Le rapport entre la
valeur et le prix de Paul Jorion →
Commentaires d’un
manuscrit de 1975 publié sur le Debord off →
La Mesure des grandeurs Lebesgue →
331 J-P Voyer
332 Schizosophie corrige le professeur Lebesgue
333 J-P Voyer Le prix du boudin
selon Lebesgue
334
Schizosophie
335
J-P
Voyer
Précisions sur
l’éminente question du prix du boudin Réponse de
Heil Myself ! à un lecteur
15 janvier 2010
à 19:29 [► cliquez
sur ce lien pour atteindre le billet « Pourquoi dialoguer avec Marx
? » at Jorion’s ◄]
En commentaire au billet précédent « Où se situent les
salariés ? », j’avais rappelé le contexte dans
lequel Marx considère le salaire, mais aussi, vous l’oubliez M. Jorion, l’appareil
de production. Or le lien, dialectique, entre les deux tisse une critique
fondamentale de l’économie politique, autrement dit de l’économie, en tant
qu’elle n’est rien d’autre que la manière bourgeoise de penser, et même d’agir.
Ce contexte est la chaîne A-M-A’. Je renvoie au Capital, Livre I, 2e section
« La transformation de l’argent en capital », chapitre IV,
« La formule générale du capital ». Pour les fainéants, je dévoile
tout de suite le secret : le capital repose sur le travail en tant qu’il
n’est rétribué que selon le temps de travail moyen nécessaire. C’est rien moins
que « l’abolition définitive du salariat » qui est visée (voir
l’adresse de 1864 rédigée par Karl Marx à l’Association internationale des
travailleurs).
La relation avec Aristote, que Marx qualifie « de
grand penseur qui a analysé le premier la forme de la valeur », est
tout à fait explicite dans le Capital. Je renvoie au chapitre I, 1re section, au passage sur la forme de la valeur, « troisième
particularité de la forme équivalent ». Marx décrit les limites de
l’analyse déployée dans L’Éthique à Nicomaque (V, V, 16) en citant la
fin du développement, ainsi traduit par Voilquin aux éditions Flammarion :
« Et qu’on fît des échanges avant l’emploi de la monnaie, c’est bien
évident ; peu importe que l’échange porte sur 5 lits contre [►ἀντὶ ◄]
une maison ou contre tout objet correspondant, en valeur, à 5
lits ». Quel est cette limite ? Elle réside en ce que s’il est vrai que la monnaie
rend tout commensurable avec n’importe quoi,
[► il n’est pas vrai que la monnaie rende tout commensurable avec n’importe quoi. La monnaie rend tout échangeable avec n’importe quoi du fait qu’elle rend tout échangeable avec elle, ce qui n’a rien à voir avec la commensurabilité. D’ailleurs, qu’est-ce que la commensurabilité du temps d’Aristote ? Ce sont deux grandeurs homogènes (de même dimension) qui ont une partie aliquote commune (aliquote : partie d’une grandeur qui se reporte un nombre entier de fois dans cette grandeur. Ce nombre de fois – quotient – est… la mesure de la grandeur par sa partie). Les Grecs ne savaient pas co-mesurer deux grandeurs qui n’avaient pas de partie aliquote commune. Ce fut une consternation quand ils découvrirent l’existence de telles paires… de grandeurs, par exemple la longueur du côté et de la diagonale du carré. La définition donnée par Bailly pour symmétria est ambiguë : « réduction à une commune mesure ». Il faudrait-dire, me semble-t-il : comparaison de deux grandeurs homogènes par la mesure de chacune de ces deux grandeurs à l’aide d’une partie aliquote commune, c’est à dire réduction de ces grandeurs à deux multiples de la partie aliquote commune, 13 fois cette partie pour l’une, 7 fois cette partie pour l’autre, par exemple. Asymmetria signifie alors non co-mesurable parce que n’ayant pas de partie aliquote commune. NB : il y a donc deux mesures (et non une mesure commune comme dit Bailly), deux quotients (deux combien de fois) dans une co-mesure, ici : 13 fois et là 7 fois. 13 est une mesure (strictement parlant : un nombre résultant d’une opération de mesure) et 7 est une autre mesure ou : 13 fois est un multiple de la partie aliquote commune et 7 fois est un autre multiple. Donc une co-mesure n’est pas une mesure, un quotient, un combien de fois, puisqu’il y a deux quotients (en fait deux multiples), deux mesures. Une co-mesure est le rapport non effectué de deux quotients, de deux mesures ; sym-métria, mesurées ensemble, l’une et l’autre et non pas mesurées l’une par l’autre (quotient). Le quotient (la mesure) de 13 par 7 est un nombre réel : 1,857142857… Selon Lebesgue, 1,857142857 est le compte rendu de l’opération de mesure. Le mesureur a écrit sur le papier, à chaque étape de la mesure : 1 fois de 100, 8 fois de 10-1, 5 fois de 10-2, 7 fois de 10-3, etc. Pour Lebesgue, le nombre est ce qui est écrit sur le papier. NB : une co-mesure (symmétria) n’est pas non plus une proportion (analogia). Une proportion est une égalité de deux co-mesures (deux grandeurs homogènes qui ont une partie aliquote commune en ont une infinité d’autres et donc une infinité de co-mesures toutes égales, c’est la fonction linéaire y = ax). Je vois la faute commise par Sylvain Piron dont je relis le papier. Il parle (plutôt Albert le Grand parle, ainsi qu’Aristote si j’en crois ses traducteurs et ses copistes) d’établir la proportion entre deux produits de l’industrie. En fait il s’agit d’établir une prétendue co-mesure entre les produits. Or même la co-mesure est impossible entre deux produits. Elle n’est possible qu’entre leurs prix qui ne sont des grandeurs pour aucun des deux produits. 13 carottes ἀντὶ 7 poireaux ne constituent ni une co-mesure, ni une proportion. Nous nageons dans le charabia. À part ça, symmetria, selon Bailly, signifie aussi juste proportion. ◄]
cette vérité
repose sur le travail humain. Si Aristote ne le comprend pas,
[► fort heureusement pour Aristote car cette vérité n’en est pas une : la monnaie ne rend aucunes choses commensurables, seules sont commensurables les nombres (grandeurs) prix. D’une manière générale aucun objet réel ne peut être commensurable, ni mesurable : seules les grandeurs le sont. Deux théières de même hauteur ne sont pas commensurables, ni égales, seule leur hauteur (un segment de droite) l’est : la longueur de la hauteur des théières n’est pas une grandeur pour les théières mais seulement pour leur hauteur ; deux produits ayant demandé le même temps de travail ne sont pas commensurables, ni égaux, pour autant, ils sont seulement échangeables ◄]
selon Marx,
c’est que « la société grecque reposait sur le travail des esclaves et
avait pour base naturelle l’inégalité des hommes et de leurs force de travail »
alors que « l’idée d’égalité » n’avait pas encore « acquis
la ténacité d’un préjugé populaire », il a fallu quelques révolutions
pour cela. « Ce que montre le génie d’Aristote, c’est qu’il a découvert dans l’expression de la
valeur de la marchandise un rapport d’égalité.
[► heureusement pour lui, Aristote n’a rien fait
de tel. Dans l’expression qu’est la valeur il n’y a pas du tout de rapport
d’égalité mais seulement l’idée (le sens de l’expression) d’un
échange possible (selon Frege, une idée est le sens d’une expression) : le
seul rapport qu’il y ait dans l’expression qu’est la valeur, c’est l’échange et
encore n’y est-il que comme idée, comme sens de l’expression. Il n’est pas
réalisé. Il est seulement possible. La valeur est la mention d’un
échange possible, généralement
cette mansion figure sur une étiquette qui est attachée à la marchandise. Cela
dit, la valeur étant elle même une expression dont le sens est la
possibilité d’un échange, il est absurde de dire « l’expression de la
valeur », on ne peut parler que du sens de la valeur, le sens de cette
expression qu’est la valeur. Littré : « Valoir c’est avoir un
prix » ◄]
L’état
particulier de la société dans laquelle il vivait l’a seul empêché de trouver
quel était le contenu réel de ce rapport »
[► les Grecs n’étaient pas tombés dans la stupidité bourgeoise, ils ne prenaient pas des vessies pour des lanternes et appelaient un esclave un esclave, pas de pleurnicheries chez eux ◄]
(les citations
de Marx reprennent, ici, la traduction de Joseph Roy).
Résumons-nous après ces
fastidieuses, mais précises, indications bibliographiques. Marx ne préfère pas
une représentation bourgeoise, (il veut la renverser et aussi renverser la
réalité bourgeoise et ses conditions de possibilités, à savoir le rapport
salarial), il vit dans une société où domine la bourgeoisie par le règne de la valeur d’échange
[► par le règne de l’argent, Marx : « Le besoin d’argent a remplacé tous les besoins ». C’est à dire par le règne du besoin d’argent : les esclaves salariés, contrairement aux esclaves de l’antiquité, touchent à l’argent, ils ne vont plus au marché seulement comme marchandises mais aussi comme acheteurs ; mais pour avoir de l’argent, ils doivent faire des passes, comme les putes. Voilà ce qui caractérise le capitalisme achevé. Tout est produit pour la vente et les esclaves eux-mêmes doivent temporairement vendre leur obéissance, aliénant ainsi leur liberté : les salariés sont les intermittents de l’esclavage. ◄]
à l’égard des producteurs. Il
n’a pas plus choisi son temps qu’Aristote ni que quiconque. Aristote est tout à
fait utile pour décrire les contradictions d’ordre monétaire, en un sens, déjà,
la chrématistique décrivait la tendance critique de toute économie. Mais une
critique radicale de la spéculation monétaire, la dénonciation de l’injustice
(on pourrait même créer le néologisme d’« injustesse » pour
caractériser le biais éthique de toute monnaie) inhérente à la forme de la
valeur ne peut que demeurer formelle. C’est précisément en considérant
l’économie politique du point de vue de la monnaie ou de la forme de la valeur
que l’on adopte « la représentation « bourgeoise », mais c’est
en creusant cette forme que l’on parvient à sa réalité génétique.
Sans doute dépassera-t-on Marx et considérera-t-on à son tour sa conception comme formelle [► non,
elle est seulement absurde ◄] (ce qu’il
espère certainement), mais certainement pas en régressant dans le formalisme.
