Entretien 3/3 segunda parte


Posted by Dr. Weltfaust sur le Debord off on March 22, 2000

ENTRETIEN AVEC LE DR WELFAUST 3/3 - Segunda parte

- J.C. Tovarich Weltfaust, tu n'es qu'un pauvre type, tu n'as rien compris à l'extrémisme génial dont sont porteurs les petits sherpas de la néo-téléologie. Alors arrête de les emmerder. Laisse les tranquilles, comme ils te le demandent avec insistance. N'as tu pas des choses plus reluisantes à accomplir et à finir ? Ta critique de monsieur Hegel ou celle de monsieur Voyer, par exemple ?

- Dr. W. Je fais ce que je veux et ce qui me plaît, et qui peut le plus peut le moins, ne l'oubliez pas, mes chers futurs clients. Dans la journée je critique monsieur Hegel et tard dans la soirée je m'occupe de mes petits chéris.
Je pense qu'ils se rendent compte de l'honneur que je leur fais en les prenant comme têtes à claque mais en parfaits hypocrites, bien pourris et bien lâches, ils encaissent les gifles en essayant de grimacer un sourire et en poussant des petits soupirs de martyrs incompris exactement comme leurs frères en prêchi-prêcha les témoins de Jéhovah. Etonnante ressemblance, non ? Vous avez vu qu'ils ont pris la peine de lire cet idiot de René Guénon, presque aussi bête que Hegel, et ils font l'effort d'employer le mot " médiation " plusieurs fois pour bien montrer qu'ils en connaissent l'existence à défaut de savoir en faire un usage critique. Je suis en train de les rééduquer à leur insu et malgré moi. C'est un exemple paradoxal ou tautologique, allez savoir, de désaliénation.

- J.C. C'est ça, fais le beau ! Tu n'es qu'une panzergouape complètement embourbée dans ta contradiction de départ. Tu refusais toute idée de discussion avec les néo-génies qui soit disant sont des idiots mais tu es complètement obsédés par eux ! Tu feins de les mépriser mais en réalité tu les jalouses au point de vouloir les anéantir. Tu es pitoyable, je lis dans ton petit cerveau de middle-class prévisible à livre ouvert.

- Dr. W. O public bienveillant, O lectrices et lecteurs anonymes, entendez-vous le chant des esprits qui planent au dessus des eaux ? L'intelligence peut-elle venir à bout de la mauvaise foi ? L'esprit critique peut-il triompher du Malin - qui est sa négation vivante - et est passé maître dans l'art de la tromperie, de l'esquive et des raisonnements tordus ? Les néo-gouapes qui ont écrit des centaines de pages pour étaler comme de la confiture leur fausse néo-critique, qui ont écrit des dizaines de pages pour insulter et calomnier Voyer m'ont reproché 14 petites pages où je fais justice de leur calomnie et me reprocheraient 15 autres misérables pages où je démontre en quoi ils sont des imposteurs théoriques ? Je répète donc encore et encore. Je m'intéresserais à eux alors que j'ai dit qu'ils n'étaient, soit disant, pas intéressants. Si des faquins et des marauds insultent et agressent l'un de mes amis et que je leur éclate la tête à coup de manche de pioche et que je les massacre une fois à terre, que j'en fais de la purée de blatte, c'est que je m'intéresse à eux, c'est que je les trouve super intéressants ! Ben, voyons. Vous comprenez maintenant Abracadabra et Crétin pourquoi je m'intéresse à vous et en quoi vos écrits sont ceux d'une bande de connards intéressants. Les eunuques prosélytes de l'OT étaient venus sur ce forum de mécréants pour vendre leur salade, essayer de convertir et de recruter, exactement comme le font ailleurs les témoins de Jéhovah, et subsidiairement pour y rencontrer, soi-disant, la contradiction. Ils avaient anticipé un peu en précisant qu'ils étaient des moins que rien et que leur petit vomi "théorique" était destiné à être dépassé. Dès que la contradiction est arrivée, en bons croyants - convaincus à défaut d'être convaincants - ils ont sauvés leurs âmes en nous récitant à chaque fois la petite prière anti-infinitiste habituelle qui tient en 5 ou 6 lignes. Ces cavaliers de la néo-apocalypse, version new look et autogérée du Jugement Dernier, se sentent obligés de répondre, non pas eux en tant qu'individus mais eux en tant que membres anonymes, dépourvus de fierté et de dignité, de la secte néo-téléologique qui ne veut pas perdre la face et qui ne désespère pas de nous catéchiser. On voit à chaque fois ce que ça donne. Les causes merdeuses ne peuvent être défendues que par une argumentation merdeuse.

