F
Posted by Jean-Pierre Voyer sur le Debord off
on September 08, 2000
Gaston
Ce n’est pas l’existence
d’un objet inexistant qui est niée ici, mais la vérité de la proposition
« l’économie existe ». Selon Quine,
il n’y a donc de ma part aucun engagement ontologique ; il n’y a
d’engagement ontologique que du côté de ceux qui affirment que cette
proposition est vraie. « Nous
n’avons plus à être victimes de l’illusion selon laquelle, dès lors qu’un
énoncé contenant un terme singulier est pourvu de signification, cela
présuppose une entité nommée par le terme. Un terme singulier n’a pas besoin de
nommer pour être signifiant. »
Et Bolzano est d’accord aussi puisque selon lui, un terme général, un concept, ne
désigne rien mais est une pure signification.
· La chienlit gauchiste du Debord off
· Parlons-en de Wittgenstein
· Définitions de l’économie
· Marx a-t-il lui-même employé le terme « économie »
au sens funeste d’« economy » ?
· MAJ 12 novembre 2006
● Document
MAJ du 19 octobre 2003
Négation
de l’économie * * * La négation de l’existence de Dieu La négation** de l’existence de l’économie « Nous nous engageons
dans une ontologie contenant Pégase quand nous disons que Pégase est ; mais nous ne nous engageons pas dans une
ontologie contenant Pégase quand nous disons que Pégase n’est pas.
Nous n’avons plus à être
victime de l’illusion
selon laquelle, dès lors qu’un énoncé contenant un terme singulier est pourvu
de signification, cela présuppose une entité nommée par le terme. Un terme singulier n’a pas besoin de nommer
pour être signifiant. » Willard Quine
* Cependant, cette critique n’eut jamais lieu malgré les apparences (c’est pourquoi j’emploie le verbe être au présent). ** Cependant, cette négation n’eut jamais lieu avant 1976 L’économie est à
l’économie politique ce que Dieu est à la religion1.
De même que Dieu n’existe pas2 tandis que
la religion existe et comporte de nombreux prêtres et dévots, l’économie
n’existe pas tandis que l’économie politique existe et comporte de nombreux
prêtres et dévots. De même que la religion est ce mensonge qui dit: Dieu
existe, l’économie politique est ce mensonge qui dit l’économie existe.
De même que l’on ne peut critiquer la religion si l’on n’a pas d’abord nié
l’existence de Dieu, on ne peut critiquer l’économie politique si l’on n’a
pas d’abord nié que l’économie existe. De même que d’autres nièrent que Dieu
existât, je nie que l’économie existe. Ni Marx ni Debord ne le firent bien
qu’ils prétendirent critiquer l’économie politique. Marx était donc dans la
situation de quelqu’un qui voudrait critiquer la religion tout en croyant à
l’existence de Dieu. Il critiquerait la religion parce qu’il ne la trouverait
pas à son goût. Cela s’appelle un réformateur et ce genre de critique, qui
peut devenir violemment pratique, se nomme réforme. Comme je l’ai écrit
ailleurs, le réformateur Marx a porté l’économie politique à son plus haut
point de perfection. Il a rendu le mensonge cohérent et de cette manière il a
préparé sa dénonciation, un peu comme Hegel proclamant que Dieu était un
résultat, ce qui est quand même une manière de mettre en cause l’existence de
Dieu. Il n’y a donc pas de
contradiction à affirmer que bien que Marx ait critiqué l’économie politique
durant la majeure partie de sa vie, il ne réussit cependant pas à critiquer
l’économie politique car il ne songea pas à nier l’existence de l’économie,
prétendu objet de l’économie politique. Il réussit cependant parfaitement à
critiquer la religion [je n’écrirais plus cela
aujourd’hui après la leçon du Dr Ben Laden], car il montra, à la suite
de Feuerbach, que la critique de la religion ne consiste pas à critiquer
cette croyance, pas plus qu’à nier l’existence de cette croyance mais
consiste à critiquer le monde qui a permis et rendu nécessaire cette
croyance. De même la critique de l’économie politique ne consiste pas à
critiquer l’économie politique, comme il tenta de le faire, mais à critiquer
le monde qui permet et rend nécessaire cette croyance. Ce n’est donc pas
seulement l’économie politique que Marx échoua à critiquer mais aussi le
monde qui rend possible et nécessaire cette croyance. La prétendue critique
de l’économie politique de Marx donna naissance à cette splendeur bien connue
que fut le marxisme de même que la critique de la religion par Luther donna
naissance à cette splendeur qu’est le puritanisme qui, aujourd’hui, bombarde
à haute altitude. Il est donc parfaitement justifié de reprocher à Debord de,
non seulement, s’adonner à une resucée de critique de l’économie politique
sans même songer un instant (contrairement à Marx qui y songeait encore dans
ses écrits de jeunesse, quand il était encore hégélien) à nier l’existence de
son prétendu objet, mais encore de prétendre critiquer ce prétendu objet
lui-même ce qui donne cette phrase impérissable: "Le spectacle est
l’économie qui se développe pour elle-même". De même, l’Amérique, c’est
Dieu qui se développe pour lui-même et qui bombarde à haute altitude. In God we trust. C’est injuste pour Marx de
le rapprocher de Debord, car Marx entendait critiquer (entre autres choses
évidemment) seulement l’économie politique contrairement à l’homme à la
théorie exacte qui prétendait rien moins que critiquer l’économie. Debord a
prétendu critiquer Dieu, et ce Titan fut précipité dans l’abîme par sa
vanité, car il est vain de vouloir critiquer Dieu, c’est encore lui rendre
hommage. Il ne s’agit pas de nier
l’existence de la religion mais celle de Dieu, il ne s’agit pas de nier
l’existence de l’économie politique et de ses dévots mais celle de
l’économie. Il ne s’agit pas non plus de critiquer Dieu ou l’économie. Il ne
s’agit pas plus de vouloir les détruire (détruire quelque chose qui n’existe
pas — ce qui est impossible et ridicule) mais seulement de vouloir détruire
la croyance à leur existence ce qui est non seulement plus modeste mais
surtout possible. Il ne s’agit pas ici de nier l’existence d’une croyance,
mais de nier le prétendu objet de cette croyance. Il ne s’agit pas non plus
de critiquer le prétendu objet de cette croyance mais de critiquer cette
croyance elle-même, c’est à dire, comme le voulait Marx, de montrer comment
le monde rend possible et nécessaire cette croyance. Evidemment, Hitler,
Goebbels, Himmler voulaient aussi nier l’existence des Juifs, mais pour ce
faire, il leur fallait les gazer jusqu’au dernier car les Juifs existent,
eux, contrairement à Dieu ou à l’économie. Les juifs ne sont pas seulement
l’objet d’une croyance même s’ils le sont aussi puisqu’ils sont l’objet de
l’antisémitisme qui est une croyance. Enfin, si économie
politique, antisémitisme et religion sont tous trois des croyances, cela ne
signifie pas pour autant qu’ils sont tous trois des religions. Il existe de
nombreux modes de croyances. La religion n’est que l’un d’eux. Je pensais évidemment en
1978 que l’économie politique existe et je le pense toujours. Mais je pensais
déjà en 1978 que l’économie n’existait pas et je le pense toujours. De même,
l’emploi du terme "économie" page
118 de mon Rapport sur l’état des illusions ne laisse aucun doute
possible : je n’ai jamais écrit que l’économie au sens de "réalité
économique" pouvait être une religion, mais peuvent l’être la
croyance massivement répandue en son existence et, à la rigueur, la théorie
économique, à titre purement métaphorique. Dieu n’est pas une religion.
Contrairement à l’usage anglo-saxon, l’usage en français est d’employer le
même mot pour économie politique et pour économie, le contexte faisant le
sens (en français, en effet, il y a « économie ET économie » comme
le remarquait Marcel Weber sur le Debord off (1) ).