Cela dit les discussions sont bien plus fertiles dès lors que l’on ne considère
plus l’économie comme une science, qu’on ne confond plus système capitaliste et
mode de production capitaliste
[► pour la simple raison que le système capitaliste existe tandis que les modes de production, capitalistes ou non, n’existent pas, sont une simple vue de l’esprit bourgeois ◄]
et qu’on aborde les polarités du surtravail et du travail
nécessaire, du capital constant et du capital variable, et même qu’on en arrive
à interroger la nature de la notion de prolétariat. Il se peut même bien que,
ce faisant, on déborde la discipline de l’économie politique. Mais pour
l’heure, nous en sommes encore à la situation que décrivait Marx en 1867 :
« L’économie politique classique touche de près le véritable état des
choses sans jamais se le formuler consciemment. Et cela lui sera impossible tant
qu’elle n’aura pas dépouillé sa vieille peau bourgeoise ». (cette
fois, je vous laisse chercher la source de la citation).
29 J-P Voyer
Réponse à Schizosophie 15 janvier 2010 à 19:29
Je vous prie de noter que le mot « valeur » n’est jamais
employé dans cette traduction particulièrement élégante de Bodéüs. À mon humble
avis, employer le mot valeur dans une traduction d’Aristote est un
anachronisme. Même remarque pour le mot « besoins ».
Marx se trompe complètement, Aristote n’a jamais traité de
« la valeur ». C’est d’ailleurs ce que pense Paul Jorion. Ce concept
est une invention moderne due à Smith me semble-t-il (qui disait d’ailleurs,
ainsi que Turgot, « valeur échangeable » et non pas « valeur
d’échange ». Pour Turgot, « prix » et « valeur » sont
encore des mots équivalents. JPV.
[►Citation◄]
Ethique à Nicomaque,V, 9 Aristote,
Éthique à Nicomaque, [► cliquez sur ce lien pour avoir le texte
complet ◄] trad. Richard Bodéüs, Flammarion,
2004 9. La justice dans les transactions. 9.1. La justice n’est pas simple réciprocité. 9.2. La réciprocité proportionnelle : ciment de la
Cité. 9.3. Comment échanger proportionnellement ? 9.4. La monnaie rend les biens échangés commensurables. [► il est démontré ici que non ◄] 9.5. Le besoin : véritable étalon des échanges. [► « besoin » est-il la bonne traduction de χρεία ? Usage irait parfaitement ◄] 9.6. L’égalisation doit précéder l’échange. 9.7. Les besoins, la monnaie et la stabilité des échanges. D’autre part,
ce qui montre que le besoin assure la
cohésion comme une sorte d’unité, c’est que si les partenaires n’ont pas besoin l’un de l’autre, si tous les deux ou
l’un des deux n’éprouvent pas de besoin,
il n’y a pas alors d’échanges entre eux comme il y en a quand quelqu’un
demande ce qu’on a personnellement, par exemple du vin, en nous accordant une
exportation de blé. /10/ Il faut donc créer ici une égalité [►erreur fatale ◄]. D’autre part, pour l’échange
futur, dans l’hypothèse où maintenant l’on n’a besoin
de rien, l’assurance d’avoir ce dont on
aura besoin le cas échéant se trouve dans la monnaie qui est une sorte
de garantie à notre disposition, car on doit, si l’on apporte de l’argent,
pouvoir en retirer quelque chose. Certes, la
monnaie subit aussi la même fluctuation que les
besoins. Elle n’a pas en effet toujours un
égal pouvoir d’achat [► c’est le nain Sarközy qui parle !
Voilquin traduit par valeur ◄]. Mais malgré tout, elle tend à plus de stabilité. C’est
pourquoi tout doit avoir /15/ un prix
établi, car c’est la condition pour qu’il y ait toujours possibilité
d’échange et, partant, d’association. La monnaie donc constitue une sorte
d’étalon [► Voilquin traduit par « prix
déterminé » ◄] qui rend les choses commensurables et les met à égalité. Sans
échange en effet, il n’y aurait pas d’association, ni d’échange sans égalisation, ni d’égalisation sans mesure commune. [► fatale erreur d’Aristote et de Marx
qui communient dans l’erreur : la monnaie ne rend pas égal, elle rend échangeable,
nuance colossale. Dire de deux produits qu’ils sont égaux est un non sens, seuls leurs
prix peuvent être égaux (NB : cependant deux produits peuvent être
identiques. Identique n’est pas égal. L’égalité est le privilège des
grandeurs. Les grandeurs de deux corps identiques sont toutes égales deux à
deux). Mais leurs prix ne sont pas pour autant des grandeurs pour ces
produits. Merde à la fin. ◄]
9.8. Convention monétaire et troc. À
la vérité donc, il est impossible de rendre les choses commensurables vu
qu’elles sont tellement différentes [► Aristote
reconnaît l’incommensurabilité des choses ◄],
mais en fonction du besoin, [► il introduit le besoin. Je suppose que « le besoin » est une notion anachronique. « Le besoin » n’existe que dans notre monde où existe un implacable besoin d’argent : du fait que tout est produit en vue de la vente, l’argent est devenu une absolue nécessité – nécessité au sens d’Aristote, ce qui est nécessaire pour la vie – et le besoin d’argent est une réalité et non seulement une catégorie telle que « le besoin ». NB : Voilquin traduit par « pour les besoins de la pratique ». Voilà qui change tout. Cette traduction me paraît judicieuse car elle écarte tout risque d’anachronisme et de confusion avec le besoin généralisé (puisque besoin d’argent qui est l’usage général) qui n’existe que de nos jours. Sur ce point la traduction de Voilquin me paraît supérieure à toutes les autres qui à mon avis ont recours à un anachronisme ◄] on peut y arriver de façon
satisfaisante [► là,
mystère ? NB : le mystère a disparu avec
Voilquin ◄]. Aussi doit-on
disposer d’une certaine unité qui soit fixée par hypothèse (d’où
l’appellation de monnaie), car c’est elle qui rend tout commensurable. [► Aristote introduit la monnaie mais commet la même erreur que Marx : la monnaie ne rend pas les choses commensurables mais échangeables. Aussi l’unité dont il est question ici n’est une unité (mine, lingot frappé de 400 à 600 grammes d’argent) que pour la monnaie et non pour les marchandise ◄] Tout peut en effet se mesurer
en monnaie : [► grosse erreur, la même que Marx : l’unique théorème de la théorie de la mesure des grandeurs de Lebesgue permet de prouver que le nombre prix n’est pas une grandeur pour le boudin et par conséquent n’est une grandeur pour aucune autre marchandise. Donc, rien ne peut se mesurer en monnaie sinon elle-même grâce aux unités monétaires. Le nombre prix est la mesure d’une certaine quantité de monnaie, point final. Que de conneries ont été écrites à ce sujet ◄] si une maison correspond à A, dix mines à B [► B est donc de l’argent, un nombre
prix ◄] et un lit à C, A est la moitié de B si la maison est évaluée à cinq mines [► de l’argent, donc ◄], autrement dit, il [► c’est à dire A ◄]
est égal à cinq mines, [► ici, le terme « égal » est parfaitement approprié – si, toutefois, la traduction de Bodéüs est correcte – étant donné qu’il s’agit de grandeurs, de nombres prix, de quantité d’argent. Il n’est pas écrit, contrairement à ce que prétend Marx, que la maison est égale à A, mais que la maison correspond à A. Donc A n’est pas une maison, mais une quantité de monnaie, un prix, ainsi que B et C. La preuve en est que dix mines (de l’argent donc) correspond à B. Contrairement à Marx, Aristote ne commet aucune faute jusqu’ici… à moins que ce ne soit le traducteur qui, par souci de cohérence, commette une erreur de traduction, car il est le seul à traduire ainsi, les autres traducteurs se contentant de : « Soient A une maison, B dix mines ; C un lit. A est la moitié de B… » (quant à Aristote, il écrit : « Οἰκία α, μναῖ δέκα β, κλίνη γ. »). L’absurdité de cette expression est patente, une maison ne peut être la moitié de dix lingots d’argent (la moitié de dix lingots d’argent, c’est… cinq lingots d’argent, point final). Seul le prix d’une maison peut être, pas même la moitié de dix lingots, car un nombre ne peut pas être la moitié de dix lingots d’argent, mais seulement la moitié du nombre ou de la masse des lingots (c’est à dire cinq lingots d’argent). Merde à la fin ! Si la traduction de Bodéüs est fausse, alors Aristote communie dans l’erreur avec Marx qui l’en félicite ! Notez encore cette particularité de la traduction de Voilquin : « Soit A une maison, B une somme [un prix donc, une masse d’argent, un nombre] de dix mines, C un lit : il est évident que A sera la moitié de B [absurdité : la maison ne peut être la moitié d’un prix (la moitié d’un nombre), ni la moitié de dix mines], si la maison est du prix [axia, Bailly : axia boos, qui vaut un bœuf ; Littré : valoir, avoir un prix] de cinq mines [très bien], ou égale [ison] à ce prix [très mal : comment une maison pourrait-être égale à un nombre] ». Non de Dieu ! ce merdier dure depuis plus de deux mille ans alors que les élèves de feu l’école primaire apprenaient à ne pas faire ce genre de faute : ne pas confondre un champ et sa surface (un champ n’est pas une surface, le lièvre ne gît pas sur une surface, la charrue ne laboure pas une surface mais un sol, le blé ne pousse pas sur une surface) et ne pas confondre la surface du champ avec son aire. C’est pourquoi d’ailleurs, je ne la commets pas. Qui me dira ce qui est écrit en grec ? ◄] tandis que le lit,
c’est-à-dire C [► qui n’est pas le lit mais le
prix du lit du moins si la traduction est juste ◄], est la dixième partie de B. On voit pourtant combien
il faut de lits pour égaler [► le terme est malheureux mais comment pourrais-je savoir ce qu’a effectivement écrit Aristote étant donné que les gens qui l’ont traduit ne comprenaient rien du tout au problème de la valeur et que moi je ne comprends rien du tout au grec. Il aurait fallu écrire : pour qu’une maison s’échange contre des lits ◄] une maison, c’est-à-dire cinq.
