinon, c’est la guerre. Je suis bien d’accord avec M. Murawiec.

Notes : selon Durkheim, le taux de suicide est plus fort chez les égoïstes que chez les altruistes et les habitants des milieux ou des sociétés altruistes (sociétés à haute pression sociale, les sociétés anomiques sont à basses pression sociale, basse pression sociale mon œil, mais ce n’est pas le cas de discuter cela ici). Je regrette qu’il ne soit plus là, que dirait-il aujourd’hui ? Peut-être dirait-il que le suicide d’un Kamikaze ou d’un Musulman combattant n’est pas un suicide mais un combat, disons un suicide commandé, un suicide de commande. Perinde ac cadaver. L’arme, c’est l’homme ! Après tout, les poilus de 14 se sont suicidés en masse. Contre-offensive Nivelle, qu’était-ce d’autre qu’un suicide ? Et les Anglo-saxons sur les plages de Normandie ? Le café de Pégasus Bridge ne désemplit pas d’Anglais et d’Écossais d’un âge respectable et hauts en couleurs. Autre sortes : le suicide des défenseurs de Massada ou le quasi suicide des défenseurs de Los Alamos, celui, massif, des civils japonais à Okinawa (je ne suis pas certain du lieu) tous suicides dans des milieux très altruistes. Où avais-je la tête, il ne s’agit pas de suicide, mais de sacrifice. La cause du suicide est la démoralisation, le désespoir. Or, les parachutistes sans parachutes sont tout sauf désespérés. Ils sont plein d’espoir et enthousiastes.

2. La thèse de Durkheim dans De la Division du travail social est que la division du travail permet de passer d’un certain type de solidarité, qu’il appelle malheureusement « mécanique », basée sur la similitude et l’imitation, à une autre qu’il appelle non moins malheureusement « organique » (heureusement, Durkheim n’est ni naturaliste, ni organiciste : il y a, selon lui, des organes — c’est d’ailleurs sur eux que s’exerce la division  — qui exercent des fonctions, mais il n’y a pas d’organisme quoiqu’il se permette, en ce qui concerne le corps de la société des métaphores d’organisme) et que la division est la cause de ce passage. J’affirme que la division du travail, qui ne connaît plus de bornes avec le triomphe de l’argent (Marx), l’argent fait social éminent (extérieur, coercitif, le plus extérieur qui soit, le plus coercitif qui soit, toujours parfaitement incompris. Si seulement Durkheim s’en était mêlé), conduit à une solidarité anomique : la solidarité est réalisée à une échelle mondiale, elle est totale, mais elle est aussi totalement absente, ailleurs (c’est ce programme que j’ai exposé, faute de mieux, dans mon affiche Reich mode d’emploi : la publicité est réalisée et cependant absente. Elle a lieu mais elle est absente). La division conduit en fait à la suppression des différences (Muray), à la similitude (de même que le marché commun européen conduit non pas à la spécialisation prévue par la théorie classique Smith-Ricardo, mais à l’uniformisation et à l’accroissement des échanges intrasectoriels, même avec spécialisation à l’intérieur d’un secteur, exemple : Airbus, conception et assemblage ici, motorisation là, ailes ailleurs). L’individu qu’escomptait Durkheim s’avère n’être qu’un patineur à roulettes, un robot. D’ailleurs son neveu et Malinowski s’attachent à montrer la fausseté de la prémisse : la similitude et l’imitation ne sont pas au commencement mais à l’arrivée. Durkheim lui-même le montre dans les Formes élémentaires. Il montre que la religion la plus primitive comporte toutes les caractéristiques des religions les plus modernes, il montre donc que le commencement est l’universel. La réponse des primitifs à l’ethnographe qui les questionne sur l’origine de leurs institutions est toujours la même : il en a toujours été ainsi. Ô divin Hegel : l’universel est le commencement. Mais il doit ensuite se perdre dans les sables de la similitude et de l’indifférenciation. L’universalisation est la disparition de l’universel, l’universel disparaît dans l’universalisation. Durkheim lui-même le subodorait. Les crétins occidentaux croient dur comme fer que les sauvages pratiquent la magie pour faire tomber la pluie (il n’y a pas de règles privées, mais il y a des règles étrangères que les ethnographes ne comprennent pas). Mauss et Malinowski s’élèvent jusqu’au fonctionnalisme (d’ailleurs, Durkheim y est déjà). En fait les sauvages pratiquent la magie pour enchanter leur vie, pour faire de ce qui deviendra de nos jours la corvée de patate (qui n’a jamais été au commencement, mais est un triste résultat contemporain) une aventure passionnante bien que sans cesse recommencée. Les sauvages construisent des situations, toujours les mêmes, c’est un fait. Chez les sauvages, la solidarité est présente. C’est une eucharistie permanente. Ils vivent dans l’esprit. Une idée en passant : pourquoi dans le don, il serait extrêmement mal vu que le bénéficiaire rende immédiatement, s’acquitte immédiatement de sa dette ? Parce que le don est une double profession de foi, envers autrui, d’une part, envers le genre, d’autre part. C’est le genre qui doit rendre. Ainsi le donateur témoigne de sa confiance à autrui et de sa confiance dans le genre. Il témoigne également que l’humanité de l’individu auquel il donne consiste dans le genre. C’est Durkheim qui m’a conduit à ce genre de raisonnement puisqu’il l’effectue lui-même dans une autre occasion. Plus l’objet a circulé, plus la profession de foi aura été renouvelée, plus de mains auront tenu l’objet, plus il sera prestigieux. Rendre immédiatement empêcherait cette double profession de foi. L’honneur et l’altruisme sont une seule et même chose ce qui explique que l’altruisme puisse être, à l’occasion, extrêmement méchant. Il n’est jamais stupide, comme le sont les libres cochons occidentaux, ainsi qu’on peut le constater dans la presse.

Pas de règles, pas de liberté. Ben Laden le prouve : ne pouvant attaquer ni les dirigeants, ni les militaires, il attaque les esclaves-prostitués, totalement solidaires des actions de leurs maîtres, quoiqu’ils en pensent. Ce qu’ils en pensent, c’est zéro. Ce n’est pas Durkheim qui me contredirait. Ce que les individus pensent des faits sociaux, c’est zéro, selon Durkheim. Quand les maîtres boivent, les esclaves trinquent. Selon Durkheim, il faut expliquer la société par la société et non par ce que les individus pensent de la société. Et bien voilà : la solidarité occidentale est anomique, la solidarité musulmane est altruiste, la seule qui demeure — sinon, il s’agit de milieux, de poches d’altruisme, les militaires, par exemple. De ce fait, même les mercenaires ne peuvent être considérés comme des esclaves, ni des prostitués. Encore une fois Durkheim me fournit la réponse à une question que je me posais depuis longtemps : pourquoi, spontanément, me refusais-je à considérer les mercenaires comme des esclaves ou des prostitués. Parce qu’ils embrassent, nolens volens, l’altruisme —. Cela explique tout. Je ne prétends pas non plus que l’islam n’ait pas de préjugés, mais ses préjugés étant différents de ceux de l’Occident, l’islam voit l’Occident tel qu’il est : plein de cochons et de porchers. Allô ! maman bobo. La seule chose qui peut nous empêcher d’être victime d’un certain préjugé est d’être la victime d’un autre préjugé. Inch Allah ! Oui, l’aversion des musulmans pour les cochons est un préjugé archaïque et un peu ridicule, mais, que voulez-vous, c’est ainsi, et ils sont plus d’un milliard. D’aucuns s’étonnent de la faiblesse de la protestation des musulmans dits modérés contre la barbarie djihadiste. Je comprends parfaitement leur tiédeur, comment peut-on s’enthousiasmer pour une porcherie. Étant musulmans, pleins de respect, ils sont d’accord sur le fond avec les féroces djihadistes, s’ils ne le sont pas sur les formes et les méthodes. Notez que les musulmans sont polis, ils disent impies là où je dis cochons ou bétail. Ils conservent leur qualité d’hommes aux impies, ce que je ne fais pas. Pour moi un homme impie n’est plus un homme. C’est en cela que Ben Laden m’aide, à l’insu de son plein gré, du moins je le souhaite car je crois que cela vaut mieux pour moi. Je suppose qu’aux yeux d’un musulman, ma prose est parsemée d’innombrables blasphèmes. Cependant, puisque ce que pensent les individus du monde c’est zéro, lesdits individus gardent pour eux ce qu’ils pensent du monde — pour les porchers et leurs stipendiés, c’est le contraire. Ils ne laissent ignorer à personne leur éminente pensée dont Ben Laden se torche au demeurant (aux dernière nouvelles, Bernard Lévy aurait traité le physicien belge Bricmont de nigaud). Loué soit Ben Laden, le Napoléon des sables —. Et de même qu’un immigré musulman de la troisième génération est toujours musulman au fond du cœur (musulman et non Algérien, Pakistanais, Égyptien, Somalien etc., à mondialisation, mondialisation ennemie. Le pays altruiste dont ils viennent n’est pas tel ou tel pays particulier sous tel régime politique particulier, dictatorial en général,  mais l’islam. Cela tient aux particularités de cette religion) et retrouve le chemin de l’islam à la moindre occasion ; les cochons, enfin ceux qui ne sont pas porchers, ni stipendiés par les porchers, sont toujours hommes au fond du cœur, c’est ma conviction intime. Tout espoir n’est pas perdu.

3. J’en profite pour attaquer la notion de conscience collective ou de notion collective chez Durkheim. Il n’y a pas de conscience collective, il n’y a pas de notions collectives mais seulement des notions communes, nuance, et pas du tout de conscience commune, ni collective (il y a seulement conscience commune au sens ou telle pensée est abondamment saisie. Mais sinon, l’acte de penser ne peut être commun, chacun effectue son acte tout seul, mais ce faisant il saisit une pensée qui peut être commune. La pensée demeure unique tandis que les saisies peuvent être nombreuses. C’est tout). Dans Tous savent que x (forme développée : Tous les y savent que x, avec les variables  y de type individus concrets et x de type propositions), le sujet Tous (Tous les y) désigne une totalité pensée, et seulement pensée, une classe. Dans Tous savent que tous savent que x (tiens ! une diagonalisation. Pas tout à fait puisqu’il n’y a pas de guillemets. X n’est pas remplacé par un signe, par le nom d’une phrase, mais par une phrase, non par la citation d’une phrase. Une véritable diagonalisation serait Tous savent que « Tous savent que x »), le sujet Tous désigne une totalité concrète. Si cette dernière proposition complexe est vraie, il s’est passé quelque chose dans le monde qui fait que Tous est une totalité concrète. Il désigne peut-être aussi une totalité pensée ? Non. Les totalités concrètes sont impensables. Sinon, nous ne serions pas dans le merdier où nous sommes. Nous verrons cela plus tard. Comme le souligne Frege, le théorème de Pythagore, notion commune s’il en est, inscrite au patrimoine de l’humanité, est unique et est le même et unique pour tous. Nous partageons tous le même théorème de Pythagore, y compris M. Le Pen. Il n’y a pas de théorème de Pythagore de M. Le Pen et de théorème de Pythagore de M. Hollande, alias Pays-Bas-du-Cul. Ainsi, le saviez-vous ? quand vous utilisez le théorème de Pythagore, vous utilisez le même théorème que M. Le Pen. J’entendis à la radio avant le 29 avril, le comique Ruquier apostropher quelqu’un : « Tu utilises les mêmes arguments que Le Pen ». Et alors ? M. Le Pen ne peut-il utiliser de bons arguments, sinon toujours, du moins parfois ? (Degré zéro de l’argumentation dirait le sérénissime père Chouard. Je me demande ce qu’il faudrait pour le faire sortir de ses gonds). Pour ce Ruquier misérable et les innombrables misérables qui lui ressemblent, si un argument est utilisé par M. Le Pen, il est mauvais, souillé pour toujours, c’est le baiser du vampire. Ainsi, M. Le Pen a souillé le théorème de Pythagore. Sacrilège. Sacrilège. Or, M. Le Pen peut déshonorer sa patrie, pure hypothèse notez bien, mais il ne peut déshonorer le théorème de Pythagore (sauf s’il commet, grâce à lui, des actes que la morale réprouve). Contrairement à ce que prétend le crétin Debord, les pensées vraies ne vieillissent pas. La difficulté est que, pour beaucoup de pensées, parmi les pensées saisies dans le monde, on ignore si elles sont vraies ou fausses. Selon Wittgenstein, les lois de la physique ne sont pas des vérités éternelles, elles sont toujours sujettes à révision, elles ne sont pas nécessaires, contrairement au théorème de Pythagore qui s’il n’est plus vrai en géométrie elliptique ou hyperbolique le sera éternellement en géométrie euclidienne (selon Kripke, sont nécessaires les vérités qui sont possibles dans tous les mondes possibles. Ouch ! Leibnitz, quand tu nous tiens). Ainsi, la pensée, sens de la phrase « La Terre est plate » ou sens de la phrase « The earth is flat » (si les pensées sont uniques, le sens est unique) ou de la phrase « حظشكب דךםח жкво Εαθέ » (quel chariat bias), régna pendant des siècles avec une apparence d’éternelle jeunesse. Les pensées mathématiques ne sont pas saisies dans le monde. Quand Poincaré posa le pied sur le marchepied de l’omnibus de Carentan, il ne saisit pas une pensée dans le monde, cette pensée lui fut donnée subitement : telle fonction est (présent de l’indicatif obligatoire, elle l’est pour l’éternité) fuchsienne (le verbe fuchsen signifie turlupiner, agacer – renarder, renauder, c’est rouspéter). Mais cependant le principe de Durkheim comme quoi les relations sociales ont servi de prototype aux relations logiques est conforté par l’archéologie qui met à jour des bijections vieilles de trente mille ans. J’ai une théorie personnelle sur la genèse de la logique. Les femelles humaines ont deux mamelles. C’est l’une ou c’est l’autre (il est impossible de téter les deux à la fois), pour le troisième, il n’y en a plus. Je n’ai aucune connaissance en zoologie au point que j’ignore combien les cochonnes ont de mamelles. Supposons qu’elles en aient six. Dans ce cas, j’affirme que les cochons on une logique basée sur le septième exclu. Pour le septième, il n’y en a plus. Malgré leur intelligence, le cochons n’ont pu dominer le monde tant cette logique est compliquée. Les chats savent se faire obéir par leur supposés maîtres. Ils les accablent de leurs gestes pleins de signification, de même que le tapis mazique de Crazy Cat est plein de mazie. (C’est la moindre des choses qu’au pays des tapis volants mollah Omar s’échappe au volant d’une moto.) Notamment, ils savent, mieux que personne, témoigner discrètement de leur bonheur. Les maîtres des chats sont comblés. Avec un crétin comme Thibaut, c’est pas demain la veille que les maîtres des hommes seront comblés, ni personne d’autre. C’est connerie for ever. A peine Pinault-cul a-t-il sa Pineault-culture qu’Arnault-cul veut aussi son Arnault-culture. Une connerie entretient l’autre, de même que dans le champ électromagnétique, l’électrique entretient le magnétique et réciproquement, en l’absence de la présence de toute charge électrique, évidemment. Ça peut durer longtemps. Ben Laden est une charge électrique très intéressante. C’est un ingénieur, ne l’oubliez pas. Il trouble le champ électro-magnétique. Tu le troubles répondit cet animal irritable (Wolf_o_witz, je suppose, c’est à dire loup_plaisanterie). Si ce n’est toi c’est donc tes frères (en Arabie, les familles comportent quatre mille cousins, bon courage les gars de la CIA).

4. Le monde est un savoir (ce qui ne signifie pas qu’il pense évidemment, ni qu’il contienne des pensées. Cependant, il contient des actes de pensée, c’est à dire des saisies de pensées dans le monde)
Il est classé
Nulle chose sans classe
Nulle chose sans nom
Les individus saisissent les pensées dans le monde
Les pensées peuvent être vraies ou fausses
Qu’est-ce qu’une pensée ?
C’est ce qui peut être vrai ou faux.
Seules les pensées peuvent être vraies ou fausses
Les pensées ne sont pas l’acte de penser
Les individus ne sont pas les porteurs des pensées mais seulement porteur de l’acte de penser
Nul platonisme ici si le monde est un savoir et non l’Empyrée : l’exemple de la bijection vieille de trente mille ans est stupéfiant sur ce point. Il a donc fallu trente mille ans pour parvenir à la notion de relation, d’application et notamment d’application bijective alors que la chose était pratiquée chaque jour depuis trente mille ans. La mise en bijection de deux ensembles (la bijection porte sur les objets, mais l’ensemble consiste dans le concept et non dans les objets) eut lieu pendant trente mille ans sans que personne de se soucie de la notion. Ô divin Hegel, la raison d’être est un résultat. Le platonisme est seulement une illusion de même que c’est une illusion que Cicéron ressemblât à Marlon Brando.
Le rationnel appartient au genre
Le raisonnable appartient à l’individu… bourgeois
L’individu bourgeois est séparé du rationnel. Il est pauvre

Deux ou trois choses que je sais de Frege.
Suite au prochain numéro…

5. Le cadavre de Dieu Selon Durkheim, c’est la société elle-même qui éveille dans les esprits (opposition esprit/les esprits, Frege), par la seule action qu’elle exerce sur eux, la sensation du divin, car elle est à ses membres ce qu’un dieu est à ses fidèles. Pour Durkheim, l’autorité morale que la collectivité exerce sur ses membres ne s’exerce pas par la contrainte mais par le respect car la société a tout ce qu’il faut pour inspirer la sensation du divin. (Durkheim non seulement n’est pas naturaliste, mais il est antinaturaliste.) Dieu est mort en Europe du vivant même de Durkheim. « Dieu est mort » signifie, selon les principes durkheimiens, que ce qui était respectable n’est plus respecté, signifie donc que la société n’est plus respectée. Or il est un autre principe de Durkheim qui veut que ce que pensent de la société les individus soit sans influence aucune sur la société, sinon localement, mais qu’inversement la société, outre le respect, inspire les pensées de ces individus (les individus saisissent les pensées dans le monde, Frege). Il en découle donc que si la société n’est plus respectée, ce n’est pas du fait de l’extrême audace des proud individus qui se seraient libérés du respect, mais tout bonnement parce que c’est la société qui est devenue non respectable. Il faut expliquer la société par la société nous dit Durkheim. Et bien voilà, c’est fait. Voilà où mène la division du travail — la communication — telle qu’elle est pratiquée depuis deux siècles. Autrement dit, la société est devenue le cadavre de Dieu, et les proud individus ne sont que des asticots qui y grouillent. Et les musulmans respectueux voient cela. Les musulmans, tous respectueux, voient les troupeaux de patineurs à roulettes mépriser copieusement leur propre société. Le Roller c’est la liberté répond le rolleriste au représentant de l’ordre. Les conséquences sont inévitables. Comment voulez-vous que les musulmans respectent ce qui n’est pas respectable. Tout cela est très simple, comme vous pouvez le constater. Comment voudriez-vous que les musulmans qui vivent dans le respect acceptent sans broncher l’installation d’une porcherie en Irak (du temps de Saddam, il y avait une simple boucherie halal, cela se passait entre Arabes), par le chef mondial des porchers et des porcs. Vous aurez compris, je l’espère, que mon souhait n’est pas le rétablissement du respect selon le mode musulman mais le rétablissement du respect cependant. Hélas, ce n’est qu’un souhait. Comme dit si bien Hegel « Un esprit noble, une âme vertueuse auxquels est refusée la réalisation de ses aspirations conscientes dans un monde de vices et de sottise, se dresse avec une indignation passionnée, avec de fines railleries ou avec des sarcasmes tranchants contre la vie qui s’offre à ses yeux, pour flétrir ou ridiculiser le monde qui est en opposition flagrante avec son idée abstraite de la vertu et de la vérité. », idée abstraite hélas, l’individu isolé ne peut aller au delà de l’idée abstraite, ce qui est de toute façon préférable à ceux qui, sous leurs palinodies vertueuses, veulent seulement être califes à la place du calife. Cela dit, la place de calife est vacante, je vous le signale. Je me suis seulement donné pour tâche de dire ce qui n’est pas. Cette société n’est pas respectable. C’est pourquoi elle n’est pas respectée, ni par les patineurs à roulettes, ni par les musulmans. La différence est que les patineurs à roulettes qui ne respectent rien (parce qu’ils n’ont rien à respecter les pauvres, voilà la vraie définition de la  pauvreté) sont méprisables tandis que les musulmans sont respectables parce qu’ils sont pleins de respect. C’est au nom du respect qu’ils attaquent la porcherie qui en est totalement dépourvue. Dans la porcherie, il n’y a de respect que pour l’argent. C’est une définition de la servitude. L’hôpital qui adore l’argent se moque de l’infirmerie qui adore Allah.