- J.C. Tu délires complètement, mon pauvre ami. Tu fais partie de la confrérie pléthorique des anti-néo-téléologues primaires dont ce forum middle-class est rempli et tu ne fais que prendre la relève de Voyer et de toutes ses groupies en venant nous réciter ton blabla pro-infinitiste. Il n'y a rien à te répondre de nouveau parce que tout a déjà été dit cent fois sur cette question. Tu arrives après la bataille, pauvre petit panzer à pédale. Au lieu de relire Voyer, relis le forum depuis le début.

- Dr. W. C'est une dérisoire ligne de défense que je vais me faire un plaisir d'enfoncer et de détruire.

- J.C. C'est ça, fait le panzerfanfaron. En attendant, je constate que tu es l'avocat marron de Voyer. Or, pour moi, Voyer est devenu du passé dépassé, dès que j'ai eu connaissance de la sublime critique de la téléologie telle qu'elle a été admirablement amorcée, en 1994, à la page 73 du génial Bulletin n° 7 de l'ex-B.E., cela a constitué pour moi une bouffée d'air frais, une révélation après les terribles années de plomb du voyerisme passif et impuissant.

- Dr. W. Ces terribles années furent celles du marxo-situationnisme triomphant et déjà pourrissant. Les debordistes, variété la plus soumise des suivistes prositus, faisaient les malins avec un simulacre de vision théorique indiscutée et observaient en spectateurs exigeants et sévères le " négatif pratique " à l'oeuvre qui devait venir confirmer la théorie exacte de leur gourou. Il n'y a jamais eu de voyerisme en tant que phénomène collectif observable. Les seuls apprentis " voyeristes" que je connaisse sont les néo-téléologues. La vérité est qu'ils sont d'abord et avant tout des prositus tardifs, le fétichisme du " négatif pratique " qui les pousse à collectionner des dossiers d'émeutes permet déjà de les stigmatiser en tant que tels, ensuite ils sont différents de leur congénères en ce que, arrivant en dernier et ayant lu Voyer contrairement à des ignares comme Martos et autres guignols qui le disaient fou, cela les a obligé à se lancer dans un simulacre de "critique théorique", on a vu comment et lequel.
C'est ce que j'appelle leur côté voyeriste et je m'en explique : quiconque a lu Voyer sait que sa théorie est fondamentalement insatisfaisante, un peu comme l'est ce monde. Voyer en tant que destructeur du credo marxo-situationniste a rendu par avance impossible tout suivisme le concernant. Tout suivisme est essentiellement ridicule, le suivisme en ce qui concerne Voyer est immédiatement risible. Répéter 20 ans après Voyer que la communication est le principe du monde c'est montrer que l'on ne comprend rien au monde dans lequel on vit et que l'on ne comprend rien à Voyer. Ces subtilités échappent bien évidement à nos braves néo-connards puisqu'ils ne comprennent rien à rien. Ils ne comprennent pas, par exemple, que pour commencer à critiquer Voyer, il faut au minimum avoir compris ce qu'il dit et que demander que l'on respecte la signification de ce qui est dit ou écrit par Voyer, ce n'est pas pour autant être voyeriste, c'est exiger une intelligence minimale, une base à partir de laquelle la contradiction et la critique deviennent possibles. Comme on l'a vu et comme on le voit, c'est chose impossible avec des gens qui sont enfermés dans une incompréhension qui s'autoalimente à l'infini et reste sourde à toute argumentation contraire, immédiatement interprétée comme déviance ou hérésie. Etre effectivement voyeriste donc, c'est paradoxalement tenter de critiquer Voyer ou rien. Les néo-téléologues, en tant que voyeristes ratés, sont l'objet de mes soins attentifs parce qu'ils ont prétendu avoir critiqué Voyer et l'avoir dépassé. J'ai montré ce que tout le monde soupçonnait, à savoir qu'ils étaient des imbéciles prétentieux et malfaisants et qu'ils s'étaient plantés lamentablement depuis le début.