Or de toute évidence, c’est ainsi que l’échange s’opérait avant l’existence
de la monnaie car il n’y a aucune différence entre échanger cinq lits contre
une maison et offrir pour elle le prix
de cinq lits. [► avec cette tout petite différence que dans le premier cas l’argent, ce tout petit détail, n’intervient pas ◄]. |
[► Fin
de citation ◄]
30 Schizosophie
@ J-P Voyer
Vous soulevez un véritable
problème de traduction, mais vous en induisez de fausses conclusions quant au
raisonnement de Marx.
C’est Voilquin qui traduit par
« en valeur », ce qui, certes, peut introduire une déplorable
confusion tant est polysémique la notion de valeur. Mais elle est due à mon
possible mauvais choix du traducteur de Aristote, pas à Marx.
Marx parle d’égalité entre les choses
et de principe d’équivalence en citant Aristote.
[► Euclide disait que seules des grandeurs « homogènes » pouvaient être, entre autre, égales et Aristote reconnaît que les choses sont incommensurables (seules des grandeurs – des nombres – peuvent être commensurables et, notamment, égales ◄]
En français, par Jules Roy, cela
donne « 5 lits = 1 maison » « ne diffèrent pas »
de « 5 lits = tant et tant d’argent. » L’original de Marx
donne ceci :
„5 Polster = 1 Haus »
(„Κλίναι πέντε αντί
οικίας »)
[► d’après Bailly, je peux lire mot à
mot, entre autres possibilités : lits cinq égaux à
maison ; lits cinq à la place de
maison ; lit cinq en échange de maison ; lits cinq contre
maison. Qui me dira ce qu’Aristote a écrit ? ◄]
„unterscheidet sich nicht » von:
„5 Polster = so und so viel
Geld »
(„Κλίναι πέντε αντί…όσου αί πέντε κλίναι »)
[► c’est un emploi malheureux du
signe « = », emploi malheureux qu’Aristote ne fait pas dans le
passage traduit par Bodéüs, commenté ci-dessus. Ici ce signe signifie « s’échange ». On a
« = » = (« s’échange » ou « vaut »). Valoir c’est
s’échanger en pensée. Il n’y a pas du tout
d’égalité ici, pas même
d’échange ; mais seulement possibilité
d’un échange (la valeur
n’est pas un nombre mais une qualité de la marchandise au même titre que
la couleur par exemple. Bolzano dit que les qualités sont des possibilités et
Ricardo : « La valeur est une qualité inhérente à certaines
choses ; mais c’est une qualité qui, bien que très réelle, est essentiellement
variable, comme la chaleur »). Ne lisant pas le grec, je suis incapable de
dire ce qu’Aristote a écrit ici étant donné qu’anti signifie aussi bien
« égal à » que « s’échange avec » (Bailly) Voici la
traduction correcte que je propose : « cinq lits peuvent
s’échanger avec (ou valent) une maison ne diffère pas de cinq lits
valent tant d’argent ». Le formalisme de Marx est nul. Supposé
faciliter la compréhension il ne fait qu’introduire l’erreur. Vous remarquerez
que dans la traduction de Bodéüs ci-dessus le terme égal n’est utilisé que deux
fois, une fois à bon escient, une fois à mauvais escient. Sur mon site vous
pourrez comparer bon nombre de
traductions
dont une en anglais ◄]
Marx ne se trompe pas à propos
d’Aristote. Aristote « traite de la valeur » en un sens bien précis, il s’agit de commensurabilité
[► Aristote ne parle de la commensurabilité que pour dire qu’elle est impossible et la valeur n’a aucun rapport avec la commensurabilité ◄]
et de support de valeur, pour lui : la monnaie.
[► je ne vois pas où Aristote ferait de la monnaie un support de valeur. Je lis qu’il dit que la monnaie rend échangeables des choses incommensurables tout en respectant la justice. Ce « afin de respecter la justice, il faut rendre égales d’une certaine manière ces choses incommensurables » n’est autre que… les prix. Les prix dus à l’emploi de la monnaie sont, eux, commensurables et peuvent donc être égaux. Cependant, les prix ne sont pas des grandeurs pour les marchandises. Étonnant nan ? ◄]
C’est précisément parce que
Aristote ne traite pas de « la valeur » comme une substance fétiche
qu’il intéresse Marx. La
question sous-jacente est : comment tout peut-il être équivalent à
n’importe quoi ?
[► Posée ainsi, cette question est absurde. Rien n’est équivalent à n’importe quoi : deux marchandises sont équivalentes quand elles ont le même prix de même que l’argent n’est pas équivalent à n’importe quoi (expression absurde) mais s’échange immédiatement avec n’importe quoi. Plus simple tu meurs. Un pain n’est pas équivalent à dix francs : un pain vaut dix francs (il peut s’échanger contre dix francs). Merde à la fin ! regardez l’usage. Notez encore qu’une relation d’équivalence est symétrique, on a (x equ y) equ (y equ x) tandis que la relation marchande n’est pas symétrique puisqu’il y a vente et achat, vendeur et acheteur, marchandise quelconque et argent ◄]
Et le problème tient à l’évolution historique de cette
forme équivalent.
[► cette prétendue forme équivalent n’a jamais évolué : chez les Grecs, déjà, deux marchandises étaient équivalentes quand elles avaient des prix égaux de même que deux mots sont équivalents quand ils ont le même sens. C’est ce que dit Aristote dans le passage traduit par Bodéüs, commenté ci-dessus : cinq lits ont le même prix qu’une maison. Le Dr Wittgenstein le dit bien : la métaphysique est une maladie qui vous torture du fait que vous ne comprenez pas la grammaire. La guérison est immédiate dès que l’on comprend la grammaire. ◄]
Marx affirme que Aristote a compris quelque chose d’important à propos
de la forme de la valeur,
[► c’est l’erreur fondamentale de Marx. Au contraire, Aristote n’est pas tombé dans l’abîme métaphysique où est tombé Marx. C’est une leçon pour le « délire de la présomption » des modernes qui prétendent tout savoir, se croient maîtres de la nature mon cul, alors qu’il ne savent rien qui vaille ◄]
et soyons précis, de la forme
équivalent, qui tient au rôle de la monnaie. Marx cite Aristote à propos de la
forme équivalent pour signaler qu’il met en question la notion de
commensurabilité et
découvre la monnaie comme support de valeur
[► non, Aristote dit qu’étant donné l’incommensurabilité irrémédiable des marchandises, c’est la monnaie qui rend l’échange possible. Cinq lits et une maison ayant le même prix, il est donc possible d’échanger les cinq lits contre la maison. Il faut lire ce qui est écrit svp ◄]
(ce qui a tout de même à voir
avec « la valeur »). Lorsqu’il y a confusion entre valeur et support
de valeur, lorsque le support prend ou perd de la valeur, il y a instabilité,
voire crise, monétaire. Mais ce n’est pas ce problème, la chrématistique, connu
depuis belle lurette, et réhabilité par M. Jorion avec son projet
d’« interdiction des paris sur les fluctuation des prix », que Marx
aborde. Marx cite les égalités avancées par Aristote à propos de
« 5 lits = » au passage de son étude sur la forme valeur (pas
sur la valeur) pour élucider le leurre que constitue la valeur d’échange et
faire ressortir le support de valeur plus réel que la monnaie sur lequel
s’appuie le mode de production capitaliste. Ce support c’est le temps de travail moyen nécessaire
[► Cette phrase est insensée : le support de cette mention qu’est la valeur est… l’étiquette puisque cette mention est écrite dessus ; quant au capitalisme, il repose sur… l’enculage que permet la généralisation du besoin d’argent. Le salaire a remplacé le fouet. Il n’est plus nécessaire de dresser des chiens pour rattraper et égorger les esclaves en fuite aux USA car le salarié n’a aucun endroit où fuir sinon l’ANPE. Le capitalisme est un mode d’enculage au même titre que l’esclavage stricto sensu et le servage. En résumé : Marx se noie dans la mare à Smith & Ricardo, ce que ne fait pas Aristote qui reconnaît l’incommensurabilité des marchandises. De nos jours les marchandises sont toujours incommensurables comme elles l’étaient du temps d’Aristote. La question n’est pas comment rendre les marchandise commensurables, question stupide ; mais comment rendre les marchandises immédiatement échangeables. Et la réponse est : l’argent, comme du temps d’Aristote puisque l’argent est immédiatement échangeable avec tout ce qui a un prix. Il suffisait d’inventer l’argent, point final. Le reste suit. La question, aujourd’hui, c’est de comprendre cette étrange institution plurimillénaire qu’est l’argent, qui est comme l’air que l’on respire disait Marx, comprendre son pouvoir de coercition. Et ça, ce n’est pas de la tarte. L’air devenant de plus en plus irrespirable, peut-être va-t-on enfin y songer ? ◄].
Son analyse va si loin qu’elle
affecte même la valeur d’usage du travail, rétribuée par l’utilisation du temps
comme unité de mesure. Si d’un côté la valeur d’usage du travail est utilisée
comme une valeur dans le rapport salarial, donc dans le contexte économique qui
existe, et impose aux producteurs l’état de marchandises qui valorisent les
autres ; elle est, d’un autre côté, un usage sans valeur, autrement dit une
instance d’ordre qualitatif à laquelle les considérations quantitatives
imposent ses contraintes mais dont il pourrait être possible de s’affranchir.
C’est ainsi que le travail est tout sauf libre dans le mode de production
capitaliste, mais que cette aliénation n’est pas fatale.
Quant à la manière dont Marx use
des notions de « valeur d’échange » ou de « valeur
d’usage », il est évident que Marx ne les crée pas, il les reprend
effectivement des économistes classiques (Smith, Ricardo, notamment, mais aussi
bien d’autres) [► Smith & Ricardo (et le super
crétin J-B Say en prime, ce fut une vraie partouze) ont enfilé Marx jusqu’au
trognon ◄] qu’il critique : des centaines
de renvois dans le texte et en notes l’attestent. Que ces économistes
classiques aient été influencés par la chrématistique d’Aristote n’est pas non
plus un secret ni un malheur, mais contrairement à Marx, ils n’en prolongent
pas le raisonnement, ce qui implique une critique de la mesure [► une critique de la mesure.