Et voilà pourquoi une majorité de Français a voté Non le 29 mai. La merdeuse société américaine n’a plus ce qu’il faut pour éveiller dans les esprits la sensation du divin, ni éveiller quoi que ce soit d’autre qui le vaille sinon le patriotisme de confort dans son Humvee customisé, les pieds au chaud. Elle combat le dos au mur. Deux millions et demi d’hommes sous les drapeaux, présence militaire dans 132 pays, mais seulement 150 000 hommes en Irak. Eparpillement, éparpillement, mes chéris, éparpillement, poil aux dents (je n’en reviens pas de ces nombres que j’ai lu dans la presse. Si ma source, que j’ai déjà oubliée, est fausse, signale le moi, lecteur.

Émile à l’appui Remarque intéressante sur cette question au Café du commerce. Tout arrive ! Non seulement le Tout est le vrai, mais il arrive (31 juillet 2005).

 


Sublime vue de New York depuis le portail ouest de
Zaroff Hall.
C’est Versailles sans le château. C’est encore plus beau. (F. Llwyd).
 Je ne veux écrire que de la richesse.
Il n’est de richesse qu’en Dieu.
Il n’est de richesse que dans le genre (Durkheim).
Cependant, si  mon dieu n’est pas le dieu de qui vous savez,
ma foi est la même.

 


Requiem pour cinquante asticots
Le prétendu individu de la démocratie commerciale
est seulement un asticot qui vit dans le cadavre de Dieu.

Dieu est mort, mais son cadavre est toujours là. C’est dans ce cadavre que grouillent les libres asticots démocratiques. L’Occident est le cadavre de Dieu et Londres en est le divin camembert. Il y a une dizaine de jours, une cinquantaine d’asticots démocratiques, ces fameux individus libres farouchement épris de bien-être et d’autonomie, furent écrabouillés dans les profondeurs du divin camembert de Londres par des hommes habités par Dieu, c’est à dire habités par notre commun genre. Quel malheur n’est-ce pas ? Oui, dans la démocratie les hommes sont égaux en dignité, c’est à dire — puisque tous également dénués de toute dignité — tous également indignes. Qu’est-ce que la dignité d’un individu ? C’est la présence de Dieu (la présence du genre humain) dans un individu (Durkheim). Dans les asticots de la démocratie commerciale, la présence de Dieu, la présence du genre humain, est nulle. Présence zéro. Les asticots démocratiques sont donc égaux en dignité : leur dignité est nulle, leur dignité est égale à zéro. Requiem pour cinquante asticots. Heil Tocqueville ! selon qui une égale dignité a toutes les chances de devenir une égale indignité et un furieux conformisme. Je vous donnerai tous les détails très bientôt après une lecture exhaustive de Tocqueville (disponible gratuitement sur Internet), impitoyable pour la prétendue démocratie du business.

 


Ici radio Londres
BBBC, BBBC

Ayatollah Kashani condemned the blasts, but also launched a stinging attack on Western foreign policy, punctuated with cries of "death to America, Britain and Israel".

"You talk about al-Qaeda. Have you forgotten who has bred al-Qaeda?" he asked, in remarks addressed to UK Prime Minister Tony Blair.

"It’s the illegitimate child of America and Israel, but you name it Islam. This savagery is not Islam. It is coming from inside of you and it is now punching you."

C’est bien ce que je disais. Retour à l’envoyeur. Ces combattants de la liberté sont vos enfants, prodigues, très prodigues, sortis de votre ventre fécond (Prodigue, as-tu du cœur ? « L’argent a remplacé l’honneur dans le cœur des gens. ») Accueillez les donc à bras ouverts. Les poulets rentrent au poulailler pour se percher.

 

AAARGH ! Les Jeux Olympiques à Londres !
OUF ! Après Youpi-plage et autres Nuits blanches
Youpiville échappe à un nouvel outrage.
Nuisible, je t’en foutrais de « l’Amour des jeux ».
Pendant ce temps, en France, la censure est arrivée à pied par la Chine.
 La bataille du rail

 

Article 19 « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit »


Déclaration internationale des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU à Paris, le 10 décembre 1948


Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis (1791)

Le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse, ou touchant au droit des citoyens de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de leurs griefs.

NB : les dix premiers amendements (1791) constituent la Déclaration des droits (Bill of Rights)
(Source : J.-P. LASSALE : Les Institutions des Etats-Unis, coll. Documents d’études n°1.01, La Documentation Française, 1985.)

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Article 11 - La libre communication des pensées et opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. 26 août 1789.

Pour déroger à ces sages principes, il faut (article 5 de  la déclaration de 1789 : La loi n’a le droit de défendre (interdire) que les actions nuisibles à la société. etc, et article 9 : Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, etc.) prouver qu’une action est nuisible à la société. Prouver, et non pas ordonner en référé sous le harcèlement des Allo ! maman bobos, de leur lawyers et des patineurs à roulettes.

 


La confiance dans le business numérique mon cul

Le scandale dans cette affaire réside dans le fait qu’un simple jugement de référé puisse permettre d’interdire l’accès à un site, sans jugement sur le fond, c’est à dire sans preuve admise contradictoirement des faits répréhensibles indiqués : diffamation (où est la diffamation dans l’affirmation que Vidal-Caquet est seulement un auteur de préfaces et postfaces, ce qui est une manière comme une autre d’écrire son nom dans les livres des autres. Citez seulement un contre-exemple d’une œuvre scientifique, qui ne soit pas une compilation, de Vidal-Caquet en tant qu’helléniste, œuvre qu’il est censée accomplir avec l’argent de mes impôts ?) incitation à la haine, trouble de l’ordre public (qui trouble l’ordre public dans cette affaire ?) etc. Que l’on n’invoque surtout pas l’urgence. Depuis le temps que cette affaire dure (1996), il ne s’est pas trouvé un seul tribunal pour juger sur le fond et condamner, le cas échéant, en bonne et due forme, au point qu’il faille recourir à cet article 6 de la burlesque loi de confiance dans le business numérique : Article 6-I-8 : L’autorité judiciaire peut prescrire en référé ou sur requête, à toute personne mentionnée au 2 ou, à défaut, à toute personne mentionnée au 1,[ les prestataires d’hébergement et d’accès Internet ] toutes mesures propres à prévenir un dommage ou à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d’un service de communication au public en ligne. Mais qui décide du dommage ? Allo ! maman bobo, bien sûr. Tirez d’abord, discutez ensuite. C’est comme aux check-points en Irak occupé. On voit ainsi ce qu’est la société des groupes de harcèlement et des patineurs à roulettes. Les juges cèdent sous la pression des ligues de vertu et de leurs lawyers. Mais que pourraient-ils faire d’autre puisque les lois ont déjà été écrites et votées sous la pression des Allo ! maman bobo. Ridicule société des ligues de vertu. Le Roller, c’est la liberté. Où sont-ils donc ces fameux individus libres et farouches dont on nous rebat les oreilles et qui n’ont de cesse que de se regrouper en meutes. Plus on est de loups, plus on hurle. C’est le système des besoins qui se cache sous le nom de Sittlichkeit (c’est donc ça la société du spectacle, l’enculisme le plus âpre et le moscoutarisme le plus strict qui se dissimule sous le masque de la Sittlichkeit. Mais Molière a déjà traité la question ! Cachez ce sein que je ne saurais voir). Aujourd’hui, n’importe quels gus regroupés en association peuvent faire interdire l’accès à un site (dans la déclaration de 1789 il est question du nuire à la société et non de déplaire à la première association de trous-du-culs venus qui viennent tout juste de déchausser leurs patins à roulettes et qui s’érigent en défenseur de la Sittlichkeit et de l’intérêt général. Il n’est ici question que de boutique, boutiques et boutiquiers) mais les Français ne peuvent demander de leur propre initiative l’abrogation d’une loi illégale (loi anticonstitutionnelle, paragraphé nomon) comme le peuvent les Suisses depuis plusieurs siècles et comme le pouvaient les Athéniens. Elle est belle la France des associations, la France des ligues de vertu, la France des patineurs à roulettes, la France morale, la France Mitterrand.

TGI de Paris, ordonnace de référé du 20 avril 2005

LOI du 29 juillet 1881

Loi sur la liberté de la presse

version consolidée au 31 décembre 2004

 

 

Article 23

Modifié par Loi n°2004-575 du 21 juin 2004 art. 2 II (JORF 22 juin 2004).

 

Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet.

 

Cette disposition sera également applicable lorsque la provocation n’aura été suivie que d’une tentative de crime prévue par l’article 2 du code pénal.

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Article 24 

Modifié par Loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004 art. 20, art. 22 (JORF 31 décembre 2004). 

 

§5 - Seront punis de la même peine ceux qui, par l’un des moyens énoncés en l’article 23, auront fait l’apologie des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi.

 

§8 - Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.

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Article 24 bis 

Modifié par Loi n°92-1336 du 16 décembre 1992 art. 247 (JORF 23 décembre 1992 en vigueur le 1er mars 1994). 

 

Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale.

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Article 32 

Modifié par Loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004 art. 21, art. 22 (JORF 31 décembre 2004). 

 

§2 - La diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée sera punie d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.

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Article 33

Modifié par Loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004 art. 21, art. 22 (JORF 31 décembre 2004).

 

§3 - Sera punie de six mois d’emprisonnement et de 22.500 euros d’amende l’injure commise, dans les conditions prévues à l’alinéa précédent, envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

Notamment, on aimerait bien savoir quel dommage occasionnent les publications de l’AAARGH. Comparez avec les dommages occasionnés par les combattants de la liberté devenus soudain ci-devant ennemis combattants. Qu’attendent donc les juges du TGI pour leur envoyer des assignations, puisqu’ils sont capables d’en envoyer à des sociétés américaines situées aux Etats-Unis ? Le ridicule ne tue pas, c’est déjà ça. Les petits chaperons rouges peuvent avoir toute confiance dans les lois illégales des loups. Français, communiquez à travers un public proxy server chinois ou russe, ils sont très bien les proxy chinois ou russes. Chinois, communiquez au travers des proxy français. Free sourcers, établissez des serveurs d’adresses interdites et censurées par les moteurs de recherche, serveurs furtifs avec avertissement par listes de courrier des changements d’adresse, comme font les musulmans combattants pour établir leurs sites furtifs (à avion furtif, site furtif). Il faut écraser l’infâme.

Ne vous fiez pas aux apparences, sachez reconnaître vos vrais amis :
ces deux petits chaperons rouges qui ont tout l’air d’être de totales pétasses
 mangent du
hallal minced roast of beef hamburger.
Mohammed Atta will be, in secula seculorum, the most famous Hamburger.
Quelle belle image de la civilisation occidentale.
Quelle élévation d’esprit.
Tout ça donne envie de bombarder.
Après cela n’allez pas vous plaindre
.

Porcherie, orginet, porginet.
 


La démocratie politique n’est plus la démocratie
et ne le sera plus jamais

Qu’est-ce que le peuple ? Mais c’est très simple. C’est toujours, comme à Rome, l’un des deux composants de l’État, populus par opposition aux sénateurs, le peuple opposé aux élytres (la plèbe n’était qu’une partie du peuple). La différence, c’est que depuis Rome est apparu le système des besoins — ce qui est mort et pourtant se meut en lui-même ; mort ? c’est-à-dire privé d’esprit ; c’est-à-dire bourgeois et con comme un bourgeois. L’argent, esprit d’un monde sans esprit ; bien creusé vieux taupin — ce qui entraîne que la démocratie politique n’est plus la démocratie.

1789 ne fut pas l’avènement de la démocratie politique mais celui du système des besoins, étendu à l’Europe entière par Napoléon, grand administrateur et grand législateur. Le chat Raton-Robespierre tira les marrons du feu pour Napoléon (Corses, ne vous énervez pas, je n’ai pas dit que Napoléon était un singe et je ne le pense pas). 1789 ne fut donc pas l’avènement de la démocratie politique mais bien au contraire sa réduction à la portion congrue (tandis qu’à Athènes elle régnait sans partage) par l’établissement du système des besoins (les Girondins ont eu gain de cause finalement) de façon mondiale : Europe, Angleterre, Etats-Unis d’Amérique. Après 1789, la démocratie politique traite du citoyen, qui ne mange pas, qui ne boit pas, qui ne baise pas et le système mondial des besoins traite de l’homme qui mange, qui boit et qui baise, mais à quel prix. Le système des besoins est la négation totale de la démocratie, la négation totale de la Sittlichkeit qui a dû se réfugier dans les déserts d’Arabie. L’homme est réduit à l’état de ressource humaine, de bétail, de prostitué, de patineur à roulettes. C’est la servitude dans la liberté, la servitude sans espoir. C’est ce que les Américains veulent importer en Irak et qu’ils osent appeler liberté. Ben Laden populator est un ancien combattant de la liberté. Mais il l’est toujours. Il a pris le mot au sérieux. Il n’essaye pas de refonder la citoyenneté, lui. Il ne se paye pas de mots. Salopards, ça vous apprendra à jouer avec les mots.

A Athènes, la citoyenneté était un privilège puisque beaucoup des habitants de la cité en étaient exclu. Dans la prétendue démocratie moderne la citoyenneté n’est plus un privilège puisque même les esclaves prostitués en bénéficient. Mais elle n’est plus rien. Elle est totalement dévoilée puisque ce n’est plus la liberté politique qui compte mais la liberté du commerce et elle seule.

Du fait du système des besoins, plus jamais la démocratie politique ne sera la démocratie comme elle le fut dans l’antiquité où démocratie politique et démocratie ne faisaient qu’un, grâce à l’esclavage (les esclaves n’étaient pas citoyens à l’époque). L’homme et le citoyen ne faisaient qu’un. C’était le citoyen qui mangeait, buvait et baisait (et, bien entendu, combattait, plus souvent qu’a son tour) à Athènes. La preuve, quand il était méritant, à titre de récompense, il logeait, mangeait et baisait au prytanée, pendant trois mois, aux frais de l’État. La question est ailleurs, désormais. Refonder la citoyenneté, mon cul. La démocratie politique identique à la démocratie, c’est terminé depuis longtemps et pour toujours. Tous les raccommodages possible n’y feront rien. Le prostitué demeurera un prostitué et le citoyen veautera, tant qu’aura lieu un système des besoins.

Il y a longtemps que les sénateurs exercent leur pouvoir ailleurs que dans l’État et, en bonne logique, ils entendent se passer totalement de l’État politique pur. Quant au peuple, il doit se prostituer pour survivre. Alors, démocratie politique ou pas démocratie politique, Europe ou pas Europe, quelle importance ? Après cette petite parenthèse, je vais enfin pourvoir m’occuper à nouveau de questions sérieuses. Je vais d’ailleurs mettre à part de mon knock-blot les notes que m’a inspirées la lecture de Frege, lecture non terminée d’ailleurs. Par exemple, je n’ai pas encore lu : Comparaison de l’idéographie de M. Peano et de la mienne (à mon humble avis, Frege était moins bon mathématicien que Peano mais meilleur philosophe). Une seule chose demeure : Popu a appris à dire Non ce qui méritait bien un coup de champagne. Ah ! ça ira !

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Lors de son émission du samedi qui portait sur l’islam en France, Élizabeth Lévy affirma qu’il ne fallait pas confondre la communauté musulmane avec l’ensemble des musulmans ou la population musulmane de France. Elle affirmait donc ainsi, le savait-elle ? je l’ignore (ce qui est absolument certain c’est qu’elle fait bien la différence), que la communauté musulmane (à condition qu’elle existe) est une totalité concrète, une chose sociale, tandis que l’ensemble des musulmans de France ou la population musulmane de France ne sont pas des choses mais seulement des totalités pensées, même si elles sont totalement fichées par la police. Leur recensement exhaustif par la police n’en ferait pas pour autant des totalités concrètes. Si j’en crois Frege, la police est comme le concept. Elle a seule le pouvoir de constituer des collections, mais seulement des collections, qui ne sont pas des totalités concrètes. Une communauté de ceci ou de cela (ceci et cela étant nécessairement des classes d’animaux vivants. Il n’y a pas de communauté de billes, bien qu’il y ait désormais une physique des billes grâce à Gille de Gennes), quand elle existe, existe comme chose, comme totalité concrète ; tandis qu’une population ou un ensemble de ceci ou de cela (ceci et cela étant des classes de personnes) n’existe pas comme chose mais seulement comme totalité pensée. Nous y arrivons, nous y arriverons. Je suis pleinement d’accord avec Wittgenstein. La philosophie n’a pas pour but de dire ce qui est ou ce qui doit être, mais seulement de dire ce qui n’est pas, et c’est déjà beaucoup. Hegel, ce héros, entendait traiter non des totalités pensées, ce qui lui fut reproché, mais des totalités concrètes, ce qui lui fut aussi reproché. Marx et Staline ont aussi traité des totalités concrètes, chacun à sa manière si caractéristique.

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Dieu est mort, mais son cadavre est toujours là. L’Occident est le cadavre de Dieu. Il empeste. Tant qu’il ne sera pas anéanti par le feu, Dieu, c’est à dire le genre humain, la chose collective, la seule totalité concrète et non pas seulement totalité pensée, ne pourra avoir lieu sur terre, sinon à son propre insu. Le monde est un savoir, mais il l’ignore. Il en sera ainsi tant que la religion ne sera pas critiquée, c’est à dire comprise. La critique effective de la religion correspondra avec l’avènement de Dieu sur terre sans que l’on puisse dire déjà si cet avènement sera une conséquence de la critique ou bien sa cause. Ah ! tous ces trous du cul, qui patinent à roulette et qui grimpent sur les tables, qui pensaient en avoir fini avec Dieu. Même Voltaire, ni Robespierre, n’osèrent envisager une telle chose. Ben Laden populator est l’exécuteur testamentaire de Dieu (ce que ne fut jamais le malheureux Robespierre). Cet ingénieur a lu le véritable testament de Dieu. Vous n’aviez pas pensé à ça, trous du cul ? Quand Giscard cause dans le poste, on voit le trou du cul béant et… on l’entend aussi. La voix s’entend dit le crétin Jack des Rides à Prépuce. Mais le pet aussi, de plus il sent. Mais seule l’audition est inaudible. Normale Sup, l’école du culot. ENA, l’école du mépris.

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Woody « Take the Money and Run » Allen est catégorique : il veut juste l’argent dans un sac en papier et, quelques mois plus tard, il livre le film. C’est un sage principe. Go east, Woody.