- J.C. C'est toi qui le dit, Sanchopanzer. Toi qui n'as rien fait qui vaille, à part ton ridicule "panzerbidon" rempli d'eau tiède. Eux, au moins, ont tenté avec leur "néo-téléologie" de faire avancer le schmilblic, ils sont bien les seuls.

Dr. W. Ils sont incapables de critiquer quoi que ce soit à commencer par la téléologie. Ce sont des impuissants et je vais le prouver en faisant en deux minutes et en deux pages ce qu'ils n'ont pas su faire en 10 ans et en plusieurs centaines de pages. La notion étriquée et primaire de finalité qui est l'objet de la téléologie n'est qu'un produit marginal, un déchet théorique du dualisme spiritualocentriste. Un humble savant comme Jacques Monod en était même venu à parler de téléonomie. Il s'agissait pour lui de comprendre la logique ( la "finalité" ) de la substance vivante qui est strictement dénuée de toute trace de psychisme. Là où il n'y a pas de mouvement de l'idée, de négatif ou d'apparence comme disait Voyer en 1975, là où il n'y pas de besoin, de but subjectif préalable à son auto-accomplissement la téléologie est muette. Soit elle recourt à la main invisible de la providence divine, c'est à dire rien, bullshit. Soit elle recours à l'explication physico-chimique, trois tonnes de hasard et un milligramme de nécessité, c'est à dire bullshit, rien. Au mieux, elle reconnaît et avoue son dualisme, son ignorance. C'est le mérite de Voyer que d'avoir soudainement, au milieu d'un magnifique passage - à la page 144 de la Revue de préhistoire - reconnu et avoué son dualisme : " Quelque chose préexiste au mouvement de l'idée ". L'esprit n'est pas tout. Et donc Matière, Dieu, Nature, Esprit ne sont que des chimères, des notions abstraites fausses, ne correspondant pas à la véritable logique des choses, devenue observable - ce qui était impossible à l'époque de Hegel - avec les progrès récents de la connaissance et de la puissance humaine.
C'est cette insuffisance fondamentale de la téléologie aristotélicienne ( en tant que pseudo science ) et pour tout dire du "concept" d'esprit qui obligea le matérialiste Marx et plus tard Voyer, à ne pas faire la distinction entre vivant pur végétatif et animal. Un géranium a-t-il des besoins ? Oui ou non ? Et si oui en quoi consiste très précisément la besogne, le "travail" d'un géranium ?
C'est cette incohérence qui donna la fameuse division marxo-voyerienne : matière / travail /communication. Pour Marx, qui n'est pas à une contradiction près, l'animal se confondrait entièrement et directement avec son activité vitale. Il serait cette activité. Comme un géranium, donc. En même temps, l'activité animale doit aussi être mouvement de l'idée, autosuppression du besoin, travail, parce que c'est une activité posée comme non humaine, privée de conscience mais qui doit être douée d'esprit, être de l'esprit immédiat. En cela Marx reste hégélien et le matérialisme n'est qu'un spiritualisme déguisé. Voyer débarque, il pulvérise en deux coups de calibre 88 parfaitement ajustés les positions théoriques pétrifiées et autosatisfaites sur lesquelles roupillaient tous les fainéants marxo-situationnistes et les zombies debordo-éthyliques et essaie de faire une synthèse hégéliano-marxiste avec "communication" en tant qu'activité qui aurait pour matière le "travail". Mais en cela il reste marxiste. Donc, Marx et par la même occasion Voyer sont restés prisonniers du dualisme hégélien, que j'appelle son spiritualocentrisme.

- J.C. Là, moi y'en a rien compris ou alors tu ne dis pas tout. Autre hypothèse, tu ne dis pas tout parce que tu ne maitrises pas ton blabla et que tu patauges dans ta bouillabaisse de concepts à rallonge.