Diantre, où ça ? ◄], et donc de la
commensurabilité [► idem ◄], et
une dialectique entre les notions de quantité et de qualité qui dépasse la
relation entre les choses. [► une surface rouge peut être grande
ou petite, mais le rouge ne peut-être grand ou petit. Le rouge peut être
associé à tel spectre, saturé ou non,
mais la surface rouge ne le peut. ◄]
301 J-P Voyer
Cher monsieur (ou madame)
Vous vous méprenez : je ne m’appuie pas sur une
traduction particulière du grec pour en déduire que Marx n’a pas compris
Aristote. Je voulais simplement vous indiquer que l’on n’est pas obligé de
traduire par « besoin » et je montrais donc qu’au moins un traducteur
avait traduit par « prix ». Pour Paul Jorion, il n’est question que
de prix chez Aristote et non de valeur.
Quant aux raisons desquelles je déduis que Marx n’a pas
compris Aristote vous pourrez les trouver à cette adresse :
Sincères salutations.
J-P Voyer [► suite → ◄]
31 Paul Jorion
Marx se trompe à propos d’Aristote. Voir mon Le rapport entre la valeur et le prix,
Canadian Review of Sociology and Anthropology,
36.1, 1999 : 37-64 [►Les commentaires de
Heil Myself ! →◄]
On peut lire chez Aristote : « … pour chaque objet
susceptible d’être possédé, il existe une double manière de l’utiliser ;
ces deux usages
[►χρῆσίς, Bailly : 1 action de se
servir de, usage, emploi || 2 utilité – et non pas : χρεία (comme dans l’Éthique), Bailly :
1 usage, emploi ||… 4 besoin, nécessité. Cf.
Politique L 1, C 3, § 11-12 ◄]
sont liés à cet objet lui-même, mais ne lui sont pas liés
de la même façon – l’un est particulier à la chose et l’autre ne lui est pas
particulier. Si l’on prend par exemple une chaussure – il y a le fait de la
porter comme chaussure et il y a son usage comme objet d’échange ; car
l’un et l’autre sont des manières d’utiliser une chaussure, dans la mesure où
même celui qui troque une chaussure contre de l’argent ou de la nourriture avec
un client qui veut une chaussure[► on peut aussi la lancer au visage du
président des États-Unis d’Amérique ◄], l’utilise en
tant que chaussure, bien que pas pour l’usage propre des chaussures, puisque
celles-ci ne sont pas apparues dans l’intention qu’on les échange [► en effet, les Indiens des plaines de l’Amérique
du nord fabriquaient eux-mêmes leurs célèbres mocassins ◄]. Et ceci est vrai aussi pour les
autres objets susceptibles d’être possédés ; car tous disposent d’une
utilisation dans l’échange, qui a son origine dans l’ordre naturel des choses,
parce que les hommes avaient plus qu’assez de certaines choses et moins
qu’assez de certaines autres » (Politique, I, iii, 8-12).
|
♦
J’en
profite, au passage, pour régler la question de l’acception d’ἀντὶ dans ce contexte. Il ne peut être traduit que
par « contre » mais surtout pas par « égal ». Seul
l’argent peut être égal, plus petit, plus grand que de l’argent mais non pas
les sandales. L’idée de Marx d’employer le signe
« = » pour formaliser son raisonnement est donc une très
mauvaise idée qui incite à l’erreur. Il n’y a pas d’égalité dans l’échange
marchand, sinon l’égalité des prix. Ce sont les prix, c’est à dire la
monnaie, comme le dit Aristote, qui permettent la nécessaire égalité
indispensable pour que soit respectée la justice. |
Vingt-trois siècles plus tard on peut lire sous la plume de Karl
Marx, « Toute marchandise se présente toutefois sous le double aspect de
valeur d’usage et de valeur d’échange (cf. Aristote, De la République,
1. I, chap. IX, édit. Bekker, 1837) : “Car l’usage de chaque chose
est de deux sortes : l’une est propre à la chose comme telle, l’autre
non : une sandale par exemple, sert de chaussure et de moyen d’échange.
Sous ces deux points de vue, la sandale est une valeur d’usage. Car celui qui l’échange pour
ce qui lui manque, la nourriture, je suppose, se sert aussi de la sandale comme
sandale, mais non dans son genre d’usage naturel, car elle n’est pas là
précisément pour l’échange. Il en va de même pour les autres marchandises.” »
(Introduction générale à la critique de l’économie politique ; Marx
1965 [1859] : 277-278)
Aucun doute n’est possible pour le lecteur : le passage
d’Aristote auquel Marx renvoie est bien celui que j’ai cité pour commencer, le
deuxième texte entend reproduire le premier. Pourtant dans le texte du philosophe grec, il est
question de deux utilisations possibles, et non de deux valeurs
comme chez l’économiste allemand. Aristote évoque deux usages possibles
pour une chaussure, en user, c’est-à-dire l’utiliser personnellement jusqu’à
l’user, ou bien l’échanger ; alors que dans le texte de Marx il est
question de deux valeurs possibles pour une chaussure, sa valeur d’usage et sa
valeur d’échange. Que s’est-il donc passé au cours de ces vingt-trois siècles
pour qu’un lecteur qui n’est pas parmi les moins avisés, en vienne à lire
« valeur » là où il était écrit « usage » ?
Marx, comme
bon nombre de ses contemporains, décèle une problématique de la valeur
là où celle-ci n’avait pas été mentionnée par Aristote, et il va plus loin
puisqu’il considère que cette problématique était présente chez son illustre
prédécesseur, mais que celui-ci l’avait abordée de manière inappropriée. Marx
n’écrit-il pas dans la Première section du Capital consacrée à la
marchandise, à propos de la théorie du prix exposée par Aristote dans l’Éthique
à Nicomaque (cf. Jorion 1992) : « … Aristote nous dit lui-même
où son analyse vient échouer – contre l’insuffisance de son concept de valeur »
(1965 [1867] : 590) ? L’insuffisance du concept de valeur chez
Aristote, c’est en réalité que celui-ci a jugé son analyse suffisante bien
qu’il se soit passé entièrement du concept de valeur.
La distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange, se trouve
parfaitement définie par Adam Smith dans les termes suivants : « Le
mot VALEUR, il faut le noter, a deux significations, et exprime
parfois l’utilité d’un objet particulier, et parfois le pouvoir d’acheter d’autres marchandises
que la possession de cet objet implique. L’une peut être appelée “valeur
d’usage”; l’autre, “valeur d’échange” » (Smith 1976 [1776] :
44)
[► A big mistake of Smith & Wesson : not « le pouvoir d’acheter » ; but « la possibilité d’acheter » That is the value. Je n’avais jamais remarqué cette faute auparavant ◄].
___________________________
Schizosophie [► → inséré le
24/06/2011 et présenté comme « billet invité » sur le blog de Jorion → ◄]
(…)
32 Schizosophie
@ Paul Jorion
« Que s’est-il donc passé au cours de ces vingt-trois
siècles pour qu’un lecteur qui n’est pas parmi des moins avisés, en vienne à
lire ”valeur” là où il était écrit “usage” ? »
Bonne question. Au cours de ces vingt-trois siècles, il s’est
passé que l’histoire est passée au mode de production capitaliste, lequel change l’usage en valeur
[► cette expression n’a pas de sens. Ce qui a lieu, c’est la transformation de toutes choses en marchandises, c’est à dire en choses produites en vue de la vente (définition expéditive des marchandises par Polanyi) avec pour condition nécessaire que les esclaves salariés touchent de l’argent puisque leur nourriture est elle aussi produite pour la vente. Ce qui a lieu c’est que l’usage général (la vente) prévaut sur l’usage particulier (l’utilité) avec les conséquences que l’on peut constater chaque jour et partout ◄]
et progressivement tout usage (et plus seulement des esclaves ou
des choses déjà produites) en valeur d’échange. Autrement dit, durant ces
vingt-trois siècles, la
valeur d’échange l’a emporté sur l’usage.
[► non la vente, l’usage général, l’emporte sur l’usage particulier : il n’est possible d’atteindre les usages propres que par l’intermédiaire de l’usage général ◄]
Vous auriez raison si Marx lisait « valeur d’usage » là
où Aristote écrit « usage ». Mais Marx écrit volontairement [► ça,
je m’en doute. C’est ce qui constitue son erreur fondamentale ◄] « valeur d’usage » là où
Aristote parle d’usage. Car
Marx ne cherche pas à traduire Aristote [► il aurait mieux fait ◄], il confronte (comme souvent) la pensée
d’Aristote à celle des économistes [► pour son malheur ◄]. C’est précisément pourquoi Marx se
sert du texte d’Aristote que vous citez comme d’un palimpseste. Selon Marx, Aristote avait déjà
compris la distinction de Smith,
[► non heureusement pour Aristote car la distinction de Smith est merdeuse : elle est une parfaite régression par rapport à la distinction d’Aristote entre usage propre et usage général : dans le cas des marchandises ordinaires, l’usage propre et l’usage général s’opposent, dans le cas de l’argent, l’usage propre et l’usage général se confondent : l’usage propre de l’argent est l’échange ◄]
certes avec d’autres
mots,
[► bien meilleurs parce qu’ils permettaient d’atteindre la vérité ◄]
remarquez qu’il ne prend pas la peine de le citer ni de le
traduire comme il le fait à propos du passage de l’Éthique à Nicomaque
dans le Capital,
[► sa traduction est douteuse car anti signifie aussi « en échange de » (Bailly). Si Aristote a écrit effectivement qu’une maison est égale à cinq lit, il commet une faute ; mais il a une excuse puisque Euclide n’était pas encore né. Une maison, jamais, ne sera égale à cinq lits. Cette expression est parfaitement fantaisiste. La vérité, c’est qu’une maison peut s’échanger contre cinq lits. Si quelqu’un sachant lire le grec pouvait me donner son avis sur la traduction d’anti dans ce passage, je lui en serais reconnaissant. ◄]
mais qu’il se contente de renvoyer à la source en en restituant le
raisonnement après l’avoir introduit avec le vocabulaire des économistes. Pas
plus Aristote que Smith n’a montré que le travail était la source de la valeur.
Dans ce passage de L’Introduction à l’économie politique, Marx veut
montrer que les économistes classiques ne sont pas allé plus loin qu’Aristote [► en
bons bourgeois, ils n’ont rien compris à Aristote ◄], et par là qu’ils ne comprennent pas le
mode de production qui leur est contemporain.