 


Bonne nouvelle pour les Américains
Les poulets de Nagasaki et d’Hiroshima sont déjà revenu se percher

J’ai lu, il y a longtemps sur le Net, les calculs d’un ingénieur qui s’était amusé à évaluer l’énergie mise en œuvre dans l’attentat du 11 septembre. L’énergie cinétique d’un Boeing 737 volant entre 650 et 800 kilomètres à l’heure est de l’ordre de l’énergie libérée par l’explosion d’une tonne de TNT. A cela, il faut ajouter l’énergie chimique potentielle du carburant, qui n’est pas très grande. J’ai oublié les chiffres exacts et je n’ai rien noté. Mais ce faible pétard a réussi à mettre en branle l’énergie potentielle due à la position de la masse des tours par rapport au sol (la somme intégrale de l’énergie potentielle des différentielles de masse par rapport au sol). Et cette énergie est énorme, de l’ordre de dix kilotonnes de TNT* (je cite de mémoire). Donc l’ingénieur Ben Laden, consciemment ou inconsciemment, était aussi le représentant des poulets de Nagasaki et d’Hiroshima, selon les lois de la physique. Ben Laden est un ingénieur de génie tant civil que militaire. Notez bien que cet homme n’a aucune autorité religieuse, c’est un civil, même s’il est très pieux. S’il est apprécié et respecté, c’est donc pour une autre raison. Finalement, ce n’est pas tellement une bonne nouvelle pour l’Occident. Si ces poulets-là sont déjà rentrés se percher, que vont donc être les prochains ? Le grand Ctulluh lui-même ?

Personne ne peut reprocher à quiconque (à part aux Américains eux-mêmes, évidemment, qui sont sur ce sujet les plus ignorants du monde et ne comprennent pas que des poulets reviennent se percher dans leur pays. Toute l’ironie est là. Seul le vigneron ne sait pas que son vin est piqué) de ne pas connaître suffisamment l’Amérique pour juger de sa politique extérieure car, si l’Amérique peut-être méconnue, je n’en doute pas, sa politique extérieure n’est, hélas, que trop bien connue. La masse des gens qui ont eu le triste privilège de l’apprécier directement est immense, de même pour la politique extérieure de l’Occident en général.

Il existe en France une caste spéciale payée pour ignorer tout de la politique étrangère américaine, la caste des repentis dont le cas le plus abouti dans l’absence de vergogne est celui des « nouveaux philosophes ». « Rien n’est pire, pour des "repentis" (dont le repentir est d’ailleurs largement récompensé), que celui qui ne se repent pas parce qu’il n’a à se repentir de rien. » (Jean Bricmont. D’une mauvaise réputationLire Noam Chomsky en France) Bien dit. La France moisie est la France repentie, la France qui rampe, la France qui lèche, la France qui brosse à reluire.

*. Pourquoi cependant les dégâts ont été si peu importants, seulement deux tours par terre et trois mille morts avec une pareille énergie mise en jeu ? Parce que les tours n’ont pas explosé, mais se sont effondrées. De même que la canon, pour se refroidir, demande un certain temps, il faut à une tour, pour s’effondrer, un certain temps. Tandis que l’éclair immense de l’arme nucléaire ne met qu’une infime fraction de seconde pour occuper tout l’horizon. Ce qui compte, ce n’est pas l’énergie mais la puissance, c’est à dire l’énergie rapportée au temps.

Je m’inscris en faux contre Anders qui reproche à la télévision qui miniaturise tout, de miniaturiser aussi l’explosion nucléaire (avec la technique, la bombe nucléaire est le dada de Anders). C’est faux. La fantastique vitesse d’expansion de l’éclair nucléaire est terrifiante aussi à la télévision, quoique sans conséquence. Ce n’est qu’un spectacle, juste une image, mais une image juste car la vitesse angulaire est conservée, ce qui n’est pas le cas de la vitesse linéaire. La vitesse angulaire de l’expansion du diamètre apparent du phénomène observé est la même sur le terrain et à la télévision. Les tours, vues depuis la terrasse d’un immeuble à Brooklyn, se sont effondrées avec une lenteur majestueuse, ce qui n’était pas le cas pour le Youpi en uniforme de Youpi, pantalon noir, bretelles noires du sac à dos sur la chemise blanche, cravate sombre flottant au vent, fuyant sur ses patins à roulettes devant le blob menaçant des gravats, sur une magnifique photo parue dans le Figaro et que ne je n’ai sans doute pas conservée, hélas. Conclusion : non, les poulets de Nagasaki et d’Hiroshima ne sont pas encore rentrés.

≈ 17 mars 2005


Dieu est le seul nom de l’humanité


Dans la bouche de Bush, les mots liberté et démocratie sont obscènes, pornographiques pour tout dire. On se prend à regretter les bonnes vieilles dictatures sans surprises si longtemps prisées  à Washington. D’une manière générale, la civilisation manchestérienne est pornographique puisque les esclaves et les serfs y sont remplacés par des prostitués. Le président Bush ose déclarer que désormais les valeurs prônées par son pays ne sont plus en contradiction avec les intérêts de ce pays, puisque cet intérêt serait aujourd’hui de propager la démocratie, c’est à dire construire des sociétés où c’est le pognon qui donne le pouvoir, plutôt que de soutenir, voir fomenter, des sociétés où le pouvoir donne le pognon. Quelles sont les valeurs, la seule valeur en fait (réelle et non fantasmée) des Etats-Unis ? Pognon, pognon, pognon. Quels sont les intérêts des Etats-Unis ? Pognon, pognon, pognon. Quand donc ces valeurs et ces intérêts furent-ils en contradiction ? Le président Bush prétend vouloir que son pays soit safer. Pas de chance, ses ennemis sont sacer. Safer et sacer sont des mots qui ne vont pas très bien ensemble, très bien ensemble. Ce n’est pas le « terrorisme » que le président Bush doit affronter, mais la foi. Et sa foi d’épicier, sa foi d’arrière boutique n’y peut rien ; il n’a que ses armes pour cela. Selon Philippe Muray, l’islam est condamné. Mais ce qui l’anime, la foi, ne l’est pas pour autant

— ne pas confondre d’ailleurs l’islam, qui est la religion, avec l’Islam, qui est la civilisation. La civilisation ne se réduisait pas à la religion malgré la place que celle-ci y occupait. La preuve, Omar Khayyâm, non seulement buvait du vin, mais en plus il s’en vantait. Cette civilisation est morte voici plusieurs siècles, étouffée par l’administration turque ; il ne reste plus que la religion qui prend donc toute la place. Voilà pourquoi, monsieur Naipaul, l’islam n’a que la foi, c’est que l’Islam est mort depuis longtemps. En Arabie, c’est la civilisation qui s’est perdue mais la foi s’y est conservée. En Occident, c’est la civilisation qui est restée, mais la foi s’y est perdue (c’est cela le nihilisme. Le nihilisme est donc une déshumanisation : l’humanité oublie jusqu’à son nom. Que l’on songe à la récurrence du chevalier qui a perdu son nom, dans la matière bretonne. D’ailleurs, le mot civilisation est impropre. Une civilisation qui a perdu son nom n’en est plus une. Il faudrait dire plutôt sociétalisation. La sociétalisation c’est ce qui reste quand la foi a disparu d’une civilisation). Voilà une symétrie (le nom de l’humanité est invariant de prononciation) à laquelle Emmy Noether n’avait pas pensé : la grandeur conservée ici n’est autre que l’humanité. La symétrie est brisée quand l’humanité se casse en deux : la civilisation d’un côté, le nom de l’autre. Hegel a nommé cela aliénation. En devenant autre en tant que nature, Dieu y perd son nom. L’histoire est celle de la reconquête de ce nom, comme dans le Livre de Ptah, de van Vogt : un pilote américain, dont l’avion a été abattu lors de la seconde guerre mondiale, se réveille péniblement, plusieurs milliers d’années plus tard, dans un monde inconnu et met quelques centaines de pages à comprendre qu’il n’est autre que le dieu Ptah. It’s good to be God. It’s bad to bigot. Précisément, les islamistes proprement dit, les musulmans politiques, les Frères musulmans donc, ne voulaient pas de cette cassure et espéraient moderniser l’islam en lui réinjectant de la civilisation. Ben Laden, dans ses montagnes, a tranché, c’est le cas de le dire. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées : l’ascète à la montagne, les Youpis, aux tours  —.

L’islam est la figure que prend la foi dans un monde où elle est partout condamnée et pourchassée par les épiciers

— qui ont eu l’audace d’imprimer le nom de l’humanité sur leurs billets de banque : dans l’Humanité, nous croyons, ce qui, assurément, est un sacrilège pour un musulman, et pas seulement pour un musulman. Pourquoi l’ont-ils écrit là ? D’une part de peur de l’oublier dans la fièvre du business, mais aussi parce que le billet de banque est ainsi le chapelet ou le moulin à prière de l’épicier : à chaque fois qu’il palpe un billet (ce qu’il préfère entre tout), il prie — 

et les hordes de patineurs à roulettes. C’est ce qui la contraint à se réfugier dans les déserts d’Arabie. L’islam peut être condamné, mais la foi peut vaincre puisqu’elle ne se réfugie pas seulement dans les déserts d’Arabie, mais, partout et en secret, dans le cœurs des hommes qui ne font pas de patin à roulettes, ce qui fait beaucoup d’hommes. A ce titre, Ben Laden a beaucoup d’alliés dans le monde, y compris, je l’espère, aux Etats-Unis mêmes, une immensité insoupçonnée, insoupçonnée parce qu’elle-même s’ignore encore comme immensité. Le crétin Glucksman estime cette immensité, par l’évaluation des réjouissances dans le monde lors du 11 septembre, à quatre milliards d’individus. Ça fait du monde. L’exemple de Ben Laden and his followers peut donner aux Américains eux-mêmes l’idée d’exiger l’évacuation de leur propre pays par ses occupants (qu’ils retournent donc en Terre Sainte). Les USA sont aussi un pays occupé. La leçon de foi de Ben Laden peut donc y être comprise.

Dieu est le seul nom de l’humanité. Jusqu’à présent, elle l’ignorait. Depuis le 11 septembre, elle le sait, du moins elle peut le savoir. La foi est toujours la foi en l’humanité. Voilà ma profession de foi durkheimienne. Elle n’est pas tellement éloignée de Dieu est le seul dieu. A ce titre, Ben Laden est un grand humaniste, ce que ne sont ni les dirigeants américains, ni le peuple américain, ni aucun peuple occidental puisque tous ces peuples sont constitués de prostitués et d’épiciers. Ce n’est pas Muray qui pourra me contredire puisque prostituer signifie exposer en public ce qui est bien le cas de l’exhibitionnisme généralisé de Festivus festivus. Avec le souriant polythéisme grec, les dieux prirent figure humaine. Les dieux étrangers étaient accueillis avec bienveillance dans le panthéon à condition qu’ils prissent figure humaine. Avec les monothéismes, l’humanité devint Une et exclusive, de par son nom unique ; il n’y a plus de barbares, mais seulement des impies et, hélas, des épiciers.

 Remarques en passant. Elisabeth Lévy identifie l’exhibitionnisme photographique de miss England et le présumé exhibitionnisme vidéographique des combattants égorgeurs. Erreur ! La férocité des combattants égorgeurs est assumée et est donc de la férocité pure et simple. Miss England n’est pas féroce, mais seulement stupide. C’est une innocente, comme Parsifal le niais, mais aussi comme ces innocents volatilisés dans les tours fatales. Elle tue le cygne, mais elle ne guérira jamais aucune blessure. Al Zarqaoui accomplit le même geste que le magnanime et chevaleresque Kurde arabisé Saladin qui égorgea de sa main le croisé Renaud de Châtillon, non pas tellement pour la férocité de celui-ci, mais parce qu’il avait rompu la trêve, manquant à sa parole de chevalier franc, ce qu’aucun musulman ne saurait admettre. On parle toujours, ici même notamment, presque mille ans plus tard, du geste de Saladin. Simplement, à l’époque, l’hagiographie remplaçait la vidéographie. Times are a-changing.

♣ Bizarrement, Nabe, à la suite de la protestation de Nasrallah qui trouve cet acte contre productif, le qualifie de bizarre en effet ; sous entendu, c’est peut-être les services. Mais qu’ont donc à faire de la productivité les gens qui ont bombardé New York, acte non seulement contre-productif mais contre-productiviste ? Ces féroces combattants n’ont cure d’appeler sur eux la haine de « l’homme » occidental. Ils ne redoutent pas la haine, mais seulement le mépris. Comment mieux humilier des gens qui ont prouvé de façon éclatante leur mépris de la mort quand c’est la vie de l’esprit qui est en jeu ? En remplaçant la torture par le bizutage, évidemment (bizutage carabiné. Comme toujours dans l’armée, un certain pourcentage de pertes est autorisé. Ceux-là mourront donc dans l’humiliation). A l’occasion, les femelles accèdent enfin à une profession jusque là jalousement réservée aux mâles : bourelles, tortureures. Les chiennes de garde ne se sentent plus de joie. Les mâles iraquiens en ont pris un bon coup, ces salauds. Le sang versé par les Américains est lavé seulement pour les Américains et encore pas tous, certainement pas pour Ward Churchill, mais l’affront est lavé pour le reste du monde. Il suffit que les Arabes, et même les musulmans, qui connaissent tous le geste de Saladin, et celui d’Abraham, évidemment, apprécient en connaisseurs. Il est vrai que les services et ceux qui y recourent, ont besoin, eux, de la haine dirigée contre les blancs. C’est d’abord aux Etats-Unis que Bush risque de perdre la guerre et chaque gorge d’Américain tranchée devant la camera le conforte. Mais peu importe car cela ne fait pas pour autant de Bush un père Noël et cela n’empêchera pas les connaisseurs (ils sont plus d’un milliard, sans compter les indiens d’Amérique) d’apprécier. De plus, c’est un défi supplémentaire, une tête coupée expédiée par satellite dans le bureau ovale où la télévision is permanently tuned sur Al Djezira, le Jardin des supplices. C’est une réponse de l’homme qui ne sourit jamais à l’homme hilare et sympa. Je ne comprends pas pourquoi Muray traite d’imbécile le chourineur du maire de Paris (qui d’ailleurs a bien failli réussir avec un tout petit couteau et non un long couteau comme le prétend Muray). Qu’en sait-il ? Nike ta maire. Si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait. Cet imbécile a un grand frère qui a pour nom Ben Laden, grand stratège devant l’immortel. Après le 11 septembre, je ne lui donnais pas huit jours à vivre. Mais il existe encore, dans le monde, des endroits sans mouchards, sans touristes. Le touriste Pearl en a fait l’expérience. Les Indiens d’Amérique se targuaient de ne pas craindre la torture et avaient à cœur — quand leurs ennemis le leur arrachait au poteau de torture — d’en rire tant qu’ils le pouvaient. Renaud de Châtillon, prisonnier, fit de même devant Saladin lui demandant : « Si les rôles étaient inversés, que ferais-tu ? ». Sans hésiter Renaud répondit : « Je te couperois la teste. » Ces stupides et grossiers innocents américains et américaines contribuent à enlever même cela aux Irakiens qu’ils martyrisent, après une patiente expérimentation à Guantanamo, à l’abri des regards, sous la direction du docteur Folamour qui avait pris la précaution de confisquer tous les appareils photo de la base et d’y interdire les distributeurs de Coca Cola. Ces hommes d’une grande bravoure sont sans défense devant l’humiliation. Voilà bien l’humanisme vicelard de l’Occident, le règne de la Justice illimitée.

♣♣ Maintenant, permettez moi d’analyser la signification de ce nouveau message inouï sans phrases ou presque. Al Zarqaoui aura eu certainement le loisir de constater comme tout un chacun, que miss England et Cie ne sont que de stupides innocents, de stupides demeurés, qu’ils ont déjà absorbés des dizaines d’égorgements et des dizaines de massacres à la tronçonneuse à la télévision, at home. Donc le message ne s’adresse pas au quidam américain courant auquel il ne fera ni chaud, ni froid. Un film gore de plus. (mieux, un authentique snuf movie,  voilà des gens qui boudent leur plaisir. Ah ! ces puritains, jamais contents. Oui, ce monde se conforme à ses images. Heil Anders ! Ce n’est pas Al Zarqaoui qui a inventé le snuf movie, réel ou fantasmé, que je sache ?). De plus quelqu’un qui ne peut consacrer que quinze minutes d’attention à un sujet ne peut guère accorder à son président plus de quinze jours de soutien, ce qui exclut l’intervention des services. Il faudrait une tête coupée tous les quinze jours pour maintenir l’attention, avec un inévitable effet de lassitude. Donc, le message est destiné d’une part aux compatriotes et coreligionnaires d’Al Zarqaoui, mais surtout au président Taratata-on-est-les-plus-forts-et-les-plus-bons. La plaisanterie serait évidemment meilleure — n’oublions pas qu’il s’agit de répondre à un bizutage un peu brutal. Nous sommes donc dans le domaine de la franche rigolade. Il ne faut pas dramatiser. C’est vrai, Dieudonné ne fait plus rire, mais il nous reste Le Pen. Il me fait toujours autant rire. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! comme rirait Tarek Aziz. Rira bien qui pourrira le dernier — si la tête coupée arrivait sur le bureau présidentiel, discrètement, dans un colis postal à l’insu de tout le monde — de la même façon que les carabins, dans le métro, glissent discrètement une oreille humaine coupée dans le sac d’un dame. Délicieuse plaisanterie —. « Quel caractère d’Arabe » ne pourrait s’empêcher de se dire le Président. Si les services faisaient leur boulot, le secret serait gardé et ce serait alors un défi d’homme à homme. Mais l’humiliation subie ne serait pas lavée. Il est donc essentiel que le colis arrive par satellite, dans toutes les cages, en même temps que sur le bureau présidentiel, afin que le président sache que nul n’en ignore. Le Président Bush se retrouve donc avec la tête coupée de l’un de ses compatriotes, sur son propre bureau, sous les yeux du monde entier. Boudiou ! Voilà l’affront lavé. C’était la seule façon, il n’y en avait pas d’autre. Tout cela est pensé, assumé, voulu. The "ball" is in your court, Mister President (pour ce jeu, en Afghanistan, on emploie une carcasse de mouton… sans tête). That’s the way the ball bounces, that’s the way the moap flaps, that’s the way the cookie crumbles. Rrose Sélavy. Où est l’exhibitionnisme là dedans ? Seulement de la télévision interactive, du billard à plusieurs milliards de bandes. Quel style, ces Arabes. Il y a d’ailleurs une autre hypothèse possible, non contradictoire avec la précédente : l’horreur de la démocratie à l’œuvre révélée mondialement risquait de faire échouer la réélection de Bush. Il fallait donc corriger au plus vite cette mauvaise impression. Al Zarqaoui fait coup double, il envoie deux cadeaux au président Bush, l’un public, l’autre secret (de même qu’en cryptographie, aujourd’hui, on emploie la combinaison d’une clef publique et d’une clef secrète ce qui a un double avantage : plus de transmission de clef, authentification certaine de l’expéditeur). Il faut dire que Bush a bien mérité le second. Il a fait du bon boulot, du très bon boulot.

 Pendant ce temps, Bouvard et Pécuchet, enfin mariés, siègent à la mairie de Youpiville. Muray allume Delanoë et Girard sur des pages et des pages. Ça, c’est le vrai plaisir. Le maire de Paris n’a à la bouche que le mot de réappropriation alors qu’en fait il est aujourd’hui la mère suprême des expropriateurs des anciens habitants de Paris. Il s’agit donc en fait d’une appropriation pure et simple. Depuis qu’il est mère (Noëlle ! ma maire !), partout sur les avenues et les boulevards, de grosses bites en plastique blanc et vert ont poussé comme des champignons. Paris est livré aux moisissures.