- Dr. W. Je ne me fais aucun souci, il y en a qui ont déjà parfaitement compris. Je finis mon exposé. Chez Hegel, nous n'avons un dualisme spiritualocentriste qu'en apparence. C'est le premier cercle. En réalité, il s'agit bien évidemment du dualisme religieux archaïque, primordial, antédiluvien : humanocentriste. C'est normal. Marx et Engels qui avaient critiqué l'humanisme feuerbachien, qui liront plus tard Darwin et qui étaient des athées pur jus, n'étaient pas gênés par l'idée d'un passage progressif de l'animalité vers l'humanité, par une origine simienne. Pour eux, l'esprit en tant qu'effet de la matière est aussi bien animal que plus tard humain.
Pour Hegel et pour la religion, cela pose un gros problème. Chez Hegel, la suite logique réelle n'est pas Etre/Essence/Concept mais Dieu/Nature/Esprit. Il est parfaitement capable de faire la distinction entre les végétaux et les animaux, entre la substance vivante et la substance animée. Il n'est qu'à lire les passages concernés dans sa fabuleuse "Philosophie de la nature". Mais, c'est pour mieux rejeter tout ça dans l'infrahumain, dans le non spirituel, dans le naturel. Car si la nature n'existait pas, n'était qu'une notion fausse, que deviendrait Dieu ?
Or, comme je l'ai dit : me cago en Dios ! Dieu, Matière, Nature, Esprit et même Humanité sont des notions fausses, des abstractions dans la pensée qui ne correspondent en aucune façon à l'abstraction telle qu'elle existe et devient dans la réalité. La téléologie en tant que savoir ayant pour objet abstrait la finalité est un cul de sac théorique. C'est sa fonction réelle. La finalité en tant que produit bâtard de la vision spiritualocentriste des choses ne fait qu'éluder la question de la signification et de la logique de la totalité. On aura donc : 1) soit une totalité qui ne finit jamais, qui ne s'accomplit jamais, donc qui est dépourvue de signification et de toute logique ou 2) soit une totalité qui doit finir au jour du Jugement Dernier que celui ci soit prononcé par Dieu ou par les néos-connards s'ils ont réussi à convertir les mécréants. Dans les deux cas, ce qui est dissimulé est la question du commencement, la question de la fondation de l'univers. Pour résumer, la téléologie est une chimère parce qu'elle assigne une fin, sur le modèle spiritualocentriste de la réalisation d'une pensée grandiose ou quelconque, à quelque chose dont la signification est de produire son commencement, son autofondation. Le rejet du dualisme conduit à rechercher un principe unique, non exclusif qui englobe la totalité de ce qui existe y compris lui-même en tant que principe. Ni Hegel, ni Marx, ni Voyer ( malgré ses affirmations fondationnistes ) ne satisfont à cette exigence.

- J.C. Je ne comprends pas ce que tu entends par dualisme. C'est invérifiable, incontrôlable. C'est bullshit, rien.
Je ne comprends pas non plus cette histoire de machincentrisme, c'est du blabla sans consistance.
Et que fais-tu de la puissante critique des néo-sherpas de la néo-téléologie dans tout ça ?