Cet usage est fâcheux, c’est vrai, mais cela n’empêche pas de comprendre ceux
qui veulent comprendre tel cet anonyme (message non signé) qui le prouve en
écrivant le 17 juin sur le Debord off : " « Je ne trouve aucune contradiction (note 2) Quant aux autres, il n’est
pire malentendant que celui qui ne veut pas entendre.(note 1) Donc toute discussion
avec ce genre de sourd est totalement inutile. [J’ai
bien dit discussion et non commentaire] On y perdrait son temps que
l’on peut employer de plus agréable manière. Dieu nous préserve des
mal-comprenants. J-P Voyer
|
Dernières nouvelles de la chienlit gauchiste De hautains
proférateurs de platitudes gauchistes (exemple :"Entre un monde
où les pouvoirs matériels se multiplient sans emploi et la nostalgie du travail
sous ses formes anciennes, le projet révolutionnaire n’a pas à choisir ;
il vise à la suppression et au dépassement des deux. Une libération
matérielle envisagée dans le cadre d’une libération de l’histoire humaine est
toujours ce qui reste à conquérir." — c’est beau comme du Debord —)
s’y sont mis à quatre (Caboret, Dumontier, Garrone et Labarrière) pour
émettre ce jugement : "Nous n’énumérons pas les multiples
théories abracadabrantes qui prétendent qu’il suffit de nier la dimension
économique pour abolir la domination de l’économie marchande. Le plus
délirant dans le genre fut sans doute le pro-situ Voyer." Voilà ce que
ces scrupuleux lecteurs prétendent que je prétends. Chacun pourra facilement
comparer cette lecture et cette citation avec l’original qui figure
ci-dessus. La chienlit gauchiste ne sévit pas que sur le Debord off.
On reconnaîtra ici sa manière caractéristique (délirante ?) de lire et
de citer telle qu’on peut la constater également au Monde chez le
gauchiste arrivé Edwy Benêt prétendant citer Renaud Camus (que de
prétentions). Voilà des salopards pris la main dans le sac, non pas sur
d’absconses considérations hautement théoriques, mais sur une question
trivialement pratique : lire soigneusement un texte et le transcrire non
moins soigneusement. Avant de prétendre insulter quelqu’un, il faut au
minimum lire son texte sept fois et, avant de le fusiller, sept fois sept
fois, comme fait Poutine. En traduisant "Il est nécessaire de nier
l’existence de l’économie pour critiquer effectivement l’économie politique"
par "Il est suffisant de nier l’existence de l’économie pour abolir
la domination marchande" ces farceurs apportent la preuve de leur
malhonnêteté et de leur sottise, malhonnêteté et sottise n’étant pas
contradictoires. Sournois imbéciles, calomniateurs, téléologues,
prétentieux crétins pas même capables de déchiffrer un texte ne fut-ce que littéralement.
Comment
pourrais-je prétendre mettre fin à quelque chose dont je nie
l’existence ? Petits merdeux. |
La chienlit gauchiste du
Debord off
Une démonstration de
Spinoza
Note 1. Ainsi,
malgré l’explicitation des deux sens d’économie en français, notamment en
recourant aux expressions anglaises economics et economy, le pseudo
Spinoza continua imperturbablement à confondre économie politique et
économie**. Il faut dire que ce sournois imbécile est particulièrement imbécile
(et non moins sournois), il fut incapable de comprendre,
après publication du présent texte, cette phrase qui lui était spécialement
destinée : "Enfin, si économie politique, antisémitisme et
religion sont tous trois des croyances, cela ne signifie pas pour autant qu’ils
sont tous trois des religions.". Il y voyait une contradiction. (C’est
sa manie !) Voilà donc le genre d’imbéciles qui lisent Debord. Comme on
voit, cette lecture ne les rends pas moins imbéciles.
**. Une démonstration de Spinoza.
Il est vrai que cela
ressemble aux démonstrations de l’Ethique, hélas !
____________________________________
Je persiste et je signe !
Posted by Spinoza sur le Debord
off on January 30, 2001
In Reply to: Un torrent de sottises posted by Voyer
on January 30, 2001
"Il faudrait être un imbécile pour réfuter quelque
chose qui n’existe pas. Je nie l’existence d’economy. De quelque chose
qui n’existe pas, on ne peut que nier son existence (ou l’affirmer). On ne peut
que nier l’existence de Dieu, on ne peut le critiquer ou le réfuter. Mais on
peut parfaitement critiquer et réfuter la croyance en son existence, croyance
qui existe bien, elle. Et l’on peut critiquer et réfuter le mensonge ou la
croyance [c’est-à-dire les economics (remarque
de pseudo Spinoza)] qui consistent à prétendre
que l’économie (economy) existe." (J.-P Voyer, Un torrent de
sottises)
M. Voyer est nominaliste sans le savoir. L’universel economy
n’existe pas, seuls existent les singuliers economics. De même, le
concept de rose n’existe pas (le concept de rose ne pique pas), seules existent
les roses particulières. A la lumière de cette distinction, la phrase suivante
:
"Le principal tort de Marx est justement d’avoir
critiqué l’économie [economics], comme si celle-ci était quelque chose de
critiquable. Car l’économie [economics] est un pur mensonge. On ne critique pas
un mensonge. On le réfute. Marx n’a jamais réfuté l’économie [economics]."
(J.-P. Voyer à G. Lebovici, 30 août 1978)
devient :
le principal tort de Marx est justement d’avoir critiqué
les roses, comme si celles-ci étaient quelque chose de critiquable. Car les
roses sont un pur mensonge. On ne critique pas un mensonge. On le réfute. Marx
n’a jamais réfuté les roses."
Absurde,
n’est-ce pas ? M. Voyer se trompe quand il déduit de l’inexistence d’economy
l’existence d’un mensonge, economics. On peut parfaitement croire qu’economy
n’existe pas et considérer qu’economics ne sont pas un mensonge. En
effet si la rose (en tant que concept) n’existe pas, les roses, elles, ne
mentent pas.
Voilà ce que je veux dire : l’economy est un concept dont les economics
sont les individus.
____________________________________
Absurde, n’est-ce pas ? Je suis quelqu’un qui se
trompe toujours. De même que la proposition G dit, paraît-il "je suis
indémontrable" mais ne le sait pas, le pseudo Spinoza dit "je suis un
imbécile" mais il ne le sait pas. Ce digne
lecteur de Debord confond economics qui, en anglais, signifie
économie politique avec des singuliers, des economions qui
seraient à l’économie ce que les gravitons seraient à la gravitation
s’ils existaient ! Il vient de découvrir la particule élémentaire du champ
économique ! C’est Bourdieu et Houellebecq qui vont être contents. Il
persiste donc dans sa sottise et la signe. Etonnant, non ? C’est le
contraire qui eut été étonnant. Voilà ce que c’est, le debordisme : un
debordiste ne se corrige jamais. Debord et Lebovici ont toujours eu d’étonnants
défenseurs. C’est la Sainte Famille ! Misère du réductionnisme.
Kapo, gardien de camp de construction de situations (lisez la correspondance
"unaire" de Debord. Ce connard voulait sérieusement construire des camps
de construction de situations en Angleterre.) ! Bien que tout me
sépare du professeur Bruno Latour, je comprends très bien ce qu’il veut dire
par "La technique n’existe pas, il s’agit d’hétérogénéités."
Il est fort possible que je le comprenne mieux que lui-même. La querelle des
universaux n’est pas terminée, loin de là.
Une prétendue contradiction
Note 2.
Cet
anonyme répondait ainsi de manière parfaitement adéquate au sournois imbécile
qui signait FC, FD, F., Manuel Venator, Spinoza ou Occam (et même de mon propre
nom, d’où le qualificatif de sournois imbécile, il faut être une ordure pour
poster sous le nom de quelqu’un, qui plus est des saloperies, évidemment
— rien à voir avec la délicatesse de Poincaré qui publie sa transformation
sous le nom de Lorentz.)** sur le Debord off et qui prétendait (du moins
son émanation, le pseudo Spinoza) relever une contradiction quand j’affirmais
d’une part que l’économie n’existait pas et d’autre part que Marx n’a pas
critiqué l’économie. Le même pseudo Spinoza prétendait relever une autre
contradiction quand j’affirmais d’une part que Marx n’a jamais critiqué
l’économie politique (lettre du 7 juin 1978)
et d’autre part que le tort de Marx est justement d’avoir critiqué l’économie
politique au lieu de la réfuter (lettre du
30 août 1978). Le tort de Marx est justement d’avoir passé
sa vie à critiquer l’économie politique sans pouvoir parvenir à l’anéantir. Au
contraire, il lui a donné une popularité à laquelle elle ne serait jamais
parvenue si elle était demeurée une science de cabinet objet des seuls
spécialistes ou de quelques profanes et dilettantes (cf
amusante remarque de Weber), ce qui a donné exactement le contraire de ce
qu’il souhaitait. Et la raison pour laquelle il n’a pas pu est que, tant qu’il
essayait de critiquer l’économie politique sans remettre en cause ses
présupposés, il améliorait ce qu’il prétendait combattre. Bien que Marx ait
critiqué l’économie politique puisqu’il a passé sa vie à la critiquer, il n’a
cependant pas critiqué l’économie politique car la critique radicale de
l’économie politique doit conduire, si elle est radicale, à sa racine et sa
racine est l’inexistence de son prétendu objet. Est-ce assez clair ? Marx
n’a-t-il pas prétendu effectuer une critique radicale, oui ou merde ? Comme
je l’affirmais dans ma lettre du 30 août, il ne s’agissait pas de critiquer
l’économie politique, de l’améliorer donc, mais de la réfuter, c’est à dire de
la disqualifier. Et la réfuter nécessite de nier d’abord l’existence de son
prétendu objet, de nier d’abord l’existence de l’économie, c’est à dire de
démasquer l’économie politique comme pur mensonge, mensonge fondamental (c’est
à dire mensonge sur les fondements), et non comme mensonge sur des points de
détail. On ne critique pas un mensonge, on le réfute. La critique suppose qu’il
y a quand même du vrai dans ce qu’on critique. Seule la police et les services
secrets critiquent, dans le secret de leurs bureaux (je parle de source sure),
la technique des mensonges afin de pouvoir en faire de meilleurs et seuls les
réformateurs critiquent les religions afin d’en faire de meilleures, non sans
oublier d’aider à massacrer quelques hordes de paysans révoltés au passage,
prémonition de ce qui se passe aujourd’hui à l’échelle mondiale.
