NOTES 10

Pour imprimer réduire à 85 %

 ← Notes 11

 

Notes 9→ 

 

 

Les choses empirent semble-t-il : presque tout est indécidable ! par Jean-Paul Delahaye

Préambule basé sur une remarque de Jorion

Ce qui n’est pas attendu est interdit « Agir de soi-même » par Alain Ehrenberg

Des faits économiques

Les hommes peuvent-ils se passer de toute religion ?

La main invisible dans la culotte d’un zouave  par Jean Dellemotte 

L’entité atlantique par Diana Johnstone

Les horreurs de Husserl dévoilées  Anonyme (Lycée français de New-York)

Gaza : un mensonge convenu  par Karen English

Israël ... est un état maffieux  par Christophe Oberlin

Esplendido  par Dominique Muselet

Une stupidité des plus prégnantes  par Youssef Boussoumah

Un ouvrage qui commence mal

La présence à soi  par Vincent Descombes 

Le pouvoir d’être soi  par Vincent Descombes 

Un splendide article antisémite de Laurent Guyénot

Le son est coupé

La Zone Euro après Chypre  par Jacques Sapir

La grosse TINA est crevée

Le vide, ce n’est pas rien  par Roland Lehouc

Regime change needed in Palestine

Gracias présidente

Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine est-il un territoire occupé ?  par Gilad Atzmon

Fumiers de nouveaux cons par Laurent Guyénot

Une perle  par René Naba

Lecture de La Denrée mentale

Nos pensées ne sont pas dans notre tête  par Thomas Lepeltier 

 

 

    Préambule basé sur une remarque de Jorion    

Usage propre et usage général. J’attire votre attention sur ce point : Aristote, Hegel et Jorion règlent leur compte aux expressions stupides « valeur d’usage » et « valeur d’échange », triste héritage de Marx, Smith & Wesson.

Échanger, acheter, vendre une chose est un usage (une manière de l’utiliser) comme un autre. Je peux porter des chaussures, je peux aussi les vendre. Jorion le nomme usage d’échange par opposition à l’usage propre de la chose.

Aristote, pour sa part, parle de double usage : l’un particulier à la chose, l’autre non, ce qui laisse entendre que ce dernier est donc général par opposition à particulier, qu’il est commun à toutes les choses. Aristote donne l’exemple d’une chaussure : il y a son usage qui est de la porter comme chaussure et  son usage comme d’objet d’échange. Il n’est donc nullement question d’une « valeur » d’usage. Notons qu’en effet, même dans les mondes non marchands, toute chose peut être utilisée comme objet d’échange, même si l’échange est différé et affublé dans ce cas du nom de « don ». Polanyi donne comme définition d’une marchandise : « ce qui est produit en vue de la vente ». Ce qui caractérise le monde marchand c’est que tout y est produit en vue de la vente, même et surtout ce qui ne sert à rien. C’est dans ce monde que l’usage non particulier des objets mérite pleinement le nom d’« usage général » puisqu’il est devenu commun pour toutes les choses, non seulement commun mais obligatoire puisque tout ce qui est produit est produit pour la vente.

J’avais déjà signalé il y a longtemps que la prétendue valeur d’usage n’était autre que l’utilité. Mais je n’avais pas remarqué que l’échange, la vente, l’achat étaient aussi des usages fort utiles. Or il est une chose dont cet usage général est l’usage propre. Cette chose est l’argent. L’usage propre et l’usage général se confondent dans cette chose particulière (aujourd’hui totalement affranchie de l’or et de l’argent ce qui montre bien son caractère d’institution, de règle admise et suivie par tous). L’usage particulier (l’usage propre) de l’argent est son usage comme objet d’échange, c’est à dire son usage général. Voilà qui révèle la stupidité de l’expression « équivalent général » appliquée à l’argent. On y retrouve la même stupidité que dans « valeur d’usage » et « valeur d’échange ». Ce qui caractérise l’argent est que son usage particulier (son usage propre) est, pour les autres choses, l’usage général. Ce qui donne lieu aux remarques bouvardo-pécuchétiennes que l’argent ne saurait désaltérer le voyageur égaré dans le désert. C’est la preuve que l’argent est une institution. Dans le désert, il est sans effet tandis que l’eau demeure de l’eau. L’argent est puissance mais il n’est de l’eau en puissance que dans une société, dans le désert sa puissance s’est évaporée. Dans une société, quand on a soif, il suffit de commander une bière.

Chaque marchandise (c’est à dire toutes) s’échange, sauf rares exceptions, avec de l’argent. C’est là l’usage général de toute (chaque) marchandise. L’argent s’échange avec chaque marchandise (c’est à dire toutes indifféremment). C’est là l’usage propre de l’agent. Il s’ensuit donc que l’argent est l’objet d’usage général puisque son usage propre est l’usage général ; et non pas l’équivalent général, expression dénuée de sens, répétée à l’envie par les crétins d’économistes. L’argent n’est l’équivalent d’aucune marchandise, a) on ne peut ni le boire, ni le manger etc. ce qu’on peut faire avec certaines marchandises ; mais b) on peut l’échanger immédiatement et sans discussion avec n’importe quelle marchandise ce qu’est incapable de faire n’importe quelle marchandise, sauf rares exceptions. a) Aucune marchandise n’est l’équivalent de l’argent puisque l’on n’échange les marchandises qu’en vertu de leur usage propre (on échange de l’argent contre des chaussures parce que l’on a besoin de chaussures) d’une part et que, d’autre part, b) il est très difficile de troquer des chaussures contre un bifteck. Aucune marchandise ne peut s’échanger immédiatement et sans discussion avec une autre marchandise, ce que l’argent fait facilement. Enfin, dire de deux marchandises qu’elles sont équivalentes c’est dire soit a) que l’une peut remplacer l’autre dans leur usage propre (des espadrilles, des sabots, des sandales, des bottes et des chaussures), soit b) qu’elles ont le même prix, c’est à dire qu’elles sont liées par la relation d’équivalence « … a le même prix que … ». Or l’argent ne saurait avoir ni le même usage, ni le même prix que quoi que ce soit car a) on ne peut pas chausser des billets de banque ; b) le prix étant toujours de l’argent et jamais une marchandise quelconque, dire qu’un kilo de pain et 30 francs ont le même prix est une absurdité puisque dans ces conditions l’argent ne peut avoir de prix ; d’ailleurs, personne jamais ne le dit (d’ailleurs, dans ces conditions « le prix d l’argent » est l’intérêt d’un prêt). La relation entre une marchandise et l’argent n’est pas symétrique, elle ne peut donc être une relation d’équivalence puisque les relations d’équivalence sont symétriques. L’argent n’a de prix que sur le marché des devises où de l’argent s’échange contre de l’argent et où l’on cote le certain ou l’incertain ; c’est à dire, où c’est tantôt l’une des devises qui a un prix, tantôt l’autre. Je suppose que c’est le manque de symétrie de cette relation qui insidieusement a inspiré l’usage stupide de dire qu’un kilo de pain et 30 francs ont la même valeur quand il s’échangent, ou pire qu’ils s’échangent parce qu’ils ont la même valeur, la même vertu dormitive. Les crétins d’économistes ont écrit des milliers et des milliers de pages stupides et inutiles sur le sujet.

Le pain et l’argent s’échangent parce que sur l’étiquette est écrit : « ce pain peut s’échanger avec 30 francs sans la moindre discussion », point final. Pourquoi 30 francs ? Parce que toute chose dans ce monde ayant un prix, il est extrêmement facile de calculer le prix de revient par de simples additions pour les consommables et des règles de trois pour les amortissements et d’y ajouter le bénéfice qu’espère le boulanger. Il n’y a pas de mystère. L’élégante théorie de la rente de Ricardo suffit pour expliquer la variation des prix : si la population augmente, on devra mettre en culture des terres de moindre fertilité et les prix s’aligneront sur le prix de revient de la terre la moins fertile (la rente des terres les plus fertiles augmente donc et l’ancienne terre la moins fertile bénéficie d’une rente). Si la population diminue, c’est le contraire : on devra laisser en friche les terres les moins fertiles et les prix s’aligneront sur le prix de revient de la nouvelle terre la moins fertile qui perdra sa rente. Depuis une dizaine d’années vous pouvez constater le nombre d’usines qui retournent en friche à cause des époustouflants prix de revient chinois. Il n’y a pas besoin d’équations différentielles pour comprendre ça.

Jorion pose la question pertinente : comment Marx peut-il lire valeur là où il est écrit usage ? À quoi sert de savoir lire le grec dans ce cas ?  Si un aussi brillant esprit que Marx peut commettre ce genre d’erreur, le cas des perroquets qui vont répétant tarababoum, tarababoum, semble désespéré.

Paul Jorion

6 mars 2011 à 08:52

Marx a utilisé une traduction allemande de Bekker de 1831 de la Politique d’Aristote – c’est là qu’a été interpolé « valeur » là où le grec dit « usage » ( I, iii, 11-12) et non dans l’Éthique à Nicomaque où se trouve sa théorie de la formation du prix. La traduction allemande de Bekker faisait autorité de son temps, les Français et les Anglais s’y réfèrent aussi. Marx n’est manifestement pas allé lire le grec sans quoi il aurait noté la substitution. C’est parce que j’utilisais moi-même la traduction anglaise de Rackham où la confusion n’est pas faite que j’ai eu l’attention attirée sur l’absence d’un équivalent de « valeur » dans le texte d’Aristote (voir Le prix : 46-47).

Définition de l’esprit : l’esprit est l’usage général, l’esprit est l’utilité générale.

Définition de la communication : la communication est l’usage général, la communication est l’utilité générale.

Les choses deviennent très claires : aux pauvres, l’usage propre (moyennant enculage, vous ne voudriez pas qu’ils soient nourris à ne rien faire, comme l’est le bétail stricto sensu et comme l’était la vile multitude à Rome) ; aux riches, l’usage général. Ainsi, les vaches sont bien gardées. Pour les pauvres, l’usage général n’est qu’un moyen de l’usage propre ; pour les riches, au contraire, c’est l’usage propre qui n’est qu’un moyen de l’usage général. Comparez avec cette imbécillité de Debord qui dit que « la valeur d’usage » s’est mise au service de « la valeur d’échange ». Dans les sociétés non marchandes, l’usage propre est toujours au service de l’usage général. C’est le sens du bénédicité chez les chrétiens et des nombreux sacrifices de Xénophon, c’est le sens de la magie chez les sauvages. Dans les sociétés marchandes, c’est seulement pour les riches que l’usage propre est au service de l’usage général tandis que chez les pauvres, l’usage général est au service du misérable usage propre qu’est la subsistance du pauvre.

L’argent est toute marchandise en puissance. L’argent commande aux pauvres. La richesse est puissance dans les deux sens du terme. La richesse ne peut pas être un énorme tas de pommes de terre à cochons, ces pommes de terre qui ont tant manqué au Irlandais affamés il y a deux siècles. Pour l’instant, la puissance a émigré dans l’argent (aliénation de la richesse, l’argent est un alien).

L’utilitarisme n’est qu’une doctrine. Ce monde n’est donc pas utilitariste, il est utilitaire… seulement pour les pauvres qui n’ont que l’usage propre des marchandises, c’est la fameuse « consommation », tandis que les riches ont l’usage propre de l’argent. C’est beaucoup plus intéressant puisque l’usage propre de l’argent est l’usage général. Dans l’argent l’usage propre et l’usage général sont une seule et même chose (c’est la sainte communion). Ce prétendu « homme, imaginé tout orienté vers lui-même, et pour qui le monde n’est qu’un instrument de la satisfaction de ses seuls intérêts particuliers » (Dzimira, Décroissance et anti-utilitarisme) c’est le pauvre ! Les riches, eux, ne traitent que de l’utilité générale. C’est d’ailleurs leur alibi : que feriez vous sans nous, bandes de nazes. Comme d’habitude, l’idéologie présente le monde renversé. Seuls les pauvres se soucient de leurs seuls intérêts particuliers, très particuliers, très misérablement particuliers. L’hilare Messier s’exhibait sur la muraille de Chine ainsi que la pétasse Royale. Comme le dit si bien Fourquet, le commerce international est toujours politique. Les riches ont donc tout. Les pauvres n’ont rien. Bien fait !

Définition de la magie : les choses deviennent de plus en plus claires : chez les sauvages, l’usage propre et l’usage général sont confondus dans tout objet. Voici donc une définition de la magie. Le rôle et le but de la magie est de maintenir confondus l’usage propre et l’usage général dans tout objet. Lévy-Strauss remarque qu’un sauvage fabrique une pointe de flèche avec toutes les ressources de l’état de l’art et que pourtant il y adjoint de la magie comme si la technique ne suffisait pas. Et que non, la technique ne suffit pas, elle est vouée à l’usage propre. De même le jardinier des Trobriands qui a construit des haies d’épineux autour de son jardin jette par dessus un caillou pour éloigner les porcs, ce qui, par la même occasion, lui permet d’insulter ses voisins qui, ces cochons, laisseraient divaguer leurs porcs. Il n’y a pas de petits plaisirs. Déjà dans les religions, l’usage général s’est spécialisé et se cantonne à part du profane quoique les Grecs vécussent encore parmi les dieux. Ce n’était plus des trous de magie, mais des nymphes. Xénophon ne pouvait faire un pas sans sacrifier. Dieu est un alien. Enfin dans notre merveilleux monde moderne, il n’est plus qu’un seul objet où l’usage propre et l’usage général demeurent confondus, c’est l’argent ; c’est ce qui explique sa magie dans ce monde prétendument désenchanté. En lui, la magie est intacte : l’usage propre et l’usage général demeurent étroitement confondus. Vous comprenez la magie de l’argent désormais.

Voilà un facteur quantifiable auquel n’avait pas pensé Durkheim et qui permet de classer les sociétés. 

Définition de l’humanité : ainsi donc, le premier fait historique (c’est à dire humain) n’est pas comme l’écrit scandaleusement Marx en 1846, la production des moyens d’existence mais l’usage général. Là où il y a usage général, il y a humanité, là où il n’y a pas usage général, il n’y a pas humanité. L’humanité naît avec l’usage général. L’invention de l’humanité est l’invention de l’usage général. L’autre nom de l’usage général est… communication. Il y a humanité là où il y a communication. Les grrand singes communiquent, manifestement et ils ne sont pas les seuls. Et alors ? Qu’avez-vous contre les singes ?

 

● Les choses empirent semble-t-il : presque tout est indécidable ! par Jean-Paul Delahaye

La première série de résultats que C. Calude a obtenue avec Helmut Jürgensen, de l’Université d’Ontario au Canada, et M. Zimand, de l’Université de Townson aux États-Unis, a été mise au point et publiée en 1994. Elle signifie que pour tout système raisonnable de preuves et pour toute notion topologique « d’ensemble rare » adaptée aux considérations et aux objets de la logique, l’ensemble des formules vraies prouvables est un ensemble « rare » dans l’ensemble des formules vraies. L’indécidabilité est la règle majoritaire dans l’ensemble infini des formules vraies ; avec tout système raisonnable de preuves, les formules vraies démontrables sont une proportion négligeable des formules vraies. L’essentiel de ce qui est vrai est inaccessible. Non seulement tout système raisonnable de preuves est troué, mais typologiquement, un tel système n’est qu’un immense trou !

L’interprétation de cette découverte est incompatible avec l’idée que les mathématiciens se font de leur science. Le raisonnement mathématique permet certes de lier les vérités mathématiques – des axiomes (admis), on tire d’autres vérités (démontrées) grâce au travail de déduction –, mais les liens entre « peu d’hypothèses posées » et « beaucoup des vérités prouvées » sont ténus et partiels. Les mathématiciens sont fiers de leurs démonstrations, car ils croient qu’elles sont puissantes et générales et qu’elles constituent la méthode d’accès privilégiée aux vérités du monde abstrait. Le résultat sur la rareté des formules vraies démontrables indique que cette puissance est illusoire : à l’infini, les liens créés par le raisonnement mathématique sont d’une extrême inefficacité. Parmi les formules vraies qu’on aimerait capter dans un système de preuves, toutes, sauf une partie infinitésimale d’entre elles, sont indécidables. Le raisonnement mathématique n’établit pratiquement aucune déduction, sa puissance est une impression trompeuse résultant peut-être de ce que notre intérêt se limite au tout début de la liste infinie des formules vraies.

Le raisonnement n’est qu’une méthode limitée ne résolvant qu’une partie dérisoire du problème ! Les résultats de 1994 expriment une impuissance définitive du raisonnement mathématique. Notons que cette impuissance est démontrée par un raisonnement mathématique..., ce qui est un petit paradoxe !

(…)

Cette seconde série de rapports entre probabilités et incomplétude aggrave ce que Gödel et L. Levin indiquaient sur la difficulté d’accès à la vérité mathématique. Les résultats et conceptions de L. Levin impliquent que le monde des vérités mathématiques est inaccessible depuis notre monde réel, soumis aux lois de la physique qui ne nous permettront jamais autre chose que l’utilisation de systèmes gravement incomplets et impossibles à compléter. Les résultats découverts par C. Calude et ses collègues signifient, de plus, que ces systèmes incomplets dont nous sommes obligés de nous satisfaire ne donnent accès, dans chaque cas particulier, qu’à une partie infinitésimale du monde mathématique !

Autrement dit, les savants mathématiciens ont prouvé mathématiquement qu’ils étaient, essentiellement et contre leur gré, des… ignorants. Voilà qui est consolant pour les cancres. C’est avec un plaisir certain que j’ai appris que René Thom était nul en analyse. À part ça, René Thom avait une sympathique tête de parachutiste.

● La chute de la maison Hilbert Jean-Yves Girard « Ce qui restera l’acquis principal du travail de Gödel, c’est la distinction entre vérité et prouvabilité. Qu’il y ait une différence a priori entre les deux va de soi : ce n’est parce qu’il est vivant que le colonel Chabert peut le prouver. » Vérité ≠ Prouvabilité. 

  

Physique quantique et réalisme scientifique par Quentin Ruyant (at Jorion's) →  

     

Ce qui n’est pas attendu est interdit

      Agir de soi-même →  

    À propos de V. Descombes, Le complément de sujet       

par Alain Ehrenberg  [zAttente]      

Version HTML      

L’action faite de soi-même n’implique nullement la référence à une intériorité, à un Soi qui se serait substitué à Dieu. Si les croyances typiquement individualistes en l’autofondation (« L’invention de soi ») correspondaient à la réalité de la vie sociale, elles rendraient la société invivable (imaginez-vous dans la situation de devoir vous inventer tous les jours !). Pour comprendre l’autonomie, la philosophie du sujet nous illusionne, car elle ne permet pas de situer l’action autonome dans des « degrés de l’agir » et de comprendre que l’idéal de « Devenir soi-même » (titre du chapitre XXV) signifie que, dans un nombre de situations considérables (dans le travail, la famille, l’école, la réinsertion, la maladie, etc.), le style d’action qui a la plus grande valeur est celui où le patient du changement en est en même temps l’agent. L’action faite de soi-même est celle que l’opinion commune attend et qu’elle [l’action ou l’opinion ?] respecte au plus haut point : sa dignité s’impose à chacun. 

● Tout ce qui n’est pas attendu est malvenu On ne voit que ce qu’on s’attend à voir. J’ai fait de belles expériences sur la chose, il y a cinquante ans, sur le terrain (la ligne n° 4 du métropolitain). Si vous tentiez de faire une telle expérience aujourd’hui, vous seriez immédiatement abattu d’une balle dans la tête par un policier surentraîné, ce qui est arrivé à ce malheureux qui prit la liberté de courir dans le métro de Londres. À l’époque, la France était douce. Le but de l’expérience était de savoir si tout cela marchait grâce à la crainte du gendarme (je connaissais la réponse pour la crainte du gendarme puisque je venais de passer brillamment l’épreuve sans difficultés après quelques courses-poursuites qui m’amenèrent en prison. Je puis vous dire que c’est très facile, sans difficulté particulière). La réponse est non : simplement tout ce qui n’est pas attendu est malvenu. « L’action faite de soi-même est celle que l’opinion commune attend et qu’elle [qui ? l’action ou l’opinion ?] respecte au plus haut point : sa dignité s’impose à chacun. » (Ehrenberg) Chacun attend de chacun un comportement digne. C’est pourquoi je tenais dans le wagon du métro en marche un comportement inattendu, c’est à dire indigne et j’en étudiais la difficulté (c’était plus difficile que de provoquer les gendarmes). J’avais pris toutes les précautions. À cette époque, il y avait encore des poinçonneurs et des chefs de station. J’avais donc prévenu lesdits chefs sur une dizaine de station. Un jour je racontais ce que je faisais aux copains et copines du quartier qui trouvèrent ça rigolo et me demandèrent de m’accompagner. Ils se tinrent à l’une des extrémités du wagon. Et là, surprise, la chose devint facile, la difficulté était celle de garder son sérieux et de ne pas céder au fou rire. J’étais même mécontent car cela m’empêchait d’étudier la difficulté. Or, sans le savoir, j’avais adopté une conduite scientifique impeccable selon Bacon : changer un seul paramètre toutes choses égales par ailleurs, ce qui allait me conduire à la solution du problème. Je mis des années à comprendre ce qui s’était passé. Il y avait peut-être trois filles et un garçon. Je ne pouvais pas considérer cela comme des gardes du corps, il  y avait donc une autre raison. Je compris donc, longtemps après, que la seule explication à cette facilité surprenante était que ce que j’allais faire était attendu par ce petit groupe.

● L’obéissance des autres contraint chacun à se soumettre à l’obéissance C’est l’auto coercition des foules, des masses, des multitudes. La règle est la séparation. Seuls parmi tous, qui tous font la même chose, que voulez vous qu’ils fassent. Évidemment, selon la propagande « Nous vivons aujourd’hui dans un contexte où les mots autonomie, responsabilité, initiative individuelle, épanouissement personnel, droit de disposer de son propre corps, etc., sont les références principales de la vie sociale. » alors qu’il y a seulement grouillement d’enculés, d’enculistes et, sur le mont Olympe, d’enculeurs. Il s’agit bien de mots et seulement de mots.  

 

    

Révision, feignants

      

    Des faits économiques →    

 

[1] Mais en quoi la découverte de l’inexistence de l’économie est-elle si importante?

[2] Si tous les faits économiques ne forment pas "l’économie" mais autre chose — qui n’est pas un mensonge, une idéologie — alors quoi ?

[3] D’autre part, la portée de cette découverte me semble devoir être relativisée. Car quand bien même l’économie n’existerait pas, cela n’empêche pas les faits économiques, eux, d’exister durement. Comment Voyer baptise-t-il une délocalisation, par exemple ? Est-ce que la baisse du pouvoir d’achat constitue un fait économique ? La marchandise est-elle oui ou non du temps de travail social moyen cristallisé dans un objet, et dont la valeur se sert de la valeur d’usage pour être valorisée ?