- Dr. W. Là, on redescend dans l'infrathéorique, dans le caca de paramécie. Déjà, ils ont fait le mauvais choix quant à l'intitulé de leur relookage. Il ne s'agit pas de rénover la vieille téléologie aristotélicienne ou théologique en néo-téléologie ou en téléologie moderne mais de la critiquer définitivement, de la réfuter. "Néo", c'est toujours très bête, c'est comme néo-nazi ou néo-romantique. C'est une répétition en farce de la même connerie initiale. De toute façon, leur démarche est intrinsèquement loufoque, ce n'est pas une démarche réellement théorique comme chacun a pu le constater. Depuis le début, en tant que néo-prositus ambitieux qui crachent sur leurs congénères et sur tout le monde comme tout prositu qui se respecte, ils voulaient se payer Voyer, le tombeur de l'IS et de Debord, parce que ce sont des petits caïds qui en veulent, des " bouffons parfaits" comme on dit, chez moi, dans le 93.
Je vais donc leur en donner pour leur argent.
Ils sont partis de "communication infinie". Ils n'ont vu que : " IN-FI-NI ", ils lisent à haute voix et lentement, et sont restés tétanisés devant ce mot " magique ". Le plus grande gueule et en même temps le plus con d'entre eux a compris " SANS-FIN", qui ne finira jamais...jamais...jamais, qui continuera toujours... toujours....toujours et ils se sont lancés dans la plus burlesque entreprise qui ait jamais existé dans la sphère - qui pourtant en a vu d'autres - de la jobardise intellectuelle. Depuis le début ils sont prisonniers de cette pauvre notion bâtarde, abstraite et à double sens de "infini" et c'est uniquement cela qui les a amené à parler de la téléologie à laquelle ils n'entravent que dalle, c'est cela qui les a amenés à formuler un néo-catéchisme anti-infiniste qu'ils nous récitent à la lettre à chaque fois qu'ils se prennent un coup de pied au cul. Ils ont aussi fabriqué une néo-dialectique soporifique du "croire". Dans leur délire anti-infinitiste, ils ont même à moitié déterré le pauvre Hume, dont pourtant Hegel avait fait justice dans l'introduction à son "Encyclopédie". Et puis ils sont très prolifiques et laborieux. De vraies petites blattes. Avec leurs toutes petites pattes qui font scritch-scritch, ils ont déjà du écrire plusieurs milliers de pages, et ce n'est pas fini, ça va continuer. On avait le livre d'Abracadabra ( 650 pages de vrai néo-journalisme), on a eu le TOME 1 ( 623 pages de la même merde ), on aura bientôt le TOME 2 qui est supposé contenir la partie "théorique" de leurs déjections néo-prositus. Ils campent sur une position extrême, adialectique et aconceptuelle que tout le monde juge grotesque et stérile mais que personne n'avait pris la peine de réfuter, de même que personne n'avait pris la peine de les démasquer en tant que calomniateurs. Les deux cheminements sont complémentaires : obtus, sophistes de bas étage dans la pensée et vicieux et bluffeurs dans la relation à autrui.
Cependant, je reste persuadé qu'ils sont des simulateurs et que en vérité, ils ne "croient" pas un traître mot de leur délire collectif. Cela parce que ce qu'ils cherchent avant tout c'est poser aux "théoriciens extrémistes", ils adorent être insultés et ils marquent leur territoire en pissant partout comme on peut le voir sur ce forum avec la multitude de petits "Confer" dont ils aspergent tout message qui leur déplaît. Ils veulent qu'on ne les oublie pas. Je suis là pour ça.

- J.C. Votre animosité est démesurée et plaide en votre défaveur, monsieur Weltfaust.

- Dr. W. T'as raison, ma biche! Ils n'en valent pas tant mais je suis le nettoyeur de tranchée et monsieur Voyer et la décence la plus élémentaire méritaient que je le fasse. Les hoplites qui fonderont la nouvelle Athènes n'existent pas. Il a raison, encore une fois. Notre parti n'existe pas encore mais cela ne durera pas toujours. Le méchant disparaîtra dans son néant. Tout a un commencement !

- J.C. Tiens, justement ! Là, je t'attrape par les cojones et je serre bien fort, enfoiré ! Si tout a un commencement, explique-moi - toi qui sais tout sur tout et sur le reste - pourquoi tout n'aurait pas de fin ?