♠ Miss Lévy écrit : « Pour ce qui est des conséquences de cette affaire de "torture" et du reste, est-ce que dans le monde arabe, démocratie signifiera désormais, pardonnez-moi la grossièreté, "se faire enculer" ? » Bon sang, elle y a mis du temps. Sans le président Bush, exportateur, elle ne se serait jamais aperçu de ce que la démocratie, telle qu’elle existe depuis deux siècles, c’est se faire enculer, pour certains, et pour d’autres, enculer ! Et encore, elle doute. Je ne voudrais pas paraître partial en décernant les lauriers toujours aux mêmes. Aussi cette fois, je m’adresserai aux Américains, toutes couleurs et sexes confondus pour leur dire : « Bravo les gars, félicitation, ça, c’est du living theater. » J’ai assisté vers 1962, à Lausanne, à une représentation du Living Theater. Je n’aurais jamais cru qu’un jour j’applaudirais à ce genre de manifestation. Maintenant, j’y suis : le Living Theater, c’était déjà Abou Graïb, de même, plus tard et pour grand public, Fort Boyard. Il s’agit donc d’une longue expérimentation qui aboutit enfin à une représentation mondiale. C’est bien cela, Hegel a une fois de plus raison, la raison d’être est un résultat, la raison d’être ne prend son envol qu’au crépuscule des dieux. Encore bravo les gars, je vous décerne, à titre collectif, le Phallus d’or. D’autre part, Muray enchaîne « Si on avait voulu rendre la démocratie odieuse… » Merdre ! ne l’est-elle pas suffisamment déjà ? Il faut croire que non.

Festivus festivus, Philippe Muray avec Élisabeth Lévy à la muleta, Fayard, février 2005.

 


The Chickens Come Home to Roost
Retour à l’envoyeur

Je lis dans Quelques repères sur l’avenir d’Al Qaïda,de François Burgat, que le piège analytique se cache dans les catégories construites (et par qui ? je vous le demande. Pas seulement par « les bastions médiatiques » aux ordres) pour représenter la confrontation. Nabe et moi avons défendu ici, dès octobre 2001, les Arabes combattants contre les calomnies sémantiques dont ils étaient l’objet ici.

Qu’entends-t-on quand on tourne le bouton du poste à n’importe quelle heure du jour et de la nuit depuis le 11 septembre 2001 ? Ceci : la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, la démocratie, bla bla bla, bla bla bla…

Tapis de bombes sémantiques, les pires, elles ne tuent pas, elles rendent stupide. En fait ce bombardement sémantique n’est pas destiné aux Arabes combattants qui en sont complètement immunisés, mais au bétail démocratique, y compris à celui qui pourrait exister parmi les Arabes et qui attend avec impatience de pouvoir chausser ses patins à roulettes tout neufs.

En fait c’est l’inverse, je n’ai défendu personne, mais Ben Laden et les dix-neuf fidèles m’ont permis de dire, comme chacun sait, tout le bien que je pensais de la merveilleuse civilisation manchestérienne, de la merveilleuse liberté manchestérienne, de la merveilleuse démocratie manchestérienne et de son wonderful tsunami, Condoleezza said (it was worth the price, Madeline said. Voilà deux cris du cœur ! Les femelles politiques sont deux fois plus salopes que les mâles, car elles ont dû, dans un monde patriarcal, faire deux fois – peut-être même trois fois – plus de saloperies que les mâles pour arriver là où elles sont. Condoleezza, couleur de la peau mise à part, ressemble comme deux gouttes d’eau à Mme Ockrent). D’ailleurs, comment pourrait-on aider des hommes qui s’aident eux-mêmes et donc, que le Ciel et l’aviation aident ? C’est en tentant de comprendre les motifs de leurs actes extraordinaires (avec comme fil conducteur le principe : on ne peut accomplir un tel exploit sans de sérieux motifs, autrement dit, pas de fumée sans feu) que j’ai procédé à ma propre édification et que j’ai pu, notamment, découvrir ce que le mot confiance pouvait vouloir dire, un mot banni dans nos contrées stupéfiées et déshumanisées. Ce n’est pas rien. Je leur en sais gré. Je remercie Ben Laden, qui fait signifier des discours sans phrases, de m’avoir donné la parole. C’est un comble que ces discours sans paroles m’aient permis de formuler sur mon pays, l’Occident (j’irait revoir mon Occident, c’est le pays qui m’a donné le jour. Qui aime bien châtie bien), certaines choses que je savais sans pouvoir le dire. Notamment sur le sens profond de la foi, sur le nom de l’humanité, sur le fait que la religion durkheimienne de l’individu est beaucoup plus proche de l’islam que de l’enculisme foireux du merde Paris et des fondamentalistes américains, que la religion est faite pour susciter des actes... Merci pour tout.

 Ce n’est pas parce que Dieu est mort dans un monde déshumanisé qu’il faut pour autant devenir impie et s’en contenter, s’en vanter même. Saintes Nitouche. Fumiers, que l’Arabe vous emporte, il est le seul capable, aujourd’hui, de vous donner des leçons d’humanité. L’impiété envers Dieu et l’impiété envers l’humanité sont une seule et même chose. Les Arabes combattants sont le dernier rempart contre la barbarie commerciale. A côté de l’ennemi d’Al Zarqaoui (ce dernier réel ou imaginaire, peu importe), Renaud de Châtillon fait figure de garnement. Au moins ce dernier était-il un homme d’une extraordinaire bravoure (les circonstances de sa mort le prouvent) et tenta-t-il, avec des moyens dérisoires (plutôt des moyens surhumains qui consistaient à construire une flotte au milieu d’un désert), une expédition maritime contre La Mecque. La tâche accomplie par le Kurde arabisé Saladin semble aussi une partie de plaisir par rapport à celle a laquelle est confrontée Al Quaïda contre les croisés commerciaux. Oui, il s’agit bien d’une croisade commerciale (et non d’une quinzaine) du commerce à main armée. Qu’est-ce qu’il a l’islamisme radical* ? Il pue, il dégage de mauvaises odeurs comme dirait le président Chirac ? Et le commercialisme radical, il ne pue pas ? La bande de gangsters commercialistes de Washington (et de Chicago), auteurs, entre autres, d’un hold-up électoral, elle ne pue pas ? Je l’ai déjà dit, les Arabes ne sont ni des Serbes, ni des Nègres. Ils ont les moyens de se défendre ou, à tout le moins, de se venger — les Américains aussi, évidemment et ils se laissent aller, comme chacun sait, sans aucune hésitation, à leur fougue civilisatrice qui est simplement fougue colonisatrice et pénitentiaire. Il s’agit pour eux de coloniser le monde entier avec leur merdeuse civilisation d’épiciers dont la seule valeur (réelle, non fantasmée) est le pognon. Et si l’on n’admet pas cette unique valeur, fût-on un saint homme et un milliardaire, comme Ben Laden, alors, on est un nihiliste ou un fou. Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage —. « "Quelle nature d’Arabe !" se dit Lucien en examinant le protecteur que le ciel venait de lui envoyer. » Ils ont assassiné trois mille prostitués le 11 septembre 2001, trois mille têtes de bétail démocratique. Mais que faisaient ces prostitués dans les tours infernales, sinon, comme tout prostitué, satisfaire les caprices de leurs clients qui ne sont autres que les financiers du commercialisme radical dont les troupes occupaient l’Arabie. Ils faisaient donc une bien sale et bien triste besogne, comme tout prostitué. Le bon Youpi est le Youpi mort. Tant qu’il vit, le Youpi nuit. Le Youpi est le summum de la déshumanisation. Ward Churchill (voilà que les Indiens Cherokee s’y mettent), ancien combattant au Vietnam, auteur de Sur la Justice des Poulets qui se Perchent, Réflexion sur l’Arrogance et la Criminalité Impériales des États-Unis (traduction française : leurs combines leur retombent dessus, retour à l’envoyeur, a typical case of « les poulets reviennent au poulailler pour se percher », sur les deux plus grands perchoirs des USA !) n’hésite pas à le comparer au modeste fonctionnaire Eichmann qui ne fit qu’exécuter des ordres. La liberté que défend le président Custer est seulement la liberté d’enculer. La démocratie du président Custer est une démocratie bétaillère composée d’éleveurs et de bétail ignorant ou, pire, qui veut demeurer ignorant des actes criminels de son gouvernement, une démocratie de maquereaux et de prostitués. Comment ne peut-on pas être ennemi de cette liberté-là, de cette démocratie-là, sauf si on est un Youpi, un allô ! maman bobo, un pousse-au-crime professionnel ou bien un commercialiste radical ? Flaubert déclarait à Louise Colet qu’il voulait bien être bédouin, mais citoyen jamais. C’était déjà la « démocratie » du temps de Flaubert et celui-ci appréciait peu, comme on sait. C’est le thème central de son œuvre. Flaubert était déjà un anti-occidental, comme Nabe. Être anti-Américain ne suffit pas (et c’est injuste, de plus), il faut être anti-occidental pour cause de déshumanisation généralisée, galopante et prosélytique. Ce n’est plus le monde de Balzac, c’est le monde de Dickens qui a lieu désormais : le free trade c’est Jésus Christ, le free trade c’est la liberté, le free trade c’est la démocratie. Des faits, des faits, des faits… accomplis. Le monde occidental est impie parce qu’il est déshumanisé, peuplé de bétail ignorant ou qui veut ignorer, et qu’il milite (c’est peu dire) pour la déshumanisation, les armes à la main s’il le faut ; il milite pour le crime généralisé et permanent contre l’humanité ou du moins ce qu’il en reste. C’est pourquoi je déclare Ben Laden (assa) Saint.

 

*. En passant, notons que Ben Laden n’est pas un islamiste mais un sunnite salafiste djihadiste. Les islamistes sont des modernistes qui veulent moderniser l’Islam, tels les Frères musulmans (Tarik Ramadan est un islamiste, il a de qui tenir), tandis que les salafistes prônent le retour aux anciens, le retour aux textes et l’abrogation de tous les intermédiaires et de toutes les interprétations de ces textes. Comme le note Olivier Roy, Ben Laden est une conséquence de l’échec de l’islamisme. L’islamisme, radical ou non, c’est fini.

 

         J’admets que ceux qu’on appelle les Wahhabites (et qui selon Olivier Roy se nomment eux-mêmes muwahhidun, les unitaires), ceux qui se réclament d’Abdel Wahab (1702-1792), puissent se dire salafistes puisque des salafistes contemporains reconnaissent, rétrospectivement, Abdel Wahab pour l’un des leurs étant donné que ce réformiste se réclamait des mêmes Anciens et ne s’était pas laissé corrompre par le pouvoir malgré son alliance avec les Saoud ; mais, d’après Olivier Roy et d’autres auteurs, le salafisme proprement dit date du cheikh Muhammad Abduh, grand mufti d’Égypte (1849 — 1905) et les wahhabites ne peuvent se réclamer de lui sans cesser d’être wahhabites. Donc si on peut considérer les wahhabites comme salafistes, tous les salafistes ne sont pas des wahhabites. On peut aussi considérer qu’Abdel Wahab est le véritable initiateur du mouvement dit salafiyya, mais il n’empêche que tous les salafistes ne sont pas des wahhabites. Enfin, il y eut d’autres mouvements postérieurs à la salafiyya qui se réclame de Muhammad Abduh, notamment vers 1980 au Yémen, patrie de Ben Laden, comme en témoigne  un intéressant article de François Burgat et Muhammad Sbitli.

 

Le sujet de cet article est précisément de constater que les salafistes yéménites qui non seulement dédaignent le pouvoir politique (il suffit que le prince se dise musulman, quand bien même il serait corrompu ou aurait conquis le pouvoir par la force), mais s’opposent au mariage de la politique et de la religion, (c’est à dire dans le cas des salafiyya — j’ignore le pluriel de ce nom — yéménites, aux Frères musulmans dont la doctrine peut se résumer par : l’islam, c’est l’État et la religion ou encore : il n’est pas possible et il est hypocrite de prétendre appliquer la chariat si l’État n’est pas lui-même musulman) sont bien obligés ces derniers temps de considérer la politique. Mais contrairement aux frères musulmans, pour eux il ne s’agit pas de marier la religion et la politique et ce n’est pas un préalable, il s’agit seulement de composer avec la politique et la modernité (avec quel art !) afin de pourvoir se maintenir à flot.

 

Quand à l’obédience de Ben Laden, ce même article dit des obédiences musulmanes qu’il s’agit d’une forêt terminologique. A moins d’être un savant, arabe ou non, versé dans la question, on ne peut que se perdre dans cette forêt. Pour ma part, je m’aligne sur l’opinion d’Olivier Roy. Je ne sais même pas à quelle salafiyya il rattache Ben Laden, égyptienne du XIXe siècle ou yéménite de 1980 en tout cas pas celle d’Abdel Wahab. L’article indique la rupture, vers 1990 (c’est à dire lors de l’établissement de troupes américaines en Arabie), entre Ben Laden et Muqbil, fondateur de la salafiyya yéménite du fait que ce dernier proscrit l’action armée. S’il y eut rupture, c’est donc qu’il y eut unité. L’article mentionne un passage préalable de Ben Laden chez les Frères musulmans. J’envisage même, dans ma diatribe, la possibilité que les mobiles de Ben Laden ne soient après tout que ceux d’un simple patriote. Mais je pense qu’il est exagéré d’en faire un pur bourgeois moderne partisan d’un État politique pur et de la séparation de l’État et de la religion au sens bourgeois. Dans l’Islam, l’Etat et la religion ont toujours été séparés, ce qui fait l’originalité de la religion musulmane et en explique sans doute les caractéristiques, au point que la question, pour les Frères musulmans étaient de marier enfin religion et État comme fit Constantin en 400 de notre ère en faisant du christianisme la religion d’État. J’apprécie la grossièreté de ces Américains qui reprochent aux musulmans de ne pas avoir su séparer la religion de l’État. Ils auraient du mal, en effet, puisqu’elle a toujours été séparée. Pour un salafiste, les Turcs n’étaient pas des occupants puisqu’ils étaient musulmans et il était illicite de s’y opposer. En Arabie, ce n’est pas la religion qui dépend de l’État des Saoud, c’est cet État qui dépend toujours d’Abdel Wahab, et si cet État est renversé, ce sera pour cette raison. L’islam n’est pas une religion d’État, c’est l’État, du moins les États arabes, qui sont des États dépendants de la religion. Le cas des Saoud, gardiens des lieux saints, est particulièrement explicite.

≈ 7 février 2005


Bernard enfin drôle

C’est la grande faiblesse des sous-esprits de ce temps.
Plutôt que de réfuter, ils s’indignent.
M-E Nabe

Ne ratez pour rien au monde Le Point du 3 février 2005. BHElle nous offre enfin une page désopilante. Il  n’y a pas tant d’occasions de rire en ce monde, il ne faut pas les rater. Qu’est-ce que je vous disais ci-dessous : encore un jugement d’existence. On attend les prédicats véritables. Vous ne les trouverez pas là évidemment. Si l’on m’avait dit qu’un jour l’auteur le plus chiant, le plus laborieux, le plus plat, le plus creux du monde me ferait rire aux éclats, je ne l’aurais pas cru. Quel con ce Lévy, qu’ils sont stupides ces normaliens. Il n’a pas compris le sujet, comme à l’oral de l’agrégation, c’est une habitude chez lui. Le sujet traité par Dieudonné n’est plus Sharon et sa politique mais l’overdose de cacas nerveux des pousse-au-crime, pompiers pyromanes, souffleurs sur les braises et autres maîtres chanteurs. Si vous ne savez pas ce que c’est, vous achetez vite fait le livre de Nabe J’enfonce le Clou au Rocher et, page 311, vous aurez la réponse. Ensuite, vous lirez les Collabeurs, page 329. La question est parfaitement, systématiquement et complètement traitée avec de croustillants exemples. Nabe est un essayiste qui s’ignore. Bravo Debbouze qui, à ses risques et périls, rejoint son ami Dieudonné*. Comme dit Kabouli, il faut soutenir Dieudonné. Avec un nom pareil, il n’y a pas à hésiter. Les merdiatiques nous ont assez, depuis trente ans, sur fond de chantage permanent à l’antisémitisme, cassé les… oreilles avec le devoir de mémoire. Le cancre Dieudonné veut, lui aussi, faire son devoir de mémoire****. Il ne faut pas décourager les cancres quand ils essaient de faire leurs devoirs mais, au contraire, les encourager. Aux chiottes, les merdiatiques. Ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Qui sème le vent récolte la tempête. Que voulez-vous, c’est la Justice des poulets qui se perchent. Les poulets reviennent toujours au poulailler pour se percher. Même les poulets de couleur reviennent se percher. Les Nègres présentent leur traite à l’encaissement.

*. Douze mots rayés nuls. J’espère que Debbouze, quand il roule dans sa Ferrari noire, à 90 km/h sur la nationale 7, n’oublie pas d’accrocher à l’arrière un écriteau avec écrit dessus « Coran à bord ». Il faut soutenir Dieudonné contre les pousse-au-crime professionnels. Il est en légitime défense, comme Nabe en 1985. Il a au cul toute la meute des antidérapants. Ils ont déjà oublié le 21 avril 2002. Quand on crie au loup, on finit par voir le loup, avec sa grande queue. La France est le plus gros producteur mondial d’antidérapants (c’est l’héritage de Mitterrand qui s’y connaissait en vichy-rouge. On peut dater le phénomène : 1985) mais elle a du mal à exporter. Vers les USA, impossible : le parti néonazi est légal, il y a le premier amendement** (premier amendement mon cul, Ward Churchill, big endian, a perdu la présidence de son département d’ethnographie pour avoir publié son essai sur le 11 septembre. C’est ça la démocratie de mister Bush ? Elle n’a rien à envier à la démocratie française et ses antidérapants. Là-bas aussi, plutôt que de réfuter, les sous-esprits s’indignent***) et, enfin, ils ont leurs propres fabriques de gens bons.

**. Le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse, ou touchant au droit des citoyens de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de leurs griefs.

***. Quand les téléologues républicains prétendent argumenter, cela donne ceci : Mr Ward Churchill ne peut bénéficier du premier amendement parce qu’il ne parle pas en tant que Mr Ward Churchill mais en tant que Professeur Ward Churchill. Ward Churchill a commis une faute, il aurait dû signer de son nom Cherokee. Ou encore : Mr Ward Churchill dépense l’argent des happy taxpayers pour publier des pamphlets contre son pays. J’ignore si la première édition fut le fait de l’Université du Colorado. Si c’est le cas, examinons la thèse de Ward Churchill. Il soutient une thèse d’aspect socratique : les Américains sont coupables parce qu’ils ignorent les crimes commis par leur gouvernement pendant deux siècles (ça fait long). Comment peut-on être coupable pour des faits que l’on ignore ? Sa thèse cesse d’être socratique puisqu’elle est en fait qu’une certaine catégorie d’Américains, ceux que j’appelle les Youpis (c’est aussi une certaine catégorie de Français) ne veulent pas savoir (not in my backyard), exactement donc, comme le modeste fonctionnaire Eichmann qui n’a personnellement jamais tué personne. Donc, dans les deux cas, le devoir de Churchill est d’alerter ses concitoyens, ceux qui ne savent pas et ceux qui ne veulent pas savoir. Jamais l’argent des happy taxpayers n’aura été aussi bien employé.

 


Ce n’est pas du racisme, c’est de l’arithmétique.