[4] Autre question : quel est le sens d’une science de l’humanité, qui reste à fonder si j’ai bien lu Voyer ?

Miss Kalhydre sur le Debordel le 7 février 2005

[J’avais déjà répondu par avance ici aux points 1 et 2]

1. La découverte de l’inexistence de l’économie est une découverte négative. Elle ne dit pas ce qui est, elle dit ce qui n’est pas. C’est là son seul mérite et c’est déjà beaucoup dans un monde virtualiste qui nous accable d’inexistences, dans cette merveilleuse civilisation qui chie partout. Rien n’a jamais empêché personne de le faire à ma place, mais rien est le pire ennemi qui soit. Il est insaisissable [Bolzano dit que la représentation « rien » est la plus étonnante qui soit car elle n’a aucun objet : la représentation rien ne représente rien (2013)]. L’ambition de cette découverte est justement d’aider à la découverte de ce qui a lieu, parce que manifestement quelque chose a lieu (quoique Berkeley soutînt que non et, ce qui mettait Leibniz en rage, il avait réponse à tout, on ne pouvait jamais le prendre en défaut, et Leibniz n’était pas n’importe qui). Si ce n’est pas l’économie c’est donc autre chose, effectivement. Là est la question. Rien ne vous empêche de vous y atteler. J’ai oublié la phrase célèbre de Marx qui dit en substance que les idées sur le monde ne sauraient aller au-delà du monde mais seulement au-delà des idées sur le monde. L’ambition de cette découverte est de susciter et de permettre de nouvelles idées. Elle n’a rien des rodomontades à la Debord qui plaisent tant aux virtualistes.

2. Erreur : tous les faits économiques forment bien l’économie. Selon des dictionnaires : l’économie est l’ensemble des faits… bla bla bla, en fait l’ensemble des faits dits économiques. Simplement, de même que l’ensemble des arbres d’une forêt n’est pas une partie de la forêt (Descombes, Les Individus collectifs, 1992. Frege : ne pas confondre l’ensemble des arbres d’une forêt et la forêt), l’ensemble des faits économiques n’est pas une partie de la société. Un ensemble de ce que vous voudrez ne peut être partie que d’un autre ensemble. [un ensemble de fait n’est pas un fait tandis qu’un système de faits est un fait ; mais un système que l’on ne peut décrire n’est aucun système (2013)] Point final. De même, la population française est soit le nombre, soit l’ensemble des Français, le nombre étant le cardinal de l’ensemble. Ainsi, la population française n’est pas une partie de la France, ce que je disais déjà dans ma Critique de la raison impure commencée en septembre 2000 et ce que Marx tente de dire dans Grundrisse. Voilà une proposition plus forte, parce que beaucoup plus précise, que : « L’économie n’existe pas ». La moindre branche du moindre arbre, à titre de partie de cet arbre, lui-même partie de la forêt, cette branche donc, est une partie de la forêt. L’ensemble des arbres de la forêt n’est pas une partie de la forêt. Le moindre franchouillard, le moindre village, sont des parties de la France, mais la population de la France n’est pas une partie de la France. Étonnant, non ? Vous n’aviez jamais pensé à ça ? Moi non plus. Il est formidable ce Descombes. Voilà de l’idéologie délirante, diraient les petits cons et avortons situ-gauchistes qui ont la science infuse (comme les petits cons maoïstes de l’ENS en 1968). C’est seulement de la logique. Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Voici maintenant la différence entre une nation et une forêt : les hommes d’une nation peuvent vivre ensemble, les arbres d’une forêt ne le peuvent pas (Descombes, encore, à moins que ce ne soit Lewis ou Barwise). L’ensemble des Français n’est pas une partie de la France, mais les Français vivent ensemble, ce que ne peuvent faire les arbres d’une forêt. En 1963, je fus choqué que Marx, malgré ses principes hégéliens affichés (le tout est le vrai, seul le tout a lieu), prétendît qu’une partie de la société pouvait être le fondement de la société. Cela me conduisit, treize ans plus tard, à la proposition radicale que l’économie n’était aucune partie de la société (je ne formulais pas cela en ces termes à l’époque, évidemment). Je fonde ma preuve de l’inexistence de l’économie (sa non existence à titre de partie de la société, partie de la vie en société) sur Frege et Descombes. Si vous voulez contester ma preuve il vous faudra donc contester Frege et Descombes. Cela répond aussi à la question : que doit être une science de l’humanité, que doit être une science de ce qui a lieu ? Une science de l’humanité doit être une science des parties (honteuses), une science de la société dit Mauss.

3. Les faits sont des état des choses. Les faits sont un résultat. Un fait est ce qui a eu lieu, ce qui est le cas, ce qui est arrivé. Tout fait est un fait accompli. « Fait accompli » est un pléonasme. Les juristes disent « voie de fait » et non pas « voie de fait accompli ». Selon Frege, un fait est une pensée vraie. Pour ces deux raisons, les faits ne font rien. A fortiori donc l’ensemble des faits. Exemple de fait : « La Lune est tombée sur la Terre ». Fort heureusement, le sens de cette phrase (une pensée selon Frege) est fausse, la phrase dénote le faux. Ouf ! Mais si c’était le cas, ce n’est pas le fait qui serait dur, mais la Lune et la gravitation. C’est la Lune la fautive. Le fait ne fait rien. C’est un fait que Napoléon a gagné la bataille d’Austerlitz. Mais ce n’est pas le fait qui a gagné, c’est Napoléon et sa vaillante armée fanatisée. Autre exemple de fait : « La Lune s’éloigne de la terre de quelques centimètres par an ». Ce fait est un résultat. Ce qui est important c’est de savoir pourquoi la Lune s’éloigne de la Terre. Pour le savoir, lisez le Dr Petit, il sait tout. De même, ce qui importe pour les faits classés « économiques » par les économistes, c’est de savoir ce qui les provoque et les permet et qui n’est ni l’économie, ni la gravitation. Ce qui est dur, ce n’est pas les faits économiques mais ce qui les provoque et les permet. Ce qui les provoque et les permet n’est ni économique, ni gravitationnel et demeure strictement inconnu à ce jour. Il faut appeler une délocalisation une délocalisation et ce qui est cause de dureté dans ce cas est parfaitement connu et empalable. Dire qu’elle est un fait économique n’ajoute absolument rien au fait, ni à sa connaissance. Autant ajouter Inch Allah. Je l’ai déjà dit : vous pouvez enlever l’adjectif économique partout où il paraît, le sens de la phrase ne change pas ou bien vous pouvez, grâce à une modification mineure de la phrase, éliminer l’adjectif économique, partout. Écrire l’adjectif économique est seulement un acte de prosélytisme, souvent inconscient, simple signe de soumission, la trace du collier de la fable Le Chien et le loup. Viens dans ma chapelle que je t’encule. Regarde mon beau virtualisme tout neuf. D’ailleurs, une délocalisation n’est pas un fait avant qu’elle ne soit accomplie, mais un acte qui requiert un motif (encore Descombes, c’est là la différence avec la Lune qui n’aurait, si elle tombait sur la Terre, aucun motif de le faire). Elle devient un fait quand elle est accomplie. Ensuite de donner au fait ou à l’acte le sobriquet « économique » n’ajoute rien, ni aux faits, ni aux actes. Comme le dit très bien Fourquet : c’est un classement, c’est tout. Comme le dit encore Fourquet (le surintendant Fourquet), pour s’en scandaliser, les faits économiques sont dits économiques parce que la prétendue science économique prétend les étudier. La science économique ne fait que peindre du gris sur des faits gris dirait Hegel. De même le classement des animaux n’ajoute rien aux animaux qui ne deviennent pas pour autant « zoologiques » et le classement des cartes à jouer ne fait ni froid ni chaud aux cartes qui ne deviennent pas pour autant « taxinomiques ». Tandis que la qualification de certains faits de « météorologiques » indique que ces faits ont lieu dans le ciel, la qualification d’ « économiques » n’indique pas que des faits ont lieu « dans l’économie » comme le prétendent les virtualistes mais seulement qu’ils sont étudiés par la « science économique ». L’économie n’étant pas une partie du monde, aucun fait, fut-il qualifié d’« économique », ne peut avoir lieu dans l’économie. Les faits ont lieu dans le monde, ils sont parties du monde. La prétendue science économique ne fait, pour des raisons qui lui sont propres et dont je ne parlerai pas ici, que mettre son estampille (comme Bernard Lévy, la mouche du coche des charniers de Sarajevo) sur des faits du monde. Les faits économiques sont des faits du monde avant que d’être estampillés « faits économiques ». Si les faits avaient lieu dans l’économie, ils n’auraient plus lieu dans le monde puisque l’économie n’est pas une partie du monde. De même, quand une forêt brûle totalement, ce n’est pas l’ensemble des arbres qui brûle car un ensemble de peut pas brûler. C’est aussi simple que cela. Ajouter le sobriquet « économique » c’est faire ce que faisait Eschyle aux enfers ajoutant « et il perdit une petite fiole » aux vers d’Euripide afin de jeter la confusion. Dans ce monde virtualiste, on vit il y a peu un nègre américaniste agiter une petite fiole à la tribune de l’ONU dans le but de jeter le trouble, opération parfaitement réussie (le but des américanistes est la confusion, donc quand ils ratent, ils réussissent. C’est la théorie de la perfect storm). C’est un procédé vieux comme le monde. La « science économique » est l’idéologie chérie des virtualistes qui causent dans le poste d’un ton péremptoire. La réalité est le principal adversaire des virtualistes. Le but d’une science de l’humanité est de connaître ce qui se meut en lui-même, pour parler comme Hegel, dont la profondeur est infinie (comme dans la monadologie, tous les éléments se manifestent dans chaque élément sans exception, c’est une sorte d’application interne — la totalité se supprime comme apparence en direction de l’immédiateté de l’individu — qui constitue le tout en tout concret), et qui permet les états des choses (choses sociales dans ce cas). Dans quoi ont lieu les faits ? De quoi sont les faits ? Ces questions sont encore sans réponse.

Résumé : celui ou  celle qui dit « fait économique » ne fait que dire « fait ». Celui ou celle qui dit « Il y a des faits économiques » ne fait que dire « Il y a des faits ». Quelle surprise ! Il y a des faits. Oui et alors ? Il n’y a de faits que sociaux. Qualifier certains d’entre eux d’« économiques » n’ajoute rien à ces faits mais retranche, cela dans un but, souvent atteint, que je ne traiterai pas ici. Comme dit si bien le surintendant Fourquet, ce n’est qu’un classement.

Les individus collectifs concrets ne sont pas, comme les individus collectifs pensés, telle l’économie, des ensembles. Que sont-ils ? Là est la question. Toute suggestion sera la bienvenue. Pour ma part, je n’ai réussi qu’à dire ce qu’il ne sont pas. Je suis heureux de constater que je ne suis plus seul à le faire.

*

*     *

La valeur, l’argent, sont des institutions. Il ne sert à rien de qualifier ces institutions d’« économiques », leur connaissance demeure toujours notable quantité d’importance nulle. Autant les qualifier de petites fioles. Sainte-Hélène, petite fiole ! Cependant, cette qualification n’est pas innocente, mais je ne traiterai pas ce problème ici. Les institutions ne sont pas des ensembles de faits et jamais un ensemble de faits ne fit une institution. L’économie n’est aucune institution, l’économie est seulement une classe de faits. Une classe de faits n’est aucune partie de la société, aucune partie de la vie en société. Il n’y a pas de vie économique, mais présentement, esclavage, prostitution et domesticité réciproque des prostitués, ce que Hegel, toujours bien inspiré nomma système des besoins, ou société bourgeoise (« Bürger als bourgeois » § 190, Philosophie du droit et non pas als citoyens. Chez les bourgeois — y compris les idem-mondialistes — on ne tire la chasse d’eau que pour les gros besoins. Quelle élévation d’esprit) Pour la première fois dans l’histoire, la présente société est un système des besoins. Avant 1800, il n’y eut jamais dans le monde de système des besoins : en 1800, l’idée des besoins (pluriel, apparition dans ce sens : 1665) était une idée neuve en Europe. « Avoir des besoins » est une caractéristique de l’esclave, prostitué et domestique réciproque moderne et de lui seul. Ni le serf, ni le seigneur, ni le sauvage n’avaient de besoins ; pourtant ils mangeaient, buvaient, chiaient et pissaient comme tout le monde. Cela donne envie de bombarder. Les jeunes gens nègres et bougnoules des banlieues à qui cette société ne donna pas l’immense chance d’être un esclave prostitué domestique réciproque sont donc… libres, liberté brute, évidemment, raw freedom, liberté à l’état naissant, désordre créatif. La liberté brute est brutale, que voulez-vous. Allo, maman bobo ! Je suis persuadé qu’ils apprécient leur chance. J’ai dû lutter âprement pour être libre. J’ai dû refuser toutes les merveilleuses chances qui me furent offertes (aujourd’hui, je regrette seulement de ne pas lire le grec et l’allemand. Je trouve absolument scandaleux que l’on fasse des études pour croûter. C’est insulter la sainteté de l’esprit. Il n’est pire salaud que le si vil innocent). Eux se sont seulement donné la peine de naître nègre ou bougnoule en banlieue. Après cela, vous vous étonnez qu’ils tapent la multitude des petits cons de lycéens Jospin vagissants, nés soumis, qui vivront soumis et mourront soumis, esclaves, prostitués et domestiques réciproques [ Turgot : « besoins réciproques » ] et qui vont bientôt veauter pantalon, caleçon ou culotte.

La tentative qui eut lieu dans la Russie dite soviétique ne fut rien moins qu’une tentative pour prendre en main la prétendue institution « économie ». La suite a démontré parfaitement que l’on ne peut pas prendre en main l’économie parce que l’économie n’est pas une institution. On peut prendre en main une institution, on ne peut pas prendre en main les faits d’une classe de faits qui sont, fondamentalement, sans rapport entre eux, sans rapport autre que le classement qui leur a été infligé par les virtualistes. Leurs rapports effectifs sont ailleurs, dans le reste du tout qui a été négligé. Si l’on classe des faits interdépendants (dans un but que je ne traiterai pas ici), ils demeurent interdépendants, mais ils ne sont pas interdépendants parce qu’on les classe mais parce qu’ils étaient déjà interdépendants avant le classement. Ce faisant, on perd de vue la raison de leur interdépendance. C’est le virtualisme. Les Russkofs ont appris à leurs dépens que l’on ne peut pas organiser les faits d’une classe de faits. Marx a poussé à son extrême la stupidité du crétin complet Say (ce n’est même pas lui l’inventeur du sucre de betterave pendant le blocus continental, c’est Vauquelin propriétaire du magnifique château des Giberville, 1609, rue Cateline — Catherine, scarlet empress —). Le marxiste radical Lénine a fait le reste (notez cependant qu’il s’apprêtait à faire le Chinois d’aujourd’hui (la NEP) avant que de mourir. La mort de Lénine fut certainement un malheur pour l’humanité, lui seul était capable, alors, de réparer le mal qu’il avait fait. Pas de chance, n’est-ce pas ? La réalité se venge toujours cruellement. La réalité réside dans le tout. La réalité est l’ennemie des virtualistes, qu’ils soient russes hier ou américains aujourd’hui ; chacun son tour. La colonel Poutine est un véritable real politiker, les Russes ont bien de la chance, et peut-être le monde aussi. L’élégant président Armani Nedjad sourit dans sa barbe.

      

Une discussion sur le Debord Off →  

● A propos d’une contradiction de M. Voyer

● Dr Welfaust a-t-il des couilles ?

● Voyer dans le texte

● L’économie est une pensée. Toute pensée existe. L’économie existe

Un déluge de conneries

● Plaidoyer pour l’existence de l’économie

Économie

● Je me demande parfois s'il est souhaitable de répondre à tant de sottises

 

Qui est Pascal Lamy ? Par la revue Faits & Documents →  

   

Les activistes du « printemps » arabe et le lobby pro-israélien de Ahmed Bensaada → 

  

Volonté générale ou délibération ? par Bernard Manin →  
Version avec grandes marges →  

  

Comment M. Summers ouvrit les vannes de l’abus financier par W. Engdahl →  

   

Mind, esprit, psychologie par Sandra Laugier →  

  

Le golpe subreptice par Simon Johnson →  

   

  

  

Notes de Heil Myself !

La première proposition a valeur de définition. « La nation est le groupe politique conçu comme une collection d’individus et c’est en même temps, en relation avec les autres nations, l’individu politique. » Elle est incontestable et n’appelle, à ce stade, aucun commentaire ♦

♦ En tout cas, voici un commentaire qui conteste cette proposition : un groupe, dans le monde, n’est pas une collection mais une collectivité. Une collection, dans le monde, est l’œuvre d’un collectionneur. Les composants d’une collection n’entretiennent aucune relation entre eux, ni avec leur totalité. Seul le collectionneur et les visiteurs de la collection entretiennent des relations avec les composants et avec leur totalité. La collection ne dépend pas de ses composants mais du collectionneur et des visiteurs. La collectivité dépend d’elle-même et de ses composants qui dépendent d’eux mêmes et de leur totalité. La collectivité habite chaque individu qui la composent, en permanence. La collectivité est l’eucharistie qui séjourne dans le tabernacle de chaque individu qui la compose. Plus religieux, tu meurs. Le principe transcendant n’est autre que la présence perpétuelle de la collectivité dans les tabernacles.

Si la Nation a bien ces propriétés, la principale différence entre sociétés individualistes et sociétés holistes serait donc, semble-t-il, que les premières sont indivisibles et d’un seul tenant, et les secondes, composées de parties équivalentes ou analogues au tout ♦ ; ou, pour dire les choses en vocabulaire ensembliste, que les premières ont pour seuls éléments des individus, alors que les secondes peuvent avoir pour éléments des ensembles d’individus. ♦♦

♦ FONDAMENTAL : Toute société comprend des parties, mais ces parties ne sont ni équivalentes, ni analogues au tout : elle sont de même classe que le tout. Autrement dit : les parties d’une certaine collectivité sont  des collectivités [Bolzano, inventeur des ensembles infinis : est infini tout ensemble dont une partie est de même puissance que l’ensemble ; tout ensemble où l’on peut faire une bijection entre les éléments d’une partie et les éléments du tout].

♦♦ Certes, un ensemble peut être soit un élément d’un autre ensemble, soit une partie d’un autre ensemble ; mais un élément d’un ensemble ne peut être une partie de cet ensemble et une partie d’un ensemble ne peut être un élément de cet ensemble. 

Mais, non, les parties d’une collectivité ne sont pas des ensembles mais des collectivités. De même qu’une forêt n’est pas un ensemble d’arbres, un ensemble d’arbre ne peut pas être une forêt, ni un bois, ni un bosquet, ni un bouquet. De même pour un tas de cailloux et un ensemble de cailloux. Un tas de cailloux « obéit » aux lois de la physique, un ensemble de cailloux, non (Frege). 

Aussi furieusement individualiste que se prétende une société par la voix de ses zelées zélites zélotes, elle ne peut pas ne pas avoir de parties, elle ne peut pas ne pas avoir pour parties des collectivités. Une société composée d’individus, ça n’existe pas, même dans le cas des groupes sauvages. La collectivité y est représentée par son chef qui lui est totalement dévoué, sinon, il est déposé. Elle siège donc dans elle-même. C’est une eucharistie permanente.

Selon Frege, un ensemble ne consiste pas dans ses éléments mais dans son expression conceptuelle (dite concept par abréviation). Une société ne consiste pas dans ses individus, elle habite ses individus. La ville de Lyon habite ses habitants. Aucun individu n’est à lui seul une partie de la société (pas même Robinson sur son île). De même que ce soit non pas l’élément mais son singulet (ensemble à un seul élément) qui est partie de l’ensemble, ce n’est pas l’individu qui peut être partie de la société mais les collectivités desquelles il dépend.

   


La religion réformée, c’est la privatisation de la religion ♫

C’est à dire le prétendu individualisme (le vrai selon la vieille merde Hayek)
c’est à dire le conformisme revendicatif et lyncheur

Suivant le conseil de M. AMG, je lis, ce week-end [en 2008], le texte de Scubla où je trouve cette merveilleuse définition de la religion réformée : « La religion est ainsi réduite à une affaire d’opinion, de croyance subjective, et cette conception est devenue une idée directrice de la conscience moderne [non seulement de la conscience moderne mais des bombardements modernes] » Nous reconnaissons là nos amis américains issus de la lie anglaise. Cette opinion, cette croyance subjective et cette conception, sont devenues une idée directrice de la conscience et du bombardement moderne (cf l’homme au sac de riz sur l’épaule et qui pénètre ainsi dans le con si large de sa femme) ; et la définition du prétendu individualisme (le vrai individualisme selon la vieille merde Hayek) qui ne se sent plus pisser ni bombarder.

 

La démocratie est-elle enchaînée face à la finance ? par Paul Jorion →  

  

           Non ! Adam Smith n’est pas le précurseur du néo-libéralisme par Jean Dellemotte →  

La main invisible dans la culotte d’un zouave. Enfin !

 

L’entité atlantique…

 8 juillet 2013

 

Toutes ces révélations confirment la transformation des « démocraties occidentales » en quelque chose d’autre, une entité qui n’a pas encore reçu de nom.

 

La servilité des satellites (Counterpunch)

Diana Johnstone

 

L’affaire Snowden a été encore plus révélatrice sur l’Europe que sur les États-Unis.

Certes, les faits d’espionnage de la NSA sont importants. Mais beaucoup de gens se doutaient de quelque chose dans ce genre. Le refus de la France, de l’Italie et du Portugal d’autoriser l’avion privé du président de la Bolivie de traverser leur espace aérien sur le simple soupçon que Edward Snowden pouvait se trouver à bord est un peu plus étonnant.

Ensemble, toutes ces révélations confirment l’achèvement de la transformation des « démocraties occidentales » en quelque chose d’autre, une entité qui n’a pas encore reçu de nom.

L’outrage fait au président bolivien a confirmé que cette entité transatlantique n’a absolument aucun respect pour le droit international, même si ses dirigeants s’y référent lorsque cela leur convient. Mais respecter ce droit ou se laisser entraver par lui d’une manière quelconque ? Certainement pas.

Et ce mépris de la loi est lié à un changement institutionnel plus fondamental : la destruction de la démocratie réelle au niveau national. Aux États-Unis, cela a été accompli par le pouvoir de l’argent, où les candidats sont comparables aux chevaux de course appartenant à des milliardaires. En Europe, ce fut l’oeuvre de l’Union européenne, dont la bureaucratie a progressivement repris les fonctions économiques essentielles des États indépendants, délégant aux gouvernements nationaux la tâche de concocter d’énormes controverses autour des questions de vie privée, telles que le mariage, tandis que la politique socio-économique se voit dictée par la Commission européenne à Bruxelles.