- Dr. W. Parce que tu es bouché, parce que tu es moins qu'un singe. Dans 5 milliards d'années, le soleil deviendra une magnifique supernova et la Terre qui t'a vu naître et qui portera encore tes cendres fusionnera avec le reste du système solaire. L'univers est en expansion continue, y aura-t-il un Big crunch ou pas ? S'il y a eu un Big bang, qu'est-ce qu'il y avait avant ? Y a-t-il eu déjà des milliards de cycles expansion/contraction ou bien un seul, ou bien rien de tout cela ? Une fois que les singes qui parlent et qui écrivent sauront ce qu'ils sont et arrêteront de s'entre-tuer, de ne pouvoir s'affirmer qu'en niant l'autre comme vous le faites tous les jours avec l'argent ou en parole, alors ils pourront pratiquer, expérimenter et vérifier 24 h sur 24 et tout le temps que dure la vie de chacun ce qu'est l'humanité : la substance agissant consciemment sur ce qui en elle est agissant, la substance absolue, s'émancipant définitivement de la singularité animale bornée. Voyer, avant de se heurter aux ultimes remparts de la forteresse spiritualocentriste et de construire son bunker communicationniste restreint, avait parfaitement décrit cela avec son concept de "Publicité". A quelques décimales près, je suis en total accord avec lui sur ce point. C'est pour cela que j'ai parlé dans "Panzerfaust" de la déflagration théorique de 1975. "Une enquête", c'est très bien, mais hélas c'est un cran en dessous de ce qui était annoncé, coup de pistolet et lever du soleil, dans cette splendide "Introduction".

- J.C. Là tu nous joues le grand air wagnérien, tu te saoules avec ta propre cacaphonie. Mais je te fais remarquer que tu n'as pas répondu à ma question.

- Dr. W. On peut confondre tautologie et paradoxe, ce n'est pas bien grave, surtout quand il s'agit d'Abracadabra qui habituellement bave et affirme doctement qu'il pleut et donc a fait bien pire. Par contre, confondre Philip Kindred Dick et Alfred Elton Van Vogt, ça je ne pardonne pas, c'est rédhibitoire. Je dis ça parce que je n'ai pas besoin de me lancer dans des considérations métaphysiques lointaines pour détruire tel un obus à charge creuse le blindage en carton-pâte des petits panzers de la néo-téléologie. Il suffit de citer les thèmes des meilleurs ouvrages de science-fiction pour ridiculiser à jamais le sinistre projet de finir l'humanité selon son concept, ici et maintenant. Exploration du cosmos, rencontre avec d'incroyables créatures extraterrestres et avec des civilisations humaines extragalactiques, téléportation ou similarisation ( à combien de décimales, déjà ), télépathie, immortalité, voyage dans le temps ou dans l'hyper-espace, évacuation du système solaire (avec des vaisseaux anti-gravité et à propulsion subluminique, of course ). Peut-on modifier localement les constantes universelles ? Peut-on résoudre le mystère de l'origine de la substance unique et de son accomplissement final ......

- J.C. Ah, tu vois bien, vieux salopard, qu'il y a une fin finale quand même ! A moins que, en bon curé que tu es, tu ne nous prépares une bondieuserie à la Teilhard de Chardin ou un néo-bouddhisme new-age pour les middle-class ravis qui ne vont pas manquer d'applaudir à tes galipettes pseudo-dialectiques. Je m'attends au pire venant de ta part. De toute façon, comme le disent les génies de l'OT, il ne peut pas y avoir des aufhebung sans fin, une infinité d'aufhebung est une absurdité et puis l'éternité c'est long, surtout vers la fin. Les néo-téléologues auront toujours raison parce que personne, jamais, n'avait osé soutenir un point de vue critique aussi radical.

- Dr. W. Dis plutôt que personne, jamais, n'avait osé soutenir une bêtise aussi monumentale.
1) Les néo-téléologues sont des petits merdeux, des réincarnations particulièrement risibles de la vermine prositue. Voyer, comme Hegel, donne de l'esprit à ceux qui n'en ont pas. Les néo-prositus ont lu monsieur Voyer et ont pris "communication infinie " comme des singes qui auraient trouvé un AK47 chargé et depuis dix ans, ça tire dans tous les coins, ça veut donner son avis sur tout et sur rien, ça fait beaucoup de bruit pour se faire valoir, pour se mousser à bon compte et poser aux néo-messies arrivant du futur.
2) Ils ne sont pas habilités à parler d'éternité et encore moins d'aufhebung, ça les dépasse. L'éternité est une durée fictive sans fin ni commencement. Il me plaît de penser que "ae-ternitas" signifie extérieur au processus ternaire, triadique d'autoengendrement et d'autoaccomplissement de la substance, extérieur donc au " vrai temps". Le temps est une dimension interne au processus de la substance. Il n'y a pas de continuum temporel vide dans lequel se passeraient des "choses", dans lequel la collectivité humaine terrestre commencerait et se finirait.
3) Ce vieux fou de Hegel a dit : " le temps est l'abstraire étant ", personne n'a bronché devant cette stupéfiante affirmation. C'était trop tôt. L'humanité n'est pas le concept, ni même un concept et donc ne peut pas être réalisée comme une idée quelconque ni comme un besoin que l'on finit, dont l'on détruit l'objet dans l'acte de se satisfaire. Sade était peut-être très fort en matière de satisfaction mais il n'a jamais su ce qu'est la réalisation. Ce n'est pas de sa faute. Il était bien gentil comme Hume, mais il n'avait pas tout compris, loin s'en faut. L'humanité comme son nom l'indique est une qualité, synthétique, de la substance universelle, sur cette planète ou ailleurs.