Marx utilise d’ailleurs pour lui-même la distinction entre valeur
d’usage et valeur d’échange. Par exemple, il explique qu’en 1867 il reste des
valeurs d’usage qui ne sont pas des valeurs, il s’agit de tout ce qui n’est pas
marchandise.
[► quelle formulation absurde : « une valeur d’usage qui n’est pas une valeur ». Cela signifie tout simplement qu’il y a encore des choses qui ne sont pas des marchandises, même des choses produites par l’activité humaine (le purin d’orties par exemple). Où y a-t-il des valeurs d’usage dans le monde, où peut-on voir cela ailleurs que dans la prose de Smith ? ◄]
« Une chose peut être valeur d’usage sans être une valeur.
Il suffit pour cela qu’elle soit utile à l’homme sans qu’elle provienne de son
travail. Tels sont l’air, des prairies naturelles, un sol vierge, etc. »
En notre époque présente de capitalisme converti à l’écologie, si ce n’est
l’inverse, il est clair que cet espace sans valeur se réduit encore.
L’insuffisance du concept de valeur, plus précisément de la notion
de commensurabilité, chez Aristote c’est que Marx l’a démystifié en trouvant le
travail (autrement dit l’usage de presque tous les hommes par leur mise en
valeur au moyen des appareils de production et de leur dévotion à la valeur
d’échange) comme sa source. « L’économie politique a bien, il est vrai,
analysé la valeur et la grandeur de valeur, quoique de manière très imparfaite.
Mais elle ne s’est jamais demandé pourquoi le travail se représente dans la
valeur, et la mesure du travail par sa durée dans la grandeur de valeur des
produits. Des formes qui manifestent au premier coup d’œil qu’elles
appartiennent à une période sociale dans laquelle la production et ses rapports
régissent l’homme
[► certainement pas la production qui ne produit rien, qui est une simple catégorie, un classement dirait Fourquet, mais bien l’argent qui ne produit rien non plus mais qui n’en agit pas moins par l’entremise de l’implacable besoin d’argent ◄]
au lieu d’être régis par lui paraissent à sa conscience
bourgeoise une nécessité tout aussi naturelle que le travail productif lui-même. »
Ces deux citations de Marx, dans la traduction Jules Roy, sont
situées de par et d’autre du développement sur la forme valeur dans le
chapitre I, 1re section du Capital, ce n’est pas un hasard. Marx y
explique clairement quelques lignes plus haut, en traduisant lui-même et en
citant les passages en grec entre parenthèses, la manière dont « Aristote
nous dit lui-même où son analyse vient d’échouer – contre l’insuffisance de son
concept de valeur », que vous avez bien raison de rappeler : « “L’échange, dit-il [Aristote], ne peut avoir lieu sans l’égalité,
ni l’égalité sans la commensurabilité”.
[► Aristote
a bien raison mais il n’est besoin pour cela de recourir à une mystérieuse
grandeur ; il le dit bien, l’argent et les prix suffisent pour cela car
les prix sont commensurables et peuvent donc être égaux sans être pour autant
des mesures ou des grandeurs pour les choses échangées ◄]
Mais ici il hésite et renonce à l’analyse de la forme valeur. “Il est, ajoute-t-il, impossible en vérité que des choses si dissemblables soient commensurables entre elles”
[► Aristote
a bien raison de renoncer, tandis que Marx bat la campagne ; de plus
Aristote ajoute que c’est pourquoi l’argent fut inventé. Notons que même des
choses semblables ne sont pas commensurables, seules des grandeurs peuvent être
commensurables et, éventuellement, égales ◄], c’est-à-dire de qualité égale [► ça,
c’est Marx qui le dit et c’est une absurdité ◄] ».
Or il est une
qualité rendue égale par sa mesure en durée :
[► cette expression est insensée, on ne peut mesurer une qualité, on ne peut mesurer que des grandeurs. La durée est bien une grandeur mais la mesure de cette grandeur ne saurait rendre égales des qualités, ni des choses. Ne peuvent être égales que deux durées ◄]
« Quoi donc ? Le travail humain », dit Marx à la
fin du court paragraphe initié par l’aveu d’échec d’Aristote.
Marx-qui-n’est-pas-économiste, nous parle d’un temps, le sien et
le nôtre, où l’échange
contredit l’usage et n’est pas une autre utilisation comme une autre.
[► l’échange n’était
déjà pas une utilisation comme une autre du temps d’Aristote (et encore moins
chez les sauvages). De tout éternité humaine, l’échange est l’utilisation
générale. La différence est que du temps d’Aristote les Grecs savaient
qu’ils avaient besoin les uns des autres tandis qu’aujourd’hui les TDC
« ont des besoins » et se prennent pour des citoyens alors
qu’ils ne sont que des chitoyens. Le client, ce connard, cette amère loque, est
roi, roi des cons. Si j’en juge par les interventions sur le site
de Jorion cela est bien compris par un grand nombre de
personnes ◄]
Il n’existe pas de juste valeur d’échange,
[► il n’existe pas du tout de valeur d’échange, il n’y a que des prix ◄]
ni de juste valeur
[► il n’existe, éventuellement, qu’un juste prix ◄].
33 Schizosophie
[► @ J-P Voyer → ◄]
Vous reconnaîtrez sans doute que les deux premières phrases de
votre intervention précédente : « Je vous prie de noter que le mot
“valeur” n’est jamais employé dans cette traduction particulièrement élégante
de Bodéüs. À mon humble avis, employer le mot valeur dans une traduction
d’Aristote est un anachronisme. » inclinent à ce genre de méprise
quant à vos intentions. Par ailleurs la notion de « besoin » n’est
pas du tout en jeu dans l’usage que Marx fait d’Aristote quant à la question de
la forme valeur.
[► Mais Aristote, si j’en crois les traducteurs, y a recours et je conteste cette traduction comme un anachronisme ◄]
Enfin, je comprends d’autant moins l’originalité de votre
argumentaire
[► cette originalité
réside dans le fait que, mettant Lebesgue à contribution, je soutiens que le prix du boudin n’est pas
une grandeur pour le boudin, et que de ce fait le nombre prix ne mesure rien
sinon une quantité d’argent et que le rapport marchand n’est ni une égalité, ni
une équation, ni une mesure (un rapport au sens de quotient) mais… un échange.
Cf. ci-dessous. Vous avez déjà cela quelque part ? ◄]
que le lien que vous proposez renvoie, à propos d’Aristote et de
Marx, à Paul Jorion
[► ce lien renvoie à la table thématique de toutes mes notes sur mon site ◄], c’est-à-dire à ce dont nous parlons ici.
Ne serait-il pas dommageable que cette « disputatio »
tournât en boucle ?
331 J-P Voyer
Non Monsieur (ou Madame), je ne renvoie pas à Paul Jorion. Vous
vous êtes trompé de rubrique (il y en a beaucoup sur la page). Je renvoie au
Pr Lebesgue.
Voici à quoi je renvoie :
« Lecture
de l’Éthique à Nicomaque Traduction
Gauthier-Jolif. Je lis un passage de l’Éthique avant de lire un article de
Jorion qui traite de ce passage. J’applique à Aristote ce que j’ai appris dans La
Mesure des grandeurs du Pr Henri « Tarababoum»
Lebesgue.
» Marx
lit Aristote J’applique à la lecture
d’Aristote par Marx ce que j’ai appris dans La Mesure des grandeurs et
j’éclaircis les innombrables confusions de Marx dans ce passage.
» Le
Capital, Zambèze de non sens Idem
» La
Mesure des grandeurs par Henri Lebesgue. J’ai
interrompu ma lecture systématique de Richesse et puissance de Fourquet
au chapitre 8 « Valeur et richesse » pour entreprendre la
lecture de Lebesgue et régler une bonne fois pour toute cette question de mesure de la richesse.
Une grandeur est un nombre. Mais tous les nombres ne sont pas des grandeurs. Un
nombre est une grandeur selon le corps auquel on l’attache. Exemple : la hauteur d’une pyramide n’est
pas une grandeur pour la pyramide mais seulement pour le segment de droite
qu’est cette hauteur. Les nombres longueur et masse sont des grandeurs
pour le boudin mais… le nombre diamètre du boudin n’est pas une grandeur pour
le boudin, ce nombre est une grandeur seulement pour la peau des boudins de la
famille des boudins de k mètres… Étonnant ! nan ? Conclusion :
il faut être prudent pour attribuer la dignité de grandeur à un nombre. Avec ça
je vais pouvoir faucher toutes les sottises qui ont été dites sur la valeur et
le « rapport » marchand. Le seul rapport dans le rapport marchand,
c’est l’échange. Aristote et Marx ont tort et ils ne sont pas les seuls hélas.
Remarque : si une grandeur est un nombre, l’économie c’est des nombres.
Quand les nombres sont bons, on dit que l’économie va bien ; quand les
nombres sont mauvais, on dit que l’économie va mal. C’est tout. Qu’est-ce que
l’économie ? Personne ne sait mais tout le monde fait semblant de le
savoir. Les dictionnaires disent que c’est un ensemble de… Quine dit que
« ensemble de… » est un opérateur. Un ensemble ne peut aller ni bien,
ni mal, un ensemble ne peut être ni rouge, ni bleu, etc. Un ensemble n’est
aucune partie du monde. »
Je n’ai jamais prétendu que Marx renvoie à la notion de besoin,
[► c’est seulement Aristote qui y renvoie et encore à condition qu’il n’y ait pas anachronisme du fait de la traduction ◄]
j’ai juste signalé, au passage et pour votre bénéfice, que ce
traducteur que je trouve supérieur aux autres pour n’être pas tombé dans le
piège de « valeur » au lieu de « prix » est cependant tombé
dans le piège des « besoins ». Chez les grecs et en français jusqu’à
1840, la notion d’ « avoir des besoins » n’existait pas. On pouvait
« avoir besoin de » ou bien « tomber dans le besoin ». Chez
les Grecs « besoin » a le sens de misère, tomber dans la misère. Au
lieu de faire deux anachronisme, Bodéüs n’en fait qu’un. C’est pourquoi je le
trouve supérieur aux autres. Il est un traducteur anglais [► Ross ◄] qui n’en fait aucun. Je vous laisse le soin de rechercher sur mon site. Je n’ai guère
de temps.