Mais derrière cette Commission, et derrière le jeu électoral américain, se trouve le pouvoir anonyme identique qui dicte ses volontés à cette entité transatlantique : le capital financier.

Ce pouvoir devrait être officiellement étendu dans un proche avenir par la création d’une zone de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis. Cette évolution est le résultat de la soi-disant « construction européenne » qui depuis plusieurs décennies a transféré des compétences des États européens souverains à l’UE, qui à son tour va transférer ses pouvoirs à des institutions transatlantiques, le tout sous le contrôle décisif des « Marchés » – euphémisme pour désigner le capital financier.

Les citoyens ne sont informés de la dernière étape de ce processus de dé-démocratisation en cours que lorsque cette dernière est déjà bien engagée. Le résultat est un fossé toujours plus large entre d’un côté "la classe politique", qui comprend à la fois les hommes politiques et les médias de masse, et de l’autre côté la population en général. La principale tâche encore dévolue à la classe politique est de divertir la population avec l’illusion qu’elle vit toujours dans une démocratie, et que les représentants qu’elle élit agissent dans ses intérêts.

Lorsqu’un événement tel que l’affaire grotesque de l’avion présidentiel bolivien survient et expose la servilité des fonctionnaires du pays, on peut compter sur les grands médias pour le balayer sous le tapis. La télévision française a largement ignoré l’événement - une négligence facilitée par le récent soulèvement en Egypte. Un seul grand événement international par jour est considéré suffisant pour un public dont le régime « informationnel » de base est centré sur la météo, les sports et les crimes sexuels.

Pour mesurer l’ampleur de la reddition de l’indépendance française au cours des dernières décennies, on peut rappeler que dans les années 1970, le gouvernement de centre droit du Président Valéry Giscard d’Estaing avait facilement accordé l’asile aux Black Panthers fuyant les États-Unis. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur d’un gouvernement soi-disant de « centre gauche » exclut d’accorder l’asile à tout citoyen des États-Unis, au motif que les États-Unis sont un pays « ami », une « démocratie » avec un système judiciaire indépendant.

En Allemagne, la propagande anticommuniste ayant eu recours aux dénonciations constantes des indiscrétions de la Stasi pour enterrer tout souvenir des avantages perdus du régime est-allemand, comme le plein emploi, la garde des enfants et l’égalité sociale pour les femmes, les révélations sur l’espionnage de la NSA ne pouvaient être ignorées. Même les dirigeants politiques en Allemagne semblaient sincèrement indignés.

En France, les dirigeants politiques ont murmuré quelques vagues désapprobations et rapidement changé de sujet. Et dans le cas où on daignait mentionner cet incident, la ligne officielle était qu’il n’y avait pas lieu de faire un grand tapage à propos de pratiques que nous, les grandes puissances sophistiquées, connaissons de toute façon et pratiquons nous-mêmes.

L’auto-incrimination béate « nous aussi, nous le faisons » est une façon d’affirmer que la France est toujours une grande puissance malfaisante, et non un simple satellite des États-Unis.

Lors d’une interview télévisée hier, on a montré au ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius une vidéo du président Obama se référant à plusieurs reprises au président français François Hollande comme "président Houlon". Fabius a rapidement changé de sujet pour louer le rôle important de la France dans la promotion de la guerre en Syrie. Le fait que le président français est considéré comme tellement insignifiant qu’Obama n’a pas besoin de s’embêter à apprendre son nom ne méritait pas d’être relevé.

Le mépris d’Obama pour Hollande, le mépris de Hollande pour le Président de la Bolivie, illustrent bien ce nouvel ordre mondial gouverné non par des préoccupations humaines, mais par « les marchés ». Ce n’est pas que les marchés donnent des ordres directs sur ces sujets. Mais la réduction du gouvernement à la "gouvernance" dont la fonction principale est de faire taire la populace pendant que les institutions, les lois et les forces armées poursuivent la tâche de rendre le monde plus sûr pour les capitaux d’investissement afin de récolter le maximum de profits, rend l’humain hors jeu et la politique devient un exercice vide dans la conformité.

L’explication d’une telle reddition réside dans l’idéologie qui a dominé l’Europe, et peut-être surtout la France, au cours du dernier demi-siècle. Une interprétation particulière de l’histoire du milieu du XXe siècle a sapé la confiance dans la souveraineté populaire, accusée (à tort) de conduire au « totalitarisme ». Cette idéologie a préparé les élites à abdiquer en faveur des institutions techniques et des « marchés » qui semblent innocents de tout péché politique. La puissance du capital financier et de son champion américain est moins la cause que le résultat de cette abdication politique.

C’est la seule chose qui puisse expliquer la ruée extraordinaire des gouvernements européens à obéir au moindre caprice du maître américain, à la veille des négociations pour une zone de libre-échange transatlantique que les dirigeants européens vont présenter à leurs populations comme une compensation pour la destruction continue du modèle de protection sociale européenne. Les principes, la décence diplomatique, Edward Snowden, doivent tous être sacrifiés à cette dernière tentative désespérée de mettre l’Europe hors de la portée de l’influence de son peuple.

Quelques commentateurs sont allés jusqu’à suggérer qu’Edward Snowden serait une sorte de coup monté, soi-disant pour montrer aux gens que le gouvernement américain est tout-puissant. L’affront fait au président bolivien en est une illustration même plus frappante. Mais à long terme, la prise de conscience de la portée de ce pouvoir est la première étape vers la libération.

 

Diana Johnstone

 

Traduction « un jour ils refuseront l’asile à la démocratie » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

* http://www.counterpunch.org/2013/07/05/the-servility-of-the-satellites/

* http://www.legrandsoir.info/la-servilite-des-satellites-counterpunch.html

  

Alain Supiot. Grandeur et misère de l’État social par Bernard Gensane →  

   

Dans ce fort ouvrage, l’auteur expliquait en quoi le nouvel ordre économique mondial avait quelque chose de fasciste. Il citait Hitler, pour qui « Les richesses, par la vertu d’une loi immanente, appartiennent à celui qui les conquiert. Ceci est conforme aux lois de la nature. » Mais, dans le même temps, il rappelait que les démocraties parlementaires ne pouvaient être dédouanées. L’Exposition universelle de Chicago en 1933 s’ouvrait sous l’égide du slogan : « La science trouve, l’industrie applique, l’homme s’adapte. » Si l’individu ne s’adaptait pas, il était dégraissé, purgé, considéré comme une maladie parasitaire. Supiot terminait son ouvrage par une analyse de cette plaie du XXIe siècle, le nouvel individualisme identitaire : « Ceux qui sentent le sol institutionnel se dérober sous leurs pieds cherchent appui ailleurs : dans l’affirmation ostentatoire de leur religion, de la couleur de leur peau, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Cette montée des revendications identitaires éclipse les causes socio-économiques de l’injustice sociale. La question de l’injustice est ainsi déplacée du terrain de l’avoir vers celui de l’être, du terrain du savoir vers celui du paraître. [page 100] » Selon une formule frappante de l’auteur, la « loi pour soi » est devenue le « soi pour loi ».

(…)

Une des thèses de Supiot est que, lorsque le droit social disparaît, la solidarité s’évanouit. Alors, les travailleurs ont tôt fait de se tromper d’adversaires : « Les massacres déments de la première moitié du XXe siècle ont montré ce qu’il advient lorsqu’une paupérisation massive est imputé à des boucs émissaires, et nourrit la haine de l’autre : haine nationale ou raciale, haine de classe ou haine religieuse. » On comprend que la déclaration de Philadelphie de 1944 ait stipulé qu’« il n’est pas de paix durable sans justice sociale ».

 

Les horreurs de Husserl dévoilées (C’est un pandémonium) →  

 

   Gaza : un mensonge convenu   

Pourquoi Israël devient un État paria

Gaza : un mensonge convenu

Par Karen English

CounterPunch, le 14 mai 2013

Article original : "Gaza: a Lie Agreed Upon"

 

En Nouvelle Guinée, il existe un mot pour une vérité que tout le monde connaît mais que personne n’exprime : Mokita. Dans le discours officiel entourant la Palestine – en particulier Gaza – les politiciens, le Président Obama et les médias racontent des histoires en utilisant un vocabulaire erroné, des affirmations fausses et des omissions délibérées. rien que des mensonges convenus !

 

Dès qu’une « crise » éclate dans cette région, le récit bidon se met en route à partir d’un script spécifique, et les débats du dimanche matin débutent avec chacun récitant son couplet à partir du script officiel. Les agressions d’Israël, le cruel blocus économique de Gaza ayant pour résultat la malnutrition ou l’anémie de près de la moitié des enfants de la région, les assassinats ciblés. Tout est ignoré. Noam Chomsky appelle Gaza, « La plus grande prison du monde à ciel ouvert ».

Nous sommes exposés à des mots tels que conflits, comme si l’oppression et la brutalité systématiques de tout un peuple n’était qu’un désagrément entre deux camps égaux. Ensuite, il y a ces appels à la trêve. Pure mise en scène politique. Imaginez des appels à une trêve durant l’apartheid entre les noirs et le gouvernement des blancs ! Un tel vocable aurait-il pu s’appliquer ?

On discute souvent de la solution à deux États : Encore une phrase bidon. Elle est parfaitement impossible. Et ce terme implique qu’il y ait une légitimité dans l’accaparement illégal et criminel de la terre, qui dure depuis des décennies. Prenons un exemple anodin et superficiel de ce vol : imaginez que vous avez une maison. Des invités sont venus en visité. Petit à petit, ils commencent à envahir votre maison jusqu’à ce que vous n’ayez plus qu’un quart de la cuisine, la moitié de la salle de bains et un coin dans la chambre. Tandis que le temps passe, ces personnes commencent à absorber une partie de votre quart de cuisine, la moitié de votre moitié de salle de bains et la moitié de votre coin de la chambre. Existe-t-il une possibilité de solution à deux maisons. Bien sûr que non ! Et dans le discours officiel, ces faits sont commodément omis.

Ensuite, il y a toujours la mention du processus de paix [processus de pets]. Ce terme est une farce ! Il est difficile de voir comment on peut garder un visage de marbre en prononçant ces mots. Ce processus a délibérément avancé pendant des dizaines d’années à la vitesse d’un escargot. Il est plein de démarrages et de pauses. De très longues pauses ! Pour l’essentiel, c’est un mécanisme de blocage qui met suffisamment les choses en pause pendant qu’Israël construit de plus en plus de colonies pour que son objectif d’Eretz Israel [le Grand Israël] soit un fait accompli.

Israël a le droit de se défendre. Obama sort toujours ce leitmotiv ou une variante. C’est l’assertion la moins sincère. En 2004, la Cour Pénale Internationale a déterminé qu’en tant que puissance occupante, le droit d’Israël de se défendre en vertu d’un article de la Charte de l’ONU ne s’applique pas contre ceux qui vivent sous son autorité. Les attaques contre Gaza et sa population ne sont pas des actes d’autodéfense. Je suis sûre qu’Obama le sait. En fait, la Résolution 2649 de l’Assemblée Générale de l’ONU « Affirme la légitimité de la lutte que mènent les peuples assujettis à une domination coloniale et étrangère et auxquels on a reconnu le droit à disposer d’eux-mêmes pour recouvrer ce droit par tous les moyens dont ils disposent. »

Alhamdullilah, la capacité d’Israël à se dépeindre comme la victime se réduit. Pratiquement personne, à part les ignorants et ceux qui font exprès de ne pas comprendre, ne croît qu’Israël est une victime. Cette posture s’écroule même parmi les Américains ordinaires. On peut en voir une bonne indication avec ce qui s’est passé à St. Louis, dans le Missouri, le 19 décembre 2012. Un groupe de citoyens américains s’est présenté dans le bureau du Maire à l’occasion du conseil de la ville de St. Louis sur les Appels d’Offre pour protester contre l’approbation par la ville d’un contrat avec Veolia-Water. Ils ont réussi à faire reporter l’ensemble du vote jusqu’à ce qu’une enquête complète soit diligentée sur le passé de Veolia et sa pratique de la discrimination ethnique et de ses abus en Palestine. Israël est de plus en plus un État paria en raison de ses pratiques d’apartheid. Son statut spécial (soutenu par l’Holocauste) décline. Le jargon fatigué des médias dominants est de plus en plus éculé et en retard sur son époque.

La litanie d’assertions et de termes erronés et le récit officiel sont vu de plus en plus pour ce qu’ils sont : simplement des mensonges convenus.

 

Karen English est écrivain, elle vit à Los Angeles.

Traduit de l’anglais par [JFG-QuestionsCritiques]

http://questionscritiques.free.fr/edito/CP/Israel_Etat_paria_Palestine_140513.htm

 

 

Christophe Oberlin : Israël ... est un état maffieux

Le 28 mai 2013 a eu lieu à Paris à l’Institut du Monde Arabe une commémoration du 65ème anniversaire de la Nakba. Ont été invités à s’exprimer notamment Hael Al Fahoum, ambassadeur de Palestine en France, et Christophe Oberlin (*), chirurgien français qui s’est rendu plus d’une trentaine de fois à Gaza. Voici le texte de son excellente intervention qui se démarque des propos convenus habituels.

 

La cause palestinienne est une cause universelle, et à ce titre tout citoyen du monde a le droit de faire connaître son avis. Je m’inscris dans cette démarche. Mes voyages réguliers en Palestine, et notamment à Gaza, ont fait l’objet de conférences et de quelques livres, qui ont naturellement la subjectivité et la fragilité du témoignage, j’en suis conscient. Mais ils ont aussi l’avantage de constituer un point de vue « de l’intérieur », de rapporter peut-être ce qui se passe réellement dans l’esprit des Palestiniens du terrain, de ceux qui y vivent et résistent au quotidien.

Mais je voudrais ici évoquer des questions qui, bien que d’ordre général, ne sont que rarement abordées ou approfondies dans nos médias et par nos élus en Occident.

La première question est celle du droit.

Je ne reviendrai pas sur la trentaine de résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU négligées par Israël, où sur le droit International Humanitaire bafoué. Je voudrais insister sur d’autres aspects juridiques.

Au plan international, le conflit israélien « bénéficie » d’un traitement exorbitant. Alors que depuis la fin de la 2ème guerre mondiale l’Organisation des Nations Unies est censée arbitrer les conflits internationaux, voilà que pour le cas unique du conflit israélo-palestinien on a confié la résolution du problème aux Russes, aux Américains, à l’Europe de l’OTAN…. Et enfin à l’ONU qui n’a plus qu’un strapontin à la table de négociation. On mesure ici le succès de l’entreprise de dé-légitimation de l’ONU effectué par Israël. Certains pseudo professeurs de Droit international s’y emploient à temps plein !

Un deuxième pan du droit qui mériterait sans doute aussi d’être respecté est celui… du Droit palestinien lui-même. Sans cela, son propre gouvernement prêterait le flanc à la même critique que ces nombreux gouvernements arabes issus de la décolonisation, et qui sont ébranlés aujourd’hui par les révolutions.

Il faut le dire et le répéter : les lois fondamentales palestiniennes qui font office de Constitution nous disent que, lorsque le président de l’Autorité Palestinienne a terminé son mandat et que de nouvelles élections ne peuvent être tenues, c’est le président du parlement qui lui succède : Aziz Duweik devrait être aujourd’hui le président de l’Autorité Palestinienne.

Les élections législatives de 2006, et les élections municipales qui les ont précédées, ont désigné un vainqueur qui a souhaité intégrer au gouvernement le parti minoritaire. C’est le parti minoritaire qui a refusé, et qui a essayé de refaire les élections dans la rue, de faire un coup d’État, j’en ai été le témoin. Cette tentative a été un échec : le peuple n’en voulait pas. Il faut le reconnaître !

La deuxième notion que je voudrais discuter est la notion d’État. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, il n’y a pas de définition précise, réglementaire, juridique de la notion d’État. En particulier il n’entre pas dans les prérogatives de l’ONU de faire ou de défaire les États. Un État, c’est une population animée par un sentiment d’appartenance, sur un territoire donné, sous une loi commune, une force unique chargée de faire respecter la loi, etc. Un État, nous disent les meilleurs juristes, c’est comme un enfant : il est né, il est sous nos yeux : son existence ne dépend ni de sa reconnaissance par ses parents, ni de son enregistrement à l’état civil : un État, c’est un fait ! La Palestine, Philistia, avec ses cinq villes historiques, Gaza (mentionnée sur les temples égyptiens), Ashquelon, Ashdot, Ekron et Gath, existe depuis trois mille ans ! Et elle figure sur toutes les cartes du Proche-Orient sans interruption depuis la plus ancienne carte du monde gravée sur le temple de Karnak en Égypte ! A l’époque moderne, en 1922, la Société des Nations issue de la première guerre mondiale, a reconnu l’État de Palestine, même si elle en a confié le mandat aux Britanniques. Et jusqu’en 1948 les Palestiniens ont bénéficié d’un passeport portant sur sa couverture la mention : « État de Palestine ». Un État est un fait, même s’il est sous mandat, ou sous occupation. Et il n’est pas nécessaire d’être enregistré à l’ONU pour constituer un État : les iles COOK, État indépendant, ne sont pas membres des Nations Unies. Elles ont préféré confier leur sécurité et leur politique étrangère à la Nouvelle Zélande toute proche. Mais ceci n’empêche pas les Iles Cook, le cas échéant, de saisir la Cour Pénale Internationale.

Alors bien entendu on ne peut que se réjouir de l’entrée progressive de la Palestine dans les organisations internationales. Mais ceci appelle aussi des commentaires. Par exemple l’intégration de la Palestine à l’UNESCO est une excellente chose. Elle a eu une conséquence imprévue, je dis bien imprévue : la suspension du versement de la cotisation américaine. Mais il faut savoir que la réglementation de l’UNESCO prévoit qu’un État, s’il souhaite se retirer, dépose un préavis de trois ans. Actuellement les États-Unis devraient continuer à payer, ce qu’ils ne font pas. Et des programmes entiers de l’agence ont dû être amputés. Logiquement une action juridique de l’UNESCO à l’encontre des États-Unis devrait être engagée pour non-paiement illégal de leur contribution ; action juridique que la direction actuelle de l’UNESCO n’a pas souhaitée.

Concernant l’intégration de la Palestine à L’ONU, on nous a fait croire que cette intégration était nécessaire pour pouvoir saisir la juridiction internationale pour les crimes de guerre commis par Israël notamment à Gaza en 2009. C’est faux : les mouvements de libération nationale, comme le Fatah, peuvent parfaitement saisir la Cour Pénale Internationale. L’Autorité Palestinienne a d’ailleurs ébauché une demande en ce sens au printemps 2009, avant de faire marche arrière, alors que cette démarche avait été jugée recevable par la CPI.

En face du désormais État palestinien, quelle est la nature de l’État d’Israël ? Nombreux sont ceux qui parlent d’un « État colonial ». Certes en Cisjordanie il existe des colonies. Mais le terme de « colonies » implique une métropole : est-ce le territoire situé à l’intérieur des frontières de 1967 ? Ce serait rayer d’un trait les millions de Palestiniens qui vivent dans des conditions de discrimination inacceptables notamment au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Israël même. Non Israël n’est pas un « État colonial » : Israël se dit un « État juif ». Un État réservé à un groupe constitué à titres divers sur les bases d’une religion, d’une philosophie, d’un sentiment d’appartenance. Je refuse pour ma part la constitution d’un groupe sur une base matri-linéaire, génétique. Les races humaines n’existent pas. La race juive n’existe pas. L’ethnie, version actualisée de la race, n’existe pas non plus. Alors l’État d’Israël est le produit d’un Lobby. Et un lobby, par définition, on ne le convainc pas. La « négociation », ça ne sert à rien. On n’oppose pas une diplomatie honnête au mensonge diplomatique. Israël n’est donc pas, stricto sensu, un État colonial, c’est un État tribal, qui utilise des moyens illégaux, c’est un État maffieux.

Alors dans ce contexte, dans ce conflit dont je viens de rappeler les protagonistes, se pose inévitablement la question de donner la parole au peuple, de rentrer dans le Droit, de reconnaître la victoire du parti qui a gagné les élections. La diplomatie occidentale s’est tiré une balle dans le pied en plaçant un mouvement de libération nationale, le Hamas, sur la liste des organisations terroristes. Dix ans plus tard, la position de notre diplomatie est intenable : le Hamas est le parti majoritaire en Palestine, jusqu’à preuve du contraire, et les pays arabes font massivement leur révolution et désignent démocratiquement des dirigeants politiquement proches du Hamas.

Quelle cohérence y-a-t-il à reconnaître la victoire d’Enahda en Tunisie, du PJD au Maroc, de Morsi en Égypte, sans reconnaitre le Hamas ?

Le crime originel du Hamas est de ne pas avoir accepté les accords d’Oslo. Mais aujourd’hui qui peut contester que le Hamas avait raison ? Même l’Autorité palestinienne le reconnaît ! Leila Chahid le dit : « 20 ans de négociations n’ont servi à rien » ! Alors, bien entendu, l’idéal serait un retour aux urnes. Et le Fatah, s’il était éventuellement battu aux élections, et le reconnaissait, retrouverait incontestablement sa légitimité politique. Mais c’est justement parce que cette défaite est hautement probable qu’Israël ne laissera pas avant longtemps des élections libres se tenir en Cisjordanie.

On parle beaucoup d’une soi-disant réconciliation qui serait nécessaire entre Palestiniens. Mais je peux témoigner qu’il n’y a pas eu divorce entre les Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, sympathisants du Fatah ou du Hamas, des camps de réfugiés, des prisons, des Palestiniens israéliens. Ils souhaitent tous s’exprimer, dans le calme et la fraternité.

Alors si Israël ne veut pas d’élections, peut-on au moins avancer vers la réunion des forces palestiniennes ? Mais qui empêche le Hamas d’intégrer l’OLP ? Combien de représentations diplomatiques à l’étranger ont-elles été confiées au parti qui a gagné les élections ? Quand sera levée cette mesure de Ramallah qui consiste à ne payer les fonctionnaires de Gaza qu’à la condition expresse qu’ils ne travaillent pas ? Quand l’Autorité Palestinienne va-t-elle entreprendre une action devant la juridiction internationale pour les crimes de guerre commis par Israël à Gaza ? « Nous ne le ferons pas, dit-on, ce serait une déclaration de guerre à Israël ». Parce que la Palestine n’est donc pas en guerre ? Les massacres, le siège, la torture, ce n’est pas la guerre ? Si, c’est la guerre, et dans cette logique l’Autorité Palestinienne pourrait aussi démissionner, replaçant alors la Cisjordanie dans sa situation réelle qui est celle de la guerre et de l’occupation, replaçant Gaza dans sa situation réelle qui est celle de la guerre et du siège, replaçant Israël devant ses propres responsabilités.