**. Un
paquet d’ondes. Renseignements pris, il semble que le sournois imbécile
soit la superposition de deux entités distinctes le sournois imbécile FC, F.,
Venator, Spinoza, Occam et le stupéfiant imbécile FD, une partie des messages
émanant de Paris, l’autre de Toulouse. J’examinerai les choses philologiquement
et typographiquement plus tard, si j’en ai le temps. Mais je continuerai à les
traiter comme une seule entité. S’ils ne veulent pas être confondus dans leur
imbécillité (il est légitime de les confondre puisqu’ils commettent les mêmes
fautes de raisonnement) qu’ils signent de leur nom et qu’ils s’y tiennent.
Un tissus de sottises. Enfin, alors
que je n’ai écrit le présent texte (Négation de l’économie) que pour
clarifier le monceau de sottises que le pseudo Spinoza a proféré sur le Debord
off et dont je vous fait grâce, le pseudo Occam prétendit
ensuite que je n’avais d’arguments, pour étayer ma thèse comme quoi
l’économie n’existe pas, qu’une vague analogie qui prétend que l’économie est à
l’économie politique ce que Dieu est à la religion. Or je n’ai développé cette
analogie que pour clarifier les confusions que le pseudo Spinoza commettait
inlassablement entre économie et économie politique, croyance et objet de
croyance etc. Ce pseudo Occam prétendit également que
j’utilisais, pour prouver l’inexistence de l’économie, l’argument qu’on ne peut
constater nulle part l’économie, alors que j’utilise cet argument, dans Un Tissus de sottises, uniquement pour différencier
ce que devait nier Galilée et ce que je dois nier. Galilée devait nier un
fait avéré (++), aisément constatable, encore constatable
aujourd’hui (donc vérifiable), tandis que ce que je dois nier n’est aucun fait
avéré (donc invérifiable), ce qui est une tâche herculéenne, comparable à celle
qui consista, au péril de la vie, à nier Dieu qui n’est aucun fait avéré.
(Ah ! malheureux chevalier de la Barre, martyr, non de l’athéisme, mais de
l’honneur aristocratique que jamais aucun Bourdieu n’expliquera. Il préféra
subir le supplice de la roue plutôt que de se justifier. C’était un homme qui
ne se justifiait jamais, comme on en voit tant dans les films et les écrits de
Debord. Ce n’est pas lui qui aurait accepté un chèque de Gallimard après
l’avoir grossièrement insulté. A moi, comte, deux mots. A deux pas d’ici, me
signez-vous un chèque ? — à la fin de l’envoi, je touche. Ah !
étonnant Hegel, ce n’est pas l’honneur du héros (el Cid) mais l’âme vile du
courtisan qui établit le souverain dans son universalité. Pauvre Saint-Simon.)
Loin de moi l’idée que la non constatation d’un fait puisse être une preuve ou
un argument en faveur de sa non existence. C’est l’usage qui a fait Dieu. Ce
n’est pas Dieu qui a fait l’usage. C’est l’usage qui a défait Dieu (remarque en
passant). Au commencement était l’usage.
++. C’est
même la contradiction apparente entre ce fait avéré de l’immobilité de la
terre, fait toujours avéré de nos jours, et la conception héliocentrique de
Copernic où la terre est en mouvement, qui permit sans doute à Galilée
d’inventer la relativité du mouvement. Ce n’est pas seulement la preuve du
mouvement de la terre que Galilée apporte, comme dit le crétin, mais la théorie
qui permet de répondre à la fois du mouvement de la terre et de l’immobilité de
la terre.
Payez-vous sur la bête. La peste soit
des mal-comprenants. Il faut se payer sur la bête. N’hésitez pas. Un imbécile
peut toujours servir à quelque chose, notamment, tel un tableau noir, à
préciser inlassablement votre pensée comme je le fis déjà, il y a des lustres,
sur le dos de l’imbécile Lebovici. Je dois également à l’une des émanations,
qui me servit en quelque sorte de répétiteur, de m’être sérieusement documenté
sur ce fameux théorème de Gödel puisque je me suis procuré deux traductions du
document original et que j’ai consulté de nombreux
documents à ce sujet. On ne peut répondre à l’absurdité par des absurdités,
il faut se documenter. J’ai pu constater ainsi que Gödel avait montré, grâce à sa
célèbre proposition auto référentielle, que si tous les théorèmes de
l’arithmétique sont des propositions vraies, toutes les propositions vraies de
l’arithmétique ne sont pas des théorèmes et cela pour la simple raison que la
vérité arithmétique ne peut être exprimée dans l’arithmétique. Il s’ensuit
qu’une machine n’utilisant que les axiomes et les règles d’inférence d’une
arithmétique formalisée ne peut écrire toutes les propositions vraies de cette
arithmétique, elle ne peut écrire que les théorèmes, c’est à dire les
propositions calculables. Pour ma part, j’ai découvert que le phénomène en tant que
phénomène n’étant pas une chose, ou pour parler comme Hegel, qui
d’ailleurs ne l’entend pas du tout en ce sens, dans Force et entendement (Phénoménologie) :
"le suprasensible
est le phénomène en tant que phénomène", et si seules les
choses sont observables, et si les phénomènes sont toute l’observation
possible, le phénomène en
tant que phénomène n’est pas observable. C’est une limite à la faculté
d’observation. L’observation n’est pas observable. Contrairement à la célèbre
proposition de Gödel, l’observation n’est pas auto référentielle, quoi qu’en
pense Hegel avec sa conscience de soi : soi est un autre, soi
est un objet comme un autre. Cela met fin aux prétendues représentations
qui sont censées êtres "à l’intérieur". L’intérieur est le phénomène
comme phénomène. (bien que Hegel écrive textuellement cette phrase,
il entend intérieur au sens d’intérieur des choses, fond des choses, ce qui
n’est pas mon cas) Les représentations des choses ne sauraient être "à
l’intérieur" parce qu’il n’y a pas de représentations des choses,
exception faite pour les croquis, dessins, schéma, peintures, pensées, concepts
etc... mais c’est une autre question (cela fait beaucoup de prétendues choses
qui n’existent pas tout ça. La philosophie a du pain sur la planche).
L’intérieur, c’est le
phénomène en tant que phénomène. Est-ce assez clair ? Il y a donc
dans le monde quelque chose qui est inobservable par nature. Et cette
"chose" est l’observation elle-même qui n’est donc pas une chose
puisque les choses sont parfaitement observables : si l’observation était
observable, elle serait elle-même une chose. C’est aussi simple que cela.
Autrement dit, le monde est plein d’observations inobservables qui constituent
donc des trous dans l’observation, des puits d’apparence, et bien que nous ne
puissions observer ces trous nous avons quand même une connaissance de leur
existence. C’est la fameuse expérience du trou de la serrure de Sartre (le narrateur
est surpris en train de regarder par le trou de la serrure). Si pour Sartre, la
nausée est le phénomène d’être, la honte, pour sa part, manifeste l’existence
de ces trous d’observation inobservables, de ces puits d’apparence ; elle
détecte un effet de puits d’apparence. Si j’ai le temps, je montrerai la bêtise
de Nabokov quand il veut juger du point de vue de la philosophie le roman La
Nausée de Sartre. Nabokov nous révèle que Sartre est un piètre artiste.