Sincères salutations
332 Schizosophie [► corrige le professeur Lebesgue ◄]
S’il s’agit de dire que l’économie est un délire de la mesure,
[► non, il ne s’agit pas de ça puisque la monnaie ne mesure rien du tout sinon elle-même ; non, parce qu’il ne s’agit pas de mesure dans l’échange marchand ; non, parce que je dis que l’économie n’a pas d’existence réelle (chosique) parce qu’elle est seulement un classement (Fourquet). Est-ce donc si banal ? Certes, je ne suis plus le seul à soutenir ces choses aujourd’hui et c’est tant mieux ◄]
nous sommes bien d’accord. Mais c’est d’une banalité aussi
partagée que de dire que le monde est fou.
[► je dis que le prix
du boudin n’est pas une grandeur pour le boudin (est-ce donc si banal que
ça ?) et je le prouve grâce à un
théorème du Pr Lebesgue et en tire les conséquences. Cf. ci-dessous et Le Capital,
Zambèze de non sens ◄]
Il est bien plus intéressant de comprendre comment ce délire opère
et qu’elle est son efficience, car pour l’heure elle existe encore ; il
s’agit surtout de comprendre sur quoi ce délire repose, pour pouvoir y mettre
un terme. Que je sache nous ne vivons encore ni sans argent (l’autre côté du
spectacle) ni sans rapport salarial [► où ai-je jamais nié cela ? ◄].
Le professeur Lebesgue, au travers duquel vous dites lire Marx, ne met pas en rapport des
qualités avec des quantités,
[► évidemment, il n’est pas stupide. Il se contente de démontrer que la longueur du segment hauteur de la pyramide n’est pas une grandeur pour la pyramide. Il s’ensuit que la grandeur prix (un nombre) n’est pas une grandeur pour le boudin. Le rapport marchand ne met pas en rapport des qualités et des quantités, il met en rapport une quantité de patates et une quantité d’argent et ce rapport est… l’échange. L’échange marchand met en rapport deux quantités mais ce rapport n’est pas un quotient, une mesure. Point final. Ne cherchez pas sous le réverbère sous prétexte qu’il y fait clair. Vous n’y trouverez que l’obscurité ◄]
rien d’étonnant par conséquent que votre lecture fasse l’économie
de la dialectique entre valeur
d’usage et valeur d’échange.
[► vous ignorez parfaitement que ces expressions sont dénuées de sens. Je ne suis plus seul aujourd’hui à le soutenir. La prétendue valeur d’usage, c’est l’utilité du côté de l’acheteur et la prétendue valeur d’échange c’est l’utilité du côté du vendeur ◄]
Je le cite, sans savoir s’il a cette problématique en tête :
« Une grandeur est un nombre. Mais tous les nombres ne sont pas des
grandeurs. Un nombre est une grandeur selon le corps auquel on l’attache.
Exemple : la hauteur d’une pyramide n’est pas une grandeur pour la pyramide
mais seulement pour le
segment de droite qu’est cette hauteur. », dit-il. Eh bien
non.
[► Schizosophie
corrige le professeur Lebesgue, qu’il n’a pas lu ! C’est osé ! Il
soutient donc que la longueur de la hauteur de la pyramide est une grandeur
pour la pyramide sans nous apporter la moindre preuve. Il se contente de dire
non. C’est pourquoi j’ai publié ci-dessous la
démonstration de Lebesgue. Schizosophie soutient que la hauteur est
une qualité, comme la blancheur. Quand bien même vous mesureriez cette qualité
en supposant que ce soit possible, vous trouverez toujours une longueur et
jamais une aire ou un volume. ◄]
La hauteur est une qualité et un corps est
pourvu d’une grandeur selon la qualité à laquelle on le rapporte.
[► ce passage m’a
tout l’air d’être du charabia : il se
trouve que la hauteur de la pyramide est un segment de droite, ainsi que
le Pr Lebesgue prend la peine de le préciser, et non pas… une qualité ! « La
hauteur » est le nom d’un segment de droite, au même titre que la médiane
ou que les arêtes de la pyramide. Tous ces segments de droite ont une longueur
que l’on peut mesurer. On dit par abréviation : « la hauteur de la
pyramide n’est pas une grandeur pour… » alors que l’on devrait dire :
« la longueur de la hauteur de la pyramide n’est pas une grandeur
pour… » de même que l’on doit dire « l’aire de la surface… ».
Et pour tous ces segments, lorsque vous les mesurez, vous trouvez toujours… une
longueur. Et la question de l’attachement de cette longueur demeure entier. La
pyramide possède bien une hauteur, mais la grandeur mesurée de cette hauteur
n’appartient pas à la pyramide mais seulement au segment de droite qui a pour
nom hauteur de la pyramide. Voilà pourquoi : ◄]
« 88. — Lorsque deux grandeurs G et G1 sont définies pour
la même famille de corps si, pour tous les corps pour lesquels G a une même valeur quelconque g, G1 a une même valeur g1, entre g et g1
existe la relation g1 = kg,
k étant une constante. » Conséquences : Quand deux nombres définis
pour un corps ne satisfont pas cette relation, l’un d’eux, au moins, n’est
pas une grandeur pour ce corps. |
On utilisera le mètre ou la
coudée pour dire sa hauteur ou sa longueur
[► non, il ne s’agit
pas de dire, il s’agit de mesurer ; on mesure les segments de droite qui
constituent sa hauteur, sa longueur (simple homonyme) etc… Précisément : la valeur ne fait rien d’autre que dire
le prix. Elle n’est pas
une mesure, elle n’est pas une grandeur, elle est une publication ◄]
ou la poignée ou le litre
pour dire son volume.
[► son
volume est une grandeur qu’il s’agit de mesurer, le volume est au corps ce que
l’aire est à la surface. Charabia, charabia, charabia. »◄] ♦.
♦ 27/06/2011
« On remplacera des
raisonnements un peu douteux ou franchement inadmissibles — c’est le cas ici — par des raisonnements corrects en démontrant que l’on a
affaire à des grandeurs » (Pr Lebesgue). L’originalité de ma démarche — originalité hélas
car je n’en vois nulle autre pareille — est de lutter contre l’emploi abusif
des notions de grandeur, de mesure, de relation d’égalité, d’égalisation, de
proportion, de nombre, de prétendue commensurabilité, de prétendue
équivalence ; — il ne s’agit pas de comprendre
ce qui rend les marchandises prétendument commensurables mais échangeables (un œuf de
Christophe Colon) : les nombres prix, grandeurs attachées à l’argent par
une mesure et non par une étiquette, les nombres prix sont seuls
commensurables – puisqu’ils sont des nombres, Lebesgue : « les
grandeurs sont des nombres » et non pas des segments de droite – et non
pas les marchandises, ni quoi que ce soit de caché dans les marchandises,
meuh ! — quant à la valeur,
étant donné qu’elle est seulement une « mention » (Jorion, cf. avantage du terme
« mention » sur le terme « idée » : l’idée est le sens de la mention – Frege) on ne peut pas
additionner des mentions (ou des idées) et les mentions (ou les idées) ne
sauraient être commensurables (j’ai découvert cela en 1976). etc., emploi abusif qui se donne libre cours depuis le XIIIe siècle et redouble à partir de la fin du XVIIIe siècle : une foisonnante métaphysique.
J’y applique la méthode du Dr Wittgenstein et je l’ai appliquée
longtemps sans le savoir. Je n’ai lu Wittgenstein qu’il y a une dizaine
d’années, Frege en 2003, Bolzano, maintenant, Peirce aussi. Sur ce point, celui de
la prétendue commensurabilité des marchandises, Aristote et Marx communient
dans l’erreur. Mieux :
Aristote admet que les marchandises ne peuvent être commensurables. De
ce fait il ne commet pas la faute de Marx, ce qui montre que la démarche de
Marx est une régression par rapport à la sagesse d’Aristote. Marx
s’obstine à démontrer que les marchandises pour être immédiatement
échangeables doivent être commensurables — chose de toute façon impossible
puisque seules les grandeurs peuvent l’être — grâce à une grandeur commune cachée,
alors que pour être
immédiatement échangeables il suffit qu’elles aient un prix pas du
tout caché et même très public. Heil
Jorion ! Meuh ! |
Au début de son raisonnement, Marx s’enquiert d’une qualité
universelle à laquelle puisse être rapportée toutes choses pour comprendre sur
quoi repose la valeur d’échange. L’enjeu étant pour lui qu’il ne peut pas
s’agir simplement de la monnaie, parce que la monnaie est à la fois valeur et
support de valeur, d’où le paradoxe de la chrématistique, facteur de crise
permanente qui n’aurait pas garanti la formidable avance financière qu’implique
le mode de production capitaliste. Pour trouver ce « quelque chose de
commun » il évacue les propriétés naturelles géométriques, physiques,
chimiques, etc. car les qualités naturelles qu’elles induisent, par exemple, le
volume, la pesanteur, la viscosité, « n’entrent en considération qu’autant
qu’elles leurs donnent une utilité qui en fait des valeurs d’usage ». Ce
n’est pas ce qu’il cherche. Je saute les étapes jusqu’à ce qu’il en arrive à
une qualité universelle, le temps [► je doute que le temps soit une qualité,
mais la qualité du temps est de passer : tel est le temps ◄], pour mesurer la valeur d’usage sur
laquelle repose effectivement le mode de production capitaliste, à savoir le
travail [► l’usage
du travail est l’enculage : les capitalistes enculent les travailleurs.
Voilà quel usage ils font du travail et des travailleurs ◄]. Il parvient, comme support de la
valeur d’échange, au temps de travail social (parce qu’induit par la relation
entre les producteurs et les propriétaires de l’appareil de production, lequel
génère certains types de consommation) moyen nécessaire.
C’est pourquoi le rapport salarial est fondamental au capitalisme [► mais
il ne l’est pas aux travailleurs ◄] et c’est
pourquoi on ne se défera de ce mode de production [► ce n’est pas un mode de production mais
un mode d’esclavage, un mode de domination ◄] qu’en se
défaisant de ce rapport. Que ni les marxistes ni les capitalistes assumés ne
l’aient fait est une évidence désormais historique (que certains avaient perçu
dès le début des terribles expériences prétendument communistes), mais pas une
fatalité. A en rester au constat, éventuellement indigné ou colérique, des
vicissitudes de la monnaie, souvent bien analysées par Paul Jorion, on en
demeure spectateur.