Alors quelles conclusions peut-on tirer aujourd’hui ?

Il est inutile de se limiter à brandir face à Israël l’argument du droit international. Non seulement c’est inefficace, mais la politique de conquête et d’annexion, alors que le droit est bafoué, contribue peut-être même à renforcer les faits accomplis israéliens. Aux yeux des sionistes se trouve accréditée l’idée de la relativité du droit. Une sorte de jurisprudence du « Non-Droit ». En substance : « Vous vous rendez-compte, si on avait appliqué les résolutions de l’ONU, Israël n’existerait pas, ou si peu ! » [Où est le problème ? Le monde ne se porterait pas plus mal, notamment les Juifs du monde entier, si l’État d’Israël n’existait pas. Entre 1882 et 1910 deux millions et demi de Juifs fuyant les pogromes, émigrèrent d’Europe orientale vers la Mérique. Il me semble que leurs descendants sont parfaitement contents de leur sort, sauf quelques crétins de Brooklyn qui tiennent absolument à couper les oliviers des Palestiniens. Cet État juif n’a sauvé aucune vie juive (mais a permis à quelques escrocs juifs d’échapper à la Justice), il ne sert donc à rien, sinon martyriser les Palestiniens. Au contraire, il contribue à propager la haine des Juifs, en général. Le comble est qu’il se réclame de l’extermination des Juifs par les Nazis pour justifier des crimes qu’il commet chaque jour depuis soixante cinq ans. Tout ce qui est israélien est coupable, sans excuses.]

Mais ce n’est pas parce qu’Israël ne respecte pas le droit que les autres parties ne doivent pas le faire : l’ébauche d’un droit de nature démocratique en Palestine, même imparfait, doit être respectée : respect des lois fondamentales palestiniennes, respect du résultats des élections, respect de l’alternance politique, consultation des citoyens sur les questions fondamentales.

Les révolutions arabes ont commencé en Palestine, et la bande de Gaza, même si elle ne s’étend que sur 1% du territoire de la Palestine historique, constitue la tête de pont de la libération de la Palestine : une population, des frontières, une administration, une force de protection unifiée : l’État palestinien est là, en attendant plus.

Alors la seule manière de résoudre équitablement les conflits est de recourir au Droit, à la Justice, en utilisant les outils que les hommes ont construits. L’Organisation des Nations Unies en fait partie. Sa charte en constitue le socle fondamental. Mais certaines règles doivent évoluer, en particulier le fonctionnement du Conseil de Sécurité, ne serait-ce que le droit de véto qui doit être réformé.

Alors, les milliards de la guerre ne pourraient-ils pas être investis dans une paix élaborée par la représentation des nations ? Basée sur une consultation de toutes les populations concernées par le conflit, y compris les réfugiés palestiniens ?

Les peuples, comme les espèces, sont en permanente évolution. L’État de guerre perpétuel n’existe pas. Au bout de la guerre, ou de la négociation pacifique, il y a l’égalité des droits. L’État juif, c’est fini. La libération de la Palestine est inéluctable

Christophe Oberlin

28 mai 2013

_____________________________

(*) Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, Christophe Oberlin enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des missions chirurgicales en Palestine, particulièrement dans la bande de Gaza où il a effectué près d’une trentaine de séjours.

Christophe Oberlin a écrit de nombreux ouvrages.

● Il est notamment coauteur avec Jacques-Marie Bourget de Survivre à Gaza, (éditions Koutoubia, 2009) la biographie de Mohamed al-Rantissi, le chirurgien palestinien frère du dirigeant historique du HAMAS assassiné par l’État d’Israël.

● Auteur de Chroniques de Gaza, 2001-2011, (éditions Demi-Lune, 2011)

● Coauteur avec Acacia Condes de Bienvenue en palestine, destination interdite. (éditions Encre d’Orient, 2012) http://www.encredorient.com

● Il est également le traducteur de Gaza, au carrefour de l’histoire du journaliste anglais Gerald Butt, (éditions Encre d’Orient, 2011).

 

URL de cet article : http://www.silviacattori.net/article4492.html

Source : Christophe Oberlin.

 

Éloge, et triomphe, du complotisme (deDefensa) →  

Ne serait-ce que pour le très fort mépris que le complotisme dénote vis-à-vis des narratives du système. Le système a les soupçons qu’il mérite. Le complotisme a contraint le système à lui répondre par autre chose qu’un mépris dédaigneux. Ce faisant, le système fait la pub du complotisme (Alex Jones, cent mille visiteurs par minute en cas de crise !) Ce faisant, le complotisme fait la pub du reste de la presse alternative à laquelle il appartient. Merci complotistes, ne mollissez pas. Je déplore seulement que votre narrative soit parfois encore plus stupide que celle de l’Occhident.

   

La Syrie révèle Israël

(deDefensa) – traduction des passages en anglais : Dominique Muselet, Info Palestine.

 

22 mai 2013 – La politique israélienne vis-à-vis de la Syrie représente un cas remarquable des erreurs des pays du bloc BAO, puisque effectivement nous incluons Israël dans le bloc BAO. On devrait alors même préciser que c’est le cas le plus remarquable, le plus significatif du bloc BAO parce que ce pays est directement au contact de la Syrie et qu’il souffre (le verbe est à prendre dans son sens propre) d’une réputation d’une des meilleures capacités de renseignement au monde. Le problème d’Israël vient d’être illustré par un tournant stratégique qu’il semble avoir effectué la semaine dernière en passant brusquement d’une politique de contribution de plus en plus appuyée à la tentative de faire chuter le régime syrien, à l’affirmation d’une politique de désengagement, avec la précision semi-officielle (dans le Times du 18 mai) que le maintien au pouvoir d’Assad était préférable à la victoire des rebelles.

Tout cela repose sur cette réputation d’excellence proche de la perfection de ses services de renseignement, qui fait plutôt figure, à la lumière de diverses péripéties, de mythe fabriqué selon une tendance irrépressible à l’autosatisfaction. Comme le résumait en d’autres temps l’ancien Premier ministre et ministre de la défense Ehud Barak après la cinglante défaite israélienne de l’été 2006 face au Hezbollah, « Bien que nous ayons les meilleurs services secrets et les meilleures capacités d’anticipation du monde, il nous faut toujours un dreidel (toupie de Hanouka, ndt) pour comprendre comment le Hezbollah nous a eus ». Il apparaît donc, à côté de leur réputation d’exceptionnalité, que les services de renseignement et de sécurité israéliens montrent une constance remarquable dans l’erreur. Cette caractéristique fut notamment illustrée de façon spectaculaire et très dangereuse, qui amena Israël au bord de la défaite dans les trois premiers jours de la bataille, lors de la guerre du Yom Kippour d’octobre 1973. Le renseignement israélien avait catégoriquement annoncé que cette guerre n’aurait pas lieu, que ni l’Égypte ni la Syrie n’oseraient attaquer, ce qui donna naissance à une plaisanterie courante en Israël « Chaque fois que les services secrets disent qu’aucune guerre n’est en vue, les vétérans de la guerre de Yom Kippur se précipitent à couvert. »

Mohamed Bdeir, dans Al-Akhbar English du 20 mai 2013, fait un historique des erreurs sans nombre du renseignement israélien, essentiellement des erreurs stratégiques que semblent dissimuler des victoires tactiques auxquelles il est fait une grande publicité. Il termine par la description de la situation actuelle en Syrie où, par son intervention armée du début du mois, Israël semble avoir provoqué une riposte inattendue et extrêmement préoccupante, qui est la réouverture du front du Golan après un apaisement de près de quatre décennies. Une telle perspective promet pour Israël une “guerre d’attrition” particulièrement épuisante...

« Mais Israël s’est retrouvé nez à nez avec une autre de ses erreurs de jugement quand la riposte du bloc Syrie-Iran-Hezbollah a été différente de ce à quoi il attendait. Israël a semblé l’emporter sur le plan tactique, mais a perdu sur le plan stratégique. Le problème en effet n’est pas simplement la menace extraordinaire d’Assad de fournir des armes à la Résistance syrienne, mais la décision stratégique d’ouvrir un front sur le Golan, ce qui ne signifie pas moins qu’une guerre d’attrition où Israël n’aura pas l’avantage.

» Confronté à ce défi, Israël a joué à son jeu favori, la fuite en avant, en menaçant officiellement d’appliquer la politique des “lignes rouges”, et de renverser le régime syrien s’il osait mettre en œuvre sa décision d’armer la Résistance, d’ouvrir un front sur le Golan et de riposter militairement si Israël l’attaquait à nouveau.

» Que faut il en penser par rapport à la situation de fracture régionale ? Eh bien que nous allons assister à un nouvel épisode du syndrome israélien de mauvais calcul. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les alliés stratégiques de la Syrie (Russie, Iran et Hezbollah), qui ont interdit et empêché l’intervention armée directe souhaitée par le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’OTAN, la Turquie et d’autres pays, ne resteront pas inactifs pendant qu’Israël tentera de mettre son projet à exécution. »

Un autre article virulent contre les erreurs israéliennes est publié par le journaliste israélien Shlomi Eldar, fameux en Israël où il travaille pour la télévision et qui a été couronné en 2007 par la plus haute distinction journalistique, le Prix Sokolov. Eldar décrit, le 19 mai 2013, pour Al-Monitor Israel Pulse, les errements israéliens vis-à-vis de la Syrie, couronnés par le tournant stratégique radical décrit plus haut, effectué la semaine dernière selon des sources officieuses. Nous donnons ci-dessous des extraits substantiels de cet intéressant article, qui permet d’avoir, d’une plume israélienne expérimentée, une bonne idée de la posture stratégique israélienne actuelle.

« Au cours des deux dernières années, il y a eu un certain nombre d’assomptions largement partagées en Israël sur ce qui allait finalement arriver en Syrie. A la fin de la semaine dernière ces assomptions se sont effondrées avec la violence d’un tremblement de terre. Nous voulons parler des opinions qui étaient considérées comme de pur bon sens par le public israélien et qui ont eu un impact considérable tant sur les décideurs politiques que sur les stratèges militaires pendant deux ans. Les voilà :

 » 1. L’intervention internationale en Syrie est inévitable. Tôt ou tard, le monde libre sera obligé d’agir pour arracher la population civile du pays aux griffes du président Bashar al-Assad et de son armée.

 » 2. Une attaque israélienne contre Assad le terrorisera et l’empêchera de transférer des armes au Hezbollah ou de contre-attaquer.

 » 3. L’aide que le Qatar et la Turquie fournissent aux rebelles devrait en fin de compte changer l’équilibre des forces.

 » 4. La pomme (Bashar) est tombée loin de l’arbre (l’ancien président syrien Hafez al-Assad). Selon cette assomption, Bashar a peur de son ombre et même la plus petite brise peut l’abattre et le déséquilibrer (c’est comme ça, d’ailleurs, qu’il est représenté dans la populaire série satirique télévisée “Eretz Nehederet,” mais on y reviendra).

 » 5. Les services secrets israéliens brossent un tableau fidèle de la situation et leurs données doivent être à la base de toute décision sur la manière de répondre à la situation en Syrie.

 » 6. “Le régime d’Assad sera renversé en quelques semaines” (l’ancien ministre de la Défense Ehud Barak le 11 déc. 2011).

 » Et tout à coup, en l’espace d’une semaine, tout le monde a réalisé que le paramètre le plus important n’avait pas été pris en compte dans les dernières analyses de la situation au Moyen-Orient en général et en Syrie en particulier... [...]

 » À la fin de la semaine dernière, [le 17 mai], 12 navires de guerre russes ont été envoyés en patrouille au large de la base navale russe de Syrie pour faire œuvre de présence dans la région. Le message était clair. Il avait la taille d’un porte avion russe. Ce que les Russes voulaient dire, c’est que personne ne devait envisager une seule seconde de décider de l’avenir de la Syrie et par extension d’Assad, sans prendre en considération les intérêts stratégiques de Moscou. Les États-Unis et Israël ont compris le message.

 » L’Union Soviétique a des intérêts stratégiques en Syrie depuis le milieu des années 1960. Il en est de même pour la Russie d’aujourd’hui. Sa base syrienne est la base la plus avancée que la Russie ait encore au Moyen-Orient et une personnalité telle que le président Poutine n’y renoncera jamais, en tous cas certainement pas pour des “raisons humanitaires”, d’autant plus que les Russes trouvent la situation assez équilibrée du fait qu’ils considèrent Israël comme la plus importante base stratégique étasunienne de la région.

 » Oui, la Russie a des intérêts stratégiques personnels en Syrie ce qui rend la démarche du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu auprès de Moscou la semaine dernière encore plus ridicule. Le premier ministre a essayé de dissuader Poutine de vendre des missiles S-300 [anti-aériens] à Assad, au motif que cela pourrait avoir de graves répercussions sur l’armée de l’air israélienne. Netanyahou s’est-il vraiment imaginé qu’un entretien à cœur ouvert avec le leader russe le ferait renoncer à soutenir Assad ?

 » A la fin de la semaine dernière, la réalité semblait indiquer que l’affirmation des services secrets israéliens selon laquelle Assad était sur le point de tomber, était pour le moins prématurée. De plus, selon une source israélienne citée par le London Times (18 mai 2013), dans les circonstances actuels, Assad est en fait une bonne chose pour Israël : “ Mieux vaut un démon que nous connaissons que les diables auxquels il faut s’attendre si la Syrie sombre dans le chaos et que les extrémistes de tout le monde arabe s’y installent.” La vraie question est : “Où étaient-ils avant ?” Par « ils » je veux parler de ces “décideurs israéliens” et ces “officiels de haut rang” que la presse mentionne.

 » Quand un correspondant politique, diplomatique ou militaire se trompe, il fait surtout du tort à sa propre réputation ou à la réputation du média qu’il représente. Les commentateurs et les journalistes s’appuient sur des informations publiques et souvent sur des fuites intentionnelles des partis en présence.

 » Le changement du tout au tout de l’attitude d’Israël envers Assad de la semaine dernière soulève de sérieuses questions sur les gens qui décident de notre stratégie de défense. Aucun d’entre eux ne savait-il donc avant la semaine dernière ce qu’Assad répète depuis longtemps, à savoir que son pays est devenu le repaire d’organisations terroristes ?

 » Au lieu de s’en assurer, d’analyser la situation et de se préparer pour le pire scénario, Israël a préféré se moquer d’Assad. Les parodies d’Assad (comme celles mentionnées plus haut dans “Eretz Nehederet”) le présentent comme un lâche et un peureux, une “lopette” pour parler familièrement, incapable de résister à la pression. On l’assimile à d’autres leaders arabes autrefois respectés comme l’ancien président d’Égypte, Hosni Mubarak, l’ancien leader de la Libye, Mouammar Kadhafi. Mais c’est peut-être ça le problème. Les gens vont trop vite en le comparant aux anciens dirigeants de l’Égypte et de la Libye qui ont été renversés assez rapidement. Je ne veux pas croire que les leader israéliens soient influencés par les satires de la télévision.

 » Comme nous l’avons déjà noté, c’est dans la déclaration d’Ehud Barak en 2011 qu’on trouve la raison principale de l’échec d’Israël à comprendre ce qui se passe en Syrie. A l’époque, Barak a donné à Assad quelques semaines avant d’être renversé. Il y a de cela un an et demi. Depuis, Barak a été “renversé” tandis qu’Assad est toujours au pouvoir. La personne qui a le mieux exprimé cela est l’ancien chef des services secrets israéliens, Uri Sagi, dont la voix s’est élevée avec la force d’un prophète qui crie dans le désert, pour demander : “Qui sommes-nous pour décider ? Quels moyens avons-nous de déterminer qui dirigera la Syrie voisine et comment ?” »

Nous proposons d’ajouter à cette bordée de critiques contre le renseignement et la stratégie israéliennes plusieurs faits qui se détachent de ces deux seules questions. Cela permet d’élargir le tableau et d’introduire une appréciation générale de la posture actuelle d’Israël.

• Il y a d’abord le fait symbolique de la concentration en cours d’un flotille russe de Méditerranée, avec 5-6 navires initialement, qui devrait passer à huit unités en déploiement constant. Les USA, eux, ont entamé le mouvement inverse avec le retrait d’un porte-avions de la zone. Ce mouvement de décroissement de la présence militaire US devrait se poursuivre avec le retrait de forces aériennes d’Europe, tout cela étant dû aux contraintes de la séquestration qui coupent les budgets de fonctionnement. Parallèlement, la rumeur de la présence de SS-26 Iskander en Syrie est à nouveau identifiée dans divers textes (par exemple, voir sur PressTV.com, Gordon Duff le 22 mai 2013 [« Syria has surprised everyone »]). L’ensemble fait peser encore plus le poids stratégique de la Russie sur la crise dans ses ramifications géographiques autant que sur la psychologie de sa perception, – et l’on sait que cette présence n’est pas favorable aux écarts et aux foucades israéliennes, et passe par une ferme protection de la légitimité et de la souveraineté en Syrie.

• On peut suivre, sur DEBKAFiles, une chronique féroce des déboires israéliens. Ce site, qui est connu comme une des voix des services de sécurité israéliens, a pris une posture suivie de mise en cause radicale de la politique du gouvernement Netanyahou, – si tant est qu’on puisse parler de “politique”. DEBKAFiles ne cesse de tresser des couronnes aux performances des Syriens avec le Hezbollah, s’ouvrant une voie vers le Golan pour établir leur “front” et, d’une façon générale, sur le comportement de l’armée syrienne. Voyez par exemple ce rapport du 22 mai 2013 :

« L’armée syrienne en plus de deux ans de guerre civile a prouvé qu’elle avait un haut niveau de professionnalisme, de résistance à la pression et surtout de discipline. Pas une seule fois, au cours de ce conflit brutal, il n’y a eu d’initiative personnelle d’une unité locale ou d’un commandant. Tous les mouvements ont été dirigés depuis le palais présidentiel à Damas par le général d’état major. Même quand les troupes syriennes ont essuyé des revers, elles se sont repliées en ordre. Depuis plusieurs mois on n’entend plus parler de désertions de masse dont les chiffres avaient d’ailleurs été grandement exagérés par l’opposition.

 » Par conséquent, la prise de position d’Israël, communiquée à des correspondants de l’armée mercredi 22 mai par des membres anonymes de la Défense israélienne, selon laquelle il fallait attendre de savoir si l’attaque syrienne sur la Golan avait été ordonnée par Assad ou si c’était une initiative locale, n’était pas seulement hors de propos mais dangereuse : elle a donné l’impression que les décideurs israéliens ne savaient pas comment réagir à la ferme résolution du leader syrien soutenu par l’Iran et le Hizballah de faire du Golan divisé le prochain “front de résistance” contre Israël... »

... Le paradoxe de cette situation, avec ces événements qui se précipitent, et avec cette activité intense de la communication, est certainement le rôle qu’y a joué Israël, notamment avec son attaque du début mai qui semble désormais ne devoir plus être perçue que comme une sorte de deus ex machina déclenchant une dégradation inutile de la situation à un des pires moments, opérationnellement et diplomatiquement, pour le bloc BAO, et donc pour Israël. Il y a un mois et demi, le 18 avril 2013, nous  pouvions reprendre ce commentaire d’un analyste israélien, qui est sans aucun doute le contraire d’un libéral et d’un peacenik, Guy Bechor, consultant pour l’armée et la police israéliennes, et pour le ministère des affaires étrangères, classé parmi les nationalistes intransigeants... Bechor protestait contre le rapprochement avec la Turquie, elle-même engagée dans le guêpier syrien, et développait une conception naturelle et impérative en faveur du maintien d’Israël dans une position neutre et attentiste :

« Nous avons réussi à échapper aux troubles qui s’aggravent depuis deux ans en Syrie. Les liens que nous avons renoués avec la Turquie pourraient nous entraîner dans une guerre mondiale entre les Sunnites et les Shiites, et entre la Russie et les États-Unis. [...] Pourquoi nous mettons-nous dans un tel pétrin ? Nous ferions mieux de rester à l’écart. Nous n’avons aucune raison de nous mêler de cette guerre qui ne finira jamais. Pour la première fois de notre histoire, nous ne sommes pas en ligne de mire, nous sommes spectateurs. Pourquoi nous impliquer ? »

Cette sensation d’incertitude de l’orientation stratégique, voire d’affrontements de tendances qu’on ressent au sein de l’appareil de sécurité nationale israélien, nous rappelle d’une façon assez significative la confusion et les nombreuses querelles qui déchirèrent ce même appareil en Israël durant et après la catastrophique campagne de l’été 2006, après qu’il fût apparu que le Hezbollah se battait bien et que les forces israéliennes se battaient de moins en moins bien face à cet adversaire. (Voir divers échos de querelles, d’incompréhensions, de divergences, etc., au sein de l’appareil israélien le 28 juillet 2006, le 2 août 2006, etc.) Cette confusion et ces querelles impliquent évidemment des accusations implicites croisées sur la responsabilité d’une situation de moins en moins satisfaisante... Disons que, cette fois, on s’y prendrait un peu à l’avance par rapport à 2006, avant même qu’un conflit réel ait commencé, ou bien est-ce que, depuis 2006, le malaise n’a jamais vraiment cessé au sein de l’appareil de sécurité nationale israélien.

L’ombre de l’été 2006

Revenons un peu en arrière... Le mythe de la puissance paradoxale d’Israël illustré par l’image biblique de David contre Goliath a été construit sur de solides réalités initiales, essentiellement sur la période de la guerre d’indépendance à la Guerre des Six Jours, avec les deux foudroyantes victoires de 1956 et 1967, et jusqu’au rétablissement in extremis d’octobre 1973. Comme on le comprend, ce mythe n’en était alors pas un, illustrant une réelle puissance d’Israël malgré un volume de capacités extrêmement réduites. Nous avons déjà décrit, dans plusieurs analyses, le tournant entamé en 1967-1973 et réalisé immédiatement après 1973, lorsqu’Israël fut intégré dans l’ensemble américaniste et mis complètement sous influence des méthodes et de l’esprit américanistes, essentiellement par le biais des liens avec le Pentagone qui furent alors établis. On peut se référer à ce propos à des textes d’analyses de l’époque de la défaite israélienne de 2006 face au Hezbollah, notamment les analyses du 17 juillet 2006 et, surtout, du 7 septembre 2006. Dans cette dernière analyse, nous concluions, faisant allusion aux fameux neocons à Washington non comme à des inspirateurs et à des manipulateurs, mais comme à des outils, éventuellement à des “idiots utiles” de cette puissance anthropotechnologique qu’on pourrait juger comme quasiment autonome et douée d’une stratégie spécifique qu’est le Pentagone... (Et le Pentagone, certes, comme une des représentations les plus puissantes et le “bras armé” par excellence du Système.)