****. Les lycéens black ou arabes du 9-3 font aussi leur devoir de mémoire en rossant les petits cons de lycéens blancs qui veulent réussir leurs études. Nabe se trompe. Ces lycéens du 9-3 ne se nomment pas eux-mêmes beurs mais rebeu ou renoi, c’est à dire Arabes ou Noirs (quoique bénéficiant — ! —  de la nationalité française) et ils nomment les lycéens français « des bouffons, des petits français avec des têtes de victimes » d’où :  fashion victims (c’est bien vu, bouffon à tête de victime, voilà une excellente définition du lycéen. Ainsi, racisme mon cul. Si les Nègres lycéens du 9-3 lattent les lycéens blancs ou noirs ou jaunes, syndiqués avec badges — bientôt les nourrissons naîtront syndiqués avec badges dès le berceau. Syndiqué à dix-huit ans ! Faut-il être déjà un sacré connard pour se soucier à cet âge de la loi machin-truc ou machin-chose. Ces merdeux n’ont donc rien de mieux à faire ? Après la soumission insolente, du temps du lycéen aux grosses couilles July, voici la soumission militante, la soumission pride et responsable. Et qui finance ces syndicats de petits cons ? De gros gras rose socialistes joufflus, autrement dit papa et maman. Si jeune, et si soumis — c’est que le lycéen, futur prostitué et fils de prostitués, donne envie de latter comme New York ou Koweït City donnent envie de bombarder. C’est la soumission revendicative que les Nègres lycéens lattent à plaisir, la revendication des Uncle Tom de la prétendue démocratie, pour la première fois dans l’histoire mondiale, action bien supérieure au pillage de Watts. Les Nègres de Watts s’en prenaient aux marchandises. Les Nègres du 9-3 s’en prennent à leurs adorateurs. Ensuite, les Nègres lycéens du 9-3 ont l’habileté de s’en prendre à la progéniture des papas poules, progéniture chérie et couvée de cette canaille bobo encombrée de couffins. Ces Nègres lycéens ont la même habileté stratégique que Ben Laden. Ils tapent où ça fait mal où ça fait Bien (pardon M. Muray). Ils passent au vingt heures, eux aussi. C’est la gloire. Comme je les comprends : bouffons à tête de victime ! Comme dirait Baudrillard, j’ai toujours eu envie de le faire (je l’ai fait d’ailleurs. Du temps de ma jeunesse, il s’agissait d’étudiants gauchistes, évidemment ; les lycéens apprenaient encore à lire et à écrire au lieu d’apprendre le fun. Je montais dans les échafaudages avec les ouvriers du bâtiment pour lancer des briques sur ces petits cons qui défilaient avec le plus grand sérieux. C’est ce sérieux que je haïssais. Les ouvriers n’aimaient pas les étudiants revendicatifs, moi non plus). Les Nègres lycéens du 9-3 sont libres (ils n’ont pas choisi cette liberté, elle leur a été imposée, et, scandale, ils en font l’usage qui leur plaît). La liberté, quand elle paraît, est toujours criminelle. Crevez victimes. Allez pleurnicher ailleurs. Il n’y a plus de place pour les victimes dans ce monde, il en regorge. Ce n’est pas le baron Salières qui me contredira. Capito ? Fumez, c’est du belge tout ça, de première qualité. Ben Laden, Rolex et Kalach (les meilleures marques), fait école. Revoilà la lutte des classes, les quatrièmes rossent les premières, les grands frères sont en Afghanistan. Si les journalistes disent vrai, ces jeunes gens ont inventé le vol-potlatch (mais à pied, sans avions) : ils volent le téléphone portable et le détruisent immédiatement sous les yeux de la victime horrifiée. Fashion victim en effet. Ah ! Ah !

L’Immonde-Lagardère, 16 mars 2005, page 9, avec le prof militant antiraciste de service, syndicaliste SUD-éducation, bouleversé, navré évidemment : des propos d’extrême droite, violents et racistes sont prononcés à proximité de ses chastes oreilles par des Nègres et des Arabes — tous gens du SUD — qui joignent le geste à la parole. Voilà ce que c’est que de crier au racisme depuis trente ans. « Petit français » est devenu une insulte synonyme de bouffon (qui lutte pour l’égalité des chances dans un merveilleux monde de gauche, comme c’est gentil. Qu’ils aillent au casino. C’est l’égalité des chances, en faits des malchances, absolue. Petits cons collaborationnistes, petits Eichmann de dix-huit ans. L’égalité dans ce pays est effectivement une bouffonnerie). Racisme mon cul. C’est la nation arabe qui parle, Ben Laden and his followers lui ont rendu sa fierté. Cela prouve simplement que ce garçon ne se sent pas du tout français, pas même Tunisien, mais Arabe. Il ne s’agit pas d’injures raciales, comme dit le crétin de prof antiraciste, mais d’injures internationales. Il va falloir faire voter de toute urgence une loi contre la francophobie, la victimophobie et la bouffonophobie.

Quant aux lycéens noirs du 9-3 qui tabassent les lycéens, c’est parce qu’ils haïssent en eux la soumission (on ne peut être plus clair : bouffons à tête de victime, merdre alors !) comme je la haïssais chez les étudiants gauchistes en 1958, bien avant d’avoir jamais entendu parler de l’IS. Bon chien chasse de race, bon sang ne saurait mentir. C’est la critique en acte des défilés à la con. J’ai toujours haï les défilés à la con, les Pompidou des sous et les Non aux méchants, les Fillon démission. Racisme mon cul. Ce que les lycéens du 9-3 haïssent dans le lycéen blanc, ce n’est pas le blanc, c’est le lycéen. Expliquez-moi comment les lycéens noirs du 9-3 peuvent taper sur autre chose que des petits blancs à tête de victime puisque, sur dix manifestants lycéens, neufs sont blancs et dix sont des victimes (qui se prennent pour des citoyens, voilà une illusion contre laquelle Noirs et Arabes des banlieues sont vaccinés) ? Oui, les blancs, toutes origines et religions confondues, touristes y compris, sont majoritaires de façon écrasante dans ce pays (vous n’aviez pas remarqué ? Ce pays est un pays de blancs que je sache) et quand on y tape sur quelqu’un, on a neuf chances sur dix de taper sur un blanc. Ce n’est pas du racisme, c’est de l’arithmétique. Les papas et les mamans des petits cons ne savent expliquer l’histoire qu’en terme de racisme et d’antisémitisme. Quoiqu’il arrive, la question se résout pour eux à racistes ou pas racistes. Comme Mlle Béart, ils ont l’âme propre. Bien fait, salauds ! les Nègres du 9-3 tapent vos gamins. C’est tous les jours 21 avril ! Tout le monde il vote mal. Tout le monde il veut faire son devoir de mémoire. Tout le monde il veut faire sa pride. A pride, pride ennemie. Rien dans le Figaro-Dassault, je ne lis pas Libéramerde-Rothschild, Muray s’en charge pour moi.

Quelle est donc la différence entre les lycéens noirs du 9-3 et les autres lycéens ? Sartre soutenait que l’oppression rend libre, l’oppression violente du moins, telle qu’elle eut lieu lors du capitalisme sauvage, lors de la colonisation ou telle qu’elle a lieu aujourd’hui en Irak et à nouveau dans le capitalisme sauvage contemporain dit libéral ! Elle porte à la révolte, elle porte à la résistance (on  ne fut jamais aussi libre en France que sous l’occupation allemande. Selon Michel Contat, biographe de Sartre, cette phrase n’est même pas de Sartre, mais circulait parmi les résistants. Contat a passé sa vie dans les jupes de Sartre, le malheur de Sartre, c’est Simone. L’œuvre de Sartre se compose de la Transcendance de l’ego, la Nausée, l’Être et le Néant, la Critique de la raison dialectique. Le reste, c’est bullshit. Sartre était un homme bon). Or les oppresseurs ont, depuis, corrigé le tir, chez eux du moins, à destination de leurs populations (ce n’est même pas eux qui ont inventé cela, évidemment, mais le génie du capitalisme et l’aide empressée de la gauche et des syndicats). Ils ont inventé une oppression qui se contente de rendre con, c’est-à-dire de rendre lycéen en colère, pédé festif et revendicatif ou citoyen responsable et associatif ou encore les trois à la fois. Cela ne risque pas d’arriver aux Blacks du 9-3. Ils sont vaccinés. C’est tout. Je me demande ce qu’ils attendent pour se payer quelques nuits noires ? Tous ces connards (blancs pour l’écrasante majorité. Dans ce pays de blancs, les connards aussi sont blancs, quoi d’étonnant ?) à porté de main ! Quelle magnifique réserve de chasse ! Pour l’instant, seul un malheureux Arabe, que Muray qualifie d’imbécile, a tenté de s’offrir une nuit sur mille et une à la mairie de Paris.

Résumé : grâce aux négros du 9-3, les classes populaires vous disent merde… à coup de lattes, s’il le faut. Les classes populaires, aujourd’hui, c’est eux ; c’est vous qui l’avez permis, petits Eichmann. En voilà qui ne sont laminés ni socialement ni politiquement par le néo-libéralisme (branlette Monde diplodocus). Au contraire ils représentent la seule société véritablement humaine, altruiste, dans un monde de l’anomie, anomie habituellement qualifiée d’individualisme ! Au moins chez eux, la démocratie est une question et non une réponse. Suprême luxe, ils s’offrent des chasses à gibier humain, dignes du comte Zarov ou de jeunes Spartiates, en plein Paris. Jusqu’à présent, ces scènes ne se déroulaient qu’en banlieue où ce sport se pratiquait déjà en 1970 à Nanterre, notamment. Les gars roulaient lentement en DS 21, la nuit. Voyaient-ils un piéton, jeune et vigoureux (le malheureux), ils s’arrêtaient, descendaient, retiraient leurs ceinturons et lui disaient : « Maintenant, tu cours ». Quand je relatais ces faits à Debord, ce crétin ne trouva à répondre que : « Quelle aliénation ! ». Que savait ce crétin de l’aliénation. Proust l’a dit : il faut utiliser le mot propre. C’en est fini du temps des briseurs de vitrine sympas. Voici venu le temps des latteurs méchants, interdits de séjour dans Youpiville. Je condamne la condamnation morale de ces potes là, surtout quand on sait qui condamne : cette saloperie de classe moyenne de gauche, celle qui défile avec des pancartes « Non aux méchants ». Crevez petits Eichman, les voilà les méchants, vos pancartes n’y pourront rien. Mon pote te touche, il tape ton antipathique egoprogéniture. Ces petits cons, tellement, tellement gentils, tellement sympas, n’en sont pas encore revenus. Ils veulent le Bien dans un merveilleux monde de gauche et on les tape ! Bien fait ! cela leur fera un souvenir pour leurs vieux jours. Remballez votre camelote, salopards, personne n’en veut.

 


Radio Londres


Le mot «économie” est là pour justifier l’injustifiable.
Kabouli

En écoutant l’émission d’Elisabeth Lévy, ce matin, samedi 5 février, j’entends l’un des participants, soit Legoff, soit Casanova déclarer que, par les médias, les gens ont connaissance de l’existence des faits, mais ignorent tout des faits hormis leur existence. L’un d’eux parle d’un effet spectaculaire. On manifeste pour manifester, on manifeste pour passer au vingt heure. Magnifique. C’est exactement la thèse d’Anders en 1956 : par la radio, la télévision et la presse, les gens n’ont accès qu’à des jugements d’existence et à aucun autre jugement. Nous savons aujourd’hui, grâce à Frege, que l’existence est un faux prédicat. L’existence ne qualifie pas la chose, mais le concept. L’existence de la chose signifie seulement que l’extension du concept sous lequel elle tombe n’est pas nulle. La chose n’est pas existante de la même façon que la chose est rouge ou grande. Vous constatez simplement et indubitablement que la chose est rouge ou grande, mais vous déduisez, si vous y pensez, qu’elle existe puisque vous la voyez. Vous voyez la chose mais vous ne voyez pas qu’elle existe, vous ne voyez pas non plus qu’elle est vue (Wittgenstein) et si vous prétendez le voir, vous mentez, vous vous payez de mots. L’existence n’est pas une qualité de la chose. Capito ? Exit la preuve ontologique. J’ai déjà parlé ailleurs de ce paradoxe auquel je pensais dès 1962 sans pouvoir le résoudre. J’aime bien Frege, vous l’aurez compris j’espère. Vous êtes bien avancé lorsque vous apprenez que des milliers de connards se réunissent sur le Larzac ou que 200 pédés revendicatifs et vindicatifs défilent dans la rue. L’un des participants de l’émission dit : « Ayez une idée et deux cents personnes dans la rue et vous êtes sûr de passer au vingt heure. » Il dit également que l’on ne nous laisse rien ignorer de l’existence de la moindre protestation, et de l’existence seulement. Du sens ? Pfuitt, il n’en est pas question et tout d’abord parce que les milliers de connards sur le Larzac ignorent eux-même pourquoi il sont là, de même que les deux cents vociférateurs dans la rue. Vociferator Rex ! Magnifique n’est-ce pas ? Voilà une définition du spectaculaire parfaitement plausible : effectivement, dans ce monde, on ne peut  que montrer choses et faits, c’est à dire on ne peut que révéler leur existence ce qui n’apporte aucune connaissance sur la chose elle-même. Un intervenant ajoute que ce bombardement de jugements d’existence, ce savoir vide, cette fausse connaissance (on sait tout sur l’existence, mais on ne sait rien sur la chose) produit un massif effet de découragement d’accéder jamais à une connaissance véritable. C’est un effet de brouillage, c’est le turlulu, turlulu des Allemands essayant de brouiller Radio Londres, avec cette différence que les Allemands n’y parvenaient pas. Grâce à ce brouillage, l’essence de la misère n’apparaît plus et le secret de la domination est parfaitement caché. Le brouillage a fait des progrès depuis, surtout grâce à tous ces collaborateurs bénévoles qui veulent passer au vingt heures et sont même prêts pour cela à assassiner l’ex-collabo Bousquet ; tous ces dégueulasses allô ! maman bobo. Qu’ils crèvent dans leurs pets ces salauds. Dans ce cas, le quart d’heure de célébrité de Warhol prend un sens lumineux car on en comprend la raison, la nécessité, la fonction et pourquoi Bové est une ordure. Si c’est ce que voulait dire Warhol, je retire tout ce que j’ai pu dire de désobligeant à son égard.

Debord reconnaît lui-même dans la Société du spectacle que ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas et inversement que n’existe que ce dont ils parlent. Il s’agit donc bien d’un jugement d’existence, et seulement de cela, qui est porté par les médias, interdisant ainsi tout autre jugement. Le spectacle n’est que ça : bombardement de jugements d’existence par les canaux appropriés. Et cela n’est possible que parce que les gens sont dépouillés de tout moyen de vérification, c’est à dire de tout moyen de communication dans la belle démocratie commerciale. Notez bien, cependant, que ce bombardement de jugements d’existence n’est pas une cause mais un résultat. Il n’est possible que parce que les gens sont totalement séparés dans la belle démocratie commerciale, ce qui n’est pas le cas dans le système tribal arabe. Déjà le perspicace Freud notait au début du siècle que les seules relations des gens étaient celles qu’ils avaient dans leur travail. Ce bombardement n’est pas la cause, mais le résultat de la séparation. Dans les mosquées, les Arabes se parlent. C’est exactement la thèse d’Anders, mais rendue incompréhensible par Debord. Ce qui compte, ce n’est pas l’existence ou l’inexistence, c’est le sens, c’est tous les autres jugements nantis de vrais prédicats. Qu’importe que l’existence soit révélée ou cachée puisque sa révélation n’apporte aucune connaissance. Au contraire, plus il est révélé d’existence, moins on peut savoir sur la chose. C’est une nuit où toutes les vaches sont noires. Heil ! génial juif Anders qui répudia sa femme Arendt dès qu’elle épousa le sionisme et l’obscur Heildegger.

Ce qui est beau et enthousiasmant chez les Arabes combattants, c’est leur enthousiasme, leur idéalisme, leur conception d’un monde unitaire, fut-il archaïque, c’est que l’on connaît non seulement leur existence, mais tout de leurs raisons d’agir et du sens de leur combat comme le note Kabouli sur le Debordel, qui porte bien son nom. Ils parviennent donc, comme Radio Londres, à se faire entendre. Des Arabes parlent aux Arabes. M. Bush se prend pour l’Athénien Clisthène, homme d’un grand mérite, qui parvint à détribaliser l’Attique et qui fut donc le véritable créateur de la démocratie athénienne. M. Bush veut détribaliser le puissant tribalisme arabe, le seul qui demeure au monde. Il veut détruire le dernier obstacle subsistant au commerce triomphant, le dernier obstacle à la soumission de tous les peuples de la terre par l’ignoble démocratie commerciale. Consultez ce qu’en disait déjà Tocqueville dans ses deux rapports vers 1835-1840. Dieu ! que la démocratie est belle.

Si c’est la CIA qui a prononcé la phrase « Nous pouvons vous combattre parce que  nous sommes libres » cette phrase est encore plus savoureuse puisque pour une fois la CIA dit la vérité ! Les Arabes combattants sont l’honneur du monde. Les Arabes sont libres parce qu’ils combattent. La marche se prouve en marchant.

L’un des participants de l’émission notait que dans la presse et partout ailleurs tout est ramené à l’économie et que la rubrique Société avait disparu des journaux, remplacée par le sociétal, c’est à dire par les pédés mariés.

Ce qui est important, ce n’est pas que l’économie politique soit ou ne soit pas une idéologie au sens de Marx, mais que l’économie n’existe pas, ce qui entraîne, précisément, que l’économie politique est une idéologie au sens de Marx, comme l’explique parfaitement Toto sur l’ignoble Debordel : l’économie politique est une idéologie au sens de Marx parce que l’économie n’existe pas. Je répète sous une autre forme (Chomsky dit qu’on ne répète jamais assez quoique ça ne serve à rien. J’ajouterai : sauf pour celui qui répète) : c’est l’inexistence de l’économie qui implique que l’économie politique est une idéologie au sens de Marx, et non l’inverse — c’est une implication et non une équivalence, la relation n’est pas symétrique, la condition est suffisante, elle n’est pas nécessaire. Ainsi, l’économie politique est aussi une idéologie au sens de Marx du fait des axiomes et des modèles mathématiques des économistes néoclassiques qui se soucient comme d’une guigne de l’existence ou de l’inexistence de l’économie —. Le résultat important est que l’économie n’existe pas. Et cela, évidemment, Marx ne l’avait pas compris lui-même, il n’avait donc pas non plus compris que l’économie politique était une idéologie au sens de Marx, comme le note judicieusement Toto, sinon nous n’en serions pas là. Kabouli et Toto, ces deux braves, combattent dans la fange, comme des marines, mais pour la bonne cause, cette fois. On ne peut parler d’idéologie au sens de Marx à propos de la religion (opium du peuple. Cet opium n’a pas l’air d’endormir beaucoup les Arabes) que si Dieu n’existe pas, ce qui n’empêche d’ailleurs pas celui-ci d’agir comme Ben Laden and his followers le prouvent depuis plusieurs années. C’est bien la preuve que l’existence n’est pas un vrai prédicat, ce que notait déjà le génial juif Durkheim en disant que la religion était faite pour susciter des actes. Elle en suscite des tonnes (et peut-être bientôt des mégatonnes) depuis quelques années. Je répète encore une fois (le mal comprenant est mon tableau noir) que le nouvel opium du peuple ne saurait être en aucun cas l’économie puisque, l’économie n’existant pas, elle ne saurait être quoi que ce soit, opium ou autre. Le nouvel opium du peuple ne peut être que la fabrication de la croyance en l’existence de l’économie, nouvel opium dont la diffusion massive (cet opium était jusque là réservé à quelques spécialistes et dilettantes) est précisément datée : 1958-1960, date de son apparition dans les dictionnaires populaires et en première page des journaux. L’intervenant de l’émission remarquait donc à juste titre que dans les journaux, seule la page Économie subsistait et que la page Société avait disparu. Le bombardement du jugement d’existence de l’économie, sans qu’il soit d’ailleurs possible d’exhiber un seul spécimen de la chose dont l’existence est affirmée, ni d’apporter la moindre preuve de cette existence, est devenu mégatonnique.