333 J-P Voyer
De quoi parlez-vous ?
[► Longue
citation de Lebesgue ◄]
< Le prix du boudin n’est pas une grandeur pour le
boudin > < et donc encore
moins une mesure du boudin > La Mesure des
grandeurs par Henri Lebesgue < Un peu d’histoire > /92/ 63. — Auparavant, un court résumé historique
nous renseignera sur les difficultés à éviter et fera comprendre la nécessité
de certaines précautions. Pour les Anciens, les notions de longueur, d’aire, de
volume étaient des notions premières, claires par elles-mêmes sans
définitions logiques. Les axiomes, presque tous implicites, qu’ils
utilisaient pour les évaluations n’étaient pas, à leurs yeux, des définitions
de ces notions. Il s’agissait toujours pour eux de la place occupée par la
ligne, la surface ou le corps dans l’espace. La difficulté ne commençait que
lorsqu’il s’agissait de mesurer cette place, de lui attacher un nombre et
cette difficulté est uniquement l’existence des incommensurables. D’où
l’aversion pour les nombres, les efforts faits pour ne les utiliser que le
plus tardivement possible, les habiletés étranges de présentation employées,
qui ont déjà été signalées, par exemple aux § 14 et 20. Cauchy, le premier, fournit une définition logique de ces
notions ; il le fit incidemment et en quelque sorte sans le vouloir. On a vu dans les deux chapitres précédents comment on
peut élucider les notions d’aire d’un domaine plan et de volume d’un corps en
les dépouillant de leur sens métaphysique, en les considérant comme des
nombres et en construisant ces nombres par la répétition indéfinie des
opérations mêmes qui étaient considérées auparavant comme fournissant
approximativement les mesures des aires et volumes à cause d’axiomes, de
postulats non énoncés explicitement et dont l’énonciation explicite, ou la
démonstration, fournit la définition logique cherchée. On sait que Cauchy
construisit, par un procédé analogue, l’intégrale définie des fonctions
continues et démontra ainsi l’existence des fonctions primitives. Ce faisant, Cauchy définissait logiquement non seulement
l’aire d’un domaine plan, le volume d’un corps, mais, puisqu’il donnait la
définition logique de : ⌠ (x’2 + y’2
+ z’2) ½ dt ⌡ et de : ⌠⌠ (1 + p2 +
q2) ½ dx dy ⌡⌡ il inaugurait le mode de définition de la longueur que je
signalais tout à l’heure, § 62, et suggérait une définition analogue pour
l’aire. /93/ Du point de vue logique la question est entièrement
traitée ; fixons bien ce qui a été atteint. On dit souvent que Descartes — il conviendrait au moins
d’ajouter au nom de Descartes celui de Fermat – a ramené la Géométrie à
l’Algèbre ; ceci pourtant n’était pas vrai tant qu’il fallait faire
appel aux notions géométriques : longueurs, aires, volumes. Ce n’est
qu’après Cauchy que le rattachement des notions géométriques à des opérations
de calcul a été effectué. Alors
la Géométrie a bien été réduite à l’Algèbre, c’est-à-dire, puisque le nombre
en général résulte de la mesure des longueurs (chapitre II), que la géométrie
du plan et celle de l’espace ont été ramenées à la géométrie de la droite. Pour arriver à ce qu’on appelle l’arithmétisation de la
géométrie, il ne restait plus qu’à définir le nombre en général à partir des
entiers sans parler de mesures, d’opérations effectuées sur la droite et
c’est ce que permet l’emploi d’une coupure, c’est-à-dire ce qu’on obtient en
utilisant une fois de plus le
procédé de Cauchy consistant à prendre comme définition les opérations mêmes
qui permettent l’évaluation approchée du nombre à définir. Car la
donnée d’une coupure n’est pas autre chose, cela a déjà été dit, que l’exposé
en termes abstraits du résultat d’une mesure de longueur. 64. — Nous voici donc parvenus à la forme la plus
abstraite, la plus purement logique d’exposition par l’emploi constant de
cette sorte de renversement qui servit d’abord à Cauchy. Et pourtant, ni le
Géomètre, qui voudrait comprendre quels liens géométriques unissent les
lignes, surfaces ou corps à leurs longueurs, aires et volumes, ni le
Physicien, qui voudrait savoir pourquoi il faut assimiler les longueurs,
aires et volumes physiques à telles intégrales plutôt qu’à d’autres, ne sont
satisfaits. Des études s’imposaient. (…) < Définition > /131/ (…) La notion que nous préciserons
n’englobera pas toutes celles auxquels s’appliquent les différents sens
donnés au mot grandeur [► ainsi, Lebesgue ne traite pas des grandeurs
d’état, or le prix est aussi une grandeur d’état, ainsi que la
température. La température du boudin est associée à l’agitation du boudin
sans considération du chemin qui a amené à cette température et le prix du
boudin est associé l’agitation du…
marché et non pas du boudin, sans considération du chemin (autrement dit sans
considérations de proportionnalité). Donc, dans tous les sens, le prix n’est
pas une grandeur pour le boudin. À moi les palmes académiques ◄] ; nous savons qu’il faut savoir
se restreindre et nous ne nous proposons nullement d’atteindre la plus grande
généralité possible, mais seulement une extension qui ne diminue pas la
portée qu’on entend actuellement donner au chapitre sur la mesure des
grandeurs. 86. — Examinons donc quelles sont les parties communes
aux diverses définitions des chapitres précédents et, puisque les masses
physiques sont aussi considérées comme des types parfaits de grandeur, nous
retiendrons celles de ces parties qui peuvent être transposées au cas des
masses. La longueur d’un segment ou d’un arc de cercle, l’aire d’un polygone
ou d’un domaine découpé dans une surface, le volume d’un polyèdre ou d’un
corps ont été définis comme des nombres positifs attachés à des êtres
géométriques et parfaitement définis par ces êtres, au choix de l’unité
près ; c’était la condition α ♦. Le cas des
masses nous conduit à poser cette première partie de la définition, qui sera
composée de deux parties a) et b). /132/ a) Une famille de corps étant donnée, on dit qu’on a
défini pour ces corps une grandeur G si, à chacun d’eux et à chaque partie de
chacun d’eux, on a attaché un nombre positif déterminé. On rappellera le procédé qui a permis de déterminer le
nombre en donnant un nom à ce nombre, à cette grandeur : longueur,
volume, masse, quantité de chaleur, etc. ; on dit aussi que l’on a
mesuré la longueur, le volume, etc. Le procédé physique de détermination ne
permet en réalité d’atteindre un nombre qu’à une certaine erreur près ;
il ne permet jamais de discriminer un nombre de tous ceux qui en sont
extrêmement voisins. On imagine donc, comme nous l’avons fait dans le cas du
procédé de mesure de la longueur d’un segment, que le procédé est indéfiniment
perfectible jusqu’à conduire à un seul nombre, entièrement déterminé. La famille des corps envisagée variera d’une grandeur à
une autre ; tous ces corps pourront, être assimilables à des segments de
droite dans certains cas, dans d’autres à des arcs de courbes, dans d’autres
encore à des domaines superficiels, dans d’autres à des parties de
l’espace ; même, dans les enseignements moins élémentaires, on pourra
considérer des portions d’espaces à plus de trois dimensions ou de variétés
plongées dans de tels espaces. 87. — Le cas des masses montre que nous ne devons pas
songer à généraliser la condition γ) ♦ des chapitres
précédents ; à deux corps géométriquement égaux pourront correspondre
deux nombres différents comme mesure de la grandeur G pour ces corps. Par
contre, la condition β) ♦ est généralisable et elle est
essentielle : b) Si l’on divise un corps C en un certain nombre de
corps partiels C1, C2,…, Cn, et si la
grandeur G est, pour ces corps, g d’une part, g1, g2,
…, gp d’autre part, on doit avoir : g = g1 + g2
+ … + gp Cette condition précise celle que nous avons critiquée
plus haut : on doit pouvoir parler de la somme de deux grandeurs
♣. Dans tout ce qui précède nous avons laissé au mot corps un caractère
imprécis analogue à celui donné auparavant au mot /133/ domaine ;
il est clair que, en géométrie ou en physique théorique, on pourrait préciser
le sens logique donné à ce mot. En géométrie, en particulier, on pourra
donner au mot corps un sens plus ou moins large, par exemple celui d’ensemble
ou de figure ; seulement il faudra, dans chaque cas, avoir défini ce
qu’on appellera un partage de la figure totale en parties. Même, la grandeur
pourrait ne pas être attachée à des données de nature géométrique mais à des
données de nature plus variée. Ici, l’examen des corps assimilables
géométriquement à des domaines découpés dans l’espace, ou sur des surfaces,
ou sur des courbes nous suffira.
/133/ (…) La famille des corps
est d’ailleurs assujettie à une condition qu’on peut laisser sous-entendue
dans l’enseignement élémentaire, mais dont la nécessité, au point de vue
logique, va apparaître à l’occasion de la démonstration de l’unique
théorème qui, avec la définition posée, constitue toute la théorie des
grandeurs. 88. — Lorsque deux grandeurs
G et G1 sont définies pour la même famille de corps si, pour tous
les corps pour lesquels G a une même valeur quelconque g, G1 a une
même valeur g1, entre g et g1 existe la relation g1
= kg, k étant une constante. Pour démontrer la propriété précédente (…) etc. < Conséquences > /136/ (…)
Voici maintenant des observations qu’il conviendrait de faire noter aux
élèves : la longueur de la hauteur de la pyramide n’est pas une grandeur attachée à la pyramide,
mais est une grandeur attachée au segment hauteur ; l’aire de la surface
d’un polyèdre n’est pas une grandeur définie pour la famille des polyèdres,
mais l’aire d’une partie de la surface d’un polyèdre est une grandeur définie
pour les parties de la surface considérées comme corps ; la hauteur
suivant Ox d’un parallélépipède rectangle dont une arête est parallèle à Ox
n’est pas une grandeur attachée au polyèdre, mais elle en serait une si tous
les polyèdres étaient découpés par des plans perpendiculaires à Ox dans un
même prisme rectangle indéfini [► la longueur est une grandeur pour le
boudin à condition que le diamètre du boudin soit le même pour tous les
boudins, ce qui est le cas car le diamètre du boudin est une constante
universelle ◄]. Ainsi, un nombre
est ou non une grandeur suivant le corps auquel on l’attache ; il n’y a
pas identité nécessaire entre la famille des corps pour lesquels il est
défini et la famille de ceux pour qui il est une grandeur ♣.
