Radar 19 décembre 2007 : Les banques centrales ont joué leur va-tout

Mise à jour : 2007-12-19 18:27:25

La BCE a prêté hier 350 milliards d’euros, soit 500 milliards de dollars.

Cette somme énorme - équivalente à 5% de l’ensemble des avoirs du secteur bancaire américain - était destinée à faire baisser les taux interbanques qui restent anormalement élevés depuis le début de la crise du crédit. Avec quel résultat ?

Voici :

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Conclusion : la confiance, cela ne s’achète pas.

source : Banque de Finlande

Radar 15 décembre 2007

Mise à jour : 2007-12-15 23:05:04

Brad Delong : les irresponsables

Aux USA, le problème est que ceux qui profitent le plus de la mondialisation ne savent pas vraiment qu’ils en sont les bénéficaires, ou à quel point ils le sont. Des parlementaires irréfléchis ne comprennent pas que l’économie américaine est protégée de leurs errements en matière de politique fiscale par la capacité qu’a le gouvernement américain de vendre des bons du trésor à une échelle stupéfiante. Les vendeurs de biens immobiliers en Californie ne se rendent pas compte qu’ils obtiennent un si bon prix grâce aux capitaux qui viennent d’au dela du Pacifique. Les acheteurs chez Walmart (ndlr : chaine de supermarché) voient "made in china" sur les étiquettes, mais ne comprennent pas que s’ils font de bonnes affaires c’est parce que les dirigeants de la Chine veulent désepéremment vendre leurs produits à bon marché afin de rester aussi près que possible du plein emploi.

Ceux qui, par fascination ou pour cause d’oeillères idéologiques, s’imaginent que les règles qui ont permis jusqu’à présent à l’économie américaine de prospérer devraient être servilement reproduites, s’abusent et nous abusent, à l’image des aveugles que décrit Brad Delong.

Les succès américains sont dus à une prééminence qui n’a pu se prolonger qu’au prix de déséquilibres et d’une dette de plus en plus intenable, pour autant acceptés par le reste du monde uniquement à cause de la relation de dépendance, de subordination, que les économies entretiennent avec le moteur de la croissance mondiale.

Le Traité de Lisbonne, lointain héritier du consensus libéral de Washington qui prévalait à l’époque de Maastricht, s’apprête à entériner dans les règles de l’Europe une vision déjà dépassée, au moment même ou son échec s’avère patent.

Airbus, le symbole des succès industriels de pointe de l’Europe, est sur le point de délocaliser, dans un silence assourdissant des politiques.

Les tensions sur l’approvisionnement en énergie, l’urgence d’une « décarbonisation » de l’économie, prouvent si besoin en était à quel point l’initiative privée, la main invisible, le court-termisme, sont incapables de fournir des réponses coordonnées et efficaces aux défis pressants de l’époque.

Les américains le savent. Ils l’ont d’ailleurs toujours su. Leur insistance à promouvoir le libre échangisme n’a jamais été motivée par autre chose que par la conscience de « l’avantage comparatif » majeur que leur a toujours donné un marché intérieur d’une taille quasiment égale à celle de l’ensemble de leurs concurrents réunis.

Récemment la donne a changé. La montée en puissance de la Chine, l’océan de dettes des USA, ont transformé le paysage. Depuis le coup de tonnerre de la crise des subprimes, « Protectionnisme » n’est désormais plus un mot tabou outre-Atlantique. La pression exercée sur la classe moyenne américaine, de plus en plus incertaine sur son avenir met à mal, au coeur même de son plus fervent défenseur, le bien fondé d’une mondialisation dérégulée et sans limite. Le pragmatisme américain est déjà à l’oeuvre, et les remises en causes sont en cours.

Et pendant ce temps-là, à Bruxelles, chez ces gens là, on signe monsieur, on signe... et on ne vote pas.

La crise immobilière s’aggrave aux USA

pour les propriétaires, les constructeurs, les banquiers et le secteurs immobilier, la crise de 2007 ne fera qu’empirer en 2008, juge Bloomberg.

Les analystes de la banque Lehman estiment que près d’un millions de ménages seront en défaut de paiement l’an prochain sur leurs emprunts immobiliers, au lieu de 300 000 cette année.

De son côté, l’agence Moody’s table sur une diminution des ventes de 40% dans l’immobilier.

The Independent : Gordon Brown veut négocier avec les Talibans (traduction)

M. Brown exposera aujourd’hui [12 décembre] devant le Parlement son intention d’entamer un dialogue constructif avec les chefs talibans - ce qui est de loin l’élément le plus controversé du plan. "Nous devons nous demander : qui combattons-nous ? est-ce bien nécessaire ? ne pourrait-on pas discuter ?" dit un conseiller de M. Brown qui a accompagné le Premier ministre lors de sa récente visite à Kaboul.

Quelle est la portée de la perte de Moussa Qala pour les talibans ?