 


Le palais de M. Biswas

Le salon de musique de M. Biswas est le seul film devant lequel je me suis autorisé à pleurer, ce qui est peu convenable pour un homme élevé dans la tradition de la ligne bleue des Vosges et la gaieté des bombardements précédés de magnifiques fusées éclairantes. J’ai pleuré en 1981, j’ai pleuré aujourd’hui. M. Biswas disparaît, mais il a le dernier mot. Après cela, vous pouvez crever dans vos pets, salauds, Youpis. Cela viendra plus vite que vous ne le pensez : il y a trop de futurs cadavres sur terre, et ça s’agite ! et ça s’agite ! Déjà six milliards, tous innocents, bien sûr. Al-Zarqaoui a du boulot devant lui. En voilà un qui ne risque pas de chômer. Le salon de musique est le seul film muet sonore qui écrase tous les vains bavardages. Soit loué Satyajit Roy. Il serait indécent de dire « Courage al-Zarqaoui », aussi, je me contenterai de dire « A la grâce de Dieu ». La musique est tellement belle. Al-Zarqaoui, défenseur de la musique monodique, notamment irako-syrienne, la seule permise par son Dieu (il savait ce qu’il faisait celui-là) contre la guimauve américaine harmonisée. Dans la musique monodique et modale, le timbre n’est rien, seule la justesse, à défaut de la justice, compte. Pas de portamento dans la musique monodique, pas de ténor pas foutu d’attraper la note. Oui, je suis bien obligé de l’admettre, la musique de Wagner transpire encore. C’est encore du bel canto quelle que soit l’admiration que je porte à Lauris Melchior et au personnage de Siegfried forgeant son épée (et au monologue de Hagen, donc !). Je plaisante, Nietzsche a tort, comme d’habitude. Aux Indes, du Sud ou du Nord, malgré le climat tropical ou subtropical (ou à cause de ce climat), la musique ne transpire jamais. To you, to you, my noble linden trees (private joke, en bon français : message personnel). Je dois remercier, pour ce DVD à trois sous, le Corse américaniste Combinani qui, il y a peu, ignorait encore qu’il était déjà américain. L’Irak a totalement disparu des radios.

Note : Biswas est  le nom de l’acteur principal, Roy est le nom du seigneur bengali.

La musique de Ustad Vilayat Khan et autres, disque Ocora, est disponible à la FNAC.

Shujaat Husain Khan is the son and disciple of master sitarist Ustad Vilayat Khan. His musical pedigree continues back through his grandfather, Ustad Inayat Khan; his great-grandfather, Ustad Imdad Khan; and his great-great-grandfather, Ustad Sahebdad Khan - all leading artist of their generation.

 

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Juan Cole Retombées (radioactives, j’espère) des élections

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Je me souviens du rire de Tarek Aziz, Arabe chrétien, devant l’outrecuidance d’un journaleux occidental peu avant la bataille du Golfe : Ah ! Ah ! Ah ! (Ah !). Excusez-moi, j’avais oublié un « Ah ! ».

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El presidente Bush no hace nada mas que tocar se los huevos todo el dia. Que hombre felize.

 


La plus conne fausse bonne idée
de toute l’histoire du monde

Brentano : il n’y a de conscience que conscience de quelque chose. Locke n’aurait pas désavoué cette connerie. C’est toujours le petit théâtre de Locke. Le pommier n’est plus sur la scène, il est dans la salle, mais le théâtre persiste. C’est dire qu’il y a toujours quelque chose dans la boîte. Or la vraie question, c’est qu’il n’y a pas de boîte. Pour qu’il y ait un contenu, il faut qu’il y ait un contenant. Or il n’y a pas de contenant.  Heureusement, al-Zarqaoui s’en contrefout. [zConscience] [zIntentionnalité]

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Comme je l’ai déjà dit, en Irak, les Américains on éradiqué un État. Ils sont donc confrontés non seulement à un peuple, mais à plusieurs : l’Irak est le pays des deux fleuves et des trois guerres : contre les Américains, le Jihad, et la guerre civile entre Chiites, Sunnites et Kurdes. Je leur souhaite bien du plaisir. Comme le notait Sartre, les Français n’ont jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande, contrairement à ce que prétend monsieur Lévy, milliardaire. Une petite anecdote, cela ne fait pas de mal, de temps en temps. Né en 1938, je devais avoir quatre ans. Je savais déjà lire et écrire, je connaissais le diagramme de Watt grâce à mon oncle ajusteur mécanicien et je dessinais des plans de machine à laver la vaisselle pour ma mère. Je me souviens d’un magnifique album à colorier, durant une époque ou le papier était si rare. Sur la page de gauche, le dessin (à la Raphaël), sur la page de droite le même dessin déjà colorié (à la Raphaël). Une de ces doubles pages représentait le maréchal Pétain avec son képi de maréchal et toutes ses décorations. A gauche, un simple dessin, à droite le même déjà colorié, plein d’ors, de rouges, mes couleurs préférées. Je me réjouissais d’avance de colorier un aussi polychrome maréchal quand ma mère survint et me dit : non tu ne colories pas cette page. Pourquoi ? parce que. Je me le tins pour dit. Voilà la France profonde. Le silence de la mère. VVVV. Ici Londres. Des Français parlent aux Français. Turlulu, turlulu, turlulu. J’ai connu cette époque et je tiens dans le plus profond mépris des gens qui, comme Lévy, la calomnient. Il en est de même aujourd’hui pour les Irakiens qui ont tout lieu de découvrir l’essence de la liberté qui n’a rien à voir avec le catéchisme intégriste du président protestant (protestant = faux cul) Bush. VVVV…VVVV… Al Djezira, Al Arabiyya.

 


Elle est bien bonne

Je tombe par hasard sur un vieux numéro de la revue le Débat, datant de mai 1980, mal classé dans ma bibliothèque. Je lis — dans un très intéressant article de présentation de The Great Transformation, le célèbre livre de Polanyi (il y a une véritable polanyiyya) par Lucette Valensi — une chose étonnante, page 158 : « la découverte la plus remarquable des recherches récentes en histoire et en anthropologie, c’est qu’en règle générale le système économique fonctionne sur des motivations non économiques. » Mais alors que peut bien être un système économique qui fonctionne selon des motivations non économiques, sinon une illusion. Marshall Sahlins l’a déjà longuement argumenté. Pourquoi cet entêtement à nommer économique ce qui ne fonctionne pas selon des motivations économiques ? Parce que l’homme a soif de Dieu, c’est à dire soif de genre. Si Dieu n’existe pas, il faut bien que quelque chose le remplace. Pourtant madame Valensi comprend parfaitement que toute société non commerciale (tandis que dans les sociétés commerciales le seul impératif est : si je t’attrape, je t’encule, le tout enrobé de l’hypocrite vaseline Modernisationâ, vision d’horreur) fonctionne selon un code de l’honneur et de la générosité. Aujourd’hui, les Arabes combattants sont l’honneur d’un monde d’où l’honneur et la générosité sont bannis, où règnent soumission et prostitution. Si Jésus-Christ c’est le free trade, Mohammed c’est la guerre. Cependant, dans le secret de leur cœur (à l’exception des voyantes crapules déclarées, seuls individus, jusqu’à l’irruption des Arabes combattants, autorisés à faire parler d’eux) les gens ont soif d’honneur et de générosité. C’est pourquoi lors du récent tsunami la canaille médiatique et politique a pu exploiter à ses propres fins cette soif latente de générosité inemployée. Le super-volcan de la générosité sommeille. Déjà il se réveille en Arabie. Son explosion entraînera un été volcanique de six mille ans.

La plaisanterie est encore meilleure que je ne le pensais. Du fait de la mise en page confuse et de l’absence de guillemets pour les citations, ce que je prenais pour des commentaires de madame Valensi étaient en fait des citations de Polanyi. Evidemment, Polanyi n’a pu lire Sahlins qu’il aurait certainement compris. Rien d’étonnant à ce que cet article m’ait semblé excellent. Il ne me reste plus qu’à lire Polanyi.

 


LE MERVEILLEUX TSUNAMI DE CONDOLEEZZA
Qui sème la démocratie récolte la tempête

 

Mais non, mais non, je ne suis pas bouleversé. La Terre fut bouleversée, elle a tremblé sur son axe, plusieurs centaines de milliers d’hommes en sont morts. Et alors ? Je n’ai rien senti. J’ai seulement noté un tsunami de larmes de crocodiles, avec trémolos et ton de circonstance, notamment de la part du Corse Combinani, spécialiste en la matière, qui dut attendre que dix-neuf bédouins bombardassent New York pour s’apercevoir qu’il était déjà américain. (Un garde sénégalais à la porte de l’OUA demande à son collègue Tunisien : « Cela fait combien de temps que vous êtes indépendants ? — Dix ans répond l’autre — Dix ans seulement et vous êtes déjà blancs !) Crevez aussi hypocrites, après un rot de truffe ou de caviar, vos charognes n’empestent que déjà trop. Le père Noël est une ordure, il a encore frappé cette année ! Fogiel a échappé à la catastrophe, de même que le gros gras rose socialiste Fabius. C’est un malheur. Comme le prince André Bolkonski à la veille de la bataille de Borodino, je dis que ces pleureuses ne sont occupées que de leurs intérêts mesquins. Pour eux, ce n’est que dans un pareil moment qu’on peut avancer et recevoir beaucoup de croix, de rubans et de subventions. « Oui, oui, répondit le prince André. La seule chose que j’exigerais si j’avais le pouvoir, ce serait de ne pas faire de prisonnier... rien que cela changerait toute la guerre et la rendrait moins cruelle… on ne marcherait que pour aller à la mort… La guerre sera totale comme elle le sera demain. » Je suppose que Ben Laden and his followers ont lu Tolstoï. Cela dit, je n’ai pas débouché le champagne pour autant, je ne débouche pas le champagne pour les faits de classe naturelle. Je ne le débouche que pour les faits d’armes. Ainsi, je fais des économies. Wonderful tsunami, tu as bousillé au moins dix mille touristes. C’est peu, mais c’est un bon début. Comme on disait chez les bouchers de la Villette, faut qu’ça seigneu, faut qu’ça saigneu — contrairement à ce que prétend M. Rey, gauchiste avéré, l’usage de bousiller pour tuer, massacrer, tuer salement était déjà d’usage du temps de Lacenaire qui assassinait les vieilles rentières avec un merlin de boucher et qui de plus les ratait (bousiller, stricto sensu, gâcher le métier). Oui, faut qu’ça saigneu —. Là ils se contentent de gonfler et de puer, les cochons. Le gros malin Michel « prend l’oseille et tire toi » Houellebecq ne s’y est pas risqué. L’Irlande, c’est calme, sismiquement.

 J’approuve Rony Brauman qui parle (en connaissance de cause) comme Nabe : « Ce martèlement de propos édifiants et de prévisions catastrophistes, cette exhibition incessante de cadavres, ce n’est plus l’expression collective d’un sentiment humanitaire, c’est du racolage porno. » Fig Mag, 15 janvier 2005. Ils entassent char sur char, cadavre sur cadavre. Salauds. Pourris. Canailles. Chacals. Charognards. Crevez vite. Que l’Arabe vous emporte !

 


Chose promise, chose due

Voici enfin le lien sur les pages des Règles de la méthode sociologique où Durkheim traite de l’économie politique et de ses prétendues lois.

 


Nouvelles de l’automobile

« Je supporte plus facilement ma misère dès que je songe qu’il y a des gens qui sont riches. L’argent des autres m’aide à vivre, mais pas seulement comme on suppose. Chaque Rolls Royce que je rencontre prolonge ma vie d’un quart d’heure. Plutôt que de saluer les corbillards, les gens feraient mieux de saluer les Rolls Royce. » et « Quand je roule dans ma n HP, que les poètes prennent garde, qu’ils ne s’attardent pas sur les refuges des avenues, sans quoi je pourrais bien en faire quelques faits divers ! » Déclaration anti-poëte, anti-gauchiste et anti-altermondialiste de Jacques Rigaut, Roman d’un jeune homme pauvre. Ce quart d’heure prend tout son sel quand on connaît la promesse que Rigaut s’était faite à lui-même et qu’il tint scrupuleusement le moment venu. Contrairement à Rigaut, la pensée qu’il y a des gens riches exaspère la misère du gauchiste. La simple vue de l’image d’une Bugatti le met en rage. La rencontre avec une Bugatti réelle le foudroierait de dépit. « A mesure que l’argent se fait plus nécessaire, plus exigeant, il devient plus admirable, plus aimable, comme l’amour. » Admirable antigauchisme. Seul quelque chose de plus exaltant que l’argent a quelque chance de convaincre les gens de renoncer à la beauté et à la puissance de l’argent. La guerre par exemple. C’est le choix des Arabes combattants. Rigaut n’aimait pas les riches (Madame X lui gonflait les couilles) mais la richesse. « L’odeur de l’essence est l’odeur de la liberté » (Proust dans le Figaro, vers 1920). « Grâce à la vitesse, nous avançons plus rapidement » (Malévitch). Picabia eut cent soixante dix automobiles dans sa vie.

 


LE MERVEILLEUX TSUNAMI DE CONDOLEEZZA
Entendu à la radio

Le président Bush s’offre une campagne de presse mondiale pour faire valoir l’action des Etats-Unis après le raz-de-marée nazi, dans les pays de nazis (j’étais loin du poste — le salon fait quatorze mètres de long — je n’ai pas dû bien comprendre, mais c’est ce que j’ai entendu). Quelle impudence, quelle indécence dirait Nabe. Je suis d’accord avec lui, désormais, on ne sera jamais trop anti-américain, jamais trop anti-occidental. Le temps n’est plus où l’Amérique accueillait Gödel fuyant les nazis. Selon l’un de mes amis américains, le peuple américain est derrière ses dirigeants. La seule devise de ce dernier est « not in my backyard ». Pour leur part, les Indonésiens s’opposent à toute présence militaire étrangère sur leur sol. Après seulement quelques siècles, ces musulmans convertis sont enfin devenus des Arabes. US go home.

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Chateaubriand avait les moyens d’être un ambitieux, mais il n’en eut pas le courage. Il fut donc seulement un arriviste. C’est exactement le cas de Debord. Quant à moi, je ne suis ni l’un ni l’autre.

 


Je lis le Figaro du 24 décembre  2004

« Ils nous ont dit, “Ici, c’est la terre de la guerre. Ne revenez pas en Irak. On n’a pas besoin de la presse étrangère.” » Sage paroles. D’une part la presse arabe existe (sans oublier le téléphone, l’Irak est le pays du cadavre exquis) ainsi qu’Internet, initiative du Département de la Défense qui, comme chacun sait, est le Département de l’Attaque (sauf quand les Japs ou les Bédouins attaquent) financé par des fonds publics américains sous le nom d’Arpanet ; d’autre part, de toute évidence, l’Irak n’est pas Dar el Salam comme le prétend le Pentagone. La France est la terre du ski (il faut une heure pour fabriquer un ski, n’est-ce pas merveilleux ?) et de Gilbert et George. Crève Occident. Le plus vite sera le mieux.

 


BMW 328

 

Voilà le moteur BMW 328 concédé comme dommage de guerre aux Englishes. Après la guerre, ce moteur, à trois carburateur double corps et à échappement accordé, sans même d’arbres à came en tête, mais avec simples culbuteurs et renvois, chambres hémisphériques et culasses en alliage léger, développait 145 chevaux à l’essence ordinaire. Il anima les voitures anglaises AC (carrosserie en alliage léger, 800 kg à sec, châssis échelle, suspensions avant et arrière à triangles superposés, voum vava voum), AC Bristol, Frazer (Le Mans Replica. En toute justice, il faut rendre à Frazer ce qui revient à Frazer. C’est lui qui tirait 145 chevaux à l’essence ordinaire de ce moteur. Mais même avec 120 chevaux et 800 kg de masse à sec, l’AC deux litres était une très agréable voiture : vitesse, 200 km/h, accélération, 0 à 100 km/h en 9 secondes) et Frazer-Nash. Je suppose que ce moteur six cylindres en lignes était à quatre paliers car, si le palier est gage de solidité (Aston Martin remporta Le Mans, en 1959, quand il sut doter ses six cylindres de sept paliers tout en obtenant la même puissance qu’avec les fragiles quatre paliers), il consomme beaucoup d’énergie. Même Bugatti pour la 57 avait dû renoncer au vilebrequin à neuf paliers pour se contenter d’un cinq paliers avec une aussi petite cylindrée que 3,2 litres. Dans la vie, ce n’est pas comme dans les traités de physique où l’on fait abstraction du frottement tant son calcul est difficile. C’est d’ailleurs une bonne chose car si la pine bien raide de M. Lévy pénétrant le con bien lubrifié de Mme Lévy (H7g6, glissant doux) ne  connaissait aucun frottement, il ne connaîtrait aucun plaisir. Du frottement naît, sinon le plaisir, du moins la satisfaction. Les Rolling Stones qui chantaient « I get no satisfaction » avaient chacun, du temps qu’ils habitaient dans l’Ardèche non loin d’Alès, une Citroën SM Maserati, ce qui n’est pas une réclame pour la marque.

 


La grosse truie est crevée

Jardin, Lévy, Glucksmann sont en deuil. Leur maman des poissons pas gentille est crevée, le ventre en l’air comme toutes les mamans de poissons, gentilles ou non ! C’est là le sort commun de tous les poissons. Jardin, Lévy, Glucksmann ! Après çà la maman des poissons peut prier Dieu, en vain, crime inexpiable. C’est grâce à cette maman des poissons pas gentille que j’ai découvert Nabe dans un numéro de l’Idiot International, où il dépeignait une fantastique partie de jambes en l’air de ladite maman des poissons et de son alevin préféré. Ces gens là, quand ça a dîné, sardine, pendant que le chauffeur attend devant la brasserie Lipp, au volant d’une voiture de location payée par la production.