Quelle surprise ! Mais Nabokov prétend que le thème principal du roman est
que Roquentin découvre qu’il existe. Quelle stupidité. Vieux saligaud, touche
pas à mon pote. Moi aussi j’ai fréquenté la bibliothèque de Bouville. Nous
sommes frères de bibliothèque. Effectivement si Musil avait écrit la Nausée,
peut-être Nabokov aurait-il compris de quoi il retournait. Mais Musil n’a pas
écrit la Nausée. Contrairement à la proposition G de Gödel,
l’observation n’est pas auto référentielle et ne peut l’être. Quand vous dites
"J’ai mal aux dents", vous parlez d’un autre à un autre. C’est la
moindre des choses, il faut se faire autre pour parler à un autre. Quand le
médecin demanda à Sartre qui souffrait de coliques néphrétiques
"Souffrez-vous ?", Sartre répondit, "Non, pas vraiment".
Sartre fut un philosophe dans tous les sens du terme (stoïcien). Quand j’avais
quinze ans, je lus un passage de Leibniz que je n’ai jamais réussi à retrouver
depuis (en fait le paragraphe 17 de la Monadologie*) et qui
m’impressionna fortement : Supposez, disait-il, que vous agrandissiez la
tête d’un homme à la taille d’un moulin. Vous pourriez ainsi y pénétrer et y
observer tous les rouages. Mais vous ne pourrez jamais y observer la
perception. Ce fut sans doute une des premières expériences de pensée, ce que
n’était pas l’allégorie de la caverne. Il disait cela dans sa problématique de
l’harmonie préétablie et de l’impossibilité de rapport entre l’âme et le corps.
C’est à rapprocher de ce que dit W., pour autant que je m’en souvienne :
la pensée (ou la douleur, je ne sais plus) n’est pas située dans la tête. En
a-t-on assez vu de ces schémas avec la coupe d’un œil et l’image renversée
d’une bougie et qui prétendaient faire voir la vision. Misère du
réductionnisme. La vision n’est pas visible. Plus tard, j’ai rencontré
l’inverse du moulin de Leibniz dans un stupide film américain (de Fleischer,
avec Raquel Welch). Des savants, grâce à la réduction de leur taille, pouvaient
circuler dans un corps humain à bord d’un engin lilliputien. Et quand ils
arrivaient dans le cerveau, que se passait-il ? Ils voyaient des lueurs
scintillantes qui surgissaient furtivement dans la pénombre (il fait sombre
dans le cerveau !) C’était les pensées ! C’était l’âme ! Misère
du réductionnisme. Après cela, étonnez-vous que ces gens bombardent à haute
altitude à l’aide d’engins brobding-naguesques (gigantesques) et furtifs. Notez
que je suis grosboutien intraitable. Et vous ?
*. Obligeamment
signalé par Clark G : "17. On est obligé d’ailleurs de confesser
que la Perception et ce qui en dépend, est inexplicable par des
raisons mécaniques, c’est à dire, par les figures et par les mouvements. Et
feignant qu’il y ait une machine, dont la structure fasse penser, sentir, avoir
perception ; on pourra la concevoir agrandie en conservant les mêmes
proportions, en sorte qu’on puisse y entrer, comme dans un moulin. Et cela
posé, on ne trouvera en la visitant au dedans, que des pièces, qui poussent les
unes les autres, et jamais de quoi expliquer une perception..." Le
réductionnisme n’est autre que la réduction de ce qui est — et qui demeure
inconnu, simple objet de conjectures — à un mécanisme.
15 juin
2001
A mon grand
étonnement, je découvre que je partage le point de vue de Wittgenstein :
le rôle de la philosophie n’est pas de dire ce qui est ou ce qui devrait être
mais de dire ce qui n’est pas. Et ce n’est pas facile. (Ontologie négative,
comme il y eut une théologie négative. "Philosopher, c’est d’abord
lutter contre la fascination qu’exercent sur nous certaines formes
d’expression." C’est exactement cela, notamment l’expression
"économie" ou l’expression "spectacle" dans leurs divers
emplois. Cependant Wittgenstein prétend vouloir dire, il me semble, ce que l’on
peut penser. C’est encore trop. Il demeure ainsi une victime du réductionnisme.
Il suffit de dire ce que l’on ne peut pas penser(*) et de laisser
faire les choses. Elles se débrouillent très bien toutes seules sans demander
l’avis de personne. Le jugement du monde est ce qui arrive, n’est-ce pas ?
Montrer ce que l’on ne peut penser peut cependant aider les choses,
modestement.) Faire de grandes déclarations sur le renversement du capitalisme
bla bla bla, c’est ridicule et abject (salopards qui se payaient de mots et qui
aujourd’hui font de grandes déclarations sur le mal dans le monde.) Montrer que
certaines absurdités massivement proférées sont des absurdités, c’est possible
et rien ni personne ne peut vous empêcher d’y travailler. Nombreux sont ceux
qui ont essayé de m’en empêcher, mais il n’ont pas réussi.
*. "L’économie existe" est
dénué de sens. Par exemple, on ne peut penser que "L’économie
existe". Montrer que lorsqu’on a dit cela on n’a rien dit, que c’est
dénué de sens. Le pseudo Occam soutenait, en prétendant
s’appuyer sur l’inévitable W., que la proposition "L’économie n’existe
pas" ne peut être vérifiée et donc qu’elle n’a pas de sens (c’est
le contraire évidemment, c’est seulement si elle n’a pas de sens qu’elle ne
peut être vérifiée, mais passons). Mais il ne voyait pas que dans ce cas, la
proposition contraire "L’économie existe" n’a pas de sens non plus.
C’est ce qui s’appelle vulgairement se tirer dans le pied : La négation d’une
proposition dénuée de sens est une proposition dénuée de sens. (C’est le
sournois imbécile FC lui-même qui m’a obligeamment fourni cette ironique
réplique du logicien Jordan. C’est d’ailleurs sur ce principe que Wittgenstein
s’appuie pour montrer que l’ expression "Je sais que j’ai mal au
dents" est un non sens étant donné que la négation de cette expression qui
est "Je ne sais pas que j’ai mal aux dents" est un pur non sens.) Et
la négation de la proposition "L’économie n’existe pas" est la
proposition "L’économie existe". Donc, si la proposition
"L’économie n’existe pas" n’a pas de sens, la proposition
"L’économie existe" n’a pas de sens non plus. De même, si la
proposition "Dieu existe" n’a pas de sens, la proposition "Dieu
n’existe pas" n’en a pas non plus. Si Wittgenstein disait que la
proposition "l’économie n’existe pas" n’a pas de sens pour la raison
qu’elle est une proposition philosophique ou métaphysique et que seules les
propositions des sciences de la nature ont un sens, la proposition contraire
"L’économie existe" est tout autant philosophique ou métaphysique et
on doit donc lui appliquer la même règle. La proposition "L’économie
existe" n’est pas une proposition des sciences de la nature. A ma
connaissance, elle n’a jamais été vérifiée ni prouvée. Donc, selon le critère
choisi chez Wittgenstein par le sournois imbécile lui-même, elle n’a pas de sens.
La traduction Grangier donne "lui démontrer toujours qu’il a omis de
donner, dans ses propositions, une signification à certains signes."
En ce sens j’aurai dû simplement faire remarquer que le terme "économie" n’étant pas
défini1, il n’avait aucune signification dans la
proposition "L’économie existe" et que de ce fait cette
proposition était, selon Wittgenstein, un non sens et la démonstration consiste
simplement à réclamer la définition du terme. (Je l’ai fait aussi d’ailleurs et
j’attends toujours la réponse du crétin.) Donc, le pseudo Occam est très mal
venu de me sommer de prouver son contraire ce que j’espère bien faire de toute
façon mais sous une forme affirmative. Il suffit de montrer que quelque chose
existe déjà et que ça suffit comme ça. Il n’y a pas de place pour deux califes.
Pseudo Occam se contente de postuler, sournoisement et confusément, à son
habitude, l’existence de l’économie exactement comme moi je postule,
brutalement mais clairement, à mon habitude, l’inexistence de l’économie. Le
chat Wittgenstein Raminagrobis met d’accord la belette et le petit lapin.
Tandis que la proposition "les canards ont quatre pattes" est très
facilement vérifiable : elle est fausse, sauf dans certains cas où
naissent des canards à quatre pattes, ce qui arrive de temps en temps.