Après quatre jours de combats, les taliban ont évacué Moussa Qala, la première ville qu’ils étaient parvenus à conquérir et à garder depuis la fin de leur régime, en 2001. Cette défaite marque-t-elle un tournant dans le conflit qui oppose les taliban aux forces internationales et afghanes ? (...)

L’Otan et les forces afghanes ont remporté une victoire symbolique. Moussa Qala était la seule ville contrôlée par les taliban. Au-delà, le district de Moussa Qala servait de plate-forme à partir de laquelle les taliban ont étendu leur influence vers l’Ouest. (...)

La question qui se pose désormais est de savoir si les forces de sécurité afghanes vont être en mesure de tenir le terrain et d’apporter la stabilité et la sécurité aux populations. Rapidement, elles vont se retrouver en tête à tête avec les taliban, l’armée britannique envisageant à terme de ne déployer que quelques hommes à Moussa Qala dans le cadre d’une base avancée. Si les forces gouvernementales échouent, les taliban reviendront avec le soutien de la population locale.

Ramzy Baroud : Le vrai but d’Annapolis, et pourquoi cela ne pouvait pas marcher

Dans la perspective américaine, la réunion était au mieux une manoeuvre diplomatique de la part de l’administration Bush, une dernière chance pour jouer un rôle dans une région qui est en train d’échapper rapidement à sa poigne. Au pire, la conférence était une pantomime désespérée de relations publiques pour convaincre le public américain que les plans de l’administration pour la démocratie et la paix dans le Moyen-Orient se déroulaient sans à-coup. Dans les deux cas, la conférence était une distraction obligée, mais aux effets passagers, face à la critique de la guerre en Irak vue comme un " cauchemar " sans fin.

Paul Fabra : Changer le monde

Parmi les idées devenues simplistes à force d’être brandies hors de leur contexte théorique d’origine, il en est une qui est particulièrement apte à clouer le bec de tous les opposants même raisonnables : à long terme, la globalisation fera plus de gagnants que de perdants (...)

l’économiste certainement le plus célèbre de la deuxième partie du XXe siècle, Paul Samuelson (...) prix Nobel 1970 la qualifie de « popular polemical untruth » : non-vérité d’ordre polémique mais populaire. (...) Qu’on puisse supposer cette compétition « nécessairement » bénéfique pour les deux parties (par exemple les Etats-Unis et la Chine) lui paraît « terriblement faux » (« dead wrong »).

Cette croyance [selon laquelle la mondialisation est inéluctable et souhaitable parce que, à échéance plus ou moins proche, nous en profiterons tous ] s’appuie sur la certitude proclamée par « ceux qui savent ». Mais si (en l’occurrence) le plus éminent des économistes modernes, et ricardien à ses heures de surcroît, soulève une objection et la démontre, c’est la croyance de la société tout entière qui en sera plus ou moins vite ébranlée...

Injections de liquidités : demande six fois supérieure à l’offre pour les fonds proposés

Les dix milliards de livres proposés jeudi par la Banque d’Angleterre (BoE) ont pour la deuxième semaine consécutive suscité une demande plus de six fois supérieure à l’offre, à 66,89 milliards de livres au total.

(...) La forte demande témoigne du fait que les banques commerciales recherchent des modes de financement alternatifs, alors que les taux d’intérêt interbancaires restent perchés à des niveaux très élevés, largement au-dessus du taux d’intérêt directeur de la BoE.

La crise du crédit les a rendues réticentes à se prêter de l’argent, ce qui a fait grimper en compensation les tarifs pratiqués. Le taux d’intérêt interbancaire à un mois était fixé jeudi à 6,60% (contre 6,75% la veille), soit 110 points de base au-dessus du taux directeur britannique.

Les trois chocs du « subprime » sur la croissance française

Le premier coup du « subprime » viendra de l’étranger. D’abord des Etats-Unis (...) Le ralentissement de la conjoncture internationale va fatalement compliquer la tâche des exportateurs français. Or ils sont déjà à la peine. (...)

Le deuxième coup du « subprime » pourrait atteindre l’investissement des entreprises (...) leurs banquiers pourraient leur avancer des fonds. Mais les banquiers sont très, très prudents. Près de 30 % d’entre eux annoncent un durcissement des conditions de prêt aux entreprises (...)

Le troisième coup du « subprime », lui, menace les particuliers (...) Dans l’Hexagone comme aux Etats-Unis, l’immobilier s’est envolé. Les prix ont explosé. La construction a été dynamique comme jamais depuis plus de trente ans. (...) Aujourd’hui, la hausse semble toucher à sa fin. Certains indices de prix se replient, comme celui des agents immobiliers de la Fnaim. (...)

Menace sur l’exportation, sur l’investissement, sur la consommation... L’incertitude est grande. En six mois, l’OCDE a ramené son estimation de croissance du PIB français en 2008 de 2,2 % à 1,8 %. (...)

La Bolivie menacée d’éclatement

Quatre régions de Bolivie, opposées au gouvernement de gauche et à son projet de Constitution, s’apprêtent samedi à dévoiler leur propre projet d’autonomie, défiant le président Evo Morales qui a placé les forces armées en état d’urgence.