« Dès les années Reagan, ce groupe d’idéologues extrémistes était déjà dans les rouages de l’administration. (On y trouvait notamment Perle et Wolfowitz, tandis que Powell occupait des fonctions politico-militaires. Rumsfeld avait été secrétaire à la défense entre 1975 et 1977.) C’est eux, et avec eux le nouveau courant de pression qu’ils exprimaient, qui instrumentèrent la complète “annexion” d’Israël à ce complexe bureaucratique de puissance qu’est le Pentagone. Ce n’était pas un “complot” dans le sens humain du terme. Ils ne faisaient qu’exprimer la puissance extraordinaire du Pentagone et de sa culture, qui avaient définitivement mis la haute main sur la politique de sécurité nationale des Etats-Unis. En ce sens, c’est bien le Pentagone en tant que tel, en tant que puissance autonome et incontrôlée, qui imposa à Israël, dès les années 1980, une main-mise qui bouleversa complètement les conceptions et les structures de Tsahal, et qui réduisit d’autant, jusqu’à l’inexistence totale, la souveraineté nationale d’Israël.

» Le conflit avec le Hezbollah de juillet-août 2006 a confirmé de façon éclatante un état des choses où les capacités guerrières, les équipements, les tactiques, mais aussi la culture fondamentale des forces armées israéliennes se sont révélés comme complètement transformés, — transmutés, sans aucun doute, — par rapport aux conditions originelles de l’Etat d’Israël... »

Bien entendu, cette “transmutation” culturelle et psychologique, dans le sens de l’américanisation disions-nous à l’époque, dans le sens-Système disons-nous aujourd’hui, s’est réalisée dans le sens du pire. On constate, à la lecture des appréciations recueillies plus haut, que rien n’a changé depuis 2006, et que les choses se sont même aggravées. On retrouve paradoxalement dans les services de renseignement ce même travers que les anciens chef du Shin Bet dénonçait récemment dans le chef des directions politiques israéliennes, que nous mentionnions dans notre texte du 23 mars 2013 :

« Alors aux commandes, Yaakov Peri estime n’avoir reçu durant les six ans de son mandat aucune consigne des gouvernements successifs. Ou bien il a cette formule, dont les termes sont partagés par ses collègues : Israël remporte la plupart des batailles, sans gagner la guerre. “Nous ne savions pas dans quelle direction aller, résume Peri. C’était toujours de la tactique, jamais de vision stratégique.” »

Dans ce texte cité du 23 mars 2013 et basé sur le précédent fondamental de la bataille de la Marne avec l’échec allemand du plan Schlieffen représentant l’“idéal de puissance” (retrouvé aujourd’hui dans son stade terminal dans le chef du bloc BAO), nous observions : «Le schéma de la bataille de la Marne est symboliquement intéressant parce qu’il restitue ce moment où la dynamique de surpuissance est à son maximum et passe en dynamique d’autodestruction dès lors que la clef stratégique s’effrite, que la direction des forces centrales disparaît.» La “clef stratégique” était une circonstance somme toute anodine, – l’effondrement psychologique du grand chef de l’armée allemande, von Moltke, – mais cette “circonstance anodine” ne représentait que le moyen effectivement de circonstance d’une destinée écrite dans le concept de l’“idéal de puissance” représentant une théorisation du Système dans sa fureur de surpuissance se transmutant en autodestruction... La destinée, elle, est l’essence même du phénomène, et elle est retrouvée aujourd’hui, intacte dans sa fatalité qui est comme une inversion de la Providence, dans des conditions moins assourdissantes, moins dramatiquement claires que la Grande Guerre, mais beaucoup plus spécifiques à la crise générale que nous connaissons.

« Ce qu’on observe, à partir de notre analogie, c’est que le Système pullule aujourd’hui de Moltke divers et de différentes factures, plus ou moins bien fardés en grands chefs réduits à la volubilité de communication. Obama est un Moltke, comme le sont les différents Premiers ministres israéliens. Comme l’enjeu national et la pression d’une situation de guerre massive n’existent pas en vérité, les exécuteurs des tactiques nécessaires sont beaucoup plus libres et mesurent de plus en plus l’absence (au propre et au figuré) de leurs Moltke, et ils s’interrogent de plus en plus furieusement sur cette situation où des développements tactiques sans fin ne sont nulle part chapeautés, orientés, inspirés par le moindre but stratégique. Ils en viennent donc au soupçon central qui est de se demander : la stratégie existe-t-elle encore ? Puis, rapidement : a-t-elle été complètement détournée par le Système à son profit, ce qui entraîne tout le monde dans une folie autodestructrice ? »

Ces dernières questions nous ramènent à l’Israël d’aujourd’hui, dans le cadre des erreurs décrites à propos de la Syrie. Ce que nous montrent les textes cités comme le cheminement de la “pensée stratégique” de la direction israélienne réduite à des à-coups tactiques peinturlurés du triomphalisme de la communication, c’est une situation pathétique où l’Israël si souvent décrit comme habile, décidé, voire machiavélique par ses partisans comme par ses adversaires, se révèle au même degré zéro d’imagination, de liberté de jugement, et chargé du même épuisement psychologique à force de s’abîmer dans ses narrative que ses compères du bloc BAO. Certes, nous disent les commentateurs cités, les erreurs d’aujourd’hui confirment celles d’hier, mais elles sont bien plus désolantes, bien plus basses encore. Il n’y a même pas eu de conflit, d’affrontement, de cette sorte d’urgence qui peut expliquer les faux-pas, pour Israël dans ce cas ; il y a eu simplement la croyance dans sa propre narrative de suffisance et d’irréalité, sa croyance aux jugements du niveau des satiristes et des people de talk shows (du type “Assad le méchant” ou “Assad la brute”, qu’on retrouve aussi dans les cénacles intellectuels parisiens), avec confirmation des services de renseignement eux-mêmes influencés par les exigences de cette communication complètement grotesque.

Le système de la communication utilisé pour le renforcement de l’inversion des jugements et la dissolution des psychologies, jusqu’à une pensée aussi ferme “qu’un éclair au chocolat” (comme la colonne vertébrale du président McKinley, selon son vice-président Teddy Roosevelt), triomphe en alimentant l’arrogance et la suffisance, en confirmant les aveuglements qui font prendre les victoires tactiques de communication pour une stratégie décisive. Combien de fois l’Israël des Netanyahou, Barak & Cie s’est-il cru triomphant et prêt à frapper décisivement l’Iran, et nous attendons depuis huit ans cette attaque annoncée chaque jour et fleurie  d’innombrables descriptions de manigances et manœuvres complotistes diverses. Cette fois, il y a de l’action : le fracas des bombes israéliennes autour de Damas fait croire, communication et narrative à l’œuvre, à une irrésistible puissance stratégique. La visite piteuse de Netanyahou à Poutine, à Sotchi, enchaîne sur la révélation (?) qu’il ne s’agissait que d’une péripétie tactique enluminée par la communication, donnant des effets pervers bien préoccupants, et que la stratégie, elle, se règle face au président russe, et l’on sait bien dans quel sens. Effectivement, il s’agit bien d’une défaite stratégique à partir d’impulsions tactiques magnifiées par leurs effets de communication, et interprétées faussement comme des actes stratégiques.

Comme le bloc BAO dans son ensemble, Israël est complètement prisonnier du système de la communication, de ses narrative et de ses illusions, de ses obsessions et de son étrange affectivité, transformant les erreurs courantes depuis l’américanisation de ses forces armées qui portaient essentiellement sur le contexte et les conditions de l’engagement, en des dérives catastrophiques qui portent désormais, en plus, sur l’exécution et l’opérationnalisation. Cette évolution, qui a été engagée avec la catastrophe de l’été 2006 est désormais la marque de l’activité de cet Israël américanisé, devenu depuis un Israël-Système, qui semble n’avoir même plus besoin de s’engager vraiment dans un conflit pour le perdre, – comme il semble pouvoir envisager de le faire avec la Syrie. Recette aussi parfaite après tout que celle des prévisions erronées des meilleurs services de renseignement du monde : Israël n’a plus besoin de faire une guerre pour la perdre.

La spécificité d’Israël a complètement disparu dans la phase finale de la constitution du bloc BAO depuis l’automne 2008, avec sa psychologie réduite à une opérationnalisation faussaire et trompeuse. Le résultat concret, pour ce pays, est une situation où l’on pourrait dire que la défaite de l’été 2006 contre le Hezbollah suivant l’américanisation de ses capacités et de ses conceptions militaires ressemblerait, pour les structures financières, économiques et bureaucratiques du bloc BAO, à la crise financière d’effondrement de l’automne 2008. L’analogie s’énoncerait alors de cette façon : puisque le Système, – l’américanisation militaire pour Israël, les structures bancaires ultra-libérales pour l’appareil financier du bloc BAO, – ne marche pas, c’est donc qu’il faut plus que jamais poursuivre sur cette voie et l’appliquer plus que jamais. Des deux côtés, la consigne est suivie et appliquée à la lettre.

 

65 ans après,

la création de l’État d’Israël demeure parfaitement illégale !

Youssef Boussoumah

Samedi 18 Mai 2013

 

« La Création d’Israël est légale car c’est une décision de l’ONU » est une des  stupidités les plus prégnantes en même temps qu’une escroquerie manifeste justifiant la mise à mort de la Palestine arabe en 1948.

En effet si la création d’Israël est une réalité, avant tout militaire d’ailleurs, pour les peuples qui la subissent, palestinien, syrien, libanais etc. elle n’est ni légale ni légitime. L’ONU le 29 novembre 1947 puis le 15 mai 1948 a entériné un acte de brigandage international comparable à la conquête de l’Algérie en 1830. Cette création est une entreprise violente qui a anéanti la société d’un peuple pacifique et hospitalier, trop peut être. Elle n’est pas légale car :

1) Israël ne peut pas avoir été créé par une décision de l’ONU car contrairement à ce que pensent beaucoup l’ONU n’a jamais eu dans ses prérogatives de créer ou de défaire un quelconque État. Israël a été créé par la violence des sionistes, mais reconnue et encouragée par l’organisation internationale. De façon cynique, dans le texte de la résolution 181 du 29 novembre 1947 portant partage de la Palestine, elle déclare exactement : « l’ONU invite les habitants de la Palestine à prendre toutes les mesures qui pourraient être nécessaires de leur part, en vue d’assurer l’application de ce plan ». Il s’agit tout simplement d’un appel du pied à la guerre contre les indigènes palestiniens. Étant donné la supériorité militaire sioniste avérée mise en place par Churchill lui-même en tant que ministre des colonies dés 1921 et encouragée pendant tout le mandat, il s’agissait ni plus ni moins que d’une invitation pour les milices sionistes à passer à l’acte. Ce fut un message codé à destination de la Haganah de Ben Gourion, de l’Irgoun de Begin et des autres groupes Stern de Shamir pour qu’ils réalisent sur le terrain leur projet de nettoyage ethnique dans la mesure où l’ONU n’avait pas la possibilité légale de bafouer aussi ouvertement sa propre charte.

2) L’ONU a participé au démembrement d’un État reconnu en droit international, la Palestine mandataire. Un État mandataire sous tutelle donc mais État tout de même, possédant sa monnaie, la livre palestinienne, sa police, ses administrations, ses équipes sportives reconnues internationalement. Les Britanniques devaient se retirer de Palestine dés 1940,conformément au texte de règlement des mandats ce qui fut impossible pour cause de seconde guerre mondiale. Dés lors la Palestine était appelée à vivre sa vie en toute indépendance au moins dés la fin de la guerre en 1945. Il était parfaitement illégal de détruire cet État sans l’accord de sa population majoritaire.

3) L’ONU peut seulement faire des propositions aux États qui en sont déjà membres. C’est pourquoi la « décision » de partage de la Palestine en novembre 1947 est intitulée « proposition » de partage. D’autre part, elle est partiale donc illégale. En effet, elle n’aurait engagé les Palestiniens que dans la mesure où ils auraient été consultés sur la question et que leur décision aurait été prise en compte. Un référendum d’autodétermination aurait dû être organisé à la fin de la guerre, ce qui bien sûr fut constamment rejeté par les sionistes et les puissances européennes par crainte de voir l’application de la démocratie valider la position arabe.

À la différence des populations majoritaires de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, qui en phase avec la SDN furent consultées lorsque ces pays furent créés, après la première guerre mondiale.

4) L’ONU, un organisme qui normalement a dans ses prérogatives de préserver la paix, par sa décision cynique de novembre 47, a plongé toute la région dans une guerre de mille ans. En favorisant le militarisme israélien il a favorisé en retour la naissance de castes militaires au Moyen-Orient justifiées par la nécessité de se défendre « contre l’ennemi sioniste ». Une militarisation qui en fait n’a que très peu contribué à libérer la Palestine mais a surtout permis de confisquer les libertés démocratiques. Cette menace contre la paix est pourtant sévèrement condamnée par les propres règlements de...l’ONU, et justifie même habituellement une intervention du comité militaire des Nations unies.

5) Enfin, comment comprendre que le plan de partage de l’ONU décidé par une assemblée générale de 50 membres en novembre 1947 ait une valeur contraignante alors que tout le monde sait que ce n’est le cas que des seules décisions du Conseil de sécurité.

L’ONU est une organisation à adhésion volontaire qui d’ailleurs a repris de façon abusive les décisions de la SDN sur la question de Palestine (les accords Sykes Picot de 1916, la déclaration Balfour de 1917, tout en ignorant l’accord Hussein Mac Mahon de 1915 sur la création d’un vaste État arabe sous égide du Shérif hachémite de la Mecque) mais nul pays n’est tenu d’y entrer. Les Palestiniens dont personne ne peut contester qu’ils furent en continu les habitants de ce pays depuis des temps immémoriaux, sont les seuls à détenir la souveraineté sur cette terre ; ce sont les seuls qui peuvent à condition de renoncer à cette souveraineté, accorder la légitimité d’exister à une quelconque entité étatique. Or à juste titre ils ne l’ont jamais fait pour Israël. C’est pourquoi la création d’Israël est illégale et le demeure depuis 65 ans. Aucun fait de violence ne peut entériner légalement cette dépossession, quel que soit le temps écoulé, l’État d’Israël est illégal. Les Palestiniens n’ont qu’une patrie, la Palestine.

Youssef Boussoumah, membre du PIR

 

http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1833

   

   Un ouvrage qui commence mal   

Quine, Le mot et la chose. « Chapitre premier – Langage et vérité. 1. Commençons par les choses ordinaires. Le pupitre, cet objet familier, manifeste sa présence en résistant à mes pressions et en renvoyant la lumière à mes yeux. »

Non, le pupitre ne se manifeste pas en renvoyant la lumière à mes yeux mais en apparaissant. Ce n’est pas parce que l’apparition n’apparaît pas qu’il faut la négliger étant donné que le pupitre apparaît.

Certes, s’il n’y a pas de lumière, le voyeur devra palper le pupitre comme le ferait un aveugle, afin de l’identifier. Mais dans tous les cas, le pupitre se manifeste en résistant ou en apparaissant.

Pourquoi l’auteur se croit-il obligé de nous parler de la lumière mais pas du bois dont est fait le pupitre, des fibres de cellulose, d’hémicellulose et de lignine dont il est composé et qui expliquent sa dureté ?

Notons que l’auteur choisit la voix active pour le pupitre qui semble débordant d’activité : il résiste, il apparaît, il renvoie la lumière, etc. Il aurait pu aussi bien conférer l’activité au voyeur : il perçoit, il voit et ce qui apparaissait est désormais passivement « perçu » ou « vu ». Cela prouve que la grammaire ne peut rendre compte de ce qui a lieu réellement : qui ou quoi est actif, qui ou quoi est passif, puisque les deux voix concernent un seul et même évènement. Il y a d’ailleurs une voix moyenne qui réconcilie l’apparition et la vision : « il y a apparition », « il y a vision ». Cette voix moyenne roule indifféremment pour l’apparition ou pour la vision qui sont ainsi réconciliées.

 

    La présence à soi  par Vincent Descombes →  

● Si « être » c’est « être connu » lis-je dans Le Même et l’autre, p. 33 à propos de Kojève. Être connu n’est pas être ; mais exister. Ne pas confondre. L’apparition confère l’existence.

   Le pouvoir d’être soi par Vincent Descombes →  

 

LE SON EST COUPÉ

(et les WC étaient fermés de l’intérieur)

Quand j’entends Siegfried forger son épée, non seulement j’entends Siegfried, mais Siegfried avec la voix de Lauritz Melchior, et d’un certain enregistrement très cuivré de 1939 (tant d’autres enregistrements étant téléphoniqués : absence des harmoniques hautes et basses), mais Siegfried, non avec le physique un peu enveloppé de Lauritz, mais avec celui de Manfred Jung lors de la représentation de Chéreau à Bayreuth que j’avais vue et entendue à la télévision en 1982. Cependant, le son est coupé. J’entends, mais le son est coupé. Je suppose que c’est la compréhension qui a lieu. Je n’entends pas, mais je comprends. 

Règle : si sans audition, il n’y a pas de son, sans son (et Dalila) il n’y a pas audition ; cependant il y a des ondes de matière selon le modèle courant. Mais le son, le bruit, ne sont pas des ondes de matières mais des objets. Sans audition, il n’y a pas audition. La stupide question : « Lorsqu’un arbre tombe fait-il du bruit s’il n’y a personne pour l’entendre » est en fait la question : « Y a-t-il audition lorsqu’il n’y a pas audition ? » La réponse est « non » évidemment.

De même la question stupide : « La table existe-t-elle lorsque je ne la regarde pas ? » se résume à la question « La table apparaît-elle quand je ne la regarde pas ? » car l’apparition confère l’existence (et non pas l’être). La réponse est alors « peut-être » car il se peut que quelqu’un regarde la table pendant que je ne la regarde pas.

Pour les sourds de naissance, « bruit » et « son » n’ont pas de sens, mais « ondes de matière » oui. « Ondes de matière » est une vue de l’esprit ; « bruit » et « son » non. Pour les aveugles de naissance, « couleur » n’a pas de sens, mais « ondes électromagnétiques » en a. Une couleur n’est pas un rayonnement électromagnétique et réciproquement.

Quand je pense, c’est la même chose. Je parle à un auditoire indéterminé mais le son est coupé. Il s’agit alors du son émis et non du son reçu (l’expression de son émis est impropre. Selon le modèle courant c’est une onde de matière qui est émise. S’il ne se trouve pas d’auditeurs sur son passage, cette onde se propagera dans le plus grand silence, même si elle est capable de briser les vitres ou de bouger les tuiles sur les toits).

J’aimerai bien avoir des renseignements sur les sons que Schuman entendait. Étaient-ce de simples acouphènes ou de la musique ? La malheureux ne pouvait pas couper le son parce qu’il n’y avait aucune onde de matière correspondant à ce son.

 

Un splendide article antisémite par Laurent Guyénot →  

 .

   La Zone Euro après Chypre  par Jacques Sapir →  

Lecture à l’écran →  

 

 

La grosse TINA est crevée

La grosse TINA est crevée, elle est morte la Poison par Allain Jules. J’attendais ce moment depuis longtemps. Rira bien qui pourrira le dernier. Un nuisible de moins, un. Je n’étais pas seul à attendre. Je n’ai même pas pensé à déboucher le champagne. C’eut été trop d’honneur pour une merde pareille. J’ai donc continué au gros rouge qui s’améliore de jour en jour. Autant les grands crus s’amoindrissent devant l’offensive biochimique anglo-saxonne de merde, autant le gros rouge progresse. Aujourd’hui, en France, le gros rouge est aussi bon que le gros rouge espagnol en litres étoilés d’il y a quarante ans. Que demande le peuple ?

Premièrement, les gouvernements doivent faire sauter toutes les règles et les régulations qui se dressent sur le chemin de l’accumulation des profits. Deuxièmement, ils devraient vendre tous les biens qu’ils possèdent, et que des entreprises pourraient gérer dans un but lucratif. Troisièmement, ils devraient radicalement diminuer le financement des programmes sociaux. Sur ce programme en trois points de dérégulation, de privatisation, et de coupes sombres, Friedman apporte plein de précisions : les impôts, quand ils doivent exister, doivent être peu élevés. Les riches et les pauvres doivent être imposés au même taux fixe. Les entreprises doivent être libres de vendre leurs produits partout dans le monde, et les gouvernements ne devraient faire aucun effort pour protéger l’industrie ou la propriété locales. Tous les prix, y compris le prix du travail, devraient être déterminés par le marché. Il ne devrait pas y avoir de salaire minimum. Pour la privatisation, Friedman proposait la santé, la Poste, l’éducation, les pensions de retraite et même les parcs nationaux. En résumé, et sans aucun complexe, il appelait au démantèlement du New Deal, ce délicat accord entre l’État, les entreprises et les travailleurs, qui avait empêché la révolte du peuple après la Grande Dépression. Quelles que soient les protections que les travailleurs avaient réussi à obtenir, quels que soient les services que l’État fournissait désormais pour arrondir les angles du marché, la contre-révolution de l’École de Chicago voulait les récupérer.

Et elle voulait plus que ça : elle voulait exproprier ce que les travailleurs et les gouvernements avaient construit durant ces décennies de travaux publics frénétiques. Les biens que Friedman pressait le gouvernement de vendre étaient le résultat d’années d’investissement d’argent public et du savoir-faire qui l’avait rendu profitable. S’il ne tenait qu’à Friedman, toute cette richesse partagée devrait être transférée dans les mains du privé, par principe.

Même si elle se cachait toujours derrière le langage des maths et des sciences, la vision de Friedman coïncidait toujours avec les intérêts des grosses multinationales, qui sont par nature toujours avides de vastes marchés dérégulés…

Naomi Klein  (Traduction Superno – « Le libéralisme pour les nuls »)

Le colonel Poutine a sauvé son pays des griffes de ces salopes, de ces petites merdes de Chicago. Vive le colonel Poutine.

  

Le vide, ce n’est pas rien

Le vide, ce n’est pas rien par Roland Lehouc, astrophysicien au CEA. (L’Immonde du 23 mars 2013)

Le vide est un milieu étonnant : des chercheurs finlandais ont réussi à en faire émerger de la lumière, selon une étude publiée dans la revue PNAS du 11 février. Cela semble pourtant impossible si l’on tient pour acquis que le vide est ce qui reste quand on a tout enlevé. Une question se pose immédiatement: que représente ce « tout » ? La matière bien sûr, et la lumière aussi. Est-ce suffisant ? Peut-être faut-il être plus précis : le vide est ce qui reste quand on a enlevé tout ce à quoi l’on pense. Pendant plusieurs siècles, les physiciens s’évertuèrent à produire un vide toujours plus proche de leur idéal, sans jamais l’atteindre exactement. Au début du XXe siècle, la notion de vide se transforme radicalement sous l’impulsion de la mécanique quantique pour aboutir à une définition qui nous permettra de comprendre ce qu’ont fait nos chercheurs.