Cependant la proposition "Les canards ont quatre pattes" a un sens
parfaitement défini, ce qui précisément permet de la vérifier. Ainsi, tandis
que la proposition "Les canards ont quatre pattes", bien que
fausse, a cependant un sens parfaitement défini, la proposition "L’économie
existe" n’a même pas de sens, puisque le sujet "économie"
n’est pas défini, contrairement à "canard", "quatre" et
"pattes". (Au même titre que ce syllogisme, correctement formé selon
les règles de la logique : Si tous les boojums sont des snarks et si
tous les snarks sont des eggelumphs, alors tous les boojums sont des eggelumphs.
Vrai ou faux ? On ne saura jamais si les boojums sont des snarks. Merci
M. Putnam. Ce jugement est correct mais il n’est pas un jugement !
C’est seulement l’art "de parler sans jugement des choses qu’on ne connaît
pas" René D.) Elle n’est ni fausse ni vraie mais seulement insensée
puisque le sujet est indéterminé. N’ayant pas de sens, il est impossible de
décider si elle est vraie ou fausse. C’est pourquoi il est si difficile de
réfuter cette proposition insensée. C’est donc l’affirmation, la
proposition affirmative "l’économie existe" qui est insensée, d’abord
parce qu’elle existe la première dans le temps (ce n’est pas moi qui ait
commencé) et que sa négation a au moins un sens : elle affirme le manque
de sens de l’affirmation. Elle met au défit cette affirmation de donner son
sens. On peut très bien penser ce qui n’existe pas, et même le représenter d’une
manière éclatante comme ce fut le cas pour la licorne ou Lucien Leuwen (je
parie que les boojums ont déjà été représentés, peut être sous l’aspect de Lara
Microsoft). Mais on ne peut ni penser ni représenter ce qui n’est pas défini,
comme l’économie. Certes, les économistes prétendent fournir des modèles de
l’économie mais la carte n’est ni le territoire ni la preuve du territoire.
D’aucuns établirent la carte de Tendre et cependant le Tendre n’existe pas plus
que la Licorne. J’ai passé une partie de mon enfance à dessiner des cartes de
pays imaginaires et mes cartes étaient valides selon les critère de la
topographie (c’est d’ailleurs ce qui m’intéressait dans ce jeu) mais elle n’en
étaient pas moins des cartes d’aucun territoire. Swift établit des cartes pour
les voyages de son héros. En mathématique on procède à l’inverse, on établit un
système d’axiomes et de règles puis on cherche à en établir un modèle afin de
pouvoir vérifier la consistance du système. L’idée d’abord, le modèle (une
réalisation) ensuite. En fait la proposition "L’économie existe" a un
sens. Elle affirme qu’il existe une chose qui a pour nom "économie".
Et sa négation a un sens, elle affirme qu’il n’existe aucune chose qui a pour
nom "économie". L’ennui c’est que personne ne sait quelle est cette
chose. On est donc dans une situation comparable à celle dans laquelle personne
ne savait ce qu’était un nombre alors que tout le monde savait se servir des
chiffres. Une chose est ce qui a un nom. Ce qui n’a pas de nom n’est aucune
chose. Mais tous les noms ne désignent pas une chose. Il est bien connu que les
plus gros et effrontés mensonges sont ceux qui passent le mieux, d’autant mieux
qu’ils sont plus sournois. L’idéologie de l’économie est de ce type de mensonge
sournois qui évite soigneusement de se proclamer, ce que le matador Marcel Weber nomme leur habit d’évidence**. C’est le
type même du mensonge spectaculaire. Il est assez amusant que le théoricien du
“spectacle”, le grand dénonciateur d’illusions, l’homme à la théorie exacte et
qui ne se corrige jamais, ait gobé, sans l’ombre d’une hésitation, toutes ces
sottises débitées à longueur de journée par les journaux, la télévision la
radio et les livres (y compris ceux de Max Weber
puisque, me semble-t-il, pour lui “économie” ne posait pas de problème, n’était
ni un idealtype, ni un tableau, ni un modèle, mais une chose) et qu’il y fasse
référence plus de deux cent fois dans un livre de
moins de deux cent pages (115 fois économie, économique, 25 fois
matériel, base matérielle etc., 96 fois production, forces productives,
moyens de production etc., 42 fois consommation). Comme le dit très bien Marcel Weber, l’économie n’est qu’une représentation
(et qui plus est une représentation sournoise qui ne paraît jamais, c’est à
dire une pure idée, comme le spectacle de Debord ou Dieu) et le grand
pourfendeur de représentation n’y a vu que du feu. Pourtant, je croyais que
tout ce qui était directement vécu s’était éloigné dans une représentation.
Je me trompais en septembre
2000 1. A l’époque
je n’avais pas seulement eu l’idée d’ouvrir les dictionnaires — tant ce terme
était pour moi privé de sens ! J’ai dû ouvrir le dictionnaire peu avant
que je n’ouvre par hasard l’Abrégé d’histoire des mathématiques, car,
si je n’avais pas connu la définition de l’économie comme un ensemble,
le passage de Cantor n’aurait eu aucun intérêt pour moi. La preuve, c’est
que j’avais déjà lu cette page
puisqu’elle était cornée et que cela n’avait rien provoqué en moi. La
définition de l’économie par le dictionnaire figure dans la version du
2 février 2001 de Critique de la raison
impure — où, cependant, le terme « économie » au sens de
réalité économique est parfaitement
défini (depuis 1960 seulement, notez bien : il n’est pas défini
dans le Littré, ni dans le Larousse en six volumes de 1928, ni dans le
Larousse en deux volumes de 1948, ni dans le Webster de
1913, ni dans celui de 1928, ni dans le Dictionnaire de l’Académie française
de 1935 ; mais il apparaît dans le Petit Larousse de 1958), sauf
dans celui de M. Alain Rey où le terme économie au sens de
réalité économique n’existe pas. J’attendis le mois de février 2001 pour le
faire et je pus constater que non seulement ce terme était parfaitement défini
mais, en 2003, que sa définition fournissait la démonstration de
l’inexistence de la prétendue réalité postulée : la réalité économique y
est définie comme l’ensemble des faits bla bla bla… richesse… bla bla
bla… etc. Or, selon Frege (1890 circa), un ensemble ne consiste pas
dans les objets qui tombent sous le concept de compréhension, mais consiste
dans le concept lui-même, et selon M. Descombes, dans un article de
1992, l’ensemble des arbres d’une forêt n’est pas une partie de la forêt
(c’est une conséquence de la proposition de Frege) [ Frege l’avait déjà signalé et je l’avais oublié bien qu’ayant
fait une note dans mon journal
en 2004 : « Pour ce qui est de l’extension de concept, sa
consistance (Bestand) réside précisément dans le concept, non dans les
objets qui lui appartiennent ; ceux ci ne sont pas ses parties. » (mai
2007) ]. Voilà, c’est tout. L’affaire
est dans le sac : si l’économie est comme l’ensemble des arbres d’une
forêt, elle ne peut pas être aussi comme une forêt ou une partie de la
forêt. L’ensemble des arbres d’une forêt n’est pas une forêt et une forêt
n’est pas un ensemble d’arbres (si cela ne vous plait pas, vous vous adressez
directement à MM. Frege et Descombes et si cela ne vous plaît pas encore,
vous vous adressez directement au Hezbollah. Tout cela sera jugé). Donc, je
répète, ou bien l’économie — la réalité économique — est comme un
ensemble d’arbres, ou bien elle est comme une forêt, mais elle ne peut être
les deux ; foi de Normand, on ne peut avoir le beurre et la tour du
beurre. Le dictionnaire affirme qu’elle est comme un ensemble d’arbres. Si
l’on veut à toutes fins prétendre qu’elle est comme une forêt, il faudra donc
changer la définition des dictionnaires afin qu’elle soit comme la définition
d’une forêt : vaste étendue de terrain peuplée d’arbres (Robert)
qui est la définition d’un objet réel, c’est-à-dire d’une chose. La forêt est
un objet réel, elle, les arbres de la forêt considérés individuellement sont
des objets réels, eux, l’économie non, elle est une classe de faits, classe
qui est cependant un objet, mais au même titre que le nombre trois, ensemble
d’ensembles équinumériques selon Frege. Jamais un ensemble de faits ne
constitua une institution. La réalité économique n’est aucune institution. Il
n’y a pas de réalité économique. Il n’y a pas de vie économique (seulement
des vies de con ; ça ! y en a des vies de con). Les faits dits
économiques existent, la réalité économique n’existe pas. Étonnant !
non ? Si vous voulez savoir comment et pourquoi une telle chose est
possible, lisez le livre excellent que lui a consacré le surintendant
Fourquet (Richesse et puissance, La Découverte, 1989, 2002.