Deux régions, Santa Cruz (est) et Tarija (sud), les plus riches du pays andin, ont déja approuvé jeudi leur projet de statut d’autonomie, qui sera présenté officiellement samedi à l’occasion de grands rassemblements populaires dans les capitales régionales éponymes.

la mobilisation prévue samedi à Santa Cruz et à Tarija a incité le ministre de la Défense, Walker San Miguel, à placer l’armée en état d’urgence tout en soulignant qu’il revenait à la police d’intervenir en cas de troubles.

Le Pentagone a payé 32 millions une base jamais construite

Une commission d’enquête du Pentagone a découvert qu’une entreprise de Floride avait empoché 32 millions de dollars pour la construction d’une base destinée à l’armée irakienne, bien que les travaux n’aient jamais débuté.

La Maison Blanche pourrait ecercer son droit de veto contre une loi interdisant la torture

La Chambre des Représentants a voté un texte interdisant à la CIA le recours au supplice de la baignoire, la simulation d’exécution et les méthodes d’interrogatoire violentes par une majorité de 222 à 199, mais la Maison Blnache menace d’exercer son droit de veto.

Citigroup garantit les 58 milliards de dette de ses SIV

Venant après HSBC et la Société Generale, Citigroup a décidé de reprendre dans son bilan les structures qu’elle avait créé pour commercialiser sous forme de titres le revenu de ses prêts immobiliers.

La banque garantit désormais la solvabilité de ses 7 SIV, débiteurs de 58 milliards de dollars.

La notation de Citigroup a été revue à la baisse par Moody’s, passant de Aa3 à Aa2, en prévision des dépréciations sans doute importantes qu’elle devra enregistrer sur ses avoirs adossés à des emprunts immobiliers.

Selon Bloomberg, 70 milliards de pertes ont été passées par les banques depuis août.

D’après un décompte effectué par Bank of America, avec cette décision de Citigroup, le montant des dettes des SIV qui restent encore non garanties ou restructurées n’est plus désormais que de 140 milliards, contre 340 en aout.

Pakistan : une majorité opposée à Mousharraf

Selon un récent sondage, 66% des pakistanais jugent que le président devrait se démettre de ses fonctions sans délai.

60% des sondés s’opposent également au plan américain d’un partage du pouvoir entre Mousharraf et Bhutto.

Les juifs américains ne sont pas représentés par les néoconservateurs

Ils sont 59% à désapprouver la conduite par le président Bush de la lutte anti-terroriste, 67% à estimer que les USA n’auraient pas du s’engager en Irak.

57% sont opposés à une action militaire contre l’Iran et 46% (contre 43%) se déclarent favorables à la création d’un état palestinien.

61% accordent leur confiance aux Démocrates plutôt qu’aux Républicains pour trouver une solution à la crise irakienne.

L’Equateur pourrait concéder à la Chine une base américaine à l’expiration du contrat de location

Le président Correa avait déclaré que les USA ne pourraient conserver une base miliataire sur son territoire qu’à la condition qu’ils prennent une mesure de réciprocité autorisant l’Equateur à disposer d’une installation... à Miami.

Le contrat de location de la base de Manta, d’une durée de 10 ans, arrive à expiration en 2009.

Selon Alternet, Correa aurait récemment proposé à une compagnie chinoise de reprendre ses installations après le départ des américains.

Patrick Cockburn : Ce qui réunit les irakiens c’est la haine de l’occupant

Selon un sondage conduit en août par les chaines ABC, BBC et NTV, 57% des irakiens jugent "acceptables" les attaques contre les forces d’occupation américaines.

Le Nairu expliqué par l’exemple

Le Nairu, Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment, ou Taux de chômage n’accélérant pas l’inflation, formalise le concept clé des politiques macro-économiques depuis la révolution monétariste.

Depuis cette époque, l’objectif majeur de toutes les politiques est de lutter contre l’inflation, pas de préserver le plein emploi.

Or le plein emploi est inflationniste, car il permet aux salariés de revendiquer des hausses de salaires. Il convient donc de maintenir le chômage à un niveau suffisant - le NAIRU - pour contenir ces vélléités.

Comment ? En haussant le taux d’intérêt au moindre frémissement de l’inflation. Avec l’augmentation du loyer de l’argent sa circulation se ralentit, l’activité économique se ralentit également, les entreprises licencient, le chômage augmente, et les salaires, eux, n’augmentent pas.

Vous en doutez ? Voici un graphique établi par le Crédit Agricole, qui illustre à la perfection la relation entre salaire et emploi.

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En violet et sur l’échelle de gauche le pourcentage annuel d’augmentation des salaires. En rouge et sur l’échelle inversée à droite, le taux de chômage.

Conclusion ? Au nom de l’orthodoxie monétaire, depuis 25 ans ce sont les salariés qui ont été sacrifiés sur l’autel de la lutte de contre l’inflation.