En 1924, le physicien français Louis de Broglie suggéra que la dynamique d’une particule élémentaire ne pouvait être comprise qu’en utilisant des lois empruntées à la physique des ondes. Ce lien fut renversé en associant une particule, le photon, aux ondes lumineuses. Cette association fut amplement confirmée par l’expérience, et il fallut se résoudre à ce que les objets du monde subatomique puissent à la fois être comptés comme des particules-sans pouvoir être localisés en un point – comme les ondes.

Pour rendre compte de ce double comportement, les physiciens utilisent un acteur physique ‑ le champ ‑ dont l’énergie ne peut varier que par multiples d’une quantité élémentaire. L’apparition d’une particule s’interprète alors comme une excitation du champ, c’est-à-dire comme une variation élémentaire de son énergie : exciter le champ associé à la lumière revient à créer un ou plusieurs photons, comme exciter celui associé à l’électron revient à faire apparaître une ou plusieurs de ces particules. Dans ce cadre, le vide correspond à l’état fondamental du champ, celui qui a la plus basse énergie et compte zéro particule.

En mécanique quantique, l’énergie d’un champ peut varier sur une durée très brève : on dit que son énergie fluctue. Appliquées au vide, ces fluctuations se traduisent par l’apparition fugitive de particules qui en émergent avant d’y replonger très rapidement, ce qui les rend inobservables [Ces fluctuations du] vide ont pourtant une manifestation mesurable. En 1948, le physicien néerlandais Hendrik Casimir montre expérimentalement que deux miroirs placés face à face dans le vide s’attirent mutuellement et interprète cette attraction comme une conséquence des fluctuations du vide. Mieux, la théorie quantique prédit que si l’un des miroirs est en mouvement, l’interaction du système avec les fluctuations du vide peut faire apparaître des photons !

Cette émission n’est pas évidente à observer car il est difficile de déplacer le miroir suffisamment vite pour engendrer un nombre détectable de photons. Les chercheurs finlandais ont pourtant réussi cet exploit, mais en remplaçant les miroirs par un dispositif électrique à très basse température mimant les effets d’une cavité de longueur variable. Ce dispositif semble produire de l’énergie à partir du vide. Ce n’est bien sûr pas le cas car le vide est, par définition, l’état dont l’énergie est la plus basse. L’énergie des photons émis vient tout simplement de celle qui est injectée dans le système pour le faire fonctionner. Le vide est un milieu étonnant, mais il n’est pas magique.

 

Regime change needed in Palestine

Piqûre de rappel

Tout ce qui est israélien est coupable

● « Israël n’est pas une démocratie » par Ilan Pappé, 2011. En fait, il faudrait dire : Israël n’est même pas une démocrachie car de démocratie, il n’y en a nulle part dans ce monde. Il n’y a que des démocrachies où la démocratie s’arrête à la porte des usines et des bureaux. C’est dans les usines et les bureaux que l’on encule. Aux USA il y a trois cent millions d’enculés (un million d’enculés rien que pour Wall Macht), beaucoup d’entre eux étant mariés. Ce n’est donc pas d’hier que les enculés sont mariés, c’est une vieille tradition. L’esclavage, c’est maintenant.

/279/… Frank Barat : Nombreux sont ceux qui pensent que le conflit israélo-palestinien est né de la Shoah et du fait que la population juive d’Europe devait trouver un lieu où vivre en sécurité. Quand les Juifs sont arrivés en Palestine, un conflit pour le territoire a éclaté avec les autochtones, les Palestiniens. Ce conflit dure maintenant depuis plus de soixante ans, et un accord de paix semble impossible pour les deux parties. Est-ce là l’essence de ce conflit à votre avis ?

Ilan Pappé : Non, certainement pas. Le conflit n’a rien à voir avec la Shoah. La Shoah est utilisée et manipulée par les Israéliens pour maintenir le conflit, dans leur propre intérêt [un crime supplémentaire]. L’histoire du conflit est simple. C’est celle de colons européens arrivant à la fin du XIXe siècle avec plusieurs idées. L’idée dominante étant qu’il leur fallait un refuge sûr, parce que l’Europe ne l’était pas, et que cette terre était leur terre d’origine. Ce genre de choses est déjà arrivé par le passé. Ce n’est pas la première fois ni le premier endroit. Des groupes ont déjà eu cette idée bizarre qu’ils pouvaient revenir après 2 000 ans et réclamer quelque chose qui avait soi-disant été à eux.

C’est parce qu’il y avait assez de puissances impérialistes pour encourager cette colonisation qu’ils ont réussi à s’implanter. Dans un premier temps, ils ont commencé à acheter du terrain. Puis, ils ont mis en place /280/ un régime d’exploitation des terres qui permettait d’acheter un terrain à quelqu’un qui n’en était pas le vrai propriétaire et, de cette manière, d’expulser ceux qui le cultivaient vraiment.

Mais même ça n’a pas très bien fonctionné.

Comme vous le savez probablement, quand le mandat britannique a touché à sa fin, le mouvement sioniste n’était parvenu à acquérir que moins de 7 % de la surface de la Palestine. Et le nombre de réfugiés qu’ils avaient réussi à faire venir était assez dérisoire-même après la Shoah. Dans l’ensemble, la communauté juive préférait aller en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou rester en Europe, malgré la Shoah.

Une infime minorité est venue en Israël. C’est pour cette raison, et contre sa volonté de départ, que le mouvement sioniste a décidé de faire venir des Juifs du monde arabe et de les « désarabiser », de façon qu’ils puissent devenir juifs et ne pas s’identifier à la population arabe.

La source du conflit est donc un mouvement colonialiste qui, à cause de la Shoah, parvient, dans un monde qui n’aime plus le colonialisme, à éviter cette étiquette et use de toutes les stratégies possibles pour poursuivre le colonialisme, le nettoyage ethnique et l’occupation. C’est une atrocité inachevée. Le sionisme est une atrocité inachevée contre le peuple palestinien. Si elle avait été achevée, comme les Blancs l’ont fait en Australie et en Nouvelle-Zélande, il n’y aurait probablement pas de conflit aujourd’hui.

/281/ Il est important de comprendre pourquoi ça n’a pas été achevé. Cela ne tient qu’à la volonté et à la résistance indéfectibles des Palestiniens.

Voilà le conflit résumé : un projet colonial qui tente de s’achever, un peuple autochtone qui résiste. Ça ne peut être que conflictuel, à moins de décoloniser la Palestine et d’aller vers une étape post-coloniale.

(…)

/282/… Deuxièmement, il faut changer le lexique. Nous devrions arrêter de parler de « processus de paix » [processus de pets] et d’une « solution à deux États ». Je pense qu’il faudrait réinstaurer les termes « colonialisme » et « anti-colonialisme », « nettoyage ethnique », « changement de régime »... [je ne fais rien d’autre depuis 2006  – c’est peu, et je le regrette, mais c’est toujours ça – rien ne vous empêche d’en faire autant] Toutes ces phrases bien connues tout à fait applicables à la situation en Palestine. Il ne tient qu’à la propagande israélienne et au soutien de cette propagande par les États-Unis que nous n’osions plus les employer.

Il faut faire en sorte et s’assurer que même les médias et les intellectuels dominants et, très certainement, les politiciens emploient aussi ce vocabulaire.

(Palestine, l’état de siège, Galaade, 2013)

La question juive en Palestine – il  ne peut y avoir de question palestinienne en Palestine – est simplissime : ce n’est pas les Palestiniens qui ont envahi la Palestine mais les Juifs. Par conséquent, tout ce qui est israélien est coupable et, comme le disait Gandhi, selon les critères reconnus du bien et du mal, on ne peut rien reprocher – malgré leurs petites fusées, simples piqûres de rappel : pourquoi des criminels devraient-ils dormir en paix ? – à la résistance arabe face à une adversité écrasante. Comment un État criminel pourrait-il être une démocratie ? À ce train, autant soutenir que l’Allemagne de Hitler était une démocratie. Comme l’a si bien dit Armani Nedjad, un changement de régime s’impose en Palestine. Plus colonialiste que les Israéliens, tu meurs. Moins colonialiste, tu meurs encore, c’est tout dire.

● Les champs de mort de Gaza (génocide à Gaza) par Ilan Pappé, 2004-2009

Le prétexte à l’opération de 2006 [à Gaza] fut la capture de Gilad Shalit. On ne peut pas s’aventurer à énoncer une information non factuelle mais il est très probable que si Shalit n’avait pas été capturé par le Hamas, n’importe quelle autre opération militaire de cette organisation contre les politiques d’étranglement israéliennes aurait servi de prétexte pour déclencher un assaut contre la bande de Gaza.

La réponse, ou le déclenchement pour être plus précis, porta le nom de code « Pluies d’été ». Elle débuta le 28 juin 2006 et se termina en novembre de la même année. L’emploi de ce type de noms de code par l’armée israélienne révèle la sinistre nature de ses intentions et de ses attitudes. « Première Pluie » devint « Pluies d’été ». « Nuages d’automne » allait suivre. Dans un pays où il ne pleut jamais l’été, le seul type de précipitations que l’on puisse voir, ce sont les bombes des F-16 et les tirs d’artillerie touchant le peuple de Gaza.

Ce fut l’attaque contre Gaza la plus brutale depuis 1967. Dans le passé, les actions /54/ « punitives » israéliennes à l’encontre du million et demi de Palestiniens pris au piège dans la bande de Gaza se « limitaient à des bombardements depuis l’extérieur de cette zone (par voies terrestre, maritime et aérienne. Cette fois-ci, l’armée envahit la bande de Gaza par voie terrestre et y ajouta la puissance de feu de ses chars d’assaut et le bombardement massif de la zone civile la plus densément peuplée de la planète.

Ce fut la première incursion terrestre après l’évacuation des colons un an plus tôt. La partie la plus douloureuse fut les actions israéliennes de septembre 2006 lorsque la nature de l’escalade israélienne se révéla plus clairement. Quasi quotidiennement, des civils étaient tués par l’armée israélienne. Le septembre, date typique de ce théâtre des horreurs, trois citoyens furent tués et une famille entière blessée à Beit Hanoun. C’était le bilan de la matinée, qui allait lourdement s’accroître pendant le reste de la journée. En septembre, en moyenne, huit personnes mouraient chaque jour sous le feu israélien dans la bande de Gaza. Beaucoup étaient des enfants. Des centaines de personnes furent mutilées, blessées ou restèrent paralysées. Le massacre systématique, plus que toute autre chose, avait l’apparence de meurtres banals parce que l’emploi permanent d’une gigantesque puissance se fait comme une routine quotidienne et non dans le cadre d’une stratégie.

Le 28 décembre 2006, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme /55/ B’Tselem publia son rapport annuel sur les atrocités commises par Israël dans les territoires occupés. Cette année-là, les forces israéliennes tuèrent 683 personnes. Le nombre de Palestiniens tués par Israël en 2006 a triplé par rapport à l’année précédente (chiffre proche des 200). Selon B’Tselem, en 2006, Israël avait tué 141 enfants [Mehra n’en a tué que trois]. La plupart des victimes vivaient dans la bande de Gaza, où les forces israéliennes détruisirent presque 300 maisons et massacrèrent des familles entières. Ainsi, depuis l’an 2000 les forces militaires israéliennes ont tué près de 4 000 Palestiniens, dont un grand nombre d’enfants. Plus de 20 000 personnes ont été blessées.

L’invasion terrestre permit à l’armée de tuer des citoyens de manière encore plus efficace et de présenter les choses comme étant le résultat d’échanges de tirs dans des zones densément peuplées. Selon les porte-parole, ce résultat était inévitable, lié aux circonstances et non à une stratégie israélienne. Un mois et demi plus tard, l’opération « Nuages d’automne » était lancée et s’avéra encore plus meurtrière. Le 1er novembre 2006, en moins de quarante-huit heures, les Israéliens tuèrent 70 civils. À la fin du mois, après quelques petites opérations additionnelles, le chiffre s’élevait à presque 200, dont la moitié environ de femmes et d’enfants.

Entre l’opération « Première pluie » et l’opération « Nuages d’automne », on remarquera une intensification à tout point de vue : tout d’abord la disparition de toute distinction entre les cibles civiles ou non : les tueries sans discernement transformèrent l’ensemble de la population en une cible militaire légitime ; puis l’intensification des moyens militaires, avec l’emploi de tout l’arsenal dont disposait Israël; enfin, le nombre de victimes. À chaque nouvelle opération, on notait un plus grand nombre de morts et de blessés. En définitive, et c’est l’aspect le plus important, les opérations devinrent une stratégie. Voilà comment Israël allait résoudre le problème de la bande de Gaza.

(Palestine, l’état de siège, Galaade, 2013)

● L’État du déni par Ilan Pappé, 2008.

Aussi, nous commencerons par évoquer les chapitres du déni se rapportant aux événements de 1948. Certains d’entre eux ont également disparu de la mémoire collective palestinienne. Les deux formes d’amnésie ont des causes différentes pour les deux peuples, selon la manière qu’ils ont d’appréhender le passé : les Juifs israéliens ne veulent pas reconnaître ou être tenus responsables des événements de 1948, alors que les Palestiniens, en tant que victimes, n’ont pas le désir de rouvrir les plaies du passé. Face à des mémoires collectives aussi différentes et devant l’absence de volonté des historiens de nous donner une représentation réaliste du passé, nous ne disposons pas aujourd’hui de description claire de ces événements.

Les chapitres effacés

Les manœuvres diplomatiques et les campagnes militaires de la guerre de 1948 sont très présentes dans l’historiographie israélienne. C’est le nettoyage ethnique mené par les Juifs qui n’y figure pas. Au terme de cette campagne, cinq cents villages palestiniens et onze quartiers avaient été /217/ détruits, sept cent mille Palestiniens avaient été expulsés et plusieurs milliers avaient été massacrés. Aujourd’hui encore, il est difficile de trouver un document, même succinct, traitant de la planification, de l’exécution et des conséquences de ces événements tragiques.

En novembre 1947, l’ONU proposa une partition de la Palestine en un État juif et un État arabe. Elle pensait que c’était la meilleure solution pour la résolution du conflit. Ce projet s’avéra problématique dès sa conception et ce, pour deux raisons : d’abord l’idée fut présentée aux deux parties, non comme un sujet de négociation mais davantage comme un fait accompli, même si le rejet catégorique par les Palestiniens des principes sur lesquels reposait le plan était connu de l’ONU. L’alternative à ce plan, soutenue par un certain nombre d’États membres des Nations unies et reconnue ultérieurement par le département d’État américain comme étant la meilleure solution, devait commencer, en 1948, des négociations placées sous les auspices des Nations unies et devait durer plusieurs années. Le plan proposé par l’ONU, au contraire, reprenait fidèlement la stratégie et la politique sionistes. Imposer la volonté de l’une des parties ne pouvait offrir la paix, mais seulement constituer un motif de conflit. Le camp palestinien voyait le mouvement sioniste de la même manière que l’Algérie face au mouvement colonialiste français. À l’image des Algériens qui ne pouvaient /218/ accepter la présence de colons français sur leurs terres, il parut inacceptable pour les Palestiniens de tolérer que le mouvement sioniste divisât la terre de Palestine. Toutefois, les Palestiniens reconnurent que la situation des deux pays était différente, aussi un délai supplémentaire était-il nécessaire pour négocier. Il ne fut pas accordé.

Ensuite, la minorité juive (660 000 personnes sur une population totale de 2 millions) reçut la plus grande partie du territoire (56 %). Ainsi, la partition imposée commençait sur la base d’une injustice. Par ailleurs, en raison de la répartition démographique des deux communautés (palestinienne et juive, les 56 % de territoire offerts aux Juifs pour y bâtir un État abritaient un nombre égal de Juifs et de Palestiniens. Tous les leaders sionistes, à gauche comme à droite, se mirent d’accord quant à la nécessité de maintenir une majorité conséquente de Juifs en Palestine ; en réalité, l’absence d’une telle majorité était considérée comme la fin du sionisme. Pourtant, même un passage en revue rapide de l’idéologie et de la stratégie sionistes aurait permis aux architectes de la paix des Nations unies de voir que cette réalité démographique mènerait inexorablement à un nettoyage ethnique quasi total de la population autochtone à l’intérieur de ce futur État juif.

Le 10 mars 1948, la Haganah, principal mouvement clandestin sioniste, élabora un plan militaire destiné à préparer la communauté dans l’attente de l’évacuation des /219/ Britanniques prévue le 15 mai. Le rejet catégorique des Arabes et des Palestiniens avait conduit le commandement juif  à déclarer la proposition de l’ONU comme caduque à tous égards. En mai 1947, déjà, l’Agence juive avait rédigé une feuille de route qui désignait l’essentiel de la Palestine comme faisant partie de l’État juif, à l’exception de la Cisjordanie actuelle, qui était accordée aux Transjordaniens. Ainsi, un plan fut conçu le 10 mars 1948 en vue de s’approprier la Palestine, à l’exception des parties promises à la Transjordanie. Le plan fut appelé Plan D (A, B et C étaient d’anciens plans similaires retraçant la stratégie sioniste face à une réalité changeante). Le Plan D (ou Plan Daleth en hébreu donnait aux forces juives des instructions pour nettoyer les zones palestiniennes tombant sous leur contrôle. La Haganah disposait de plusieurs brigades et chacune d’entre elles reçut une liste de villages qu’elle devait occuper puis détruire. La majorité de ces villages était voués à la destruction et ceux qui échappèrent, sur ordre, à ce sort ne furent que des cas exceptionnels.

Les opérations de nettoyage ethnique, qui débutèrent en décembre 1947, se poursuivirent jusque dans les années 1950. Les villages étaient encerclés sur trois côtés laissant une ouverture pour la fuite ou l’évacuation. Dans certains cas, cette tactique ne fonctionna pas, certains villageois restant dans leur maison. C’est alors que /220/ les massacres eurent lieu. Il s’agit là de la stratégie principale de judaïsation de la Palestine.

Le nettoyage ethnique se déroula en trois étapes : la première de décembre 1947 à la fin de l’été 1948, période pendant laquelle les régions côtières et les plaines furent saccagées, et les populations expulsées. La seconde période eut lieu au cours de l’automne et de l’hiver 1948-1949 et concerna la Galilée et le Néguev. À l’hiver 1949, les armes s’étaient tues sur la terre de Palestine. La seconde phase de la guerre était terminée et, avec elle, la seconde étape du nettoyage ethnique. Néanmoins, les expulsions continuèrent longtemps après la fin du conflit. La troisième phase du nettoyage ethnique allait se poursuivre jusqu’en 1954, des dizaines d’autres villages furent détruits et leurs habitants expulsés. Parmi les quelque 900 000 Palestiniens vivant sur le territoire désigné par les Nations unies comme faisant partie de l’État juif, seuls 100 000 purent rester sur ou à proximité de leurs terres et de leurs maisons. Ceux-ci devinrent la minorité palestinienne d’Israël. Les autres furent expulsés ou fuirent face aux menaces d’expulsion, et quelques centaines, enfin, périrent lors de massacres.

La campagne, la partie rurale de la Palestine, mosaïque faite de milliers de villages colorés et pittoresques, était ruinée. La moitié d’entre eux avait tout simplement été rayé de la carte [qui raye qui de la carte ?], écrasé sous les chenilles des bulldozers à partir d’août 1948 lorsque /221/ le gouvernement décida de convertir ces villages en terres cultivables ou d’y construire de nouvelles colonies juives. Un comité spécial fut mis en place pour rebaptiser les anciens lieux arabes avec des noms hébreux : ainsi, Lubya devint Lavi et Saffouriyya devint Tzippori. David Ben Gourion, alors Premier ministre d’Israël, expliqua que cette manœuvre permettrait d’éviter toute réclamation concernant ces villages. Le processus fut également soutenu par des archéologues israéliens qui validèrent les nouveaux noms, pas tant pour des raisons foncières que pour une sorte de justice romantique restaurant la carte de « l’ancien Israël ». Les noms venaient de la Bible et remplaçaient ceux des villages détruits. Les zones urbaines de la Palestine furent également écrasées. Les quartiers palestiniens des villes mixtes furent mis à sac, à l’exception de quelques quartiers qui furent évacués, dans l’attente des immigrants juifs venus des pays arabes.

Les réfugiés palestiniens passèrent l’hiver 1948 sous des tentes, au milieu de camps mis en place par des organisations humanitaires. La plupart de ces endroits deviendraient leurs résidences permanentes. Les tentes furent remplacées par de petites maisons en terre battue et devinrent un symbole familier de la vie des Palestiniens au Proche-Orient. À l’époque, le seul espoir des Palestiniens était la résolution 194 des Nations unies (11 décembre 1948 qui leur promettait un /222/ retour sur leurs terres. Parmi les nombreuses promesses faites aux Palestiniens par la Communauté internationale, celle-ci n’a pas été tenue non plus.

La catastrophe qui toucha les Palestiniens allait rester dans la mémoire collective sous le nom de Nakba (le désastre en arabe, attisant le feu qui ferait revivre un mouvement national au sein du peuple palestinien. L’image de ce mouvement national serait désormais celui d’un peuple indigène mené par une guérilla visant un retour en arrière et qui, comme on le sait, ne connaîtra que peu de succès.

La mémoire collective israélienne, de son côté, dépeindra la guerre comme un mouvement de libération national luttant à la fois contre le colonialisme britannique et contre l’hostilité des Arabes, et qui, contre toute attente, l’emportera. La perte de 1 % de la population juive assombrira évidemment la joie d’accéder à l’indépendance [les Juifs ont volé l’indépendance des Palestiniens sortant de quatre siècles de domination turque], mais ne dissuadera pas la volonté et la détermination des sionistes à judaïser la Palestine et à en faire la terre de la communauté juive. En réalité, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, Israël allait devenir l’endroit le plus dangereux de la planète pour les Juifs. De plus, la plupart d’entre eux préférèrent vivre en dehors d’Israël, et une partie ne s’identifia pas au projet juif en Palestine et refusa même d’être associée à ses funestes conséquences.