91. — Lorsque deux grandeurs satisfont aux conditions du
n° 88, c’est-à-dire quand elles sont définies pour la même famille de corps
et que la valeur de l’une g détermine l’autre g1, les
deux grandeurs sont dites proportionnelles. Le théorème
démontré prouve que du fait que g1 est fonction de g, g1 = f (g),
cette fonction a la forme g1 = kg. Il
n’existe donc pas de grandeurs inversement proportionnelles avec le sens /137/
précis que nous avons donné au mot grandeur, ni de grandeurs dépendant l’une
de l’autre d’une autre façon que proportionnellement. [La conséquence qui nous intéresse] Bien entendu
deux nombres peuvent être liés autrement que proportionnellement, mais alors
l’un au moins d’entre eux n’est pas une grandeur ; si tous deux sont des
grandeurs, la relation se réduit à la proportionnalité. Or la
famille des grandeurs est vaste ; elle comprend, nous l’avons vu, des
nombres intéressant la géométrie, la physique et aussi des nombres relatifs à
des questions économiques, comme le prix
d’une marchandise ♣, le temps
nécessaire à sa fabrication, etc. ; d’où le grand-nombre de
proportionnalités qu’on rencontre.
On remplacera des raisonnements un peu douteux [► Oui il
est temps ◄] ou franchement inadmissibles par des raisonnements
corrects en démontrant que l’on a affaire à des grandeurs. Pour nous borner à
des notions purement mathématiques, énumérons les grandeurs suivantes :
longueurs des segments d’une droite, longueurs des arcs d’une courbe, aires
des domaines d’un plan, aires des portions d’une surface, volumes des parties
de l’espace, mesures des angles, mesures des arcs d’une circonférence,
mesures des angles solides, mesures des parties d’une sphère, temps pris par
un mobile à parcourir les segments de sa trajectoire [NB : c’est
un temps que l’on mesure après avoir mesuré une base, et temps et longueur de
la base demeurent proportionnels à vitesse constante. Temps et longueur sont
attachés à l’arc-trajectoire et non au mobile. La vitesse, quoique définie
pour le mobile [► en effet, à bord du mobile, à tout instant
on peut lire la vitesse sur le tachymètre ◄], ne peut pas être une grandeur attachée au mobile parce que le
mobile et la base sont des corps différents, indépendants, tandis que la
vitesse dépend de ces deux corps [► Elle est
relative dirait Galilée ◄], variations de la vitesse d’une extrémité à l’autre
d’un tel segment. Que ces nombres soient des grandeurs, cela est évident
pour les deux derniers et nous l’avons démontré pour les premiers ; les
seuls qui exigeraient des raisonnements, que j’omets, sont les mesures,
vérifiant les conditions α), β), γ) [► définies
page 44 ♦ ◄], d’angles solides et de parties d’une sphère.
Les proportionnalités entre
ces grandeurs, quand elles existent, sont alors de preuve facile. D’abord il
peut arriver qu’elles soient affirmées par la question : mouvement dans
lequel le mobile parcourt des espaces égaux dans des temps égaux ; alors
la longueur parcourue et le temps de parcours sont deux grandeurs
proportionnelles attachées aux arcs parcourus ; de même, dans le
mouvement pour lequel la vitesse croit de quantités égales dans des temps
égaux. L’accroissement de vitesse est proportionnel à l’accroissement du
temps.
|
[► Fin de citation ◄]
[► Henri Lebesgue, La mesure des grandeurs, Librairie scientifique et technique Albert Blanchard, rue saint Jacques, après le croisement de la rue Soufflot et le la rue Saint-Jacques, en montant, trottoir de gauche ◄]
334 Schizosophie
Comme une
aiguille dans une meule de foin, on y trouve ceci : « Si la limite
des pk {polygones excisés par opposition aux Pk,
polygones circoncis}, avait été dénommée le tarababoum du cercle on ne se
serait certes pas permis d’en déduire la valeur des tarababoums du secteur et
du segment ; on se le permet parce qu’au lieu du mot tarababoum on a
utilisé le mot aire ! {C’est
exactement ce qui se produit avec le mot « économie » ou avec le mot
« spectacle » quand il est employé par Debord ♦ [► un
exemple de tarababoumisation ◄]} C’est là
une grossière erreur contre le bon sens. On a pourtant la ressource de
prétendre qu’on ne la commet pas, mais qu’on spécule sur la confusion que ne
manqueront pas de faire les élèves en assimilant. »
♦ Dans les
premières lignes de son célèbre ouvrage, l’auteur [Debord] nous parle d’une
accumulation de spectacles. Il nous parle donc des spectacles, notion
qui ne semble pas poser de difficultés. Tout le monde sait ce qu’est un
spectacle. Donc tout le monde sait ce qu’est l’accumulation de spectacles. Mais par la suite, l’auteur ne parle plus que du
spectacle. Il est étonnant d’ailleurs qu’il n’ait pas mis une majuscule
au mot Spectacle. Or le spectacle, dans sa généralité, personne ne
sait ce que c’est et l’auteur lui même semble l’ignorer puisqu’il ne nous
donne jamais ne serait-ce qu’une simple définition. C’est encore pire que le
cheval, car tout le monde sait que le cheval est le genre du cheval. J’applique donc la méthode du « tarababoum »
que Lebesgue
employait contre ceux qui se permettaient de faire des calculs sur les aires
sans avoir défini au préalable ce qu’étaient les aires. Si l’auteur avait dénommé le Spectacle par
le mot tarababoum, il ne se serait certes pas permis d’écrire, par exemple, « La séparation est l’alpha et l’oméga du
tarababoum » (ou bien il aurait ressenti la nécessité virulente de
définir le terme tarababoum) ; il se le permet parce qu’au lieu du mot tarababoum il a
utilisé le mot spectacle ! C’est là une grossière erreur contre
le bon sens. Il spécule sur la confusion que ne manqueront pas de faire les
lecteurs en assimilant ce nouveau Spectacle à ceux qu’ils ont l’habitude de
manier ; libre à chacun de choisir entre erreur et hypocrisie. Si, après la
lecture de ce digest avec le mot tarababoum, on replace le mot Spectacle,
on constatera que les propositions n’ont pas plus de sens pour autant. Il est
probable que, sans la
méthode du Pr Lebesgue, vous n’eussiez rien remarqué. Avec l’emploi
du tarababoum, le non sens des propositions (et leur enflure) devient
flagrant, ce qui ne serait pas le cas si j’écrivais, par exemple : le
tarababoum est un équidé ; le tarababoum a bouleversé le mode de vie des
Indiens des plaines ; à tarababoum donné, on ne regarde pas la
denture ; etc… La thèse 2, sur le tarababoum en général, n’est pas
mal comme exemple de charabia prétentieux. ♫ Les histoires de
tarababoum finissent mal en général. Cette expérience
montre qu’il était non pas absurde mais parfaitement malhonnête et trompeur
d’employer le mot spectacle et que le mot tarababoum aurait été
beaucoup plus approprié et honnête, car personne ne risquait d’en être dupe.
S’il y a une vérité là-dedans (je suis aujourd’hui persuadé du contraire) on
a beaucoup plus de chance de la découvrir en utilisant le mot tarababoum
plutôt que le mot spectacle en général. |
Debord against le bon sens (le vôtre[► non, celui du
Pr Lebesgue ◄]) : ne
serait-ce que cela le fond de votre argumentaire ? [► chacun
peut juger ici quel est le fond de mon argumentaire, mais pour cela il faut
lire d’abord Lebesgue, sinon c’est incompréhensible ◄] Vous aurez beau « faucher toutes
les sottises qui ont été dites sur la valeur et le “rapport marchand” »
d’un trait de plume, vous ne vous libérerez jamais de cette hantise-là [► quelle
hantise svp ? ◄], que vous
projetez, via Lebesgue [► qu’en sait-il puisqu’il n’a pas lu
Lebesgue ◄], sur Aristote
et Marx. S’il vous a fallu
un Lebesgue pour lire Marx et Aristote par Marx, il me faudrait par
exemple un Gabel pour vous comprendre vraiment, mais ce n’est pas le sujet du
blog [► il
n’est pas indispensable de lire Gabel pour me comprendre, mais il est
absolument nécessaire de lire Lebesgue plutôt que de faire bla bla bla sur un
sujet que l’on ne connaît pas, ce qui relève d’un sacré culot et d’une grande
impolitesse ◄].
___________________________
335 J-P Voyer
Je vous avais reconnu, dans une autre botte de foin. Vous pouvez
enlever vos moustaches :
[► Citation ◄]
« Schizosophie
dit :
» @
François Leclerc
» Précision
: Guy Debord n’a pas fait partie de « S ou B », il a côtoyé
quelques mois le groupe, trois ou quatre rencontres achevées par une rupture du
fait de Debord. Il n’a jamais contribué à leur production, leurs projets
communs ayant rapidement avorté. Cet éphémère voisinage improductif fut
solitaire et n’impliqua en rien l’Internationale situationniste. »
[► Fin de citation ◄]
[► Cette citation est extraite d’un billet
présentant la traduction d’un article de J o h n s t o n e dont l’éditeur a demandé que ce texte soit effacé. Ceux
qui voudraient lire ce texte en français le trouveront dans mes
archives, évidemment, grâce à la Wayback
Machine. Le Net a plus d’un tour dans son sac. ◄]
Précisions sur l’éminente question du prix du
boudin Valeur et Richesse – Nature et mesure de la richesse par François Fourquet → Réponse de Heil Myself ! à un lecteur. Il est amusant que les mathématiques puissent servir d’auxiliaire pour la compréhension de la grammaire d’un mot et démontrer que tel énoncé ; « Le prix du boudin est une grandeur pour le boudin » ou « L’argent est la mesure de toute chose » est une absurdité.
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