Initialement, en l’an 1000, riche signifiait puissant. Les
théoriciens des commerçants émancipés n’eurent de cesse de faire disparaître
la puissance, telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui au Liban, pour atteindre
la richesse pure grâce à une science pure*).
Selon cet auteur, si des faits économiques existent, c’est seulement du fait d’un classement
par la prétendue science économique. Ces faits dits économiques sont
d’abord des faits du monde. Je constate que vos comprennettes sont un peu
rouillées. Je vais donc prendre un exemple de choc : le fait que les
nazis de sinistre mémoire aient classé certains hommes dans la classe Untermenschen
n’implique par pour autant que ces hommes soient devenus, du fait de ce
classement par la science nazie, des sous-hommes, ni, surtout, qu’ils le
fussent auparavant. Les faits dits économiques par la « science
économique » sont aussi peu économiques que n’étaient sous-hommes les
hommes dits sous-hommes par la science nazie. On constatera, grâce à cet
exemple hard que le classement est cependant doué d’efficacité — c’est pourquoi il est effectué — puisque,
s’il ne peut transformer des hommes en sous-hommes, il a fortement contribué
à les transformer en cadavres et en fumée. C’est aussi simple que cela. A propos d’arbres, de forêt et
d’ensembles. Certains dictionnaires remplacent le terme
« ensemble » par le terme « système » dans la définition
de l’économie. Ces mêmes dictionnaires donnent au terme
« système » : ¨ Ensemble de…. C’est malin ! (Petit Robert,
cinq définitions : ¨ Ensemble de…, pour une : ¨ Appareil, dispositif qui,
cependant, constituent un ensemble cohérent ! et deux : ¨ Ensemble structuré...
Ensemble, quand tu nous tiens.) Si vous prétendez que la réalité économique
est un appareil, un dispositif, un ensemble structuré, un système, je vous
prierai de décrire cette structure comme Ptolémée et Copernic le firent pour
le système solaire, faute de quoi, votre système ne serait aucun système,
seulement un mot sans référent, un de plus. Un système que l’on ne peut
décrire n’est aucun système. En grec, systema signifie ensemble et
corps de troupe (Bailly), c’est-à-dire deux objets on ne peut plus
opposés. Les hoplites vivent ensemble, marchent ensemble, combattent ensemble
ce que sont bien incapables de faire les arbres d’une forêt qui ne combattent
ni ne marchent mais cependant vivent. Or ils ne sont pas capables de vivre
ensemble. Si vous le prétendez, c’est un abus de langage, un de plus ;
côte à côte, soit, ensemble, non. L’adverbe ensemble est réservé aux
mammifères. On appela les hoplites la démocratie qui marche. On peut
aussi appeler un bataillon d’hoplites la forêt qui marche ; de la
forêt, il a la réalité, ce que n’a pas l’ensemble des arbres de la forêt. Les
hoplites sont comme un ensemble et comme une forêt ; ils ont
l’ensemble et ils ont la réalité, cela parce qu’ils sont habités par
l’ensemble, comme la vaillante infanterie légère du Hezbollah, couverte de
gloire et de gravats. Je comprends l’effroi des barbares, relaté par Xénophon
dans l’Anabase, à la simple
vue de cette forêt en marche. (29 juillet 2006) Résumé de la thèse de
Fourquet : il y
eut de tous temps et en tous lieu une politique économique des États.
Il y eut à partir du XVIIe
siècle une économie politique qui avait pour but, précisément, de
venir en aide aux États dans leur politique économique. Mais il n’y a pas
d’économie, il n’y en eut jamais, nulle part.
Une ambiguïté
demeure dans le passage du Traité d’économie politique de Say cité par
Fourquet, où Say déclare existante une économie des sociétés :
« Mais depuis que l’économie
politique est devenue la simple exposition des lois qui président à
l’économie des sociétés, les véritables hommes d’État ont compris que
son étude ne pouvait leur être indifférente. » On peut entendre, en
accord avec le Webster ou le Dictionnaire de
l’Académie française de l’époque de Say, « économie » au
sens de management, mot qui vient du français « ménage ».
Ainsi, la « simple exposition des lois » présideraient à
l’« économie des sociétés » comme l’exposition des lois de la
physique président à la fabrication des machines à vapeurs ;
l’exposition des lois ne ferait que présider au sage management des
sociétés par les hommes d’État, voire les commerçants (ils nomment ça gouvernance
aujourd’hui). Or les deux passages suivant ôtent toute ambiguïté :
« Bien plus : il y a des changements qui seraient dans les intérêts de
tous, qu’aucun danger ne saurait accompagner, et qu’on repousse uniquement parce qu’on méconnaît à
beaucoup d’égards l’économie des sociétés. » et ailleurs :
« L’économie politique n’est une science qu’en tant qu’elle fait
connaître les lois
générales qu’on observe dans l’économie des sociétés. » Plus
aucun doute ne subsiste. Voilà donc les sociétés dotées d’une économie. Où
observe-t-on les lois de l’économie politique ? Dans l’économie des
sociétés, de même que l’on observe les lois de la physique dans la nature
(pas dans la physique quoique ce mot signifiât « nature » chez les
Grecs). Et notez bien le pluriel : « des sociétés », c’est à
dire les sociétés de tous les temps, de tous les mondes. Rien que ça. Ces
cons de sauvages, ces cons de grecs vivaient dans des sociétés dotées d’une
économie et il ne se doutaient de rien. Quels connards. |
**. Idéologie. "Toute
idéologie, c’est à dire tout système socialement (mais non nécessairement
intellectuellement) cohérent de croyances, repose au départ sur un petit nombre
de principes dont tout le reste découle. Ces ‘principes’ dont la nature
conceptuelle peut être fort variable, jouent le rôle de ‘formes sources’ pour
une prégnance qui investit tous les tenants de l’idéologie. Il s’agit en
général de concepts flous, dont le pouvoir propagatif tient précisément à leur
caractère flou et mal délimité. Ils servent de mots de passe :
l’invocation de ces concepts à tout propos et hors de propos marque
l’allégeance du croyant à l’idéologie. On reconnaît l’adhésion de quelqu’un à
quelque idéologie par l’emploi de ces mots pavillons." René Thom. Esquisse
d’une sémiophysique, Inter Editions, 1991.
Economie, économie, économie.
Spectacle, spectacle, spectacle.
Boumboum, boumboum, boumboum.
Dada vous l’avait bien dit.
Flotte mon joli pavillon.
Une
chose très facile, pour ceux qui voudraient prouver que ma proposition « l’économie
n’existe pas » est une pure divagation, consisterait à prouver la
proposition contraire « l’économie existe ». Il me
semble que pour prouver [ en toute rigueur, j’aurais dû écrire « pour
rendre prouvable » ] cette proposition, il leur suffirait de définir l’économie
et ainsi donner un sens à la proposition « l’économie existe ».
Cela ne devrait pas leur poser de problème et ne coûte rien d’essayer [ en
effet puisqu’il suffisait d’ouvrir le dictionnaire1 ]. Ensuite c’est
sans risque car, quand bien même ils ne parviendraient pas à prouver
l’existence de l’économie, cela ne prouverait pas pour autant son inexistence.
La non preuve d’une proposition n’est pas la preuve de la négation de cette
proposition. Jusqu’à présent, personne n’a démontré que l’économie existât. On
en parle d’abondance, c’est tout (cherchez à qui profite le crime). Cela ne
prouve pas qu’elle existe, ni même seulement que le mot a un sens (à part son
sens étymologique antique). Quels arguments le sournois imbécile, sous ses
différentes hypostases, propose-t-il pour étayer une affirmation aussi lourde
de conséquences que « L’économie existe » ? Au moins le pseudo
Occam reconnaît que bien que n’ayant pas de sens selon lui, la proposition
« L’économie n’existe pas » est lourde de conséquences ce qui est à
la fois une contradiction mais un progrès par rapport au sournois pseudo
Spinoza. Comment une proposition qui n’a pas de sens, qui n’est pas vérifiable
peut-elle être lourde de conséquences ? Serait-ce le cas aussi pour « Les
boojums n’existent pas » ?
J’ai déjà
montré, dans Critique de la raison impure, que
l’économie basée sur des définitions du type "C’est l’ensemble de..."
n’existait pas parce que ces ensembles de... n’existent pas, sinon comme
notions : un ensemble de choses n’est pas une chose [ à l’époque,
je n’avais jamais entendu parler de Frege que je ne lus qu’en janvier 2004.