Néanmoins, aux États-Unis, une minorité véhémente de Juifs excusa volontiers /223/ le déracinement des Palestiniens au même titre que les autres événements de 1948 L’illusion selon laquelle la majorité des Juifs avait légitimé les agissements qu’Israël a pu commettre en 1948 et par la suite compromit dangereusement les relations entre les minorités juives et le reste des sociétés occidentales, en particulier dans des régions où, depuis 1987, l’opinion publique est devenue particulièrement hostile à la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens.

(Palestine, l’état de siège, Galaade, 2013)

● Projet pour un État unique par Ilan a Pappé, 2010.

/196/ Pour toute personne engagée dans la question de la Palestine, la lutte mémorielle apparaît comme la principale tâche au cours de ce siècle. La convergence d’une historiographie palestinienne diligente et des révélations récentes faites par des historiens renouvelant leur approche, en Israël, a non seulement transformé le programme de la recherche académique, mais également le discours public des militants. C’est, à de nombreux égards, l’exposition des événements de 1948 qui a augmenté le nombre de militants pour la paix et les membres des comités de solidarité avec la Palestine, en y incluant la Nakba de 1948. Même le Président Obama, au cours d’un discours tenu au Caire en juin 2009, a évoqué la souffrance du peuple palestinien depuis soixante ans.

Dans le cas d’une solution à un État, la lutte mémorielle est primordiale. Seule une perspective historique révèle la nature réductrice de la solution à deux États : le fait que la « Palestine » ne représente qu’un cinquième du pays et environ un tiers des Palestiniens.

Une reconnaissance historique plus profonde expose la nature colonialiste du mouvement sioniste. Elle montre non seulement que les Palestiniens ont subi un nettoyage ethnique en 1948 et qu’ils n’ont jamais pu rentrer chez eux, mais aussi que /197/ l’idéologie qui a produit cette politique existe encore aujourd’hui.

Un journaliste et écrivain italien courageux a comparé la narration employée jusqu’à présent, comme la raison d’être de la solution à deux États, à une narration historique qui parle de la Révolution française comme étant une transition violente qui n’a ni racine, ni référence. L’expérience palestinienne commune entre la fin du XIXe siècle et 1948 a été remplacée par des expériences distinctes à cause de la fragmentation du peuple et de la division du pays. Mais ces expériences isolées et nouvelles sont toutes liées sans exception à ce qui s’est passé en 1948 autrement dit, que vous viviez à Ramallah, à Londres, à Yarmouk ou à Nazareth, la situation difficile que vous vivez aujourd’hui est le fruit des évènements de 1948. De plus, l’idéologie qui a enfanté le nettoyage ethnique de 1948 est celle-là même qui maintient encore aujourd’hui les réfugiés dans des camps, qui exerce une politique de discrimination à l’égard des Palestiniens vivant en Israël, qui opprime ceux qui vivent en Cisjordanie et enfin qui emprisonne ceux de la bande de Gaza. Vue sous cet angle, une solution à deux États n’est qu’un couvercle ridiculement petit destiné à recouvrir une immense marmite et, quand bien même vous parviendriez à le poser dessus, il finirait par couler [sic]. La résolution d’un conflit ne peut intervenir que si ledit couvercle est fermement posé /198/ sur le passé et met un terme aux horreurs vécues. Au niveau du monde universitaire et de la société civile, cette prise de conscience est forte et a créé un terrain fertile à la discussion sur une solution à un État. Ce n’est malheureusement pas le cas dans les médias ni dans l’arène politique, que ce soit en Occident ou dans le monde arabe. À ce niveau de lutte, il y a plus de chances de pouvoir débattre de la narration historique que de faire la promotion de la solution à un État. Les médias et le monde politique rejettent fermement cette dernière solution, mais pourraient accepter de reconnaître que leur narration historique a été, jusqu’ici, biaisée et faussée, et qu’ils pourraient considérer le conflit comme un processus qui a débuté en 1948, voire en 1882, et non en 1967. Autrement dit, ce qu’il faut répéter, c’est que ce que les « desperados » appellent les faits sur le terrain, qui ont progressivement rendu impossible la solution à deux États, n’étaient pas accidentels. Ils sont le résultat d’une stratégie visant à promouvoir le contrôle de l’ État d’Israël sur une Palestine sous mandat. Cette stratégie était et reste aujourd’hui la pierre angulaire du sionisme pratique et elle a divisé le pays en deux territoires : d’une part celui que dirige Israël de manière directe et sur lequel il souhaite mettre en place ce que Shimon Peres a appelé un « territoire maximum avec un minimum d’Arabes » et d’autre part celui qu’Israël contrôle indirectement ou par procuration, grâce à une Autorité /199/ palestinienne collaborationniste. Ce qui fut et qui est encore présenté par les médias et les politiciens occidentaux comme le débat fondamental en Israël au sujet de la guerre et de la paix, sur la poursuite de l’occupation ou le retrait des territoires est donc un débat sur la définition même du « territoire maximum » et sur les moyens à employer pour y parvenir. La question est également posée sur la manière de réduire le nombre d’Arabes.

Démasquer le paradigme de la parité, la parodie de débat au sein de la société israélienne et révéler la stratégie se cachant derrière la politique israélienne depuis quarante ans est une tâche que le mouvement pour un État unique doit prendre à son compte dans un futur prochain.

(…)

Déstructurer le processus de pets

(…)

/200/… Le processus de pets est né immédiatement après la fin de la guerre de juin 1967. Bien que ceux qui en ont pris l’initiative fussent français, britanniques et russes, il devint très vite une tentative d’imposer la Pax Americana. L’intention principale des Américains, sous couvert d’efforts de « pets » , fut fondée sur l’équilibre du pouvoir comme prisme principal, à travers lequel les solutions éventuelles seraient examinées. La question de la supériorité israélienne étant indiscutable après la guerre, cela voulait dire que quels que soient les « plans de pets » envisagés par les généraux et les politiciens israéliens, ceux-ci devenaient rapidement la base du processus en général.

Ainsi, l’élite politique israélienne avait la possibilité de décider du bien commun et d’édicter les règles en fonction de ses propres prérogatives. Ces règles israélo-américaines furent énoncées au cours des années ayant suivi l’occupation de 1967 et fixèrent la vision d’une nouvelle cartographie géopolitique de la Palestine historique. Le sionisme pratique décida en résumé que le pays serait divisé en deux parties : la première serait directement /201/ contrôlée par Israël sous la forme d’un État souverain, et la seconde dirigée indirectement par Israël et « offrant » une autonomie limitée aux Palestiniens.

Le rôle principal des États-Unis consista à présenter ces règles au reste du monde de manière positive, c’est-à-dire comme exemples de « concessions israéliennes » , d’une « attitude raisonnable » et de positionnements souples ». À ce jour, qu’il s’agisse d’ignorance ou d’un manque d’intérêt, la position que les administrations américaines qui se sont succédé ont adoptée vis-à-vis du conflit ne prend en compte que la scène publique israélienne et méprise en même temps toute perspective palestinienne quelle qu’en soit sa nature.

Cette hégémonie américano-israélienne a instauré cinq règles qui, jusqu’ici, n’ont jamais été remises en cause politiquement ni diplomatiquement par le Quartet ni par ceux qui étaient responsables du processus de pets et de la comédie [de pétomanes] qui l’accompagnait. La première règle concerne directement la lutte relative à la mémoire historique évoquée plus haut. Elle établit que le conflit » a commencé en 1967 : ainsi, la nature même de la solution repose sur un accord définissant seulement le statut futur de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Pareille perspective limite une future solution à 78 % de la Palestine. La seconde règle énonce le fait que toute chose visible dans ces régions est divisible, et que cette divisibilité est la solution pour parvenir /202/ à la paix. Il apparaît donc que même les 22 % restants de la Palestine doivent être divisés pour parvenir à la paix. De plus, le processus de pets impliquait que outre les zones occupées en 1967, les populations et les ressources naturelles devaient également être divisées. La troisième règle édicte qu’aucun des événements qui se sont déroulés avant 1967, y compris les conséquences de la Nakba et son nettoyage ethnique, ne sont négociables. Cette règle a permis d’écarter la question des réfugiés du programme. Aujourd’hui encore, cette dernière n’y figure toujours pas.

La quatrième règle met en équation la fin de l’occupation israélienne et la fin du conflit. En pratique, une fois qu’un accord aurait été trouvé – expulsion ou contrôle – le conflit serait considéré comme résolu de manière définitive.

La dernière règle écarte toute concession de la part d’Israël jusqu’au terme de la lutte armée palestinienne.

En 1993, ces cinq règles devinrent les accords d’Oslo, lorsque le partenaire palestinien parut en accepter le principe. Elles furent à nouveau présentées, sous une autre forme, en l’an 2000, à Camp David, et dans les deux cas, après de longues discussions, furent rejetées par l’OLP et l’Autorité palestinienne. Mais elles sont encore considérées comme des éléments de base dans le déroulement du processus de pets.

/203/ La tâche se résume en deux parties.

La première consiste à faire comprendre à l’opinion publique que cette réalité qui est vue par les observateurs internationaux comme une catastrophe humaine aux proportions inimaginables est le résultat inévitable du processus de pets et des décisions qui en sont la base. Ainsi, il est exposé aux yeux du monde comme un acte politique offrant une immunité internationale pour une politique de colonisation et de dépossession [stupéfiant ! n’est-ce pas : colonisation et dépossession deviennent le crime le plus vertueux du monde]. Il est vrai que cette politique s’est renforcée depuis l’an 2000, mais il est en revanche faux d’affirmer que la dramatique escalade est le résultat d’un effondrement du processus de pets. Elle est le résultat de l’essence même de ce processus de pets [le processus de pets fut conçu exactement pour ça].

Le mouvement pour un État unique est soutenu par les universitaires, les journalistes et les militants qui disposent des moyens de propagation de ces informations à travers les livres, les journaux et lors de réunions publiques évoquant les affaires liées à la Palestine et à Israël. Une sorte de cadre médiatique est en place, mais il ne fonctionne pas de manière systématique et professionnelle. On doit admettre que c’est avant tout la frilosité plutôt que l’ignorance qui empêche les journalistes et les politiciens d’exposer le « processus de pets » , renforçant ainsi un bouclier israélien très bien structuré et déjà mis en place en 1967, pour isoler les Palestiniens dans des bantoustans. Le sionisme pratique n’avait pas pour /204/ ambition de contrôler directement les zones peuplées de Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, n’avait pas osé les expulser et ne souhaitait pas leur offrir davantage qu’une autonomie limitée.

(Palestine, l’état de siège, Galaade, 2013)

 

Gracias presidente

●  L’hommage de Lurel à Chavez illustre l’influence du Vénézuélien sur les Caraïbles (Le Point)

Cliquez sur l’image

● Victorin met une grosse cacarotte à Cocopette par Allain Jules (et aussi une autre encore plus grosse à Tétésson qui bave) « L’hommage incongru rendu par notre pays sur les épaules de Blum et de De Gaulle à Chávez cautionne la politique que celui-ci a menée, inspiré par une finalité sociale au mépris de la réalité économique » Oui, Chavez poursuivait une finalité sociale, mais a chié sur la « réalité économique », sur toi et sur le con sans suce de washing Stone. La prétendue réalité économique n’est qu’un pot de chambre. Arrogantes salopes occhidentales qui ne vous sentez plus pisser, de l’au-delà Chavez vous encule par l’entremise de son incongru messager vaudou. Tempête dans un pot de chambre, c’est délectable. Quoi de plus triste qu’un con sans suce, sinon une bouteille vide ?

Des journaputes du Point : « Visiblement peu au fait de la thanatopraxie et pas encore rompu aux devoirs de la diplomatie. » Là est la question : Victorin n’était pas diplomate et ne connaissait donc pas la langue diplomatique. Il a donc parlé avec son cœur de socialiste dans une langue créole qui n’était pas de bois. Le métis Lurel parlait avec simplicité du métis Chavez. Entre Caribéens on se comprend. Ainsi, tel est pris qui croyait prendre. Le sinistre gouvernement, afin de marquer sa correctness et son mépris de Chavez, envoya un non-diplomate au lieu d’envoyer, au minimum, le fameux ministre de la queue d’Orsay. Ils ont envoyé Fabrice à Caracas. Et c’est la catastrophe. Quelle rigolade. Ce n’est pas Lurel qui commet une bévue, mais le sinistre gouvernement. Les faux-culs sinistres sont touchés en plein cœur par l’épieux vaudou. Qu’ils crèvent.

Honnête article de l’Express Victorin savait très bien ce qu’il faisait et que cela lui serait reproché : « Moi je dis, et ça pourra m’être reproché, (...) que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu’on prétend que c’est un dictateur. Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l’Homme”, a encore déclaré le ministre. » Bravo Victorin. Tu sauves l’honneur de la France, cette grosse salope atlantiste. Tu as chié sur la démocrachie atlantiste, c’est très bien. Chavez, comme de Gaulle (ou Poutine) étaient tous deux anti-atlantistes. Il faut chier dessus sans relâche. Chieurs de tous les pays, unissez vous.

Arrêt sur images. Intéressant.

Le gouvernement refuse de désavouer Lurel. Grâce à Victorin, Chavez gagne post mortem. Le sinistre gouvernement est obligé d’avaler la couleuvre. Ils vont manger du Chavez tous les jours. Bon appétit salauds ! ô ministres sinistres.

Olivier Duhamel : le populo ne peut pas comprendre l’ironie. Il faut lui parler comme à un enfant. Si Lurel avait suivi les « sages » conseils de Duhamel, il n’y aurait pas eu de scandale, ce qui eut été dommage, car ce n’est pas tous les jours que l’on peut rigoler. La provocation est d’autant plus puissante qu’elle n’émane pas d’un provocateur mais d’un ♫ hombre sincero. C’est Jésus qui chasse les marchands du temple ou Parsifal qui tue le cygne.

Mélanchon est le plus con : il reproche à Lurel un ton de blague pour parler d’un défunt ! Vous trouverez un document sonore sur l’Express, vous pourrez juger sur pièce. C’est un caribéen qui se recueille sur la dépouille d’un autre caribéen.

Je lis beaucoup de « atmosphère surréaliste… ». Tout simplement, l’ombre d’Aimé Césaire planait sur l’entrevue du vivant et du mort.

Un commentateur du bloc-note de Tétésson

conscient le 11/03/2013 à 10:25

Cet homme !

... A dit ce que pense tout bas une bonne partie de la vraie classe politique de gauche [aïe, faut pas rêver, la classe politique de gauche est une grosse merde] ; Chavez représente la fin du pillage en règle de l’Amérique latine au profit des multinationales principalement nord américaines.

Il a redistribué au plus grand nombre, à son peuple et les territoires qui sont à proximité le savent, il n’y a rien de déshonorant à le dire.

On peut ne pas être d’accord avec un certain nombre de ses prises de positions internationales, mais ce qui fait peur aux libéraux, séides et affidés des oligarchies, c’est que le mouvement s’étende et que le peuple de France, par exemple, comprenne que 200.000 hyper riches se gavent comme jamais [faut pas rêver].

Que ceux-ci sabordent l’économie de leur pays en fraude et en évasion fiscale pour 250 milliards chaque année.

Tout comme les multinationales et entreprises françaises qui chaque année, font la même chose pour 350 milliards, en les plaçant et en ne les investissant pas dans l’économie ! [vive Keynes ! Il faut euthanasier les rentiers, seuls ennemis de Marx qui respectait les industriels (Owen était un industriel) ; il faut euthanasier Warren Buffet pendant qu’il est encore temps, avant qu’il ne crève. Déjà Hayek et Friedmann nous ont échappé]

Après cela, on entend une madame Parisot pleurer et nous dire que les entreprises n’ont plus de sous pour investir...

De toute façon, il est injuste de dire que Lurel a « dérapé » [un terme prout-prout], qu’il n’a pas exprimé le point de vue du gouvernement, etc. puisque le point de vue du gouvernement – et non seulement du gouvernement mais de cette grosse salope d’Europe – est de vomir sur Chavez. Ce fut donc un vrai diplomate : il a dissimulé le point de vue infâme du gouvernement – et de cette grosse salope d’Europe – et rendit justice à Chavez, protégeant ainsi la France de nouvelles haines et mépris de par le vaste monde. Grâce à Lurel, la France est censée ne pas avoir craché sur Chavez mort et j’en suis fort aise. Ce faisant, le créole Lurel a bien baisé le sinistre gouvernement de pseudo socialistes. Hourrah pour Victorin.

Le secret de Chavez, c’est qu’il y a beaucoup de pauvres au Vénézuela et très peu de riches, et ces pauvres votent pour lui. Ce n’est pas le colonel Chavez qui a fabriqué tous ces pauvres qui votent pour lui, ce n’est pas lui qui a détruit l’industrie de son pays, ce sont les mêmes qui ont détruit celle de la France ou des USA : con sans suce de washing Stone et FMI. Connards, ça vous apprendra, il ne fallait pas fabriquer tant de pauvres. Voilà le secret de Chavez. Tant va la cruche néo-libérale à l’eau, qu’à la fin elle se casse. Bientôt, beaucoup de pauvres en Europe et donc beaucoup de colonels Chavez. Il y en a déjà un en Russie et lui investit à tour de bras et il réarme. Hurrah !

Chavez, comme de Gaulle a chassé les amères Loques, mais il a fait beaucoup plus que Blum (« constant avocat de la cause sioniste ») qui n’a rien fait (congés payés et réduction du temps de travail et autres broutilles). Blum est surtout connu pour avoir refusé tout secours aux républicains espagnols. On ne peut comparer les pauvres de Blum (ouvriers, employés) et les pauvres de Chavez : des indigents vivant dans la fange de par l’action de ces messieurs compradores et amères Loques ingérantes action aggravée par le con sans suce de washing Stone. Il n’est pas du tout question de congés payés, ici. Et comment réduire un temps de travail qui n’existe pas. De plus, Chavez, contrairement à Blum, s’est toujours soucié du sort des Palestiniens et de Gaulle a purgé la Défense française des Israéliens qui s’y étaient incrustés.

● Les impudentes salopes béni oui oui, gauche et droite réunies, étouffent de rage Mme Parisot fait encore pipi aux culottes. Qui déshonore la France ? D’outre tombe Chavez vous dit merde. Victorin, pisse leur à la raie. Enfin un vrai socialiste. Flanby ne doit pas en mener large. Il serre ses flasques fesses. « La socialiste Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris a également estimé dans l’émission “Le Grand Rendez-vous” sur Europe 1, i>télé et Le Parisien que cette comparaison était “un peu rapide, un peu abusi(ve)”… “Je pense que tout ça va être corrigé certainement dans la journée”, a-t-elle ajouté.. » [mercredi 13 mars 2013 : ce  n’est toujours pas corrigé, idiote !] Ouh mama que j’ai peur ! Un gros mot a été prononcé : Chavez socialiste. Nos sociaprouts ont la chiasse. Mme Parisot fait pipi aux culottes. Une vérité sort de… sa bouche cependant : la déclaration du ministre est très choquante. Hourra ! enfin une déclaration très choquante, d’autant plus choquante et admirable qu’elle sort de la bouche d’un ministre du gouvernement sinistre. Quelle délectation de voir le grouillement précipité de tous ces crabes dans leur panier. Un coup de pied de ministre dans le panier de crabe. Le ministre des Outres-Merde fout la queue d’Orsay dans le fion du ministre des Affaires Étranges qui n’a pas daigné se déplacer tant il a en horreur les dictateurs, le saint homme.

● Le Venezuela avant et après Hugo Chávez par François Asselineau DOC 2013-03-12-3 

         

Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine
est-il un territoire occupé?

Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine est-il un territoire occupé?

Gilad Atzmon

Lundi 11 Mars 2013

 

Pour militer dans le Mouvement de Solidarité avec la Palestine, il faut reconnaître que les Juifs sont spéciaux ainsi que leur souffrance. Les Juifs sont différents des autres, leur Holocauste est différent des autres génocides et l’antisémitisme est la pire forme de racisme que le monde ait jamais connue, et ainsi de suite.

Mais en ce qui concerne les Palestiniens, c’est exactement l’inverse. Là on doit penser que les Palestiniens ne sont pas du tout spéciaux -ils sont comme tout le monde. Les Palestiniens ne sont pas les victimes d’un mouvement juif nationaliste, expansionniste et raciste, unique en son genre, au contraire, on doit convenir que, exactement comme les Amérindiens et les Africains, les souffrances des Palestiniens sont la conséquence du colonialisme ordinaire du 19ième siècle -et la suite du même apartheid sans intérêt.  

Donc, les Juifs, les Sionistes et les Israéliens sont exceptionnels, différents de tout le monde, mais les Palestiniens sont toujours considérés comme faisant partie, en quelque sorte, d’une histoire politique plus vaste comme tout un chacun. Leurs souffrances ne sont jamais dues à la particularité du nationalisme juif et du racisme juif ni même au fait que l’AIPAC domine la politique étrangères des États-Unis, non, les Palestiniens sont les victimes d’une dynamique banale, sans intérêt - une dynamique générale, abstraite et qui manque totalement de traits distinctifs.

Cela soulève quelques sérieuses questions.

Y a-t-il un autre mouvement de libération ou de solidarité qui se targue d’être banal, ordinaire et sans intérêt?  Y a-t-il un autre mouvement de solidarité qui réduise sa cause à une simple pièce de musée dans un musée rassemblant des événement historiques concrets? Je ne le crois pas! Les Sud-Africains se considéraient-ils comme n’importe qui d’autre? Martin Luther King pensait-il que ses frères et soeurs n’avaient, au fond, rien de particulier? Je ne le pense pas. Alors comment le Mouvement de Solidarité avec la Palestine a-t-il pu tomber si bas que ses porte-paroles et ses supporters se sentent obligés de rivaliser entre eux à qui pourra le mieux éliminer la spécificité de la lutte palestinienne et en faire une simple composante de mouvements historiques tels que le colonialisme ou l’Apartheid?

La réponse est simple. Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine est un territoire occupé et comme tous les territoires occupés, il doit se consacrer au combat contre « l’antisémitisme ». Tout le monde y est consciencieusement uni contre le racisme et engagé de toutes ses forces aux cotés des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) en Palestine et dans le mouvement lui-même, mais le mouvement dans son ensemble se montre à peu près indifférent au sort des Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés et à leur Droit de Retour dans leur patrie.

Mais tout cela pourrait changer. Les Palestiniens et leurs supporters pourraient se mettre à voir leur cause pour ce qu’elle est, unique et spécifique. Cela ne devrait pas être trop difficile. Après tous si le nationalisme juif est intrinsèquement exceptionnel, il est normal que les victimes d’une entreprise raciste aussi unique soit elles-mêmes au moins aussi uniques [CQFD].