- J.C. En tant que néo-con de base, pour moi tout ça c'est du javanais. Une fois pour toutes, dites-moi, O grand effendi, le processus de votre panzersubstance a-t-il une fin oui ou non ? Et si oui quelle fin ?

- Dr. W. Ce processus a une fin, ils se terminera un jour comme lorsque l'on voit le mot FIN à la fin d'un livre ou d'un film. Très bien, mais cela ne veut pas dire que tout est fini, terminus tout le monde descend, allons vite décryogéniser Abracadabra et ses copains pour qu'ils assistent et participent à cette fin tant désirée. Cela veut dire que je referme ce putain de livre de la préhistoire, cette encyclopédie des apparences ou que je sors du cinéma que se font les néo-connards et que l'aventure, la vraie vie commence. Je défie quiconque, à part mon autre maître Van Vogt, de prédire ce qui va se passer par la suite. De toute façon, ce genre de considérations n'apporte rien. Nous n'en sommes pas là, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge espagnole ou de la caverne de Platon.

-J.C. Tu serais donc une réincarnation particulièrement pittoresque de Hegel qui se matérialiserait dans un chatroom pour révolutionnaires de la pantoufle. Alors vas-y, on se met à genoux, dis nous maintenant ce qu'est ton principe du monde, pardon, LE principe du monde.

- Dr. W. Ce panzerdialogue et ce forum ne sont pas le lieu pour de telles révélations. En me matérialisant, sur ce forum, l'objectif précis était le rétablissement public de la réflexion autour de la pensée de Voyer et de ses insuffisances véritables, qui n'ont rien à voir avec les niaiseries que profèrent les anti-infinitistes primaires. J'estime que cet objectif est atteint. Vous me direz ce que vous en pensez et si je dois en remettre une couche. C'est sûr, j'aurai pu faire plus bref, mais que voulez-vous personne n'est parfait et puis ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de tomber sur de pareils bouffons et je me suis fait un plaisir de leur enfler la gueule. J'ai lu l'inventaire qu'ils m'ont fait pour se justifier maladroitement face à mon affirmation de la nullité de leur critique. "Nous avons fait ceci et puis cela, nous avons montré en quoi Voyer et patati et patata ". Pauvres larves prétentieuses, la seule chose réussie que vous ayez faite dans votre vie est de donner envie, à une génération et à un public qui ignoraient son existence, de connaître la pensée de Voyer. Par votre calomnie dégueulasse, par votre acharnement dans l'insulte injustifiée, par vos critiques stupides vous avez été les meilleurs publicitaires, les premiers propagandistes de la pensée de Voyer. Je vous en remercie, soyez bénis par le dieu des cabrones et des faux-culs. C'est Von Nicht qui doit se frotter les mains, un peu grâce à vous les livres de Voyer se vendent maintenant comme des petits pains. La critique de la pensée de Voyer est donc imminente.

- J.C. Là, je ne dis plus rien, tout ça ne me concerne pas. Je ne suis pas obsédé par Voyer, moi. Loin de là. Pour finir, vous aviez dit que vous le feriez. Faites-le : réfutez la communication en tant que principe du monde, pour qu'on rigole encore un dernier coup.