Quelle heureuse surprise que ce Frege ] ; et non, comme le pseudo Occam le prétend effrontément, parce que la définition
du Petit Robert et du Petit Larousse seraient circulaires dans le
cadre du réductionnisme marxiste. Cette circularité n’est qu’une ridicule sottise
supplémentaire du réductionnisme marxiste, que je signale en passant et pour
rire, et non une preuve de l’inexistence de l’économie. Ce n’est pas le
véritable Occam qui me démentirait sur le point de la non existence des
ensembles de..., mais on ne peut cependant me taxer de nominalisme puisque
j’affirme aussi qu’il existe des ensembles selbständig, des universaux
concrets, les ensembles intériorisés par leurs éléments et qui réciproquement
totalisent ces éléments (des ensembles autogènes et non plus hétérogènes,
"hétérogène" entendu au sens strict et non au sens courant de
"disparate"), des ensembles réels et auto-antinominalistes — il
y a sûrement un mathématicien de par le vaste monde qui s’est déjà penché sur
la chose (en fait Leibniz, déjà, dans la Monadologie), je ne désespère
pas de le trouver sur Internet — et que ce sont eux qui existent en lieu
et place de la prétendue économie. Si le monde est un système, on ne peut pas
le considérer comme une boîte noire car les observateurs sont dedans. Comment
ferait-ils pour en étudier les entrées et les sorties ?
Des hypothèses,
encore des hypothèses, toujours des hypothèses ; c’est à dire de l’audace,
encore de l’audace, toujours de l’audace. Les hypothèses et l’audace sont ce
qui manque le plus dans ce monde d’esclaves. Tout ce qui est discutable doit
être discuté, n’est-ce pas ? Ce qu’on nomme habituellement réalité n’est
autre que la routine. (Cette phrase isolée de la citation complète de l’idée de
Musil constitue un contresens. Mais peu me chaut. Je suis prêt à tout pour
parvenir à mes fins. Je suis non seulement l’Hercule mais le Borgia de la
pensée. Un jour que je dînais chez Debord, celui-ci me dit "Ce Baynac est
un arriviste". Je lui répondis "Mais ne sommes nous pas des arrivistes ?
— Certes, me dit-il, mais nous n’avons ni les mêmes buts ni les mêmes
moyens". En ce qui le concerne, on a vu que si.)
J’ai eu en main,
il y a trente ans, un texte de Rosa Luxembourg dans lequel celle-ci se moque
des professeurs d’économie en donnant leur définition de l’économie. Si
quelqu’un pouvait m’envoyer ce texte (c’est là, merci Joëlle G. : Qu’est-ce
que l’économie politique 1907) ou sa référence, je lui serais
reconnaissant, car j’aimerai bien relire aujourd’hui ces définitions mais
surtout connaître celle qu’avançait Rosa Luxembourg elle-même.
15 septembre
2001
Je vais de
surprise en surprise. Je crois comprendre, lors de la lecture du Mythe de l’intériorité
de Bouveresse, que, dans son effort pour prouver l’absurdité de l’œil
intérieur et d’un langage privé, Wittgenstein soutient que tout commence avec
le langage public (langage public étant une sorte de pléonasme d’ailleurs)
Autrement dit je crois comprendre que pour Wittgenstein communication first,
communication everywhere ! Le phénomène est privé, la chose est
publique. L’opposition pertinente n’est pas extérieur/intérieur mais
public/privé. Le problème provient que l’on confond incessamment la chose et le
phénomène souvent dans une même phrase. On prend le phénomène pour une chose,
or le phénomène n’est aucune chose. Il est encore moins "une
représentation". A suivre.
Par le Dr Latouche.
Je trouve dans le n° 17 du Bulletin du MAUSS, de mars 1986,
à côté d’un étonnant (comme tous les articles de cet auteur) article de
Gilles Gagné (L’État commercial ouvert) un compte rendu, par Serge
Latouche, du livre de Wallerstein Le Système du monde du XVe siècle à nos
jours (Flammarion, 1980-1984) dans lequel figure une intéressante
définition de l’économie.
Voilà une excellente définition : la raison économique
implique un découpage arbitraire dans la totalité de l’être social. Puisque
arbitraire, ce découpage n’a nulle réalité, en tout premier lieu le prétendu
"domaine matériel". "Le capitalisme" étant au mieux un
idealtype ou bien le nom d’une époque historique, il n’est pas effectif, il
ne construit donc rien d’effectif, pas plus que la vertu dormitive de Molière
ne fait dormir ou que le nom "chien" ne mord. L’économie est un
phantasme d’économistes. L’économie n’est qu’un secteur supposé, c’est à dire
nul secteur réel. Latouche le dit très bien : l’économie est une
invention d’économiste. Hegel n’est pas difficile à comprendre : seule
la totalité de l’être social est sujet, seule la totalité de l’être social
est réelle. Les découpages arbitraires que l’on peut être tenté d’y faire
sont de nulle réalité. La réalité des moments est dans leur disparition. Si
le prétendu domaine matériel n’est pas un champ clos auto reproducteur, il
n’est rien de réel. Au moins, sur ce point, les économistes sont plus
conséquents que Latouche. Le prétendu domaine matériel est lui même l’objet
d’un découpage arbitraire de la raison économique de Latouche et non du
capitalisme. Le fait de présenter ce prétendu secteur comme un champ clos
n’est pas une simple exagération de la part des économistes, comme le prétend
Latouche, c’est une raison vitale pour l’existence de leur doctrine. Un
domaine qui n’est pas clos, ne serait-ce que d’une simple frontière, n’est
aucun domaine. La réalité des moments est dans leur disparition tandis qu’un
domaine doit persister ou n’être aucun domaine. Nul domaine sans seigneur.
Les domaines obéissent à la loi de leur seigneur. Les moments obéissent à la
loi du tout qui implique leur disparition et leur non subsistance. Par Michel Freitag québécois
et très intéressant auteur du MAUSS
comme Gilles Gagné
C’est déjà mieux : selon Freitag,
l’objectivité de l’économie réside dans des institutions... Dans des
institutions, c’est à dire dans des ensembles autogènes et non plus dans un
ensemble de... Il met même en doute la réalité (la chosité) de cet
objet :
|
Marx
a-t-il lui-même employé le terme « économie »
au sens funeste d’ « economy » ?
Généralement,
Marx et Engels emploient le terme "économie" au sens d’économie
politique. Il me semble que l’emploi au sens d’economy est très rare
dans leurs textes. Les textes de Weber montrent qu’après 1900 l’usage
d’employer "économie" au sens anglais d’economy est bien
établi. Il atteint le burlesque avec Debord, plus de deux
cents fois en moins de deux cents pages.
Page
155 du volume 3 du livre I du Capital aux éditions
socialiniennes : "L’ordre économique capitaliste est
sorti des entrailles de l’ordre économique féodal. La dissolution de
l’un a dégagé les éléments constitutifs de l’autre." On constate que
si Marx n’avait pas employé le terme économique, le sens de la phrase n’aurait
pas changé : "L’ordre capitaliste est sorti des entrailles de l’ordre
féodal. La dissolution de l’un a dégagé les éléments constitutifs de
l’autre." Le terme économique n’ajoute absolument rien au sens de la
phrase sinon l’illusion de savoir quelque chose alors que l’on ne sait rien.
Page
107 du volume 1 du livre II, Les trois figures du procès cyclique : "On
s’est fondé là dessus pour opposer l’économie naturelle, l’économie
monétaire et l’économie de crédit comme étant les trois formes
caractéristiques dans le mouvement économique de la production sociale.
En
premier lieu, ces trois formes ne représentent pas des phases équivalentes de
l’évolution. L’économie dite de crédit n’est elle-même qu’une forme de l’économie
monétaire : les deux termes expriment des fonctions d’échange, ou
modes d’échange, entre les producteurs eux-mêmes. Dans la production
capitaliste développée, l’économie monétaire n’apparaît plus que comme
base de l’économie de crédit. L’économie monétaire et l’économie
de crédit correspondent donc simplement à des stades différents dans le
développement de la production capitaliste ; mais elles ne sont nullement,
en face de l’économie naturelle, des formes d’échange distinctes et
indépendantes l’une de l’autre. Il serait tout aussi juste de mettre en face de
ces deux types les formes très diverses de l’économie naturelle en les
tenant pour équivalentes.
En
deuxième lieu, dans les catégories économie monétaire et économie de
crédit, ce n’est pas l’économie, c’est à dire le
procès de production lui-même, que l’on souligne, que l’on détache
comme trait distinctif : c’est le mode d’échange établi en fonction de l’économie
entre les divers agents de la production, les divers producteurs ; il
faudrait donc agir de même pour la première catégorie. Parler d’économie de
troc au lieu d’économie naturelle. Une économie naturelle
complètement fermée, par exemple l’Etat des Incas au Pérou, n’entrerait dans
aucune de ces catégories. [Marx semble préciser ici ce qu’il entend par
économie : le procès de production.]