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L’empiriste Locke est le modèle du réductionniste. Pour lui les universaux n’existent pas. Or je suis d’accord sur ce point avec Locke, moi, ennemi du réductionnisme. Les universaux n’existent pas, sinon comme nom et comme idée. Par "les universaux n’existent pas", il faut entendre évidemment qu’ils n’existent pas comme choses du monde mais seulement comme noms et idées, il faut entendre qu’ils ne sont aucune chose. C’est intentionnellement que dans mes textes publiés ici j’ai brutalement exprimé cette position sous sa forme abrégée « les universaux n’existent pas » premièrement parce que c’est ainsi qu’on l’exprime depuis deux mille ans en philosophie, deuxièmement parce qu’à maintes reprises, dans ce que j’ai publié, je pris la peine de préciser « sinon comme idée », troisièmement parce que  j’ai pu observer que malgré cette précaution des connards continuaient à ne pas comprendre et prétendaient même me faire la leçon. Donc j’ai intentionnellement  renoncé à prendre cette précaution. Quoique vous disiez, le connard continuera à ne pas comprendre car la profession du connard est de ne pas comprendre, activement, en déployant une extraordinaire énergie à ne pas comprendre. C’est un métier, le métier de bourgeois. Qui prodest ? Enfin ceux qui cherchent à comprendre, ceux dont la profession est de comprendre, comprendront car ils comprennent à demi mot. Mieux, le demi-mot les aide. La poésie, c’est le demi-mot. On sait ce que Leibnitz répondit à Locke : j’admets que dans l’entendement tout provient de l’expérience, tout provient des sensations, hormis l’entendement lui-même. Locke est réductionniste parce qu’il fait l’impasse sur l’entendement lui-même et Leibnitz lui fait simplement remarquer que lorsqu’on a dit que tout dans l’entendement provenait de l’expérience, on n’a rien dit. Je suis donc d’accord avec Locke pour affirmer que les universaux n’existent pas mais pour ajouter aussitôt hormis un seul, le genre humain qui est l’universel concret, l’universel qui existe par lui-même, comme chose, donc. C’est le sens qu’il faut donner au célèbre "Le genre de l’homme est le genre de tous les animaux" et même de tous les genres possibles (Durkheim). C’est parce que le genre humain est l’universel concret, le concept concret, l’universel qui existe par lui-même et de ce fait est une chose et non plus seulement un nom et une idée, qu’il est le père de tous les genres pour parler comme Saddam Hussein. Contrairement aux autres universaux, le genre humain est une chose, non seulement une chose du monde, il est monde. L’homme, c’est le monde l’homme.

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Tous les Mime du monde ont une voix métallique parce qu’ils sont forgerons.

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J’entends dans le poste de TSF, aujourd’hui même, que des cochonnes, pour ne pas dire des salopes, vont se faire liposucer (du moins Mme Lévy n’a-t-elle pas besoin de se faire liposucer mais plutôt lipogonfler) en Tunisie, puis se livrent à des safaris en groupe, pour ne pas dire en meute. Heil Ben Laden ! Tout ça ne durera pas, tout ça ne peut durer. J’avais été extrêmement surpris lorsque je vis, à la télévision, des Afghanes ôter leur caparaçon (burka est un vêtement masculin du Caucase. Ainsi Tolstoï dit que le prince Bagration allait au combat vêtu d’une burka) de découvrir dessous des jeans avec couture rentrante dans la raie et couture rentrante dans la fente (et missiles stinger pour les maris). Je me suis dit, bon sang, ce Houellebecq a le don de double vue, car il avait déclaré, peu auparavant, que les Afghanes « étaient de grosses salopes refoulées ». Fumez, salauds, c’est du belge.

 


Nouvelles du front (plutôt bonnes)

L’Irak a complètement disparu du Monde, du Figaro et des nouvelles radiophoniques. Les Américains ont sans doute creusé un grand trou à la place. Cependant, dans le Monde du 26 novembre nous pouvons lire en tout et pour tout seize lignes sur la guerre d’Irak dont je relève celles-ci : …un officier des marines a affirmé que « le nombre d’armes trouvées à Fallouja est étonnant. Vous pouvez littéralement, au vu leur importance, conquérir le pays. » Elle est bien bonne. Qui est le conquérant ? L’amusant paradoxe est que, si l’on en croit Emmanuel Todd, les USA en sont réduits à attaquer des États faibles (on les voit mal attaquer la Russie du colonel Poutine ou la Chine de M. je ne sais qui ou même la Corée du Nord) mais, dans le cas de l’Irak, un peuple fort, abondamment armé par son ancien dictateur. Les armes, ni les braves ne manquent ! Finalement, Saddam Hussein avait bien compris son peuple. Il a transformé l’Irak en dépôt d’armes, non de destruction massive (dommage d’ailleurs) mais d’armes individuelles afin de pourvoir tous les braves du pays, le cas échéant. En voilà qui n’abandonnent pas leurs godillots pour courir plus vite dans le désert (il faut dire à la décharge de ces derniers que c’était seulement de malheureux bidasses et non de farouches patriotes. Aujourd’hui, s’ils combattaient pour leur compte, ils ne seraient plus les mêmes. L’Irak peut-être le Valmy arabe). A New York et en Irak, nous assistons aux premières victoires arabes depuis plusieurs siècles. Un Valmy des Arabes serait aussi un Valmy du monde. Le sort du monde se décide en ce moment. Les Arabes sont l’honneur du monde. « Nous vous combattons, c’est parce que nous sommes libres » (Ben Laden).

 


Libre échange

Les Chinois vont mettre leur petite fiole aux Amerloques et à quelques autres là où je pense et là où vous pensez. Vous avez dit libre échange ? D’accord, libre échange. Mais non, Dr Bowring, le libre échange ce n’est pas Jésus-Christ, c’est Confucius. Les Arabes tiennent les Américains par les couilles, les Chinois les tiennent par la barbichette de l’oncle Sam. Quelle est la seule marchandise qu’exportent les Etats-Unis ? La guerre, qui fait affluer l’épargne mondiale. L’ennui, c’est qu’aujourd’hui le trésor américain est entre les mains de Chinois. Il fallait donc absolument faire, à n’importe quel prix, la guerre à l’Irak. L’ennui, c’est qu’en Irak il y des Irakiens.

 


Sur le voile

En ai-je assez lu, pendant vingt ans, dans les magazines français, de ces conneries, écrites par des femmes, libérées, évidemment, sur les dragueurs. Et bien, la solution, la paix, la voilà : c’est le port du voile. Les mêmes salopes, la fente et la raie soulignées par la couture du jean, qui se plaignaient d’être importunées par les dragueurs n’ont pas, aujourd’hui, de mots assez durs pour stigmatiser le port du voile et la barbarie des Arabes. Femelles, salopes ! Femelles, salopes ! Tout cela m’échauffe les oreilles. Rien ne vaut quelques milliers de litres de kérosène pour régler ces questions.

 


Hurrah !
La guerre des étoiles reprend

Le colonel Poutine annonce que la Russie va se doter bientôt de missiles stratégiques mobiles, super maniables en vol, capables de défier le lourd bouclier américain qui n’existe même pas. C’est l’éternelle lutte du bouclier et de l’épée, du serrurier et du cambrioleur (souvent les mêmes). Ah ! Ah ! le cadavre Glucksman va trembler à nouveau pour sa progéniture. Je vais la voir, non de Dieu, cette guerre des étoiles avant que de crever. Vains dieux, quel spectacle. Au premier plan, le bûcher de Siegfried, au loin, le Wall-Allah en flammes. (Le Figaro, 18 novembre 2004)

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La racaille pro-situ est la même que celle de 1848 décrite dans l’Éducation sentimentale. Rien n’a changé.

 


Champagne de Vertus, millésimé

Le candidat favori de Ben Laden est vainqueur. Vive la guerre ! Attention à vos vitres, bourgeois (private joke). « Diriger le monde » dit-il. Quelle forfanterie, mais, heureusement, quelle franchise ; nous sommes prévenus. Quelle franchise également : il veut développer l’économie, c’est-à-dire l’esclavage et l’anomie. Là encore nous sommes prévenus. Mais c’est Calvin, boucher et tortionnaire. Plutôt crever que de vivre dans un tel monde dirigé par de tels gens bons. Vive Ben Laden, vive la mort et ses camps ! Les Arabes (je dis les Arabes, c’est à dire les Bédouins, les habitants du désert qui vivent dans un monde clanique — sauvages et rebelles —, et non les musulmans, ni les arabophones comme certains demi-kurdes) sont l’honneur d’un monde où les peuples vivent soumis à l’épicerie ; ils sont les seuls encore capables de résister à la furie épicière et spéculative (pas dans le sens de Hegel, évidemment ; mais dans le sens de Wall Street). « Nous vous combattons parce que nous sommes libres » (Ben Laden). La foi est et sera la plus forte. Il y a une chose encore plus forte que la foi chez les Arabes, c’est l’honneur, qui est totalement inconnu aux USA et presque partout ailleurs (notamment par Debord). Où il n’y a pas d’honneur, il n’y a pas de liberté. Un patineur à roulette ou un pédé marié, ou plus généralement un cyborg issu d’une école de commerce,  n’a aucune notion de l’honneur et donc aucune notion de la liberté. Aux USA l’honneur a seulement un prix, comme toutes choses dans ce pays. Ainsi l’honneur de M. Jacques Langue fut estimé, il y a une dizaine d’années, à cinq cent mille francs. Compte tenu du taux d’inflation et des intérêts composés, il doit bien valoir aujourd’hui huit cent mille francs. Michel « prend l’oseille et tire toi » Houellebecq a tort : le domaine de la lutte ne s’arrête pas aux portes des marchés Wal-Mart (pourquoi pas Wehrmacht pendant que nous y sommes ?) A bas l’épicerie de combat. Wal-Mart 666 sera vaincu comme le fut la Wehrmacht. Le mode de vie américain est le mode de vie le plus con, encore plus con que le mode de vie français, avec baguette et béret basque, moisi de surcroît. Des femelles hystériques se piétinent l’une l’autre (ce qui entraîne des morts par étouffement) en se disputant les everyday low prices. Vive la guerre. Vive les braves. Vive le capitaine François, le dromadaire d’Égypte. Il n’y a pas d’innocents aux États-Unis d’Amérique mais seulement des coupables et des complices (not in my backyard, devise non seulement des enculistes américains mais de tous les enculistes du monde) car Alone are the braves (Kirk Douglas, magnifique comme d’habitude, avec sa carabine, ses pinces coupe-barbelés, son cheval et son rendez-vous avec le camion de chiottes). Ben Laden a réussi là où les petits cons de maoïstes ont échoué (pour la simple raison qu’ils n’avaient pas les mêmes objectifs) : il a dévoilé la nature du pouvoir en Amérique. L’État fédéral américain est le plus interventionniste du monde : il ne sait rien refuser à ses épiciers pour la simple raison que ce sont les épiciers eux-mêmes qui siègent dans l’État. Et… Colin Powell (qui a bâti sa carrière sur le mensonge)… « perdit une petite fiole », afin que Bush puisse « entasser cadavre sur cadavre, char sur char » (ληκύθιον απώλεσευ. Chez Aristophane, petite fiole ne fait pas référence, dans Les Grenouilles (BATPAXOI), seulement au style ampoulé (de Debord) — du latin ampulla, petite fiole, j’ai retrouvé mon Bailly — mais à la petite quéquette (nous y voilà), comme en témoignent ailleurs ces mots (κωδάριου, ληκύθιον, θυλάκιον, j’ai retrouvé aussi mon Aristophane bilingue) : Dionysos le couard, déguisé en Héraclès, descend aux enfers afin de ramener celui des deux poètes, Eschyle ou Euripide, le plus susceptible de sauver Athènes. Pluton décide que les deux poètes devront se livrer à un concours de poésie. Le gagnant retournera à Athènes. « ESCHYLE. — Eh bien, par Zeus, je n’irai pas, vers par vers, taquiner chacune de tes expressions ; mais, les dieux aidant |[on dirait du Ben Laden] c’est avec une petite fiole que je ruinerai tes prologues. EURIPIDE. — Avec une petite fiole ? toi ? mes prologues ? ESCHYLE. — Avec une seule. Car tu composes de telle sorte qu’on peut adapter toute chose, petite toison, petite fiole, petit sac [mais aussi bien guerre à l’Irak et pire, aux Irakiens], à tes iambiques. Je vais le prouver à l’instant » [et il le prouve comme moi je prouve que l’économie n’existe pas. Traduction Hilaire Van Daele]. Sans équivoque possible, n’est-ce pas ?

A Monsieur Bernard-Henry Lévy

Paris 16 septembre 1996

Cher Monsieur Lévy,

Ça y est, grâce à Mme Ockrent, femme de ministre socialiste, j’ai compris : vous êtes comme M. Le Pen, vous n’avez jamais honte. (Quel plaisir de voir Mme Ockrent, dépositaire du vrai, rempart de la démocratie, la voix blanche et la face décomposée, quand elle apostrophe l’inébranlable Le Pen devant plusieurs millions de téléspectateurs : « Mais M. le Pen, vous n’avez jamais honte ? », question où l’odieux le dispute au ridicule puisque la réponse est connue d’avance.)

Limites de conversations. J-P Voyer. Éditions anonymes.

 


Une leçon de liberté

« Nous vous combattons parce que nous sommes libres. » (Ben Laden s’adressant directement aux esclaves américains). Il fallait être un fameux imbécile soumis et obéissant doublé d’un fieffé cyborg dressé et programmé pour le marketing et l’allumage des lanternes en plein jour (trop tard, il n’y a plus d’hommes sinon dans les déserts d’Arabie. Quelle passion pour la soumission et l’obéissance) pour ne pas comprendre immédiatement de quoi il était question le 11 septembre 2001. Peuples abrutis par le marketing. Longue vie, M Arafat, vous êtes en de bonnes mains. Les militaires français et leur chef suprême (avez-vous remarqué, sur les photographies, comme les Chinois sont minuscules à côté du président Chirac ?) ont de l’honneur et le serment d’Hippocrate vous protège. « Cette harmonie fondamentale que l’Angleterre a dissoute en son propre sein, elle la détruit partout sur le marché mondial par sa concurrence, ce qui fait d’elle l’élément destructeur de l’harmonie universelle. » Marx, Grundrisse, 1857-1858. Le 11 septembre 2001, la grippe avionaire fit, en quelques minutes, trois mille morts à New York. Faites-vous vacciner sans tarder.

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Selon Bush, les Français n’ont pas de mot pour « entrepreneur ». Selon moi, Bush n’a pas de mot pour Allah.

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Le protestantisme serait l’esprit du capitalisme, selon Weber. L’islam est l’esprit de l’anticapitalisme. C’est inattendu, c’est bien fait, c’est comme ça. Longtemps je me suis demandé avec quelles armes le Sud répondrait à l’arrogance suicidaire du Nord. Maintenant, je sais. Avec l’arme de la foi. Bien fait. Comme dit Nabe, crève Occident.

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≈ 11 octobre 2004

Les Arabes ne se sont jamais considérés occupés par les Ottomans pendant quatre siècles parce que les princes de cette nation s’étaient convertis. Que le président Bush se convertisse et tout ira très bien. Il pourra se faire construire un ranch en Mésopotamie en toute quiétude et jouer au golf tant qu’il voudra sur son green verdoyant. Il sera sultan. Il pourra déguster des sherbet citron-nouilles et boire son kéfir rafraîchi par la neige des monts Liban qu’une noria quotidienne de douze dromadaires acheminera chaque jour. J’ai connu le directeur financier du Monde qui occupa auparavant un poste en Iran. La seule chose qui semblait importer pour lui était qu’il put faire là-bas sa partie de tennis quotidienne (la conversation eut lieu, il y a des lustres, aux caves Pétrissan, soixante dix mille bouteilles, mille deux cent références, devant un excellent vintage de Porto). Heureusement pour lui, il quitta ce pays avant que d’être décapité. Jésus-Christ rastaquouère jouait aux boules avec la tête d’une indienne. La tête éclata. Le cerveau ne comportait que deux circonvolutions qui ressemblaient à s’y méprendre à une paire de fesses.

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Les Américains sont pris en otages par leur classe dominante. C’est pourquoi ils n’ont pas d’opinion. Ils sont convaincus que vivre aux Etats-Unis est un privilège. Les Arabes semblent assez peu convaincus. En Irak, le capitalisme se défend le dos au mur. Peut-être ne crèverais-je pas seul. Lire Kant après Bolzano et Frege, c’est quelque chose. A bientôt.

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Les Bush rachètent la Californie, un cent pour un dollar. Schwarzy est là pour faire passer la pilule. C’est Terminator. C’est la société du spectacle (au sens de Anders, évidemment : la société qui se conforme à son image. Les scénaristes et les metteurs en scène de Hollywood furent consultés comme experts par le Pentagone après l’attaque des bédouins volants.)

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Read Voyer, fat free, no cholesterol, Viagra free, que l’Arabe vous emporte, trous du cul. Le monde entier des crève-la-faim envie l’obésité des Américains. Les principales productions des États-Unis sont des pauvres, des taulards et des youpis. Parmi les youpis, quarante pour cent des avocats du monde sont aux États-Unis et quarante pour cent des avocats des États-Unis sont à New York. Qu’y a-t-il à New York ? Des pauvres et des avocats. Quel merveilleux pays. C’est beau la common law. Petite consolation, tous les avocats ne sont pas riches.

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Le président Bush a raison. L’Amérique est vraiment la démocratie. Riches et pauvres mangent la même merde, simplement les riches la payent plus cher. Equity ! Equity !

 


Souvenirs, souvenirs

Mon ami américain R. G. B. P. me rappelle que la crapule Lebovici lui avait dit qu’on ne verrait rien de comparable à l’I.S. d’ici cinquante ans. Comparable, je l’espère bien, et que l’on ne reverra plus jamais une saloperie pareille. Mais (ce conciliabule avait lieu en 1976) après vingt cinq ans seulement on vit bien pire, al Qaeda et le bombardement de New York par des bédouins. C’est quand même autre chose.

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M. Kadhafi et ses didonettes. En voilà un qui connaît sa mythologie latine.

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États-Unis d’Amérique, pays du mensonge concertant.

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 Aujourd’hui, les universités du monde entier vomissent des docteurs en rien. C’est devenu d’un commun et d’un vulgaire que d’être docteur en rien.

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Citations de Frege

Si l’on entend concept au sens de Frege, les mots « le concept F » ne désignent pas un concept mais un objet. Cela permet que certains concepts puissent tomber sous un concept d’ordre supérieur (Nachlaß p. 116).

« Le mot agrégat se rattache à "grex". L’agrégat est quelque chose comme un troupeau... » (Nachlaß p. 196).

« Je passe maintenant à l’extension de concept. Le terme déjà indique que nous n’avons pas affaire ici au spatial ou au physique, mais au logique. Au moyen de nos capacités logiques, nous appréhendons l’extension de concept en partant du concept » (Nachlaß p. 197).

« ... une extension de concept est totalement différente d’un agrégat. L’agrégat consiste (besthet) en ses parties. L’extension de concept au contraire ne consiste pas en les objets qui lui appartiennent. Je veux dire, il est pensable qu’aucun objet ne lui appartienne. Pour ce qui est de l’extension de concept, sa consistance (Bestand) réside précisément dans le concept, non dans les objets qui lui appartiennent ; ceux ci ne sont pas ses parties. Un agrégat qui n’a pas de partie ne peut exister. » (Nachlaß p. 199).

Gottlob Frege. Ecrits posthumes. Éditions Jacqueline Chambon. Nîmes. Disponible sur Amazon.

Un troupeau de moutons d’un mouton n’est pas un troupeau, a fortiori un troupeau de moutons sans mouton tandis qu’un ensemble de moutons peut ne comporter qu’un mouton et même zéro mouton. Capito ? J. S. Mill, tel un sauvage, recula devant la difficulté.

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Il n’y aura jamais d’Ecole Nationale d’Administration à Kaboul. 