- Dr. W. Je suis certain que les gens qui savent lire ont déjà compris.
La mission de la "théorie" qu'elle soit le fer de lance de la substance consciente de soi ou l'arrière-garde d'un monde qui avance sans nous demander notre avis est tout simplement de nous dire ce que nous faisons. Qui sommes-nous? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Il s'agit d'un grand oeuvre collectif, historique, supra individuel. C'est la substance humaine qui se parle à elle-même, au delà - être ou ne pas être - de ses individualisations accidentelles.
Pourtant, les seules théories qui ont fait date et qui importent sont celles de Hegel, de Marx et de Voyer. Pourquoi ?
Parce qu'ils sont les seuls à avoir tenté de donner une définition de l'essence humaine, à avoir essayé de dire ce que nous faisons et ce que nous sommes. Selon Hegel cette activité est la pensée, selon Marx elle est le travail, selon Voyer elle est la communication. De quoi sont les pieds ? De quoi est l'aliénation ? De la pensée, du travail ou de la communication ? Il ne peut pas leur venir à l'esprit que ces trois dimensions coexistantes de l'opération humaine se présupposent les unes les autres et forment un tout indissoluble.
Il faut remonter à la sagesse antique oubliée et à un autre célèbre trio de mousquetaires - tous gens d'élite et d'escarmouche - de la théorie : Socrate/Platon/Aristote pour trouver une ébauche de conception syllogistique et tripartite de l'opération humaine et de toute opération en général.
Francis Fukuyama qui est loin d'être un idiot parle très bien de cela dans sa " Fin de l'histoire".
Hegel savait tout cela, mais il était empêtré avec l'extériorité divine qu'il traînait comme un boulet, Marx aurait pu trouver, mais il a au contraire fabriqué de toute pièce une réalité matérielle, économique qui marche toute seule et se passerait de nous. Chez Voyer, cela devient intenable parce que l'extériorité est conçue comme d'origine purement humaine. Il n'y a plus de Dieu, ni de matière, ni de forces productives indomptées, ni de licorne, ni rien.
Alors, qu'est-ce qu'il y a ? L'aliénation de la communication ? La communication aliénée ?
Voyer lui-même sait très bien que non, puisqu'il dit ( p.129 de "Révélations" ) que ce qui s'aliène est " la puissance de division ". Et c'est l'aliénation de cette puissance dans la hiérarchie et plus tard dans le commerce ( son aliénation est la condition de son devenir-puissance absolue, elle est à elle-même sa propre condition, elle est infinie comme le veut Voyer) qui fait que les trois sphères du déploiement de la substance individualisée (ces trois sphères existent aussi pour une paramécie ou pour un géranium) deviennent lorsque nous arrivons à l'étape synthétique humaine le tripalium que l'on sait : pensée, arbeit et bavardage. C'est tout ce qu'il nous reste à nous autres, misérables créatures à demi-divines, alors que la puissance de l'abstraction humaine non maîtrisée, notre genre éminemment pratique, accomplit tous les jours les ravages que l'on peut constater et que nous signalent nos amis de la Bibliothèques des Nuisances et ceux de l'Encyclopédie des Emeutes. Ils accomplissent, chacun sans le savoir et en gentils néo-journalistes prositus qu'ils sont, une moitié du testament théorique de l'I.S. A nous la pollution et ses nuisances, à vous le prolétariat et ses émeutes. Et bien sûr, tout le monde s'en fout, parce que la question n'est pas là et n'a jamais été là, comme n'a jamais cessé de le répéter Voyer.

- J.C. Bon, là je ne dis plus rien. Tout ça me paraît très très fumeux. Je vais réfléchir à la question.
Dites-moi, en castillan "segunda" veut dire seconde ou deuxième ?

- Dr. W. Les deux, mon capitaine.

- J.C. Donc, il y aura peut-être ou peut-être pas une troisième partie à cet entretien 3/3, si j'ai bien compris ?

- Dr. W. On verra. Qui vivra verra.

- J.C. Bon, vous me fatiguez, je vais me coucher. Je salue tout le monde et je vous remercie.

- Dr. W. C'est moi qui vous remercie. Dr. Weltfaust, pour vous servir.


FIN de la segunda parte de ENTRETIEN 3/3.




M. Ripley s'amuse