Jusqu’ici le Mouvement de Solidarité avec la Palestine n’a pas réussi à libérer la Palestine mais il a réussi à créer une Industrie de la Solidarité avec la Palestine qui surpasse ses rêves les plus fous et qui est, de plus, largement financée par les Sionistes libéraux. Nous sommes parvenus à galvaniser des militants qui promeuvent dans le monde entier le « boycott » et les « sanctions » alors même que le commerce entre Israël et l’Angleterre est en plein expansion et que le Hoummous Tzabar est en vente dans tous les supermarchés.

Tous ces efforts pour réduire le calvaire palestinien à un évènement historique ordinaire, dépassé et sans intérêt doivent être dénoncés pour ce qu’ils sont -des efforts pour amadouer les Sionistes libéraux. La souffrance palestinienne est en réalité unique dans l’histoire, au moins aussi unique que le projet sioniste.

Hier je suis tombé sur ces paroles du ministre sud-africain Ronnie Kasrils à propos de l’Apartheid israélien : « C’est bien pire que l’Apartheid... A côté des mesures israéliennes, de leur brutalité, l’Apartheid était une partie de plaisir. Nous n’avons jamais attaqué nos propres villes avec des avions de guerre; nous ne les avons jamais assiégées pendant des mois. Nous n’avons jamais détruit des maisons avec des tanks. »

Kasrils a tout à fait raison. C’est bien pire que l’Apartheid et bien plus raffiné que le colonialisme. Pourquoi ? Parce que ce que les Sionistes ont fait et continuent à faire n’est ni de l’Apartheid ni du colonialisme. L’Apartheid avait pour but d’exploiter les Africains. Israël veut se débarrasser des Palestiniens  [un détail dirait Le Pen]. Le colonialisme est un échange entre un état-mère et un état colonial. Israël n’a jamais eu d’état-mère, bien qu’il ait peut-être eu quelques « mères porteuses ».

Le temps est venu de voir le caractère spécifique du calvaire palestinien. Il est temps aussi de voir le crime sioniste à la lumière de la culture et des politiques identitaires juives.

Le Mouvement de Solidarité en est-il capable ? Sans doute, mais il a d’abord besoin d’être libéré, comme la Palestine.

Gilad Atzmon, CounterPunch

 Les Israéliens pratiquent un négationnisme radical à l’encontre des Palestiniens. Golda Mémère n’a-t-elle pas déclaré que les Palestiniens n’existaient pas ? Et puis : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre. » Ils nient leurs crimes interminables. Ils nient les droits des Palestiniens. Ils nient le droit international. Ils nient physiquement les Palestiniens, c’est à dire ils les assassinent. Les Israéliens sont ainsi les plus négationnistes de tous les négationnistes du monde. L’État d’Israël est fondé sur la négation d’un peuple autochtone. Les Palestiniens avaient rejeté, à juste titre, la proposition de partage non contraignante et injuste de la toute nouvelle ONU. Les futurs Israéliens ont nié ce rejet en fondant l’État d’Israël. La fondation de l’État d’Israël est donc un crime contre l’humanité. ♫ C’est pas moi, c’est ma sœur, qu’a cassé la machine à vapeur…

 

       Fumiers de nouveaux cons, racaille par Laurent Guyénot (Réseau Voltaire) →  

 

Une perle

par René Naba.

Revue d’Etude Palestiniennes n° 14, février 1982

Oded Yinon | Israël Shahak | n° 14, février 1982

Cet article, envoyé à la Revue d’Étude Palestiniennes par Israël Shahak, ancien président de la Ligue israélienne des Droits de l’Homme, est paru dans Kivunim (Orientations), n° 14, février 1982 (Revue publiée par le Département de l’Organisation Sioniste mondiale, Jérusalem).

En 1982, La Revue d’Études Palestiniennes avait publié un article d’Oded Yinon, intitulé: « Stratégie pour Israël dans les années 1980 », qui lui avait été adressé, avec une courte préface, par le regretté professeur Israël Shahak, ancien président de la Ligue israélienne des Droits de l’Homme.

Dans sa préface, Israël Shahak avait attiré l’attention des lecteurs sur la proximité entre cette «stratégie pour Israël» et la pensée néoconservatrice américaine, la même qui présidera à la politique étrangère des États-Unis depuis l’accession de George W. Bush au pouvoir. L’éclatement de l’Irak, les tensions communautaires dans la plupart des pays arabes, l’annexion aussi de Jérusalem et d’une bonne partie de la Cisjordanie dotent l’article d’Oded Yinon, vingt-cinq ans après sa publication, d’une funeste actualité.

Stratégie pour Israël dans les années 1980

(…) Le mythe de l’Égypte, homme fort du monde arabe, ébranlé en 1956, n’a pas survécu à 1967 ; mais notre politique et la restitution du Sinaï ont fait d’un mythe un « fait ». Mais sur le plan réel, la puissance égyptienne, comparée à celle d’Israël seul, et à celle du monde arabe, a diminué de 50 % depuis 1967. L’Égypte n’est plus la première puissance politique du monde arabe, et elle est à la veille d’une crise économique. Sans aide extérieure, la crise va se produire incessamment. A court terme, grâce à la reprise du Sinaï, l’Égypte va marquer quelques points, mais seulement jusqu’en 1982 ; et cela ne modifiera pas à son avantage le rapport de forces mais pourrait même entraîner sa ruine.

L’Égypte, dans sa configuration intérieure actuelle est déjà moribonde, et plus encore si nous prenons en compte la rupture entre Chrétiens et musulmans qui va croissant. Démanteler l’Égypte, amener sa décomposition en unités géographiques séparées : tel est l’objectif politique d’Israël sur son front occidental, dans les années 1980. L’Égypte est effectivement déchirée. L’autorité n’y est pas une mais multiple. Si l’Égypte se désagrège, des pays tels que la Lybie , le Soudan et même des États plus éloignés ne pourront pas survivre sous leur forme actuelle et accompagneront l’Égypte dans sa chute et sa dissolution. On aura alors un état chrétien copte en Haute Égypte, et un certain nombre d’États faibles, au pouvoir très circonscrit, au lieu du gouvernement centralisé actuel ; c’est le développement historique logique et inévitable à long terme, retardé seulement par l’accord de paix de 1979.

Le front ouest qui, à première vue, semble poser plus de problèmes, est en fait plus simple que le front est, théâtre récent des évènements les plus retentissants. La décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Égypte, la Syrie , l’Irak et toute la péninsule arabe ; au Liban, c’est déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie  et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif prioritaire d’Israël, à long terme, sur son front est ; à court terme, l’objectif est la dissolution militaire de ces États. La Syrie va se diviser en plusieurs états suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un État alaouite chiite ; la région d’Alep, un État sunnite ; à Damas, un autre État sunnite hostile à son voisin du Nord : les Druzes constitueront leur propre État, qui s’étendra sur notre Golan peut-être, et en tout cas dans le Haourân et en Jordanie du Nord. Cet État garantira la paix et la sécurité dans la région, à long terme: c’est un objectif qui est dès à présent à notre portée.

L’Irak, pays à la fois riche en pétrole, et en proie à de graves dissensions internes, est un terrain de choix pour l’action d’Israël. Le démantèlement de ce pays nous importe plus encore que celui de la Syrie. L ‘Irak est plus fort que la Syrie ; à court terme, le pouvoir irakien est celui qui menace le plus la sécurité Israël. Une guerre entre l’Irak et la Syrie ou entre l’Irak et l’Iran désintègrera l’État irakien avant même qu’il ne puisse se préparer à une lutte contre nous. Tout conflit à l’intérieur du monde arabe nous est bénéfique à court terme et précipite le moment où l’Irak se divisera en fonction de ses communautés religieuses, comme la Syrie et le Liban. En Irak, une distribution en provinces, selon les ethnies et les religions, peut se faire de la même manière qu’en Syrie du temps de la domination ottomane. Trois États ― ou davantage ― se constitueront autour des trois villes principales : Bassorah, Bagdad et Mossoul ; et les régions chiites du sud se sépareront des sunnites et des kurdes du Nord. L’actuel conflit irano-irakien peut radicaliser cette polarisation.

(…) La Jordanie ne peut plus survivre longtemps dans la structure actuelle et, la tactique d’Israël soit militaire, soit diplomatique, doit viser à liquider le régime jordanien et à transférer le pouvoir à la majorité palestinienne. Ce changement de régime en Jordanie résoudra le problème des territoires cisjordaniens à forte population arabe ; par la guerre ou par les conditions de paix, il devra y avoir déportation des populations de ces territoires, et un strict contrôle économique et démographique ― seuls garants d’une complète transformation de la Cisjordanie comme de la Transjordanie. A nous de tout faire pour accélérer ce processus et le faire aboutir dans un proche avenir. Il faut rejeter le plan d’autonomie et toute proposition de compromis, de partage des territoires ; étant donné les projets de l’OLP et des arabes israéliens eux-mêmes (voir le plan de Shefar’ham) il n’est plus possible de laisser se perpétuer ici la situation actuelle sans séparer les deux nations : les Arabes en Jordanie et les juifs en Cisjordanie. Il n’y aura de véritables coexistence pacifique dans ce pays que lorsque les arabes auront compris qu’ils ne connaîtront ni existence ni sécurité qu’une fois établie la domination juive du Jourdain jusqu’à la mer. Ils n’auront une nation propre et la sécurité qu’en Jordanie.

En ce qui concerne Israël, la distinction entre les régions acquises en 1967 et les territoires qui les prolongent, ou les zones acquises en 1948, n’a jamais eu aucun sens pour les arabes, et s’est maintenant effacée pour nous aussi. Il faut voir le problème dans son ensemble, sur la base de la situation depuis 1967. Quelle que soit la situation politique ou la situation militaire dans l’avenir, il faut qu’il soit clair que le problème des Arabes autochtones ne recevra de solution que lorsqu’ils reconnaîtront que la présence d’Israël dans les zones de sécurité jusqu’au Jourdain indirectement et au-delà constitue pour nous une nécessité vitale, dans l’ère nucléaire que nous allons vivre maintenant. Nous ne pouvons plus vivre avec trois-quarts de la population juive concentrée dans une zone côtière, particulièrement vulnérable à l’âge nucléaire.

Il faut désormais disperser les populations, c’est un impératif stratégique. Faute de cela, nous ne pouvons survivre, quelles que soient les frontières. La Judée, la Samarie, la Galilée sont nos seules garanties d’existence nationale et si nous ne nous implantons pas de façon à être majoritaires dans les zones montagneuses, nous ne gouverneront pas le pays ; nous y vivrons comme les croisés, qui perdirent ce pays ― un pays d’ailleurs qui n’était pas le leur, dans lequel ils étaient des étrangers ♦♦. Notre but premier, le plus essentiel aujourd’hui est de rééquilibrer le pays sous le triple aspect démographique, stratégique et économique. Il faut coloniser tout le versant de la montagne qui s’étend depuis Birsheba jusqu’en Haute Galilée ; c’est un objectif essentiel de notre stratégie nationale : coloniser la montagne qui jusqu’à présent est vide de juifs.

Odeh Yinon est journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Etrangères. Cet article, envoyé à la Revue d’Étude Palestiniennes par Israël Shahak, est paru dans Kivunim (Orientations), n° 14, février 1982 (Revue publiée par le Département de l’Organisation Sioniste mondiale, Jérusalem).

♦ Voilà pourquoi la victoire du dictateur Bachar le Lion est si importante : cela signifie l’échec de toutes ces salopes occhidentalistes, ce qui n’est pas une mince affaire : salopard, en attendant le dictateur Bachar le Lion te dit merde, et moi aussi ; trou du cul, il ne faut pas vendre la peau du lion avant qu’il ne soit mort (des positions vingt ans à l’avance ! mais times are a’changing). Fabius Minimus Populator, normale sup et ENA, ose se comparer au lion Bachar, docteur en médecine, chef d’un État des plus difficiles et des plus décisifs. Les normaliens et les énarques ne méritent pas de fouler le sol de la terre. Ils sont tous des trous du cul, merdeux qui plus est.]

♦♦ Ah bon ! parce que la Palestine serait le pays des Juifs ! sous prétexte que leurs ancêtres y vécurent il y a deux mille ans (ce qui n’est pas prouvé d’ailleurs et qui n’est évidemment pas le cas des Juifs noirs et probablement pas des ashkénazes) et que Dieu le leur a donné. Quel culot. Les Juifs sont des envahisseurs au même titre que les croisés. Les Israéliens font régulièrement à Gaza ce que la Panzerdivision Das Reich de la Waffen-SS fit à Oradour et pour les mêmes raisons : afin de calmer la résistance particulièrement vive « …les SS préparent une action visant, selon Bruno Kartheuser, à produire un effet maximal de terreur ». Ils enfournèrent la population d’Oradour dans l’église, des maisons et des granges et y mirent le feu. C’est exactement la méthode qu’utilisent régulièrement les Israéliens, la bonne vieille méthode Oradour , répondre à la résistance par des représailles massives sur la population. La Panzerdivision ne faisait que se défendre, n’est-ce pas ? Le brave commandant de la division voulait assurer sa sécurité, de même que les Israéliens veulent assurer la sécurité de leur royaume usurpé.

Donc ♣♣ :

Gaza = Oradour2

mais Oradour qui dure depuis plus de soixante ans (notamment quarante massacres et plus de quatre cents villages détruits ― « un effet maximal de terreur » ― en 1948). Au moins les Boches ne comptaient-t-ils pas demeurer en France et expulser ou anéantir tous les Français ; ils  ne faisaient que passer.

 

 Parcours de la 2e panzerdivision SS Das Reich en mai et juin 1944.

La lutte contre les partisans est régie par des ordres émis, suite à une intervention personnelle d’Adolf Hitler, le 3 février 1944, connus sous le nom d’ordonnance Sperrle, du nom du maréchal adjoint au haut commandement de l’Ouest. Selon ces ordres, la troupe est tenue de riposter immédiatement aux attaques terroristes en ouvrant le feu et si des civils innocents sont touchés, bien que cela puisse être regrettable, la responsabilité en incombe exclusivement aux terroristes ; les zones doivent être bouclées et tous les habitants, quels qu’ils soient, arrêtés ; les maisons qui ont abrité des partisans doivent être incendiées. L’ordonnance poursuit en précisant qu’ « il ne faut punir que le chef manquant de fermeté et de résolution car il menace la sécurité des troupes qui lui sont subordonnées et l’autorité de l’Armée allemande. Face à la situation actuelle, des mesures trop sévères ne peuvent entraîner de punitions pour leurs auteurs »19. Cette volonté de durcir la répression contre la résistance est partagée par le maréchal Wilhelm Keitel, qui donne l’ordre, en mars 1944, de fusiller les franc-tireurs capturés les armes à la main et non de les livrer aux tribunaux19, et par le général Johannes Blaskowitz, supérieur hiérarchique opérationnel de Lammerding, pour qui « la Wehrmacht allemande doit se défendre [La Wehrmacht aussi se défendait !] par tous les moyens en son pouvoir. Si, ce faisant, il faut avoir recours à des méthodes de combat qui sont nouvelles pour l’Europe de l’Ouest, il reste à constater que le combat des terroristes par embuscades est lui aussi quelque chose de nouveau pour les critères européens de l’Ouest »20. Le 5 juin 1944, le général Lammerding fait approuver par sa hiérarchie un programme répressif qui reprend les mesures mises en œuvre en Europe de l’Est et à l’arrière du front dans la lutte contre les partisans à partir de 194121. Ce programme prévoit notamment des actions de contre-propagande et de discrimination, « actions ayant pour but de monter la population contre les terroristes » ; il prévoit aussi des arrestations massives et préventives, l’occupation de localités et le ratissage de zones, ainsi que la réquisition de véhicules. Il précise enfin « l’annonce et l’exécution de la disposition que, pour chaque Allemand blessé 5 civils seront pendus et pour chaque Allemand tombé, 10 civils seront pendus » [voilà qui est très israélien, tout ça : ♣♣ aujourd’hui pour un Israélien tombé, c’est 100 Palestiniens anéantis  donc Gaza = Oradour2. On n’arrête pas le progrès]21.

Entre le début mai et le 9 juin, la division, et particulièrement le régiment Der Führer, effectue, sous les directives du service de renseignements, de nombreuses missions de recherche de bases et dépôts de partisans, ainsi que des opérations à la suite d’actes de la résistance. Au cours de ces opérations, une soixantaine de maquisards est tuée et une vingtaine envoyée en déportation ; une centaine de civils est également tuée en diverses circonstances, et un millier d’autres déporté en Allemagne. Plusieurs centaines de maisons sont incendiées22. (Wikipedia)

    

Lecture de La Denrée mentale

 

/27/ Pour saisir sur le vif la nouveauté et l’étrangeté des conditions cartésiennes d’une conscience, il suffit de se reporter aux malentendus qui se sont produits chez les premiers lecteurs. Ainsi, Gassendi, dans ses objections à la deuxième des Méditations, se demande pourquoi Descartes a privilégié l’acte intellectuel. Pourquoi Descartes doit-il user d’un « si grand appareil » pour prouver son existence ? Sans doute, si je pense, je suis. Mais, selon Gassendi, n’importe quelle action aurait pu fournir la prémisse désirée. Par exemple : si je me promène, je suis. Descartes proteste que Gassendi n’a rien compris à son raisonnement, et il va jusqu’à écrire :

Par exemple, cette conséquence ne serait pas bonne : Je me promène, donc je suis, sinon en tant que la connaissance intérieure (conscientia) que j’en ai est une pensée, de laquelle seule cette conclusion est certaine, non du mouvement du corps, lequel parfois peut être faux, comme dans nos songes, quoiqu’il nous semble alors que nous nous promenions, de façon que de ce que je pense me promener je puis fort bien inférer l’existence de mon esprit, qui a cette pensée, mais non celle de mon corps, lequel se promène.

Mais est-il exact que la conséquence, dans l’inférence « Je me promène, donc je suis », ne soit pas bonne ? A première vue, et même après avoir tout bien considéré, c’est Gassendi qui a raison : de « je me promène » à « je suis », la conséquence est excellente [seulement s’il est vrai que je me promène. Et s’il est faux que je me promène, cela n’implique pas qu’il est faux que je sois]. Il va de soi que ce n’est pas sur ce terrain strictement logique que se place Descartes pour répondre à son critique. Le tort de Gassendi, aux yeux de Descartes, est de n’avoir pas pris au sérieux le doute méthodique (un tort qu’il partage d’ailleurs avec bien des lecteurs de Descartes, et non des moins attentifs [ainsi Pierce qualifie Descartes de « noir faussaire du doute aux lèvres de vermouth]). Gassendi ne voit pas que le sujet qui médite n’a pas la possibilité d’utiliser la prémisse « je me promène », puisqu’il a décidé de rejeter toute prémisse dont l’usage pourrait l’induire en erreur [effectivement puisqu’il peut être faux que je me promène]. Si la conséquence n’est pas bonne, c’est parce que le fait de la promenade n’a pas la certitude requise par les règles extraordinaires de la Méthode [exactement].

Descartes ne dit pas qu’il doute, il met au défi de douter. Descartes cherche donc quelque chose dont on ne puisse nier l’existence (il lutte contre le scepticisme). Si je vois une chimère, je peux douter qu’il existe des chimères mais je ne peux douter que je voie. Si ayant la fièvre typhoïde, je vois un serpent autour du cou de l’infirmière, 1) je vois un serpent, 2) je sais qu’il n’y a pas de serpent. Cependant, voir n’est pas être, mais voir implique l’être ou l’existence. En fait Descartes ne fait que dire : si je pense me promener je puis fort bien inférer que je pense, en toute certitude et peut importe que je me promène ou non. Et penser implique l’existence. Cette manière de parler élimine la question du doute et réfute les arguments de Pierce. Douter c’est comme bander, il ne suffit pas de vouloir bander pour bander. Ne doute pas qui veut. Il faut un puissant motif pour douter (nous sommes pétris de certitudes). Avec cette formulation, Descartes vous met au défi de bander. « Penser » est un terme ambigu. Tout ce que Descartes tient pour « pensées » (et Locke à sa suite) est récusé par Frege et donc par moi-même (une pensée est le sens d’une expression ; une pensée est ce qui peut être vrai ou faux ; les pensées sont saisies dans le monde et, de ce fait, gangrénées de monde : le solipsisme est impossible). D’autre part, l’esprit déborde la pensée, même si la pensée est une manifestation éminente de l’esprit. Voir n’est pas penser. Cependant « Voir » convenait parfaitement pour exposer ce cas : que ce que je vois soit véridique ou fallacieux, je n’en vois pas moins pour autant (et dans le cas de la typhoïde, je sais que j’hallucine mais je n’en vois pas moins).

Le furieux Husserl : « C’est en elles [ces cogitationes] que se déroule toute ma vie mondaine, en elles aussi qu’a lieu ma vie de recherche et de justification scientifiques. » (Méditations… § 8) Le monde est savant, mais il l’ignore. Husserl est ignorant, mais il l’ignore aussi.

Que les pensées soient saisies dans le monde ne signifie pas qu’il y ait dans le monde des pensées. Tout au plus y aura-t-il des expressions déjà formées, dans les livres (ou sur des étiquettes) par exemple, et qu’il suffira de lire pour saisir la pensée. Par contre, le monde grouille, littéralement, de saisisseurs de pensée. De même, bien que le monde n’ait aucun but, il grouille cependant de buts. Ces buts ont lieu dans un savoir.

 

   Nos pensées ne sont pas dans notre tête par Thomas Lepeltier →  

Selon Bolzano, l’extérieur est ce qui a lieu dans l’espace. J’en déduis : l’intérieur est ce qui n’a pas lieu dans l’espace. Le corps ayant lieu dans l’espace, l’intérieur du corps (cerveau ou trou du cul) a lieu dans l’espace. L’intérieur du corps n’est donc pas l’intérieur mais seulement l’intérieur du corps. « Intérieur » est un mot mal choisi car seul ce qui a lieu dans l’espace est localisable. Ce qui n’a pas lieu dans l’espace n’est donc pas localisable. La question « où est donc l’intérieur » est un non sens. Plutôt qu’intérieur, il serait préférable de dire « non-extérieur ». Hegel : avec le phénomène, l’intérieur nait (Phénoménologie). Si l’esprit est dans le cerveau, il est localisé, il est dans l’espace, il est extérieur. S’il est localisable, il est une chose étendue et non une chose pensante. Leibniz a bien compris la leçon. D’où son expérience du moulin : dans une chose étendue (le moulin) vous ne pourrez jamais voir la perception mais seulement des choses étendues. Les monades n’ont pas d’étendue. Autrement dit : si la chose pensante est quelque part dans la chose étendue alors cette prétendue chose pensante est localisable. Elle est donc une chose étendue. Antinomie.

 

 

 ← Notes 11

                        M. Ripley s’amuse                       

Notes 9→ 

 

 

7 janvier 2013 

165054 caractères