 


Mon premier contact avec Wittgenstein

Vers 1970, j’entrai dans une librairie où le titre d’un ouvrage en collection de poche (10/18 ou Idées je suppose) Tractatus logico-philosophicus, attira mon attention. Je feuilletais ledit ouvrage que je rejetais en m’exclamant, in petto, qu’est-ce que c’est que cette merde ? En 1971, les Recherches logiques de Frege étaient déjà publiées en français au Seuil. Si j’étais à l’époque incapable de recevoir Wittgenstein, je l’étais parfaitement pour les Recherches logiques de Frege. Je travaillais déjà depuis plus de dix ans sur de tels sujets. Que de temps perdu. Quand j’en aurai fini avec Frege, je ne ferais qu’une seule bouchée du Tractatus qui est une réponse à Frege et à Russell. En attendant, permettez-moi de vous faire remarquer que ma proposition « Le phénomène comme phénomène est le supra sensible » ou bien « L’apparition en tant qu’apparition n’apparaît jamais » est strictement équivalente à cette remarque de Wittgenstein 5.633 in fine : « Rien dans le champ de vision ne permet de conclure qu’il est vu par un œil. » Si cela était, cela conduirait au paradoxe suivant : si dans le champ de vision tel objet portait comme une qualité le fait qu’il est vu par un œil, je pourrais en conclure que « vu » est une qualité de cet objet. Or si « vu » est une qualité de cet objet, cela signifie qu’il est vu aussi quand je lui tourne le dos. Si « vu » n’est pas une qualité de cet objet, cela signifie qu’il n’est pas vu quand je le vois. Je réfléchissais déjà sur ce cas à Lausanne en 1962. A bientôt Ludwig. Tremblez cloportes si toutefois des cloportes peuvent trembler. Le principal reproche que je fais aux cloportes est qu’ils ne peuvent trembler, mais se demandent, le matin, quand ils se retrouvent sur le dos, comment ils vont faire pour aller au bureau.

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Hier, j’ai entendu le gros, gras, rose socialiste Frèche traiter Céline de salaud. Il parle en connaissance de cause. Pourquoi en rajouter imprudemment. Antisémite suffisait. La différence entre Céline et le gros gras rose socialiste est que ce dernier n’est pas antisémite. Heureusement pour les Juifs, tous les salauds ne sont pas antisémites. Ils sont bien nourris ces socialistes. Ils profitent.

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Stupidité de l’expression « noyau dur ». Avez-vous déjà vu un noyau mou ? Disparais, monde ridicule, que l’Arabe t’emporte.

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Le fordisme ne prenait que le cul. Le toyotisme prend le cul et la tête. Bien fait, esclaves. Faites du saut à l’élastique. Les musulmans, comme le note Naipaul pour le déplorer, ont gardé la tête. Et ils entendent la conserver.

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Qu’apprends-je ? « Gras double » Adler est un passionné de Pif Gadget. Tout s’éclaire. Ben Laden est un Pif Gadget, L’Irak est un Pif Gadget. Le président Bush est un Pif Gadget. Mon neveu, à l’âge de dix ans, était un passionné de Pif Gadget. C’est bien ce qu’il me semblait. « Gras double » alias « Triple crème » a dix ans d’âge mental. Les stalinauds n’ont plus que Pif Gadget. C’est leur dernière ressource après tant de crimes, de sang, et de mensonges. Ils ignorent toujours que l’économie n’existe pas.

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Croa, croa, croassance, croa, croa, croassance. Ami, entends-tu le bruit sourd des corbeaux sur la plaine ?

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 L’implacable simplicité de Frege.

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Connards, connards (et non pas Bernard, Bernard) qu’avez-vous fait de votre jeunesse ?

 

 

Pourquoi j’aime les Arabes

Parce qu’ils sont anti-américanistes

« L’anti-américanisme est aujourd’hui la seule marque de civilisation qu’il nous reste… »

 

Parce qu’ils tiennent les Américains par les couilles et que moi (et bien d’autres) je suis incapable de le faire — plutôt que les Américains, je devrais dire que les Arabes tiennent les gens bons par les couilles, car aux États-Unis, il n’y a pas que des gens bons (des milliers d’hommes en armes dans le Sud-Ouest attendent d’en découdre avec le gouvernement fédéral, Alone are the braves). Les Arabes n’ont pas le monopole de la méchanceté. D’ailleurs, les Américains n’ont pas le monopole des gens bons, mon propre pays en fourmille, notamment ceux qui sont passés de l’adoration de Mao Tsé Toung à celle de Milton Friedman et de Cheville Rawl, sans parler des vichy-rouge, évidemment. Je préfère le petit blanc et je n’ai jamais adoré Mao Tsé Toung, ni Staline, ni même Lénine. Je me suis contenté de lire Marx, chose assez rare il est vrai. Aujourd’hui, je lis Kripke. Mes commentaires, bientôt sur cet écran. Les salafistes djihadistes, qui sont très stricts, autorisent cependant la télévision et je suppose le théâtre. Ben Laden aura vu la pièce Stratégie pour deux jambons, qui fut un succès mondial, et qu’il a généralisé. Pourquoi deux seulement s’est-il dit ? D’après Thucydide, Périclès aurait dit que la démocratie est l’exercice du pouvoir par le plus grand nombre. Donc il est tout à fait justifié que Ben Laden frappe le plus grand nombre et cherche à anéantir le plus grand nombre, puisque l’Amérique c’est la démocratie et que donc le pouvoir y est exercé par le plus grand nombre, comme on peut le constater tous les jours —. Tandis que les Américains étaient allés chercher les Vietnamiens chez eux, les Arabes sont allés chercher les Américains chez eux. C’est la lutte finale. Le sort du monde dépend des Arabes. Ne mollissez pas, les gars, serrez les bien et tordez les bien tandis que vous avez la main. Après, il sera trop tard. Sursum corda. Le libre-échangisme se croit déjà tout permis. S’il vous anéantit, il se permettra tout, pendant mille ans (non, il crèvera d’abord dans ses pets, il est peut-être déjà mort, du fait de l’irréversibilité de certains phénomènes, et nous tous avec, sans le savoir). Dieu nous garde des gens bons. Selon le docteur Bowring, le free trade c’est Jésus-Christ, Jésus-Christ, c’est le free trade. Mais Jésus n’est-il pas un prophète reconnu par les musulmans ? Stupide, prétentieuse, absurde proposition du président Bush qui promit aux irakiens de leur offrir une zone de libre échange avec l’Amérique, l’Alena étendue à l’Irak ! Cela traduit aussi son désarroi. Son libre échange, il faut le lui mettre dans le cul pendant qu’il est encore temps. Il faut à tout prix empêcher ces gens de nuire plus qu’ils ne l’ont déjà fait depuis cent cinquante ans, depuis 1840 où ils étaient encore cantonnés à Manchester. La seule manière de le faire, c’est d’être plus nuisible qu’eux. C’est le seul langage qu’ils peuvent, non pas comprendre, ce serait trop leur demander, mais subir. Il faut soigner le mal par le mal. Je sais très bien que vous n’avez nul besoin de mes encouragements et de mes exhortations et que vous l’avez amplement prouvé, mais je sais, par expérience personnelle, que cela fait toujours plaisir. Bonne chance les gars, pardonnez moi : à la grâce de Dieu.

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J’ai entendu dire que le mot pantalonnade avait été retiré de la dernière édition du dictionnaire le Petit Robert alors que c’est pantalonnade partout, notamment mariage de pédés (farce burlesque, d’un goût douteux, dit mon édition). C’est toujours ainsi, quand on a la chose, on retire le mot pour le remplacer par un euphémisme (mariage, par exemple) et quand on n’a plus la chose on se rattrape sur le mot, comme lien social, par exemple.

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Les employés de bureau américains anéantis par les dix neuf bédouins étaient occupés au sens pascalien. Il est donc de bonne logique que le président Bush occupe l’Irak. Il veut occuper les Irakiens comme il occupait ses employés de bureau. Ben Laden n’a pas besoin, comme les merveilleux employés de bureau américains, d’être occupé et il ne le veut pas. C’est un homme de foi et qui fait bon usage de sa foi. Par les temps qui courent, si l’on tient absolument à demeurer au repos dans une chambre, il faut le faire loin de Gaza.

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Pourquoi vouloir interdire la torture alors qu’il suffit d’interdire la photographie de la torture, comme vient de le faire le judicieux Rumstud ? J’en admire d’autant plus les fanatiques islamistes qui, non content d’égorger des Américains, filment le supplice et sont fiers (il n’y a pas que les pédés qui soient fiers. Aujourd’hui, la pédérastie est un motif de fierté. Faut-il donc que, dans ce monde, les motifs de fierté manquent, ce qui n’est pas le cas chez les Arabes) de faire admirer leur œuvre sur Al Djazira (le jardin des supplices, comment dit-on cela en arabe ?) et peut-être bientôt à Cannes pour le prix de la palme Gore, genre très prisé par les petits cons occidentaux. Le malheureux directeur de Lyon mag est traduit en justice pour avoir reproduit les propos d’un imam, vieille plaisanterie gauloise d’ailleurs : « Bats ta femme ! si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait. » Pendant ce temps, de l’autre côté de l’océan, Richard A. Posner, juge et professeur de droit à l’université de Chicago et Alan Dershowitz, avocat et professeur de droit à Harvard, envisagent de légaliser la torture (car ces puritains ont horreur de l’hypocrisie !) et de remplacer le fameux permis de tuer de l’agent 007 par « un mandat de torture ». « Je pense à une torture non mortelle, comme une aiguille stérilisée sous les ongles » suggère Deskovitz. Oui le prince André Bolkonski a raison : si l’on ne faisait pas de prisonniers à la guerre, cela rendrait la guerre plus humaine, ne serait-ce que parce que cela supprimerait radicalement la torture. Tamerlan était un humaniste comparé aux gens bons. Ces gens bons sont fous à lier de puritanisme. Il faut les enfermer d’urgence dans la prison d’Abou Ghraïb. Où sont les barbares ?

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Olivier Todd a peut-être raison. Les États-Unis seraient en déclin, il ne peuvent plus s’attaquer qu’à des États faibles comme l’Irak, qui plus est, soigneusement affaibli par papa Bush. Résultat : l’État irakien s’est écroulé comme un château de carte, ce fut une promenade pour les chars Abrams. Première conséquence : il n’y a plus d’État en Irak. Seconde conséquence : les Américains doivent affronter non plus un État mais un peuple et ça, ce n’est pas de la tarte. C’est bien la preuve que tout État est l’ennemi du peuple.

Terminons les terminaux, le terminal est terminé. Voilà ce que c’est que de vouloir faire de l’architecture prétentieuse, ça tombe tout seul, les Arabes n’ont même plus à s’en mêler. Disparais monde ridicule.

Maintenant que j’ai un knock-blot (knocking blot ou blotting knock, au choix, le bloc note qui tape et qui tache), je peux dire ce qui me passe par la tête après une bouteille de porto et quelques pastis. Chalabi a bien baisé les Américains. Il voulait faire sauter Saddam à n’importe quel prix pour continuer de fructueuses affaires. Pour cela il leur conta monts et merveilles. Maintenant que le boulot est fait, il leur dit : « Démerdez-vous et foutez la paix à mon peuple. » Rumsfeld est un vieux renard, mais Chalabi en est un plus vieux encore.

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Au siècle de Molière, M. Jourdain savait parler en prose, ce qu’était incapable de faire un courtisan, à part Roger de Rabutin (ce qui lui coûta assez cher, on sait combien le roi fut marri de cette prose) et sa cousine. La cour était une comédie musicale. Le sort de l’aristocratie était déjà scellé. Il écrit scellé avec deux l !

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Oui, les États-Unis d’Amérique sont un grand pays démocratique car ils se sont abstenus d’envoyer six agents masqués de la CIA à bord d’un jet privé pour enlever Michaël Moore à Cannes et l’exfiltrer vers l’Égypte, après lui avoir mis un suppositoire dans le cul, afin de parler d’homme à homme. Des milliers d’Irakiens torturés et seulement deux Américains égorgés  Où est la barbarie ? Enfin, les Arabes n’ont jamais prétendu donner des leçons de morale mais seulement des leçons de foi. Ils n’ont jamais prétendus être bons mais ont toujours assumé leur statut de fidèles, en toute honnêteté et loyauté. (Saladin, kurde né à Takrit, égorgea de sa main le barbare et parjure Renaud de Châtillon-Coligny, sinon, il se montra d’une parfaite magnanimité à tel point que Dante lui réserve une place spéciale dans son Enfer). Où est l’hypocrisie ? Ben Laden n’a jamais prétendu apporter la liberté ni la démocratie, rien que ça, à quiconque. Il a seulement dit : « Toi roumi, toi mouri ». Arabie ! conservatoire de la foi, de l’honneur mais aussi d’excellentes lames en acier damas.

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Chouette, je lis dans Marianne, sous la plume d’Elisabeth Lévy, que Beny Lévy, succube de Sartre (Sartre a toujours eu beaucoup de succès avec les femmes), est crevé. Mort aux cons. J’en aurais vu crever des cons.

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Aux chiottes les intermittents du spectacle !

Aux chiottes les permanents de l’enculture !

Admirez la magnifique performance de miss England.

En Irak, c’est tous les jours théâtre de rue.

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Je remercie le Figaro de m’avoir permis d’acheter pour vingt balles le Crabe tambour. J’espère vivre assez vieux pour voir ce film quelque centaines de fois. Je ferais remarquer cependant au réalisateur que l’on ne dit pas jouer de la trompe de chasse (ce qui de toute façon est préférable à jouer du cor de chasse) mais sonner de la trompe tout simplement. Dans un film où figure un médecin, on peut à la rigueur ajouter « de chasse » afin que nulle confusion ne s’opère avec « trompe de Fallope » (Ne pas confondre le pavillon des trompes de Fallope avec le pavillon de la trompe de chasse, ne pas confondre Périnet et périnée. Ne dites pas lâchez les chiens mais découplez). J’ajouterai que lorsqu’on fait jouer un rôle aussi important à un chat noir on engage un vétérinaire afin de calmer l’animal qui souvent a l’air terrorisé (cela grèverait le budget puisqu’un vétérinaire spécialisé dans le comportement des chats avec leur tout petit 3,5 % de cortex frontal — les chats, pas le vétérinaire, quoique... — fait deux ans d’études suppplémentaires). Pourquoi les chats noirs sont-ils aussi craintifs et ombrageux d’ailleurs ? Ma théorie, très darwinienne, est que, les chats noirs ayant été régulièrement cloués sur les portes des granges depuis des siècles, seuls les plus craintifs et prudents ont survécu, ce qui donne ce caractère particulier à ceux de notre époque. Si vous voulez éviter les honoraires d’un vétérinaire spécialisé, faites donc jouer un chat rouquin. Ils sont charmants (tous les chats le sont, puissants et doux de surcroît) et sociables. Mais, dans cette aventure guerrière, une pub cachée pour les croquettes Friskies eut été malvenue. Histoire guerrière : j’ai eu l’honneur de connaître un lieutenant-colonel de la légion à la retraite. Alors qu’il était encore capitaine en Indochine, ses hommes firent manger sous forme de civet le chat chéri d’un adjudant abhorré. Auparavant, ils demandèrent la permission de la plaisanterie à leur capitaine. Suite de l’histoire guerrière. Lorsque ce lieutenant-colonel m’apprit qu’il était sorti dans les six premiers de Saint-Cyr, ce qui lui donnait le droit de choisir son arme, je lui demandai pourquoi il avait choisi la légion, car, dans mon esprit de pékin, seul le rebut, dont personne ne voulait ailleurs, pouvait « choisir » la légion. Il me répondit : parce que j’étais sûr de me battre, ce qu’il fit sur la RC4 et à Dien Bien Phu avant de perdre une main en Algérie. Il agitait son moignon en disant : « J’ai eu de la chance, j’ai eu de la chance » Je note avec plaisir que, dans ce film, il n’y a pas de mongolfières, ni d’humanoïdes YOUPIS robots patineurs mariés, ni de femmes en petites culottes, mais des êtres humains. On n’est jamais aussi libre que lorsqu’on sert volontairement. C’est le principe grec. Le monde de Schoendoerffer (un nom boche) a un sens.

 


Bugatti 57
La plus belle, la plus sobre
La seule carrossée en usine

Cette carrosserie n’est pas d’usine, mais de Gangloff, encore plus belle. Jean Bugatti avait supplié son père Ettore de doter cette voiture de roues avant indépendantes. Rien n’y fit, papa fut inflexible. Côté moteur, le huit cylindres en ligne de 3200 cc développait entre 135 et 150 chevaux SAE. Le modèle de compétition donnait 220 chevaux à 5500 tours. Aujourd’hui, une petite Citroën Xsara de deux litres quatre cylindres développe 137 chevaux DIN avec boîte automatique excellente et freinage ABS et abat sans panne et sans peine ses deux cent mille kilomètres. Mais là n’est pas la question, le luxe n’y est plus, le couple non plus. Chez Bugatti, peu de puissance mais quel couple (course 100 mm). Pour les non initiés, la puissance détermine (avec le cx) la vitesse maximum, mais le couple détermine le temps mis pour atteindre cette vitesse. Dans les moteurs rotatifs, ils le sont presque tous, la puissance est toujours la puissance d’un couple. Vous pouvez obtenir une même puissance donnée avec un tout petit couple à haut régime ou un gros couple à bas régime. Là est la différence.

Ne fumez plus du diesel, fumez du havane, si vous en trouvez du bon, chose de plus en plus difficile. Sinon, fumez du belge. Disparais, monde ridicule. Toute personne surprise à rouler au volant d’une Mercedes ou d’une BMW ou d’une Jaguar-Ford diesel six cylindres ou plus si affinité (mon avis est que les quatre cylindres devraient être interdits, quelqu’en soit la marque. La démocratie, c’est le six cylindres pour tous, vains dieux. Pourquoi ? Parce que dès le troisième ordre des harmoniques d’une transformée de Fourier, celles-ci sont négligeables, alors qu’il faut attendre le cinquième ordre avec un quatre cylindres) doit être immédiatement fusillée sur le bord de la route sans autre forme de procès. Elle est censée (c’est à dire payer un cens suffisant) avoir les moyens de rouler à l’essence. Mort aux pingres.
Ben Laden, et tous les Arabes d’Arabie, ont toujours roulé à l’essence. Le diesel est un truc de pauvre décrété par un ingénieur d’État de merde. Il fallait bien brûler tout ce fuel dont on ne savait que faire, oui ou merde ? De même la faillite des marques Hotkchkiss, Delahaye, Delage, Talbot, Bugatti etc... fut le fait du général de Gaulle qui voulut aussi sa volkswagen, c’est à dire la ridicule quatre chevaux Renault (charmante, néanmoins, souvenirs d’enfance, d’un ridicule attendrissant) et l’étonnante Dyna Panhard qui avait pour seul tort de casser tout le temps. Dans cette automobile, seul le vilebrequin, la boîte de vitesse et les fusées étaient en acier. Tout le reste était en alliage d’aluminium. Cependant, les jupes des pistons se désagrégeaient. L’embiellage, indestructible, était à aiguilles à film d’huile monté à la presse. Je sais de quoi je parle. A l’époque, le moteur BMW 328 à six cylindres, à simple culbuteurs et culasse en alliage léger à chambres hémisphériques, développait, en 1950, à l’essence ordinaire 145 chevaux SAE (c’est à dire sans tenir compte de l’énergie consommée par la pompe à huile, la pompe à eau et de l’alternateur ou la dynamo et le ventilateur). A titre de dommage de guerre, il équipa l’excellente AC deux litres à châssis échelle et quatre roues indépendantes par doubles triangulations. Un ami anglais de Saint-Germain-des-Prés avait la chance de posséder un de ces bolides. Disparais, monde ridicule. Il n’y a pas de petites économies, n’est ce pas ?

Quand je roule au volant de ma n HP (ici, 57 S, n = 200, v = 218 km/h, p = 1400 kg), écarte-toi, poète, sinon je ferais de toi un fait divers. Disparais monde ridicule. Marcel Proust écrivait, dans le Figaro, vers 1920 : « L’odeur de l’essence est l’odeur de la liberté » On aperçoit toujours, plus de vingt ans après, la croix de Saint-André qui inspira à Proust de funestes pressentiments sur la mort de son chauffeur amant.

Changement d’image, jeudi 24 juin 2004, à 0 heure

 

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