En
troisième lieu, l’économie monétaire est commune à toutes les
productions marchandes et le produit apparaît comme marchandise dans les
organismes les plus divers de la production sociale. Ce qui caractériserait
donc la production capitaliste, ce serait seulement la mesure où le produit est
créé en tant qu’article de commerce, de marchandise ; par suite, la mesure
où les propres élément constitutifs du produit doivent rentrer en tant
qu’articles de commerce, que marchandises, dans l’économie d’où il
provient."
Page
203 du volume 1 du livre II : "La production capitaliste
développée suppose en fait que l’ouvrier est payé en argent, de même qu’elle
suppose d’une façon générale procès de production appuyé sur le procès de
circulation, donc l’économie monétaire."
Page
126 du volume 2 du livre II :"Dans la mesure où le système esclavagiste,
dans l’agriculture, dans les manufactures, la navigation, etc., est la forme
dominante du travail productif (comme c’était le cas dans les Etats développés
de la Grèce et à Rome), il conserve un élément de l’économie naturelle."
Page
342 du volume 1 du livre III : (aux Indes) "...ces
petites communautés économiques."
(en Chine) "La
grande économie et le gain de temps résultant de la connexion directe de l’agriculture
et de la manufacture offrent ici une résistance des plus opiniâtre aux produits
de la grande industrie... (anglaise)" Ici, économie est employé au
sens de "faire des économies_ !
"Contrairement
au commerce anglais, le commerce russe ne touche pas à la base économique
de la production asiatique."
"Le
producteur devient commerçant et capitaliste, en opposition à l’économie
agricole naturelle..."
"Si jamais
l’histoire d’un peuple nous offre des expériences économiques manquées
et réellement ridicules..."
"...la
communauté économique hindoue basée sur la propriété foncière
commune..."
Page
168 du volume 3 du livre III : "Dans l’économie
naturelle proprement dite, les produits agricoles n’entrent pas (...) dans
le procès de circulation...".
"...dans
n’importe quelle économie basée sur l’argent..."
"Une
conception erronée de la nature de la rente se fonde sur le fait qu’à partir de
l’économie naturelle médiévale (...) la rente en nature s’est maintenue
jusqu’aux temps modernes..."
Page
174 : "La possibilité d’un certain développement
économique..."
Page
175 : "Bien que des vestiges de cette rente-produit pure
puissent subsister dans des modes et des rapports de production plus
développés, elle est toujours fondée sur l’économie naturelle."
Voilà, c’est
tout pour deux mille deux cents pages. Cela permet de savoir ce que Marx
entendait par "économie" tout court : c’est son cher procès de
production lui-même.
Posted by Marcel Weber sur le Debord
off on June 18, 2000
In Reply to: Voyer dans le texte posted by FC on June 17, 2000
« Par contre, on ne critique pas,
on ne réfute pas une chose qui n’existe pas [effectivement
puisque c’est la croyance en l’existence de cette prétendue chose que l’on
critique, que l’on réfute : je n’attaque pas la prétendue chose mais la
croyance en l’existence de la prétendue chose]. On dit :
Censor n’existe pas. Point. On va pas se palucher 50 ans pour prouver que
Censor n’existe pas. » [hélas ! il le faut bien étant
donné l’imbécillité de FC] FC
C’est
pourtant ce que beaucoup ont fait (et pas des moindres), et ce avec patience et
acharnement dans un combat quotidien à propos d’une chose qui n’existe pas et
que l’on nomme “Dieu” et qui a été socialement parlant un petit peu oppressante
(comme l’est l’économie aujourd’hui) dans nos contrées il n’y a pas si
longtemps.
Comme
l’économie aujourd’hui, le fondemental “Dieu” déterminait en France la vie
sociale dans ses moindres détails, à une époque où la remise en question de son
existence n’était même pas du domaine du concevable.
Comme Dieu, l’économie est une
représentation qui nous apparaît toujours vêtue de son habit d’évidence, c’est à dire comme étant à elle même son propre fondement
(causa sui).
Or
la seule façon de critiquer (c’est à dire de réfuter) une évidence est de
remettre en question son existence même. (si vous en connaissez une autre vous
me le dites)
Marx
ne sort pas de cette évidence économique car l’ensemble de sa critique
s’oriente vers un idéal d’égalité économique (c’est à dire en fait vers une
égalité dans l’esclavage).
Voyer
a donc raison de noter l’insuffisance de Marx (et surtout des marxistes qui
l’ont suivi) sur ce point. D’ailleurs il n’est pas le seul, Marshall Sahlins
l’a fait aussi mais d’une toute autre manière.
Nous nous engageons dans
une ontologie contenant des nombres quand nous affirmons qu’il y a des
nombres premiers plus grands qu’un million, nous nous engageons dans une
ontologie contenant des centaures quand nous disons qu’il y a des
centaures ; et nous nous engageons dans une ontologie contenant Pégase
quand nous disons que Pégase est. Mais nous ne nous engageons pas dans une
ontologie contenant Pégase, ou l’auteur de Waverlev, ou la coupole ronde
carrée sur Berkeley College quand nous affirmons que Pégase, ou l’auteur de
Waverley, ou la coupole en question n’est pas. Nous n’avons plus à être victimes de l’illusion selon
laquelle, dès lors qu’un énoncé contenant un terme singulier est pourvu de
signification, cela présuppose une entité nommée par le terme. Un terme
singulier n’a pas besoin de nommer pour être signifiant. [ainsi, selon Bolzano, le concept « triangle »
est une pure signification, c’est à dire qu’il ne désigne rien contrairement
aux noms véritables qui ont une signification et qui désignent (qui nomment) quelque
chose. Le concept triangle ne nomme aucun triangle, il est pure
signification. Le prétendu nom « Le triangle général » de Locke ne
nomme rien du tout, ne désigne rien du tout et c’est une parfaite absurdité
de prétendre, comme le fait Locke, qu’il désigne un quelque chose général : « Le triangle général ou
abstrait est donc quelque chose de réel dans mon âme ; il y est une
représentation… ». Non mon pote, les triangles particuliers sont classés
triangles et donc reconnus au premier coup d’œil. Stupidité des esquisses ou
silhouettes successives de Husserl : un cube avec toutes ses propriétés
est reconnu au premier coup d’œil car il est classé cube. Heil Myself ! (mai 2011)] Même sans le secours de
Russell, McX et Wyman auraient peut-être eu une petite idée de tout cela,
s’ils s’étaient contenté de remarquer-rares sont parmi nous ceux qui l’on
fait-qu’il y a un gouffre entre signifier et nommer, même dans le cas d’un
terme singulier qui est authentiquement un nom d’objet. L’exemple suivant,
emprunté à Frege, nous sera utile. L’expression « l’étoile du
soir » nomme un certain gros objet physique, de forme sphérique, qui
file dans l’espace à des millions de kilomètres d’ici. L’expression
« l’étoile du matin » nomme la même chose, comme un Babylonien
observateur a probablement été le premier à le constater. Mais les deux
expressions ne peuvent être considérées comme ayant la même signification;
sans quoi le Babylonien aurait pu se dispenser de ses observations et se
contenter d’une réflexion sur la signification de ses mots. Les
significations étant alors différentes l’une de l’autre, il faut bien qu’elles soient
différentes de l’objet nommé, qui est une seule et même chose dans les
deux cas [CQFD]. La confusion de la signification avec la nomination n’a pas seulement conduit McX à penser qu’il ne pouvait de manière non dépourvue de signification rejeter l’être de Pégase; cette confusion l’a sans doute aidé à inventer cette notion absurde que Pégase est une idée, une entité mentale. La structure de cette confusion est la suivante : il a confondu le prétendu objet nommé Pégase avec la signification du mot « Pégase », et en a donc conclu que Pégase doit être pour que le mot ait une signification. Mais quelle sorte de choses sont les significations ? C’est là un point problématique; cependant, on pourrait de manière très plausible expliquer les significations comme étant des idées qui sont dans l’esprit, à supposer que l’on puisse donner ensuite un sens clair à l’idée d’idées dans l’esprit. Donc le pauvre Pégase. tout d’abord confondu avec une signification. finit en idée dans I’esprit. Le plus remarquable est que Wyman. parti avec les mêmes intentions que McX. ait évité cette bourde spécifique. et se retrouve à la place avec ses possibles inactualisés [Vrin, 2003, pages 34-36] |